25.06.2010
7 dessins du prince Youssoupoff
L'Envie
Youssoupoff c’est du post post. Pas seulement parce que Félix Youssoupoff ça nous ramène à de l’histoire ancienne, à un temps d’avant Poutine, Brejnev et même Staline.
Au temps des tsars exactement où les princes russes qui n’avaient pas la chance comme le beau Félix d’emmener un gros diamant en exil se retrouvaient chauffeurs de taxis à Paris.
Post post, mon post d’aujourd’hui car c’est avec un mois de retard que je chrommunique au sujet des époustouflantes aquarelles du Prince Youssoupoff rencontrées l’avant dernier jour de mai 2010 en la Galerie L’Arc-en-Seine. C’est à l’occasion de la 12e édition d’Art Saint-Germain des Prés que je trainai mes guêtres rue de Seine ce jour-là et je frôlai la syncope en apercevant dans la vitrine de la galerie cette assez petite mais très dense trogne intitulée Le Doute.
De loin comme ça, j’avais cru que c’était un portrait hallucinant de Marguerite Burnat-Provins. De près, je pensais au comte (noblesse oblige) de Lautréamont. «Le Canard du doute», vous pigez?
Le Doute
Sinon, allez chez Wiki et renseignez vous aussi auprès du camarade Gougueule à propos de l’auteur de ce dessin visonnaire. Pour les allergiques du clic superflu, je dirai rapidement que Félix Youssoupoff (1887-1967) c’est, avec d’autres conjurés, l’exécuteur de Raspoutine, le gourou crado et partouseur qui avait hypnotisé la Tsarine de l’époque.
Le Flegme
Je vous passe les détails sordides de la mort de Raspou, un costaud de chez costaud sur lequel il fallut s’acharner. Ce terrible événement, par lequel Youssoupoff crut sauver la Sainte Russie, l’obséda toute sa vie d’autant que les journalistes n’arrêtaient pas de le questionner là-dessus. Et ça explique peut-être que 12 ans après ce meurtre, en 1929, il se soit trouvé atteint d’une fièvre art-brutifère.
L'étonnement
Alors qu’il villégiature en Corse, Youssoupov se sent soudain pris d’une violente envie de dessiner. La manière dont il relate la chose ne fait guère de doute. C’est bien à une crise impérieuse d’automatisme qu’il cède : «Mon travail s’exécutait comme en dehors de moi-même. Je ne savais pas ce que j’allais faire». Et encore : «Je me suis adonné à la peinture comme si j’avais été ensorcelé. Mais ce que je créais étaient des visions de cauchemar plutôt que des créatures de rêve. Moi qui n’aimais que la beauté sous toutes ses formes, je ne pouvais créer que des monstres. (…) Un jour j’ai arrêté de dessiner aussi subitement que j’avais commencé. Le dernier dessin eut pu être le portrait de Satan».
Pour cette expo de Sept dessins par Le Prince Félix Youssoupoff, la Galerie L’Arc-en-Seine a pondu un catalogue or et noir qui complète celui sur papier saumon de la Baltique qu’elle avait publié (avec un texte de Edmonde Charles-Roux) lors d’une précédente présentation en 1988 de ces dessins qui, pas plus que maintenant, n’étaient à vendre.
23:44 Publié dans Expos, Images, Oniric Rubric | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, prince félix youssoupoff, galerie arc en seine | | Imprimer | | |