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24.08.2012

Louis Soutter et tout le tremblement

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Bye bye fouta et crème bronzante! Une pensée émue pour ceux qui remontent. On leur jettera pas la pierre s’ils s’autorisent un détour par Rodez qui prolongera l’été 2012 jusqu’au 14 octobre au Musée Fenaille. Une exposition y rassemble 80 dessins de Louis Soutter (1871-1942), issus des cahiers «noircis» par l’artiste lors de son séjour à l’Asile de Ballaigues entre 1923 et 1930.

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Catalogue avec Louis Pons, Benoît Decron (conservateur du Musée Soulages), Michel Thévoz : «Soutter recommence ses classes (…) mais sur de toutes autres bases que celles de l’enseignement qu’il avait reçu et donné, en inversant même radicalement le processus figuratif (…)».

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Le titre de l’expo : Les Primitifs sont petits est emprunté à une «remarque» de Soutter au dos d’un dessin. L’expo de Rodez est une répétition générale avant la visite de la capitale exposition Soutter à la maison rouge. Epaulée par le Musée Cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, vitaminisée par les prêts de grands collectionneurs, tels Jean-David Mermod, celle-ci coulera des jours heureux, près du Port de plaisance Paris-Arsenal, jusqu’au 23 septembre 2012.

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A programmer d’urgence donc! Sans craindre de succomber au teasing du titre : Le Tremblement de la modernité. Ni au prix de l’entrée. 7€, c’est pas cher avec le chiadé petit livret qu’on vous distribue à l’entrée.

Julie Borgeaud, la commissaire, pousse un peu en y affirmant que «Soixante-dix ans après sa mort, l’œuvre de Louis Soutter reste très peu connue du public français». Dès 1936, dans la revue Minotaure, Le Corbusier avait propulsé sous les sunlights cet «Inconnu de la soixantaine». En 1990 et en 1997 déjà, les rétrospectives Soutter au Musée d’Art Moderne de Troyes

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 ou au Centre Culturel Suisse

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avaient montré pas mal de pièces figurant maintenant boulevard de la Bastille.

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Le mérite de cette expo maison rouge, à l’aise dans ses murs blancs, c’est de raviver la lisibilité d’un parcours artistique cahotique marqué par une cassure.

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Des premières œuvres de jeunesse (1895-1915) à la période de la tutelle (1915-1923) puis du placement à l’hospice de vieillards (Soutter n’a que 52 ans), on est conduit aux années 1923-1930 où l’artiste revisite des images de la Renaissance italienne.

Vient ensuite une période «maniériste» (1930-1937) où des visages de femmes exacerbés envahissent des formats plus grands.

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Puis l’explosion des extraordinaires peintures au doigt (à partir de 1937) qui sont sans doute le cœur de l’art soutterien. Je schématise. Faudrait parler aussi des variétés «décoratives» du vestibule Quelques pages dans l’inachevé

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et des Commentaires graphiques où Soutter, ne respectant ni Matisse ni son cousin Le Corbusier, festonne les reproductions du premier ou découpe dans les livres du second pour en magnifier les marges.

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Jean Giono, qui a découvert Soutter en 1932, possédait une édition de Till l’espiègle illustrée de 4000 dessins de la main de l’artiste. Avec la complicité de Jean Dubuffet, Giono projeta en 1947 d’écrire un texte sur «l’homme Soutter» pour un fascicule de L’Art Brut

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La chose ne se fit pas du fait du manque de thune du marchand de tableaux René Drouin à qui Gallimard avait passé la main vite fait. Le catalogue d’une expo (1987) du Musée Cantini à Marseille reproduit même un projet de couverture à ce sujet.

img031.jpg Quant à l’Almanach de l’Art Brut 1949 qui devait contenir une repro de Soutter, il resta aussi dans les limbes. Dubuffet cessant ensuite de considérer que Louis Soutter puisse relever de la catégorie «art brut». Ceci dit pour désarmorcer la petite vacherie sur fond petit pois qui termine le texte d’accueil du visiteur à la maison rouge. Cela fait bientôt 10 ans qu’on nous gave avec la tarte à la crème du «décloisonnement»!

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Cette vieille rengaine ne vise qu’à faire croire au brave consommateur d’art qu’il n’a pas le droit de choisir par lui-même entre les insipidités mousseuses de certains «arts» prétendument contemporains et l’inaltérable qualité de l’art brut authentique. De l’art brut authentique ou des rares arts de notre temps qui lui sont parents, par la forme, par l’esprit ou par leur capacité à transcender l’histoire.

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A ces derniers, l’œuvre de Louis Soutter appartient, c’est sûr!  Et les soutterophiles, tremblants ou non, seront ravis d’apprendre qu’ils pourront la retrouver aussi jusqu’au 15 septembre 2012 à la Fondation Le Corbusier.

Louis Soutter

Et qu’en bonus, ce «joyau», plus brillant que celui des «talentueux épigones» (Rainer, Baselitz et Penck) dont parle Hervé Gauville dans Libération du 2 septembre 1987, sera représenté itou, à partir du 8 septembre 2012, dans l’exposition de rentrée de la Galerie Christian Berst


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