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11.11.2011

La muraio dis óufrèndo : espousicioun foutougrafico

Vous me connaissez, je résiste pas à un bon mot. Alors quand j’ai croisé Espousicioun c’était fatal que je m’y intéresse. Espousicioun, c’est pas sorcier, c’est exposition en langoustique avignonnaise. Exhibition for our english friends visiting the city of the popes. Une espou (en abrégé) à signaler aux Animuliens de tous les pays.

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Celle de l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse qui, jusqu’au mercredi 30 novembre 2011, expose une série de photos grandes et petites relatives au mur votif de la prison Ste-Anne dont je vous ai encore touché deux mots pas plus tard que pendant les vacances d’été. Voir mon post du 18 août 2011 : Adieu prison, bonjour palace.

Je vous incite maintenant à un rendez-vous sur l’Avignon blog du graphiste Michel Benoit, réalisateur de cette exposition et grand organisateur de tentatives de sauvetage dudit mur.

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Ceux qui ne seraient pas convaincus par son décarcassage en faveur de ce fragile petit patrimoine en apprendront plus en allant sur la video de Felip Hanula qui s’y trouve. Tournée apparemment le jour du vernissage de l’espousicioun, elle en propose un panorama (c’est pas une raison pour vous dispenser d’y aller, hein!). Panorama entrelardé d’entretiens de Michel Benoit, à l’enthousiasme jovial : «lieu exceptionnel!, Phénomène d’art!, Valeur symbolique! » et du photographe Philippe Rabstejnek dont j’aime bien le cri du cœur : «un mur actif!». Les autres interviewé(e)s appartenant plutôt au giron de l’Alma Mater. 

Parmi ceux et/ou celles-ci, de sympathiques étudiantes hyper-sérieuses et la bouche pleine de «communication». Elles se dépensent bravement pour promouvoir l’éventuelle conservation future de ce morceau de bravoure d’art et de dévotion populaires qu’elles viennent de découvrir. Même si elles admettent bien volontiers que le mur est actuellement «peu utilisé, peu décoré» (Sarah) ou «pas au meilleur de sa forme», selon Marion dont je kiffe les grosses lunettes d’intellectuelle.

On ne peut malheureusement pas leur donner tort car c’est toujours quand les carottes sont cuites pour ce genre de créations collectives à la limite de l’art brut que l’université s’intéresse à elles.

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Heureusement que la blogosphère n’a pas attendu quant à elle pour rodailler autour du mur votif d’Avignon qui renoua si spontanément avec la tradition des ex-votos, si vivace en Provence. Le blogue de Michel Benoit en énumère une dizaine d’autres qui depuis 2007 ont documenté la chose. Animula Vagula s’honore d’être dans cette liste, même si ses communications sur le sujet sont relativement récentes (2010 et 2011).

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En tous cas, votre petite âme errante n’est pas peu fière d’être la seule à avoir construit un «espace de communication» (pour m’exprimer comme Emmanuel Ethis, le président de l’Université d’Avignon) entre l’extérieur et l’intérieur de la prison. Les clichés des fresques peintes par les prisonniers que je donne ici et sont évidemment un écho aux offrandes restées logées dans le mur d’enceinte.

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30.05.2010

Sauven la muraio dis óufrèndo

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En Avignon, les murs de prison peuvent être aimables. Celui de l'enceinte de l'ancienne taule de la ville suscite un murmure qui fait tache d'huile sur le net et même un peu partout, y compris au-delà de la région PACA.

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C'est vrai quoi, y'a qu'a pas toucher à la mémoire collective! Pas toucher à la culture populaire spontanée qui est, à notre cœur, comme une province et beaucoup davantage.

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Depuis 1994, les trous dans les parpaings qui masquent une ancienne entrée ont été convertis en niches votives où les familles des prisonniers ont déposé nounours, cannettes, cartes à jouer, DVD, sopalin à bisous, messages d'amour, poussins coincés, petites peintures et plein d'autres objets d'art modeste.

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ancienne prison.jpgLa prison a eu beau déménager en 2003, le manège créatif a continué, preuve qu'il répond à un besoin profond. De mur d'offrandes symboliques aux incarcérés, ce mur situé sur la voie publique près du rempart classé, est devenu support d'ex-votos modernes où l'on se fait des cheveux pour son bac.

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Peu importe que, selon la légende urbaine, un plasticien ait revendiqué l'idée de départ, le fait est que tout un chacun s'en est emparé et tout-un-chacun à l'ouvrage c'est toujours hyper-émouvant.

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Là ce qui est bluffant, c'est que l'œuvre reste la même tout en changeant toujours. Au gré des saisons et des intempéries, des objets se détériorent mais il se trouve toujours des gens pour les remplacer.

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Inutile de dire aussi que cette œuvre d'art (car c'en est une qui vaut largement celle des musées d'art contemporain) est un puissant stimulant pour les photographes et même pour les simples touristes du monde entier qui peuvent emporter une image insolite purement avignonnaise dans leur petit kodack.

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C'est pas toujours évident pour une municipalité, déjà en charge de prestigieux témoignages du passé, de faire entrer l'art populaire dans son champ de vision. Souhaitons que celle d'Avignon sera sensible à ce patrimoine de mémoire et qu'elle saura défendre pour ses citadins du futur cet espace de liberté expressive et affective de ses citoyens d'aujourd'hui. Une pétition circule qui vise à l'y inviter.

Sauven la muraio dis oufrèndo!

La plupart des photos sont empruntées à la galerie de marq.tardy