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06.07.2008

Les bambous kanak de Marguerite

 
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J’écris, j’écris, c’est tout ce que je sais faire et pourtant il y a des fois où l’écriture n’est pas la chose fatale. Prenez les Kanak. Quand l’un d’entre eux, au début du siècle 20, quitte son village pour aller rendre visite à ses potes du vaste monde néo-calédonien, il emporte avec lui un bambou gravé d’une quantité de dessins sautillants, figuratifs et abstraits.

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De quoi se distraire sur la route et véritables aide-mémoire aussi, puisque ces bambous bavards racontent tout sur le train-train quotidien : le gîte, le couvert, les rites et les mythes, la plantation des ignames (espèces de grosses patates), la pêche, l’érection du poteau de la grande case, les faiseurs de pluie, les tatoueuses, les sorciers chapeautés de coiffes cérémonielles.

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Sans oublier les soldats français avec leurs fusils et leurs grosses bêtes de chevaux qui ne vont pas tarder à réprimer sévèrement le soulèvement kanak de 1917, une des plus farouches révoltes anti-coloniales de l’époque et sérieux bâton (gravé peut-être) dans la roue du char impérial de la France républicaine

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Après forcément, ces bambous gravés ont beau contenir des herbes magiques, ils ne peuvent empêcher les bienfaits de la «civilisation» : les gendarmes, les missionnaires, les colons, les techniques européennes, l’écriture. Ils perdent leur raison d’être.

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Heureusement, les bambous gravés de Nouvelle-Calédonie deviennent la grande passion de Marguerite Lobsiger-Dellenbach. Cette anthropologue décide de mettre la chose à plat. Elle décalque et étudie ces œuvres récoltées entre 1850 et 1920, préservant ainsi le point de vue authentiquement kanak sur la rencontre tragique des deux mondes.

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17.jpgComme il se trouve que la Marguerite a dirigé le MEG (Musée ethno de Genève) entre 1952 et 1967, celui-ci consacre une expo au superbe travail de son ex-patronne. Elle sera visible jusqu’au 4 janvier 2009 au premier étage. 18.jpg

 

 

 

Tant pis si vous sortez plutôt nazebrouk du rez-de-chaussée vodou. Ne ratez pas, comme votre petiote âme errante a failli le faire, ce «primo piano».
L’exposition Bambous kanak, pour des exquises sensibilités brutes comme vous, mes chers Animuliens, possède l’avantage d’éclairer un moment charnière. Celui où la mentalité native des kanak se transforme sous l’effet de l’intrusion d’une culture venue d’ailleurs. Ce qui engendre une évolution de style aboutissant à des figurations qui ne sont pas sans parenté avec certaines représentations de l’art brut proprement dit.

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Me semble-t-il. Le beau livre qui accompagne cette expo de Roberta Colombo Dougoud s’ouvre (ça c’est certain) sur un avant-propos de Marie-Claude Tjibaou.

Toutes les images sont tirées du catalogue. MEG Photos : Johnathan Watts 

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