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Romaines et Homard
Déjà les temps frisquets et j’ai pas rentré encore ma moisson d’été.
Je vous parlerais bien de Romaine, la modiste d’Ernée qui a refusé la médaille du travail parce que faire des chapeaux l’amusait.
Le beau prénom de cette Mayennaise et ses rubans m’évoquent les courbes des dessins qu’une autre Romaine, le peintre Romaine Brooks -une amie de Natalie Barney et de Jean Cocteau- réalisait vers 1890 pour exorciser sa peur.
Elle avait alors 15 ans et sa mère lui fichait les grelots au point qu’elle voyait, comme Marguerite Burnat-Provins, des êtres pas possible apparaître dans les rideaux.
Je vous parlerais bien de Victor, le miniaturiste de Colombier-du-Plessis que j’ai rencontré dans un bulletin d’infos municipales.
Il ne se contente pas de transformer son église en maquette, il s’essaie timidement à la peinture.
Lui qui n’a jamais visité le musée de Laval, il a trouvé une voie naïve pour tirer le portrait d’un «tonton», mort à la Guerre (la 1ère).
Je vous parlerais bien du homard de Patrick à Tréguier…
28.09.2007 | Lien permanent
Les Auvergnats sont incroyables !
Je vous parlerais bien … mais je préfère vous entraîner dans mon aventure transversale à la recherche du soleil du Luberon.
De passage à Saint-Flour, mon daddy (je voyage avec mon daddy), qui s’était fait un gros plaisir en s’achetant un gilet de velours Le Laboureur,
a eu l’émotion de sa vie en trouvant chez un bouquiniste de la ville haute, Les Auvergnats sont incroyables !, un livre des années Giscard. En ce temps-là, les Auvergnats étaient au top et les trois auteurs de ce livre, des journalistes de La Montagne, voulaient le faire savoir au monde entier.
C’est ainsi que mon daddy avait croisé jadis J.-C. Delaygues, B. Teyssier et A. Faivre sur les routes psychédéliques de la Turquie et dans les cafés d’Istanbul où le vin se buvait dans les bouteilles de bière par discrétion.
Ils évoquaient le livre qu’ils écriraient en rentrant et que l’un d’eux, Alain Faivre, qui devait disparaître bientôt prématurément, ne vit pas sortir. «Tu te rends compte, Ani, c’est le message d’un mort qui me demande de ne pas l’oublier» soupira mon papa.
Comme il était trop dans son passé, votre petite âme errante a pris le bouquin. C’est plein de belles photos de Michel Agon. Des vieux, des pierres, des vaches, des âpres paysages. Tout ce qu’on aime ! A part ça, pas exempt de défauts : ça sonne un peu léger, ça manque un peu de liant, ça la joue trop nostalgique. Mais ces défauts deviennent sympathiques parce qu’ils proviennent du mélange des ingrédients : souvenirs, récits, légendes, observations choisis avec un œil qui n’a pas froid devant l’insolite.
Parmi ce Bandit de Laqueille, cet Ermite de Chazeyras, ces Irréductibles de chez Pions, j’ai préféré La Mort dans l’eau-de-vie parce que ce récit relate l’existence d’un musée singulier entre les singuliers.
Celui d’Hector Granet, archéologue autodidacte, qui à Viverols, à une vingtaine de kms d’Ambert, montrait aux visiteurs la momie de son père conservée dans l’eau-de-vie.
Spectacle nullement morbide puisque Hector jouait sur son accordéon les airs préférés du paternel auquel il ne parlait pas mal : « Papa, je t’amène de la visite ! »
30.09.2007 | Lien permanent
Robert Tatin en album et en video
L’album Tatin promis à la rentrée est arrivé sur mon petit blogounet.
En prime, une video (suivez le lien)
J’parie que vous devinerez jamais en quelle langue est lu le commentaire !
23.09.2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
Ani fête son anniv
Bon, bah, c’est pas tout ça mais faut pas que j’oublie de vous signaler l’événement majeur de cette rentrée. Votre petite âme errante vient de passer le cap de sa deuxième année d’existence.
286 notes à son actif, 708 commentaires et de gros milliers de visiteurs dans son cosy blogounet.
Pour fêter ça, les copines, afin de se payer gentiment ma fiole, m’ont offert le concert d’une chorale de centenaires en folie interprétant une chanson de leur jeunesse qui s’impose en pareilles circonstances. Comme je suis pas une égoïste, j’ai décidé de vous en faire profiter.
Voici donc : My Generation par les Zimmers.
05.09.2007 | Lien permanent | Commentaires (3)
Merveilleux Arcimboldo
Toujours à la recherche du terme «art brut», votre petite âme errante l’a déniché cette fois-ci dans le dossier spécial du numéro 700 d’Historia Mensuel consacré à Arcimboldo, ce peintre de la fin du XVIe siècle, si mariole pour les portraits composés de fruits, de légumes ou de machins variés.
L’art brut, ce garnement, dans une revue qui, depuis au moins un demi-siècle, fait l’enchantement des papys en mal d’érudition tranquille ? Je n’en croyais pas mes lunettes mais il fallut me rendre à l’évidence.
Guiseppe Arcimboldo
Le papier d’Elisabeth Couturier, qui a le mérite de nous rafraîchir sérieusement la mémoire à propos de cette grande figure du Manièrisme, a aussi celui de citer un passage du livre qu’André Pieyre de Mandiargues a écrit sur Arcimboldo le merveilleux.
Mandiargues nous rappelle que l’artiste bénéficiait du mécénat de Rodolphe II, l’empereur de Prague, à la tronche pas possible, qui préférait à son portrait officiel trop réaliste, la version plus potagère imaginée par Arcimboldo.
Mandiargues nous rappelle aussi qu’un des principaux jobs du peintre à la cour consistait à enrichir les fameuses Wunderkammern, cabinets d’art et de curiosité du Rodolphe, où «l’art culturel» se «mélangeait sur un pied d’égalité avec ce que nous appelons l’art brut».
Nous y voilà, mais il faudrait être aveugle pour ne pas avoir aperçu déjà certaines connivences entre les masques en coquillages de Pascal-Désir Maisonneuve et les têtes d’assemblages végétaux d’Arcimboldo.
Collection de l'Art Brut, Lausanne
Alors pourquoi j’enfonce ainsi les portes ouvertes ? C’est qu’au Musée du Luxembourg, à Paris, (pas dans le Grand Duché) se tiendra du 15 septembre 2007 au 13 janvier 2008, «la première exposition monographique au monde» (selon le communiqué de presse) des œuvres de Giuseppe Arcimboldo.
Avant d’y courir, encore un p’tit coup de Mandiargues pour la route ? Cet éloge de la curiosité peut-être? : «La curiosité, dont les points extrêmes relèvent de la psychologie pathologique, m’a toujours semblé une des vertus essentielles de l’homme, digne d’être ajoutée aux trois vertus théologales et aux quatre vertus cardinales».
08.09.2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
Brut alors ! des Micmacrocosmes !
A peine on a rangé ses valises que voilà la chute des feuilles.
Celle des impôts que l’on oublie grâce aux jolis flyers qui se mettent à gonfler la boîte aux lettres.
Epouvantée par ce tsunami de cartons d’invitations tous plus flashants les uns que les autres, votre petite âme errante s’efforce courageusement d’en sauver certains du flot.
Honneur tout d’abord à celui de la prometteuse exposition Micmacrocosmes qui inscrit à son programme, du 15 septembre au 23 décembre 2007, une «Collection d’objets insolites et merveilleux».
C’est le Musée départemental Stéphane Mallarmé à Vulaines-sur-Seine (77870) qui pique ainsi notre curiosité (aïe !) et nous apporte aussitôt l’antidote.
Le carton dont il faut saluer la lisibilité nous en dit assez pour mettre le feu aux poudres, tout en nous laissant un peu sur notre faim. Avec cette installation de Vincent Vergone, «Le public est invité à découvrir des objets étranges, incongrus, merveilleux : une conque à poèmes, une pierre qui chante, une machine à hypnotiser, un miroir à regarder le fond de son âme, une machine à projeter des spectres, un miroir de gorgone…». Voilà qui est précis.
Dans un registre un tantinet moins limpide et même beaucoup plus mystérieux, le carton à volets de la nouvelle expo abcd claque comme un drapeau : Brut alors ! c’est son titre. Il sonne comme un gros mot dans une cour de récré, comme un de ces jurons qui nous échappe quand on vient de relire pour la 3e fois la notice de son téléphone portable sans y rien comprendre. C’est vous dire que cette expo qui s’accompagne d’un bon pour une «visite-surprise» joue sur le teasing.
Le dépliant où les textes se tortillent dans tous les sens a des allures de lanterne-magique. Il nous fait miroiter du mystère, des énigmes et du non-sens mais on sent bien qu’il veut garder ses secrets pour lui jusqu’au vernissage le 15 septembre. Comme l’expo durera longtemps, le public pourra tout à loisir «ouvrir les boîtes noires» de ce météorite pour voir ce qu’il a dans le ventre. Le calligramme en forme d’empreinte digitale qui ouvre le programme pourrait faire croire que Brut alors ! est visible sur Baker Street. Pas du tout, ce n’est pas chez Sherlock Holmes que ça se passe mais bien rue Voltaire à Montreuil, Galerie abcd.
10.09.2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
Victor Paysant réhabilité
Un ciel noir, une blouse rouge. Une photo ratée pour vous dire l’ambiance ce jour-là.
A Bagnoles-de-l’Orne, la brocante était nulle alors j’ai poussé vers le nord malgré les «bofs» de mon chéri qui serait bien resté devant son Dubuffet (il fait semblant de lire la grosse bio de Marianne Jakobi et Julien Dieudonné).
A Ménil-Gondouin, sur la D15 qu’on n’atteint pas sans se paumer un peu, j’ai enfin vu l’église «vivante et parlante».
comme disait Victor Paysant, l’auteur de cette palpitante décoration qui vient de renaître de ses cendres grâce au concours de l’Europe, de l’Etat, du Conseil général, de la Fondation du patrimoine, du Crédit agricole… (j’en passe) et de l’Asso des amis qui ont casqué pour ça.
L’église voisine avec une mairie qui a l’air de sortir d’un village de poupées. En dehors des messes, «s’adresser au café à côté pour visiter l’intérieur», hélas le café était en vacances.
J’ai donc admiré la bruissante façade et son St Michel sculpté par Philippe Doucin de Briouze en remplacement de celui d’origine.
Un panneau explicatif pour touriste lambda dit que : «l’ordre fut donné, après la mort de l’abbé Paysant, d’enlever toutes les statues et d’effacer les peintures» qui viennent d’être ressuscitées.
«Fut donné» : c’est une belle chose que la forme passive quand il s’agit de prendre des pincettes avec le goupillon !Il est vrai qu’aujourd’hui la Commission d’Art Sacré du Diocèse soutient la réhabilitation.
Dommage que les autorités spirituelles de l’époque n’aient pas fait preuve d’autant de goût, ça nous aurait épargné 34.914,12 €.
18.08.2007 | Lien permanent
Pussy cat
11.09.2007 | Lien permanent | Commentaires (2)
Objets trouvés et discrets créateurs
Puisqu’on en est à la distribution des images, voici celle-ci ramenée du Musée des Alpilles de St-Rémy de Provence. C’est une enluminure d’Augustin Gonfond, un peintre paysan saint-rémois de la fin du 19e siècle.
Le Musée des Alpilles, qui a été entièrement relooké, est voué à l’ethnologie et aux «créateurs discrets» (le mot est joli) enrôlés depuis peu dans «les arts modestes».
Si vous crachez pas sur les santons, si les ex-votos vous font pas bailler, allez-y et profitez-en pour traîner vos sandalettes à l’expo Objets trouvés qui a le mérite de porter un méta-regard sur l’histoire de la constitution de la collection du musée sous la houlette de Pierre de Brun, conservateur jusqu’en 1942 et grand rassembleur de pièces archéologiques oubliées, retrouvées, recyclées.
Objets trouvés, évidemment ça vous fait penser à une galerie parisienne du même nom (mais sans les s) et j’en vois déjà qui tournent leur regard vers la rue de Charenton, où s’organise Une rentrée hors-les-normes dans un esprit de «résistance» au «conditionnement culturel».
C’est international et ça dure jusqu’au 27 octobre. Attention le vernissage d’Objet trouvé (au singulier) c’est jeudi déjà. Le 13, je vous dis.
Si d’aventure vous étiez à Genève le même soir, vous pourriez croquer La Sardine, du moins l’expo que cette galerie de la rue des Bains (on reste dans l’aquatique) consacre à Djeynaba Ndiyae, une artiste autodidacte et sénégalaise dont votre petite âme errante sait pas grand chose.
Vous, qui êtes avides de nouvelles expériences, vous lui raconterez !
12.09.2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
Verheggen et les indisciplinés
Si je vous dis que je louche, ça vous étonnera pas. Un œil sur Bruxelles dont j’ai arpenté, ce ouikène, les pavés, en basquettes chromées achetées passage de la Reine et un œil sur Montréal d’où j’ai reçu un accordéon de pensées brutes.
A Bruxelles, les garçons de café vous demandent en anglais ce que vous voulez. La langoustique françoise heureusement se porte mieux du côté de Jean-Pierre Verheggen (prononcez «Veur» et non «Vèr»).
Pour accompagner l’expo Un Bug sur la langue de Chantal Maes, une jeune artiste photographeuse, ce grand et fort poète wallon a donné en 2005 une préface et un texte au fil desquels il lui arrive de cligner de l’œil à Chaissac.
Réuni dans un coffret avec des écrits de Christian Dotremont et un DVD de «logopédie», l’ensemble, publié par l’Asso Jeunesse et Arts plastiques, célèbre les vertus du bafouillage qui est à la tchache ordinaire ce que la main gauche est au dessin d’un droitier.
Décalage et sagesse oblique sont aussi au rendez-vous des bons mots empruntés à la crème des créateurs québécois par le dépliant de la Société des arts indisciplinés. Créateurs selon notre cœur puisqu’on trouve réunis là Roger Ouellette, Léonce Durette, Arthur Villeneuve,
Palmerino Sorgente,
Richard Greaves, Charles Lacombe «Je suis un sculpteur sans fin comme une vie sans fin»,
Tous noms qui devraient dire quelque chose aux Animuliens qui lisent fidèlement les élucubrations de leur petite âme errante.
Ce beau monde dont les images défilent le long des 8 volets du document vient nous rappeler le lancement d’une nouvelle publication des Editions du Musée Canadien des Civilisations.
Ce bouquin est l’œuvre de Valérie Rousseau, chercheuse associée à cette prestigieuse baraque et directrice de la SAI. Basé sur des entretiens avec les créateurs, Vestiges de l’indiscipline (c’est son titre) nous offre un tour d’horizon précis sur les Environnements d’art et anarchitectures de la Belle Province. «Vin et bouchées seront servis» à la Cinémathèque québécoise à cette occasion lors du colloque L’Objet à l’œuvre.
En vous grouillant un peu vous pouvez encore vous y pointer. C’est boulevard de Maisonneuve Est, au 335. Par le tromé : Berri-UQAM.
19.09.2007 | Lien permanent | Commentaires (1)