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7 dessins du prince Youssoupoff

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L'Envie

Youssoupoff c’est du post post. Pas seulement parce que Félix Youssoupoff ça nous ramène à de l’histoire ancienne, à un temps d’avant Poutine, Brejnev et même Staline.

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diamant.jpgAu temps des tsars exactement où les princes russes qui n’avaient pas la chance comme le beau Félix d’emmener un gros diamant en exil se retrouvaient chauffeurs de taxis à Paris.

Post post, mon post d’aujourd’hui car c’est avec un mois de retard que je chrommunique au sujet des époustouflantes aquarelles du Prince Youssoupoff rencontrées l’avant dernier jour de mai 2010 en la Galerie L’Arc-en-Seine. invit st germain des prés 2010.jpgC’est à l’occasion de la 12e édition d’Art Saint-Germain des Prés que je trainai mes guêtres rue de Seine ce jour-là et je frôlai la syncope en apercevant dans la vitrine de la galerie cette assez petite mais très dense trogne intitulée Le Doute.

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De loin comme ça, j’avais cru que c’était un portrait hallucinant de Marguerite Burnat-Provins. De près, je pensais au comte (noblesse oblige) de Lautréamont. «Le Canard du doute», vous pigez?

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Le Doute

Sinon, allez chez Wiki et renseignez vous aussi auprès du camarade Gougueule à propos de l’auteur de ce dessin visonnaire. Pour les allergiques du clic superflu, je dirai rapidement que Félix Youssoupoff (1887-1967) c’est, avec d’autres conjurés, l’exécuteur de Raspoutine, le gourou crado et partouseur qui avait hypnotisé la Tsarine de l’époque.

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Le Flegme

Je vous passe les détails sordides de la mort de Raspou, un costaud de chez costaud sur lequel il fallut s’acharner. Ce terrible événement, par lequel Youssoupoff crut sauver la Sainte Russie, l’obséda toute sa vie d’autant que les journalistes n’arrêtaient pas de le questionner là-dessus. Et ça explique peut-être que 12 ans après ce meurtre, en 1929, il se soit trouvé atteint d’une fièvre art-brutifère.

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L'étonnement

Alors qu’il villégiature en Corse, Youssoupov se sent soudain pris d’une violente envie de dessiner. La manière dont il relate la chose ne fait guère de doute. C’est bien à une crise impérieuse d’automatisme qu’il cède : «Mon travail s’exécutait comme en dehors de moi-même. Je ne savais pas ce que j’allais faire». Et encore : «Je me suis adonné à la peinture comme si j’avais été ensorcelé. Mais ce que je créais étaient des visions de cauchemar plutôt que des créatures de rêve. Moi qui n’aimais que la beauté sous toutes ses formes, je ne pouvais créer que des monstres. (…) Un jour j’ai arrêté de dessiner aussi subitement que j’avais commencé. Le dernier dessin eut pu être le portrait de Satan».

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Pour cette expo de Sept dessins par Le Prince Félix Youssoupoff, la Galerie L’Arc-en-Seine a pondu un catalogue or et noir qui complète celui sur papier saumon de la Baltique qu’elle avait publié (avec un texte de Edmonde Charles-Roux) lors d’une précédente présentation en 1988 de ces dessins qui, pas plus que maintenant, n’étaient à vendre.

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A.C.M. court le monde

Fut un temps où A.C.M. n’envisageait qu’avec répugnance le transport de ces œuvres. C’était il y a plus de 10 ans et cet «architecte du vide» (selon le mot de Béatrice Steiner dans le n°17 de Création Franche en juin 1999) qui construit en donnant le sentiment de déconstruire, parlait à ses machines avec de la tendresse sous ses grosses moustaches à la Flaubert. En ce temps-là, la présence d’un gentil chow-chow à la langue noire lui était consolante.

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Il lui semblait impossible que ses sculptures puissent quitter son atelier installé dans une ancienne manufacture de tissage familial. Pourtant ses assemblages de petites pièces de machines à écrire, vissés, collés, patinés à l’acide étaient parfaitement costauds. Mais A.C.M. qui désignait son travail comme «un effritement qui dessinerait des choses» avait peur d’en perdre quelques morceaux.

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Comme si sa propre chair risquait de partir en lambeaux. Il sortait à ce moment là d’une période où il n’avait cotoyé personne et où il avait pris tous les risques d’une absorbtion dans la création pour la seule création. Environné de ses productions, il souffrait de sa position inconfortable : attaché à sa solitude partagée avec le seul soutien de son épouse, assoiffé cependant d’être mieux compris des autres, sinon reconnu par un public d’amateurs.

Il a fallu de la patience aux petit nombre de ceux qui l’encouragèrent alors pour le décider à affronter le feu des expositions. Il inventa alors des conteneurs en bois où ses chers volumes, parfaitement stabilisés, purent prendre la route. Et quand il le fit, cet «écorché vif» entre le zist de l’art brut et le zest de l’art contemporain rencontra tout de suite des collectionneurs puis des marchands qui donnèrent à son œuvre son retentissement actuel.

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La voilà maintenant qui traverse l’océan. Nous la retrouvons en Amérique, dans une expo de groupe (June 17, August 14) à la Galerie d’Andrew Edlin que votre petite âme errante félicite pour cela et aussi pour autre chose.

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On signale également la présence d’A.C.M. dans notre vieille Europe, à Gent (Gand) en Belgique au sein de l’expo De Wereld Andersom (Le Monde à l’envers).

C’est au Musée du docteur Guislain que ça se passe dans le cadre de la sortie d’été d’une belle part de la Collection abcd.

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Ceci jusqu’au 12 septembre 2010.

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Après le 24 septembre 2010 et jusqu’au 9 janvier 2011, les mordus d’A.C.M. retrouveront l’artiste à la Schirn Kunsthalle de Frankfurt dans l’expo Weltenwandler/World Transformers, Die Kunst der Outsider.

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20.06.2010 | Lien permanent

Coquillages et Crustacés à la brestoise

musee-brest3.jpgUn bon point pour le Musée des Beaux-Arts de Brest c'est qu'il ouvre à l'heure. Idéal quand on traine dans cette grande ville du bout de la terre à cause du bizeness! J'avais pas que ça à faire aussi fus-je ravie de constater qu'à 10 h tapantes une dame vint m'ouvrir la porte de l'Exposition Coquillages et Crustacés et avec le sourire en plus! :-)

L'expo est réalisée en partenariat avec le MIAM de Sète. C'est grosso-modo la même que celle que j'avais loupée en 2008, n'ayant pu faire escale au Pays de la Pointe Courte. Le pourquoi du comment de l'expo brestoise c'est que (je cite le flyer rose-bonbon distribué à l'entrée)-: «Centrée sur l'art contemporain, l'exposition se déploie dans tout l'espace du musée, mettant en perspective la production de trente artistes avec des œuvres de l'art brut, des objets ethnographiques et d'art populaire, des coquillages et la collection du musée».

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Moi, l'art dit contemporain c'est pas mon truc. Je me contre-tamponne par exemple des chirurgies esthétiques d'Orlan ou des «détournements» du logo de la Shell par Raymond Hains.  Et, pour ce qui est de «perspectiver», je n'ai toujours pas compris en quoi ça consiste. Mais cette juxtaposition d'œuvres qui s'ignorent superbement les unes les autres est, paraît-il «très stimulante pour les visiteurs» nous dit Madame Françoise Daniel, la conservatrice.

On voudrait la croire sur parole, ça lui fait tellement plaisir à cette dame de penser que son expo s'inscrit «dans la lignée de l'artiste américain Jeff Koons exposant au château de Versailles!» (propos recueillis par Frédérique Guiziou dans Ouest-France du 13 mai 2010). «Américain», «Versailles», sont des mots qui, à Brest, conservent leur prestige. Et l'art «koonsternant», cette variété gargantuesque de la disneyrisation globale :-) :-) ça ne fait pas sourire ici. :-( Par chance, les moyens ont manqué à Mme Daniel, sinon elle nous présentait «le fameux Lobster, le homard géant du roi du pop kitsch!» :-) :-) :-)

Je préfère de beaucoup (même si c'est pas de l'art brut) l'ironique Berceau à dimension humaine de Patrick Van Caeckenbergh reproduit sur l'affiche. Heureusement l'expo du Musée des Beaux-Arts, qui passera l'été pour s'éteindre le 24 octobre 2010, a de quoi satisfaire quand même des amateurs aux exigences animuliennes. S'ils se contentent comme moi de faire leur marché.

J'ai revu avec plaisir la porte en cuivre d'Hippolyte Massé prêtée par le musée de l'Abbaye de Sainte-Croix

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et le «Fétiche belge toujours vivant» (Ci-gît Maquenpise), une patte de crustacé en érection dans un cercueil. Je me suis plongé dans les aquariums de Paul Amar (façon céramique de Bernard Palissy). J'ai grimpé vers sa Vierge de Fatima clignotante (là c'est presque trop).

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J'ai retrouvé -hélas placée trop bas et presque minimisée de ce fait- la «Tête d'Apollinaire», un petit masque de Pascal-Désir Maisonneuve qui appartint à André Breton et qui est ici de par la courtoisie de la Galerie Ritsch-Fisch.

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C'est déjà pas mal.

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01.06.2010 | Lien permanent

Le Japon hors norme sort dans Télérama

telerama3150.jpgUn Japon hors norme, c'est à vous faire sortir de votre petit for intérieur, non? Donc, même si vous n'êtes pas une grande télérameuse devant l'Eternel, même si vous ne regardez jamais la télévision ou que vous avez bousillé votre écran plat depuis un certain soir de mai 2007, n'attendez pas la grève des Maisons de la presse pour aller vous procurer le dernier en date des numéros de Télérama. Le n°3150 couvrant la période du 29 mai au 4 juin 2010, pour être exacte. The Télérama et surtout son supplément Sortir qui «ne peut être vendu séparément». Sur la couv de ce sup vous reconnaîtrez une des œuvres présentées en ce moment à la Halle Saint-Pierre dans le cadre de l'expo Art brut japonais.

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A l'intérieur, un article de Bénédicte Philippe à propos de cette expo. Le Japon sort des règles de l'art, tel est son titre. Et cet article vaut le détour. D'abord parce qu'il est bien documenté, B. P. s'étant donné la peine de s'abreuver à plusieurs sources parmi lesquelles celles de Jean-Pierre Klein qui touche sa bille en art-thérapie, Yves le Fur, Directeur du Patrimoine et des Collections au musée du Quai Branly, Céline Muzelle qui a contribué au catalogue de l'expo à la Sainte-Halle. Ensuite parce que cet article sur 4 colonnes point trop longues se donne les gants de ne jamais oublier de parler des œuvres et des créateurs tout en éclairant le grand public (sans avoir l'air d'y toucher) sur la notion d'art brut, son passé et son nouveau visage.

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Surtout, surtout, l'article de Bénédicte Philippe ne cède jamais à la facilité des présentations déficitaires, genre : dansons avec la poussière puisque l'art brut ne fait jamais le ménage. Elle n'a certes pas peur d'employer les mots vrais : «autistes, trisomiques ou psychotiques» mais c'est toujours pour rappeler que les créateurs japonais concernés par ces mots sont simplement «mentalement différents» et qu'ils tirent de cette différence des avantages certains : «Employant des moyens détournés pour s'exprimer, ils nous forcent à sortir des a priori, des connaissances figées en nous-mêmes. (...) ils nous rendent justes plus vivants». Cela s'appelle le tact, une vertu indispensable quand on prétend parler d'art brut. Le tact, c'est pas si répandu dans le grand (et le petit) journalisme. Sans doute parce qu'il demande un travail d'écriture supplémentaire. Cela mérite donc d'être salué au passage.

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28.05.2010 | Lien permanent

Le mammuth et la fée

Faire des films «à la manière de l'art brut» : beau programme! Gus Kervern et Benoît Delépine y croient. Le duo grolandais, réalisateur de ce Mammuth qui pétarade si printanièrement sur nos écrans ne perd pas une occasion de dire, combien il n'en a rien à battre de la perfection. Gustave et Benoît lui préfèrent la vie et ils ont bien raison. La vie, quitte à semer gentiment sa zone.

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Comme le dit G.K. dans un entretien avec Pierre Daudin : «Je n'aime pas que les films soient trop parfaits, quand le décorateur a tout bien fait. Ca me donne envie de casser quelque chose (...)». Faisons comme lui et brisons tout de suite un peu de la couronne de lauriers que je m'apprêtais, après beaucoup, à tresser sur les têtes hirsutes des deux réalisateurs du film mammuthique que -soit dit en passant- j'ai vu dans un MK2 plein de bobos chauves qui mangeaient des esquimaux.

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La vie, ça a l'air simple. C'est tout entier dans ce genre de détail qui en dit long sans avoir besoin de démontrer quoi que ce soit. Le contraire de l'écoeurante pédagogie gouvernementale, la vie : un animal timide, sauvage et frémissant. Certes, l'art brut ne se limite pas à l'absence de fignolage. Et la fréquentation des studios de télé n'autorise guère Kervern et Delépine à se prétendre «étrangers aux milieux artistiques professionnels».

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Il se peut même que leurs sketches ne soient pas toujours «fortement inventifs» (pour causer comme Dubuffet). Il n'en demeure pas moins que les deux responsables de Mammuth, parviennent à le faire manger dans notre main, cet animal vital.

Avec leur histoire de retraité motard qui aime son épouse mais ne le lui dit pas, qui se projette le fantôme d'un amour mort (Isabelle Adjani) sur l'écran noir de ses nuits blanches, qui croise des cons et des malfaisants qui le prennent pour un bon à baiser dans une France pourrie où les rapports sociaux sont ravagés par une maladie à visage d'hydre économique et financière, ils nous émeuvent et ils nous attristent, nous désespèrent et nous requinquent avec leur casting d'enfer. D'abord parce qu'il y a Yolande Moreau encore toute auréolée du pollen de Séraphine. Et ensuite parce que Serge Pilardosse, le retraité «géant à l'extérieur, tout doux à l'intérieur» rencontre une nièce qui s'avère être une fée.

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Une fée qu' on n'embauche pas parce qu'elle rédige son C.V. sur du papier-cul avec le sang de ses règles. Une fée avec laquelle Pilardosse découvre que «c'est bon, rien faire aussi». La fée c'est Miss Ming, une tête à aimer les fraises tagada, une élocution ralentie qui décale tout, un comportement si aveuglément poétique qu'il remet à lui seul le monde sur ces vrais rails : bonheur, tendresse, nonchalance. Même un monstre sacré comme Gérard Depardieu retrouve la spontanéité de sa jeunesse valseuse quand Miss Ming lui attrape délicatement le nez.

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Miss Ming (Solange dans le film) habite un pavillon dont les abords ressemblent à chez Chomo. C'est à Lucas Braastad, un artiste du Musée d'Art Contemporain Inutile d'Angoulême que Gus et Ben ont emprunté les œuvres accumulées là.

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Certaines ont été exposées à la Halle Saint-Pierre pendant le vernissage sur L'art brut japonais.
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Les deux réalisateurs aiment bien ce lieu qu'ils appellent «le musée de l'art brut». Au point d'y avoir donné des interviews pour leur promo. Ecoutez-les mais filez d'abord voir le film car, mieux qu'aucun court ou long métrage documentaire, cette œuvre de fiction nous en apprend beaucoup sur l'art brut en tant qu'il se confond avec la pulsation de la vie elle-même. 

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13.05.2010 | Lien permanent

Nuit des musées : délire et sauvagerie

Nuit2010_HD.jpgLa Nuit des Musées à Biarritz : si je commence comme ça, n'allez pas croire que je m'acharne sur les institutions culturelles ou que je manque de respect au Pays Basque.
planete musee du chocolat 1.JPGJ'avoue que me fait rire le mot de Christian Dotremont : «Et je ne vais dans les musées que pour enlever les muselières» mais je suis comme tout le monde, une bonne tasse de chocolat devant l'océan, je suis pas contre.
C'est vous dire combien j'aimerais descendre gratuitement dans la crypte Sainte-Eugénie, le samedi 15 mai, de 19 à 22 heures, avec ma petite laine, pour visiter l'Expo L'œil à l'état sauvage dans le cadre de la NDM.

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Au cas où vous le sauriez pas, Eugénie c'est la Première Pouffe du Second Empire. Elle convertit son Petit Napoléon à la prestigieuse station balnéaire de la côte atlantique.
Et au cas où vous l'auriez oublié, c'est notre André Breton national qui a clamé le premier que «l'œil existe à l'état sauvage». Aucune mention de cette citation fétiche (dont une défunte revue fit jadis à peu près ses choux gras) dans les présentations de l'expo biarrote.

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Pour faire bon poids les organisateurs en ont rajouté une couche en sous-titre : Les Délirants de la création. Nom d'un Badinguet, ça ferait presque peur! Avec pareil label, on s'attend à du lourd : des zinzins, des fêlés, des barrés, des z'hors-les-normes.

public enfantin à l'expo.jpgEt bien pas tout à fait. L'exposition a beau être vendue au public captif des écoles comme une «exposition d'art brut et singulier», on nous promet surtout un cheval de «grands noms de l'art contemporain» et une alouette d'«artistes emblématiques de l'art singulier» pour une pincée d'art brut (limité dans les énumérations existantes au seul cas d'Anselme Boix-Vives).
Je suis pas sûre que Michel Macréau dont une image sert à l'affiche aurait été ravi d'être enrôlé sous la bannière «délirants» mais ne boudons pas notre joie : une soixantaine d'œuvres de 28 artistes de la trempe de ceux qu'apprécient les grands collectionneurs, style Daniel Cordier,  c'est toujours bon à prendre.
Bien que Gaston Chaissac, Louis Pons, Fred Deux :

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Robert Combas, n'aient depuis longtemps (ou depuis toujours) rien à voir avec le soit-disant «art singulier», surtout tel qu'il se pratique de nos jours.

Bien que, Paul Rebeyrolle (!) :

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Zoran Mušič (!!) :

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Vladimir Velickovic (!!!) ne puissent être rapprochés de l'art brut et de ses alentours que par tout un système de poulies, de ficelles, de courroies de transmissions, de précautions.
L'exposition de Biarritz me semble encline à en faire l'économie. Ce qui peut se comprendre : présenter un bon choix d'œuvres fortes en espérant infléchir le regard du public local, c'est déjà pas mal. Nul besoin alors du renfort de la «sauvagerie» et du «délire». Mieux aurait valu élucider l'intention sous-jacente au rassemblement de ces tableaux et sculptures.

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Je sais bien que l'art brut aujourd'hui c'est médiatiquement porteur et que certains (ou certaines) croient bien faire en accrochant le mainstream à sa remorque mais parer le meilleur de l'art contemporain des plumes multicolores de l'art brut cela ne rend service à personne. Sauf à ceux qui se réjouissent de trouver là une occasion de mettre en doute la spécificité foncière de ce dernier. Il n'est qu'à faire un tour sur le net en rôdant autour de Biarritz, de ses états sauvages et de ses délirants de crypte pour s'en rendre compte.

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Okkulte Kunst

Occulte Art, Art occulte, Art et Occultisme... Je sais pas trop comment traduire ça.
Peut-être qu'il faut le laisser en allemand : Okkulte Kunst; mais il y aurait aussi une version en tchèque.

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Toujours est-il que j'ai rapporté ce livre de chez un libraire praguois. Natürlich puisque qu'il a été publié à Prague en 1924. L'année du Manifeste du surréalisme pour vous situer. Si je continue à attendre, cet album de dessins aura bientôt un siècle. Mais ce serait dommage de pas mettre tout de suite sous les yeux du pauvre monde ces images assez extraordinaires dans le genre abyssal.

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Elles ont pour auteur un certain Eugen Mirsky dont je me suis échinée pour essayer de comprendre la préface en allemand très trapue, pleine de mots composés et de phrases à la structure compliquée. Ma parole, il faudrait avoir lu Hegel pour comprendre ça. Il y est question d'un Codex Gigas, un livre géant de 75 kgs, qui compile des textes sur la médecine, sur la magie et des textes des Testaments chrétiens. Il contient un grand portrait du diable, raison pour laquelle on l'appelle aussi Bible du Diable (Teufelsbibel).

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Minsky s'en est-il inspiré ? Je n'en sais rien.

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Il évoque aussi des médiums : Frieda Gentes, Mrs Jenken (Kate Fox) et la médumnité. Finalement, ces dessins (?), gravures (?) ou découpis (?) -on le qualifiait de «scherenvirtuos» (virtuose du ciseau)- seraient tout simplement de l'art médiumnique.

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Encore qu'on y discerne évidemment des influences du Modern Style anglais et de l'Art Nouveau russe.

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Aucune précision autobiographique n'étant fourni par Eugen sur son cas, j'ai gratouillé sur internet sans résultats.

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Le mystère demeure. Alors si ça dit quelque chose à quelqu'un cet album, cet album, cet auteur, ce visage, qu'il (ou elle) se lève pour le crier bien fort dans le tuyau de l'oreille électronique de votre petite âme errante.

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18TH Outsider Art Fair

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L'Outsider Art Fair, la revoilà.

C'est déjà demain.

Et j'ai déjà reçu l'invit de Georg Jensen et du Creative Growth à leur réception spéciale.

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The Outsider Art fair will run February 5-7, 2010 at 7 west 34 th street NYC.

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New York City : c'est moi qui vous le dis.

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Allez sur gg.art pour les détails ou sur plein d'autres sites à partir de «outsider art fair 2010»

Moi je vais faire dodo.

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02.02.2010 | Lien permanent

Alain Gheerbrant, L’Homme troué

Rencontrer Alain Gheerbrant, je croyais pas ça possible alors j'ai rien préparé. Ma foi, tant pis, faut quand même que je vous dise que cet homme aux multiples casquettes (écrivain, éditeur, explorateur, cinéaste), fidèle toujours à la poésie, vous attend mardi 9 février 2010 à la Maison de l'Amérique latine, 217 bd St-Germain.

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Venez à 18 h 30 pour la présentation de L'Homme troué, le récent livre de cet aventurier nonagénaire qui fit ami-ami avec les indiens Yanomami et Antonin Artaud dans les années cinquante, publia Arp et Benjamin Péret et -c'est surtout en quoi il intéresse les Animuliens- découvrit la «poésie naturelle» avec le peintre Camille Bryen à peu près au moment où Jean Dubuffet inventait «l'art brut».

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Gheerbrant et Bryen en firent en 1949 une Anthologie qu'on a d'autant plus de plaisir à mettre sur ses rayons qu'elle est illustrée de photos de Brassaï représentant des vitres cassées et des lèpres de murs. Ce qui les cassait aussi, les vitres, c'était les drôles de textes réunis là dedans. Gaston Chaissac, le Facteur Cheval, le Douanier Rousseau, des «fous littéraires» (Auguste Boncors, Jean-Pierre Brisset), une médium-peintre (Hélène Smith).

Et puis des sortes de ready-made de l'écrit : liste de machines extraites d'un annuaire professionnel, prospectus d'un magasin d'articles de pêche, selon le principe que la poésie «pousse comme les truffes»

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la transversale.jpgcomme dit Alain Gheerbrant dans La Transversale, ses mémoires parus en 1995.

 

Je vous offre ci-joint un exemple de ces ready-made : le bonus jaune qui ne figure que dans la version luxe (sur beau papier) de L'Anthologie de la poésie naturelle.

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Sur le cousinage des deux notions (Art brut/Poésie naturelle) , aux développements pourtant séparés, il faut lire l'entretien que Gheerbrant a donné il y a 10 ans au gros bouquin coédité par Actes Sud et abcd, intitulé : abcd une collection d'art brut. C'est aux pages 336 à 338.

Pour le reste, la vie d'Alain Gheerbrant est trop riche, je saurais pas par quel bout commencer.

Sans compter tout ce qu'il va faire encore. Je suis obligée de renoncer, excusez mais ce n'est qu'hier que j'ai trouvé le flyer annonçant la soirée à la Maison de l'Amérique latine en fouinant à la Librairie Gallimard, partenaire de l'événement.

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Si vous voulez en savoir davantage, allez sur le site de Sabine Wespieser, l'éditeur de L'Homme troué. Mardi soir, elle tiendra compagnie, avec Raphaël Sorin (celui du blogue Lettres ouvertes), à Alain Gheerbrandt.

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Raw-viser Milly !

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Me too, I forget things sometimes! For example, I forgot to point out one little sentence in the article on CHOMO I mentioned yesterday. "This is the first retrospective ever of his work" JM wrote about the current exhibition at the Halle Saint-Pierre.

JM should read the blog Animula Vagula, it would be better informed. He would have seen that one of my readers (CHOMO after ten years) had already recalled the existence of exhibition to Milly-la-Forêt in 1991. "Sometimes it's necessary to remember things!" said the reader who signs Herblot.

If JM had opened the catalog of the Halle Saint-Pierre, he would read (page 24): "This year's Jubilee CHOMO exhibit exceptional organized entirely by Josette Rispal which takes place during the Gulf War in various places of the city of Milly-la-Forêt from 19 January to 3 February 1991".

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Tradoche pour le confort (ohé, les francophones!) :

Moi aussi, j'oublie des choses parfois! Par exemple, j'ai oublié de vous signaler une petite phrase dans l'article sur CHOMO dont je vous parlais hier. «This is the first retrospective ever of his work» (c'est la première rétrospective jamais consacrée à son œuvre) écrit JM à propos de l'actuelle exposition à la Halle Saint-Pierre.

JM devrait lire le blog Animula Vagula, il serait mieux informé. Il aurait vu qu'un de mes lecteurs (CHOMO 10 ans après) avait déjà rappelé l'existence de l'exposition à Milly-la-Forêt en 1991. «Il faut parfois rappeler les choses!» dit ce lecteur qui signe Herblot.

Si JM avait ouvert le catalogue de la Halle Saint-Pierre, il aurait lu (page 24) : «C'est l'année du Jubilé de CHOMO, exposition exceptionnelle, entièrement organisée par Josette Rispal, qui a lieu, au moment de la Guerre du Golfe, dans divers lieux de la ville de Milly-la-Forêt du 19 janvier au 3 février (1991)».

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Costume créé par CHOMO pour l’expo de Milly,

porté ici par Alain Niderlinder,

un des plus anciens fidèles de l’artiste

 

 

 

 

 

 

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Christ offert par CHOMO à l'église de Milly-La-Forêt

à l'occasion de l'exposition de 1991.



 

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31.01.2010 | Lien permanent

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