Rechercher : plancher de jeannot
Bal masqué parmi les capotes
Dans un bouquin de cet Anatole (Eros du Dimanche), paru en 1964 chez Jean-Jacques Pauvert, avec une grotesque bande (honni soit qui mal y pense!) préservative, indispensable en ces temps où tante Yvonne et André Malraux (l’esthétique tranquille) règnaient sur la culture, on trouve un «étui pénien populaire espagnol (Gomas)» en direct de la même capitale catalane.
Si je vous parle de ça, c’est qu’à la réprobation de mon chéri et de mon daddy réunis, les hasards d’une brocante ont fait entrer dans mon petit chez moi (honni soit…) ce délicieux petit préservatif ruskof qui ressemble à un jouet traditionnel de là-bas.
Présenté sous globe comme un bouquet de mariée et sous la marque « surréaliste » Gala, il mesure 70 millimètres de haut. Ce chou-mignon s’étant périmé le 12 décembre 2005, c’est déjà une antiquité digne des Animuliens friands de curiosités populaires.
30.03.2008 | Lien permanent
Michel Macréau bourgeonne rue du Perche
WARNING, WARNING !
Ne soyez pas timides, suivez la trace de votre petite âme errante. Ce n’est pas parce qu’on voit tout au travers des vitrines de la salle qui donne sur la rue qu’il faut en rester à celle-ci. Poursuivez hardiment votre chemin dans le dédale de grosses boîtes d’allumettes qui vous attend derrière celle-ci (visite d’une authentique cour parisienne au passage).Vous vous y rincerez l’œil avec un Portrait diplomé réalisé sur un vieux document scolaire, sur Des saints sur la vitre, une gouache transparente de 1970, sur un magique napperon orné au feutre noir de 1986 dans le bureau du fond et d’autres lettres et dessins encore assez accessibles, pourvu qu’on ait un peu de thune à y mettre.
«La bande est ocre jaune mais elle aurait pu être rose» nous avertit Macréau dans un de ses tableaux, des fois qu’on oublie la rôle de l’automatisme maîtrisé dans son travail. On ne sait pas si un petit tableau composé d’une croix formé de 2 traits, d’un pointillé et du mot CIEL se fout de nous ou nous invite à la méditation. Tant pis pour ceux qui concluent trop vite dans un sens. Il y a aussi des tableaux du début des années 60 comme L’Africaine et d’autres que je n’ai pas osé fusiller avec mon téléphone portable.
03.04.2008 | Lien permanent | Commentaires (1)
Expos à ne pas rater
Ce n’est pourtant pas l’envie qui m’en manque : mon pote François m’en a dit que du bien, malgré qu’il renaude un max parce que, crèchant dans le 9e arrondissement voisin, il ne bénéficie pas du demi-tarif réservé aux habitants du 18e.
Dès que possible, je reviendrai sur le sujet mais en attendant ce rendez-vous avec Animula, vous pouvez passer 200 secondes en compagnie de Martine Lusardy qui pilote la Sainte Halle. Si j’ai rechigné à escalader les contreforts de la Butte Montmartre ce n’est pas parce que mes escarpins neufs me bousillent les orteils. C’est, vous l’avez compris, que je suis plutôt surbouquée en ce moment.
J’étais à Lyon pour le bizeness et je comptais bien me faire au passage la rétrospective Keith Haring au Musée d’Art Contemporain mais un étourdi avait oublié son « colis suspect » (une banale mallette genre trousse à outils améliorée) et le TGV. a pris une heure dans les gencives.J’ai décidé de me rabattre sur la place Gailleton mais la Galerie Dettinger-Mayer venait de fermer quand j’y suis parvenue (toujours mes escarpins neufs !) et c’est seulement de l’extérieur – mais on voit pas mal de choses derrière la vitrine – que j’ai aperçu une partie de l’expo Marilena Pelosi qui se termine le 19 avril.
Pour Keith Haring, à l’affiche pétante, que vous soyez gone, lascar ou titi, c’est confort : vous avez jusqu’au 30 juin 2008.
30.03.2008 | Lien permanent
Du Bénin au Japon en passant par la Suisse
C’est la course contre la montre. Je suis bombardée d’infos. Et l’heure d’été qui me sucre du temps que j’aurais pu mettre à disposition de mes lecteurs ! Mais c’est pas le moment de s’endormir.
Déjà se profile la soirée du mercredi 2 avril 2008 qui verra Gérard Macé signer son livre sur les peintures murales du Bénin de 18h30 à 21h30. C’est rue Bichat au 11 dans le 75010, chez Synthèse Factory que ça se passe.
L’ouvrage qui s’intitule : Emblèmes et enseignes est publié par Les Editions La Pionnière. Il contient 18 photographies de Gérard Macé que je suis impatiente de voir parce que celle qui est reproduite sur l’invitation ne fait que piquer ma curiosité.
Je ne sais pas grand chose de l’ouvrage mais je me suis laissée dire que l’écrivain-photographe y traite de l’évolution d’un art de cour à un art populaire.
Gérard Macé qui aime le Japon -la preuve sa photo des jardins de Kyôto que j’emprunte au carton d’une expo de 2001 à la Galerie Camera Obscura- me fournit une transition commode vers la Soirée Japon de Lausanne.
Tous nos amis suisses qui n’auront pu venir à Paris ce 2 avril pourront se consoler en allant, ce jour là, se faire une toile au lausannois Cinéma Bellevaux, route Aloys-Fauquez, 4. A 18h 45, s’il vous plaît. On y projettera le chef d’œuvre d’Akira Kurosawa : Dodes’Kaden, film héroïque en son genre, par son travail sur la couleur et par sa réflexion sur la détresse humaine.
L’insuccès de cette œuvre devenue un classique de la cinéphilie/cinéfolie faillit, à l’époque de sa sortie (1970), faire sombrer le réalisateur. Le personnage symbolique de ce film-culte dont l’action se passe dans un bidonville est un ado qui du soir au matin conduit un tram imaginaire en imitant le bruit des roues sur les rails : Do/Des/Ka/Den. Les histoires des autres personnages : fous, sages, exclus, rêveurs et/ou alcooliques sont traversées d’hallucinations qui ne peuvent qu’intéresser des amateurs d’art brut.
A cette magnifique locomotive de 2h 20 sont accrochés deux wagons documentaires de 16 et 12 minutes (Ph. Lespinasse et A. Alvarez, réalisateurs) consacrés à 2 créateurs japonais représentés dans l’actuelle expo Japon de La Collection de l’Art Brut : Hidenori Motooka, fasciné lui aussi par les trains et Yuji Tsuji, un passionné des vues urbaines et aériennes.
31.03.2008 | Lien permanent
Bullez avec l’art brut
C’est la gloire pour les ch’tiots Picards et pour notre A.C.M national en particulier qui se retrouve dans le New York Times du 25 janvier 2008 en plein cœur d’un article de Ken Johnson sur l’Outsider Art Fair : Visionaries in a Bubble, Safe From Convention.
Après avoir fait son possible pour comprendre ce qui rapproche les créateurs logés à l’enseigne de la bulle brute «You could call them bubble artists, because they are somehow protected within their own psychological spheres from influences that might otherwise discourage their improbable pursuits», K.J. se penche sur le cas-limite d’A.C.M., non sans se mélanger un peu les crayons dans l’ordre des initiales.
Collection abcd
On lui pardonne et on l’écoute : «Some works in the exhibition blur the line between outsider and insider. If you saw the amazing constructions by a French artist who goes by the initials A.M.C. (sic) in another context, you would not necessary take them for outsider art. (They’re at J. P. Ritsch-Fisch). Made from parts of computer, typewriters and other mechanical devices and populated by tiny, semi-abstract Dr Seuss-like figures, A.M.C.’s miniature architectural fantasies might be mistaken for the works of an ingenious Brooklynite with a master of fine arts degree».
Collection abcd
Pour ceux que cet artiste intéresse (A.C.M. maintenant l’est devenu à part entière) pour sa position originale qui le conduit à camper dans le no man’s land situé entre art brut et art tout court, je dirais que le Dr Seuss est un auteur pour la jeunesse ayant influencé le cinéaste Tim Burton. Il est bien connu aux States pour ses contes cruels et ironiques, ses textes naïfs et poétiques qu’il accompagne de dessins.
Des œuvres (plus anciennes) d’A.C.M., on en retrouve dans la video de James Kalm qui nous fait visiter la Foire au petit pas de sa caméra vadrouilleuse. C’est marrant, ça donne l’ambiance comme si on y avait été. Et puis la diction un peu essouflée et respectueuse de Mr Kalm (le bien nommé) n’est pas stressante. Idéal après le boulot ! Même mon bougon chéri apprécie !
12.02.2008 | Lien permanent
Hosannah Barcelona
Hé, ça va-t-il, mes p’tits Ani(mulien)s ? Vous pensiez que j’étais perdue. J’étais à Barcelone. Pour les Rameaux où on en tresse de beaux en sardanant devant la cathédrale.
Pas beaucoup de cyber-cafés dans cette ville mais je vous recommande le Centre d’Art Santa Monica sur la Rambla, métro Drassanes. Pas pour ses grandes salles aux vidéos branchouilles mais pour sa bécane où on peut consulter son internet à l’œil.
C’est ainsi que j’ai fait connaissance avec le blogue de M. Thierry Savatier qui emprunte son titre (Les Mauvaises fréquentations) à Gaston Ferdière. Comme T.V. est un homme de goût, il m’emprunte aussi l’image de l’ex-libris du bon Docteur (voir ma note du 26 mai 2006) et à Alain Chevrier une citation : «La trajectoire de Ferdière s’avère une suite de zigzags à laquelle on peut comparer la projection au sol de l’ombre d’un papillon en vol». Quand je vous aurai dit que cette citation figure aussi page 332 de la «bible noire» publiée en 2000 par l’asso abcd (une collection d’art brut) vous saurez que ce Thierry est bien documenté et que son blogue vaut 10.
A part ça vous pensez bien que j’ai la langue chargée à cause du lèche-vitrine devant chez Zara, Mango et autres Escorpion.
Mes ripatons sont douloureux d’avoir arpenté des kilomètres de carrers, de rondas et d’avigundas en veux-tu en voilà. Plaça de Les Glories Catalanes, j’ai marché aux puces sous un soleil idéal pour le T-shirt catalan que je me suis offert dans une boutique de souvenirs d’El Raval.
Maigre butin mais j’ai pas été bredouille puisque j’ai chiné 2 sifflets-sujets en terre cuite blanche striée de vert et rouge.
J’en ai vu du même genre dans la collec Selz-Tallandier du Musée de Noyers-sur-Serein (voir ma note du 6 juin 2006), j’en jurerais. Cela viendrait des Baléares mais si Thierry ou Sophie ou Azis peut me le confirmer, je suis preneuse.
Dans le Barrio Gotico, j’ai eu de la veine : le n°1 des Anales de medicina legal, psiquiatria y anatomia patologica m’y attendait depuis 1933, date de sa parution.
Il y a dans cette brochure 10 pages de tatouages variés et une photo de tatoué montrant son dos bleu.
Ces «dibujos» sont classés en 7 catégories : «Hieroglifos y esquitos, inscriptiones y leyendas, Eroticos en todas sus variedades, religiosos, profesionales, fantasias y commemorativos, humoristicos».
Ils servent d’accompagnement à un article des Docteurs (puisqu’on est dans les toubibs) A. Ferrer Cagical et Luis M. Callis dont le titre dit bien ce qu’il veut dire, même pour celles et ceusses qui pigent que couïc à la langue de Cervantès : Contribucion al estudio del tatuaje.
23.03.2008 | Lien permanent | Commentaires (1)
Perdere la testa a Alessandria
Puisque je tresse en ce moment des couronnes aux postiers, j’en profite pour vous dire qu’un bel objet est tombé dans ma boîte aux lettres animulienne et sous sa jaune enveloppe matelassée, il m’est apparu comme Cendrillon dans sa pantoufle de vair.
Je vous en ai déjà touché 2 mots puisque c’est l’ouvrage qui accompagne la Mostra du Museo del Cappello Borsalino d’Alessandria (jusqu’au 4 mai 2008). Si j’en remets une louche aujourd’hui ce n’est pas seulement pour souligner que le concept de cette expo va encore plus loin que ce que son titre et son sous-titre en ont l’air.
Perdere la Testa. Il cappello tra moda e follie s’élève en fait, par dessus le chapeau, jusqu’à interroger les rapports de la mode et de la folie («Che relazioni si possono stabilire tra moda e folia?») car il y a certainement un dandysme brut comme votre Petite Ame Errante s’est cassé la nénette à vous le glisser dans le tuyau de l’oreille à plusieurs reprises.
Ici, il s’y sont mis en 4 pour vous en administrer la preuve : Elisa Fulco et Teresa Maranzano, historiennes d’art, Marco Pedroni, sociologue, Giovanni Foresti, psy. Que du beau monde et qui écrit une langue claire mais évidemment tout ce qu’il y a d’italienne. Il faudra donc vous munir de votre petit lexique si vous vous procurez cet objet de collection (infos sur http://www.edizionidipassaggio.it). Vous n’en aurez l’air que + intelligent(e)s. Et puis ça peut pas nuire pour vos futures vacances dans la péninsule. Donc, discutez pas, procurez-vous-le, j’vous dis. Caressez votre libraire dans le sens du poil pour qu’il le fasse venir sur ses rayons.
C’est du nanan pour happy-few car c’est pas tiré à des millions d’exemplaires et ça va s’épuiser vite, foi d’Animula. C’est en effet le genre de message qui va droit au cœur des amoureux du beau bouquin. Il ne pouvait venir que du pays du grand designer Bruno Munari, dont on sent l’heureuse influence sur la maquette.
On aimerait, de ce côté des Alpes, feuilleter de tels catalogues à surprises typographiques. Il est sorti tout droit de la tête d’Elisa Fulco en charge de l’expo et de celle de Mari Conidi, graphiste milanaise. C’est à cette dernière que l’on doit toutes les inventions qui l’enrichissent. Inventions dont mon pauvre petit scan des familles ne vous restitue qu’une faible part.
Impossible par exemple de vous donner une idée valable de la couverture qui se déplie comme une affiche sur une image de Silvano Balbiani. Triple hourra (les choux sont gras!) pour l’imprimeur (Grafiche Omnia, Milano) qui a su donner corps à tous ces télescopages féconds entre des images de la mode et les œuvres des créateurs de l’Atelier di Pittura Adriano e Michele, San Colombano al Lombro (MI) dont l’époustouflant Curzio di Giovanni qui m’en bouche toujours un fameux coin.
14.03.2008 | Lien permanent
L’Entre-Deux d’Yves Bélizaire
En ce monde de division, la Réunion est un beau mot, n’est-ce-pas ? Aussi me suis-je jetée comme une bête sur le n°345 du magazine Géo (novembre 2007) qui consacre un dossier à l’île du même nom.
Et voilà-t-il pas qu’au milieu des fougères géantes, des cascades paradisiaques et des paysages volcaniques à la Jules Verne, je tombe sur le Jardin des Rêves d’Yves Bélizaire qui habite le village de L’Entre-Deux.
Et oui, que voulez-vous ? n’en déplaise à de récents clichés touristiques, La Réunion n’est pas seulement terre de Miss France, c’est aussi un haut-lieu de l’art libre, de l’art vivant et naturel. En un mot : de l’art brut.
C’est à M. Bélizaire qu’elle le doit. «Le regard clair, aimant le contact, quelque peu habité, Yves Bélizaire s’exprime beaucoup en créole». J’emprunte ces lignes à une carte postale (en bois) expédiée de là-bas par Violette que j’avais envoyée en mission sur les traces de ce créateur exceptionnel.
Entrée du jardin des rêves
Elle m’a ramené une série de photos de ce site nouveau, prises par son fils Olivier pendant qu’elle faisait son possible -elle qui ne parle que le français métropolitain- pour ne pas perdre une miette de ce que lui racontait Bélizaire sur ses sculptures embâchées, plastifiées, ligaturées, noyées dans un décor végétal, amalgamées à des clous, du bois mort, des bouts de tôles, des matériaux divers.
Impossible de soustraire cette installation grouillante au contexte de L’Entre-Deux. Jadis refuge pour les esclaves en fuite, ce village garde du temps où il était à l’écart du développement côtier, une authenticité indéniable.
Le Jardin des rêves et La Jungle qui va avec, sont aménagés près de l’église, au dessus de la case (la maison) d’Yves Bélizaire.
A l’exception d’oiseaux de couleurs dans les arbres, le blanc domine dans les sentiers balisés.
De fausses caméras de surveillance reliées à des écrans de télé H.S. semblent nous inviter, en dépit de leur aspect sauvagement dérisoire, au respect des lieux, peuplés de rudes oratoires, de Vierges à l’enfant, de Joseph et de Marie, de Notre-Dame de Lourdes rustiques et modernes à souhait.
Si M. Bélizaire met en avant aujourd’hui cette «magie» blanche , c’est que des événements récents l’ont conduit à un changement de palette. J’ai appris qu’en septembre 2007, il avait dû, à l’invitation du voisinage, sacrifier par le feu son précédent Jardin des épouvantails en raison du Chikungunya. La lutte pour la destruction des gîtes larvaires commandait cette mesure.
Dommage, bien sûr, puisque dans ce site, référencé dans le Guide du Routard, proliféraient des créatures bariolées, improbables ou monstrueuses qu’il n’était pas recommandé de visiter la nuit car ça faisait vraiment peur.
A la place de M. Bélizaire beaucoup se seraient découragés. Lui, sans se plaindre, s’est remis aussi sec au boulot, changeant sagement de thématique, par égard pour son entourage, mais restant intraitable sur la technique, ne cédant rien de ce qui fait l’attrait puissant de son expressionnisme allusif et hasardeux au sens noble du terme.
Après Bélizaire 1 d’avant le Chik, Bélizaire Le Retour vaut le détour.
24.02.2008 | Lien permanent
Lucien Henry, 20 ans déjà
J’ai déjà mentionné son nom quand je vous ai parlé (le 13 novembre 2005) des "auras" de Boris Bojnev mais les occasions de parler de Lucien Henry, le galeriste-poète de Forcalquier, sont trop rares pour que je n’improvise pas une petite danse techno quand il revient dans notre actualité. Donc voilà votre Petite Ame Errante qui remue son derrière comme Gloria, l’hippopotame du film Madagascar en chantant : «I like to move it, move it».
C’est que la chose en vaut la peine. Lucien Henry a trop à voir avec l’art brut. Il appartient trop à la race de ces passeurs qui ont su mettre celui-ci en correspondance, et même en résonnance, avec d’autres formes estimables de la poésie, voire de la culture (par exemple : les confitures pour le Livre de recettes qu’il préfaça) pour que je passe sous silence le beau papier qu’Alain Paire vient de lui consacrer sur le site de sa galerie-librairie d’Aix-en-Provence.
Lucien Henry, tous ceux qui l’ont connu le regrettent. Lulu, pour les amis (il avait le don de vous traiter très vite comme tel, paraît-il), envoyait des invitations ponctuées de mots essentiels : «on fait, on croit, on dit».
Comment se soustraire à un tel programme, surtout énoncé avec cet air intelligent, malicieux et franciscain qui le caractérisèrent jusqu’à ce que soit mis brutalement un terme à son sourire de barbe à papa.
Lucien Henry - Photo Patrick Box
Le titre du texte d’Alain Paire, Le Seigneur de Forcalquier, répète celui d’un article que ce critique d’art devenu galeriste a donné au Provençal le 1er janvier 1989, au lendemain de la mort d’Henry.
Personnellement, je n’en suis pas folle parce que Lulu avait une bouille vraiment trop dépourvue de grands airs comme on peut s’en rendre compte sur cette photo de Bruno Montpied publiée en mai 89 dans le N° 37 du bulletin rose bonbon de l’Asso des Amis de François Ozenda.
L’était autant du genre à fréquenter les zonzons que les châteaux, Lulu.
Il l’a relaté magnifiquement dans Les Petites fenêtres (sa Geôle de Reading à lui) publié par son ami Robert Morel dont la fille Marie confectionnait régulièrement des enveloppes décorées pour le Centre d’Art Contemporain de Forcalquier. Mais si vous voulez connaître l’ambiance de celui-ci, lisez Alain Paire.
Carte postale association Boris Bojnev
Il vous dira tout sur Lulu, ce personnage, assez universel pour que Bernard Buffet lui file de temps en temps un coup de mains alors qu’il mettait dans sa collec Louis Pons, Gilbert Pastor ou Bedarride. Une asso Boris Bojnev organise parfois des expos dans le Centre à Lulu aujourd’hui. Sa collec appartient maintenant à la ville mais comme je peux tout de même pas être toujours fourrée dans les Alpes de Haute-Provence, je me suis cassé le nez la dernière fois que j’y suis passée.
Deux choses encore avant de vous lâcher la grappe.
Si quelque Animulien pouvait me dire où me procurer En Roulotte et à pied en Haute-Provence à travers la montagne de Lure (Plon, 1984) de Marie Mauron, ça me ferait plaisir. Il est question de Lulu là-dedans.
Et pour finir sur une note joviale, lookez donc la photo de ce Barbu Muller que Lucien Henry envoya à mon daddy en septembre 1989.
Il est «maintenant au su et au vu de tous», lui écrivait-il, «Il étoffe la collection, il lui donne raison».
Selon une indication de Lucien Henry, au verso du cliché, il proviendrait de chez Henri-Pierre Roché.
27.02.2008 | Lien permanent | Commentaires (10)
Nippons delicatessen
Photo : Lucienne Peiry
Pour Sophie et sa potesse Virginie qui ont décidé de se faire la Collection de l’Art Brut en vélo (attention, Lausanne ça grimpe !), cette image d’Eijiro Miyama qui se balade à l’intérieur de l’invitation dépliante au vernissage de l’expo Japon le 22 février 2008 à la maison mère.
Ce nouveau show qui ne s’éteindra que le 28 septembre se présente sous l’égide d’un volatile sans ailes, au cou épineux et aux pattes plombées, d’une austère grandeur.
Takashi Shuji
Il regroupe 12 créateurs autodidactes japonais. Certains : Obata Masao, Sawada Shinichu (ou Masao Obata et Shinichu Sawada puisqu’au pays du levant soleil tout le monde s’appelle Chaissac Gaston) ne sont pas étrangers aux Animuliens-Cœurs-Fidèles puisque votre P.A.E. a déjà eu l’occasion de vous les présenter quand elle vous a parlé le 3 novembre 2006 (ce que le temps file!) de la Bordeless Art Gallery No-Ma de Shiga dans sa note intitulée : Art brut ami, partout, toujours.
est une formule que vous devriez broder sur vos T-shirts, mes petites Animuliennes (et p’tits Animuliens pour ceux qui n’ont pas honte de tirer, tirer l’aiguille). Oui, l’art brut est toujours là et même un peu là. Oui, l’art brut est partout.
La source est pas près de s’tarir comme le prouve la centaine d’œuvres présentées à Lausanne avec un catalogue en français, jap, anglais, bourré de textes de Yoshiko Hata, Tadashi Hattori, Sarah Lombardi et Lucienne Peiry (39 CHF ou 65 le pack contenant aussi des films de Lespinasse Philippe et Alvarez Andress).
Masao Obata
Je sais bien que c’est dur mais il faut mémoriser les noms des auteurs de ces «productions-peintures, dessins et sculptures- (qui) témoignent d’une richesse et d’une diversité étonnantes», selon le carton lausannois : Takanori Herai, Mitsuteru Ishino, Moriya Kishaba, Hidenori Motooka, Satoshi Nishikawa, Takashi Shuji, Yoshimitsu Tomizuka, Yuji Tsuji, Toshiaki Yoshikawa.
Hidenori Motooka
Tous, «dérogent à la tradition et conçoivent des univers uniques». Ce qui n’empêche pas le rédacteur de la notice-invitation de s’élever, c’est tout à son honneur, à une réflexion contradictoire : «chacune de ces pièces porte l’empreinte de la délicatesse et du raffinement attachés à la culture nippone.
Toutefois l’emprise de la culture japonaise a très peu d’impact sur ces créateurs».
La seule chose qu’on puisse lui reprocher à ce rédacteur ou cette rédactrice, c’est d’abuser un peu du mot «délicatesse» qui revient à propos de la méthode utilisée par l’opérateur des films, modestement crédité d’«interventions sobres ( ?????)».
Car enfin, la délicatesse et la raffinerie au Japon, il ne faudrait pas oublier qu’elles passent aussi par le vent du sabre et par l’esthétisation de la mort volontaire chez le peuple le plus décoratif de la terre.
Shinichi Sawada
Crédit photos : Onishi Nobuo
09.02.2008 | Lien permanent