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26.05.2006

Aliénation créatrice

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C’est tout plié, imprimé sur du papier blanc sale, ça n'a que 16 pages et les agrafes commencent à rouiller mais ça fait partie des vieilles choses dont raffole votre petite collectionneuse d’âme errante.
Vu que l’été arrive et que je crains les bibites (comidizo Québec) j’étais partie faire ma provision d'anti-moustiques au Vieux Campeur, rue Saint-Jacques mais j’ai pas pu m’empêcher de jeter d’abord un œil sur la librairie toute proche.
La librairie Henri Vignes, c’est le genre d’établissement où les écrans de la modernité se combinent très bien avec les charmes de l’anticaille. Le libraire a tout dans la tête avant d’avoir tout dans le disque dur. Pas son pareil pour se souvenir des p’tits dadas de ses clientes. Il m’a tout de suite mis entre les mains son sourire charmant et cette conférence du docteur Ferdière prononcée à la séance inaugurale du congrès Folia Psychiatrica, Neurologia et Neurochirugica Neerlandica (à vos souhaits !).
J’ai acheté très vite cette Aliénation créatrice parce que j’ai aperçu ce passage (qui prouve qu’en 1948 certaines idées étaient dans l’air) en me disant que ça intéressera peut-être l’archiviste qui sommeille en vous :
«(…) je voudrais renouveler ici un appel que j’ai lancé en 1938 avec Jacques Vié en faveur d’un musée-laboratoire psychopathologique; je peux d’ailleurs dire ici que ce musée peut fort bien se concevoir international. Il comprendrait des collections d’œuvres de toutes sortes : peintures, sculptures, broderies, décorations, poupées, instruments de musique, les observations, les dossiers -rendus bien sûr anonymes- des auteurs morbides, des ouvrages traitant de la question, des jeux de fiches accessibles aux médecins mais aussi aux psychologues, aux sociologues, aux ethnologues et folkloristes, aux critiques et aux artistes. Ainsi se trouveraient possibles tous les indispensables contacts et toutes les confrontations».
Evidemment en sortant, j’ai plus pensé aux maringouins.
podcast
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21:00 Publié dans Lectures, Zizique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Gaston Ferdière | |  Imprimer | | Pin it! |

Commentaires

Bravo pour ces synesthésies: chanson, sculpture, souvenirs piquants des maringoins!
Je ne sais qui est derrière ce texte où est cité Jacques Vié, mais à coup sûr l'auteur de ce texte devait être un familier de Georges-Henri Rivière, à la fois esthète et créateur en 1937 du musée national des ATP qui se devait d'être un "musée-laboratoire".... En effet (Cf. p. 75 de l'ouvrage de M.V: Ethnographie de la France), c'est à G.-H. R. que l'on a attribué (sans doute par erreur) la paternité de ce concept. Aussi ne s'étonnera-t-on pas de voir associés à ce projet ethnologues et folkloristes.
En quelque sorte, ledit musée aurait été le calque "psychopathologique" de nos désuets ATP du Bois de Boulogne... en voie de refonte à Marseille, puisque tel est le désir du Prince.

Écrit par : Belvert | 26.05.2006

J’ai vaguement entendu que la Russie au début du XX°siècle avait demandé à Kadinsky et d’autres de faire des recherches sur l’art des fous, apparemment c’est resté très obscurs et par la suite le gouvernement Russe semble avoir changé certaines de leurs idées sur l’art plutôt vite.

Avez vous éventuellement des sources la dessus ? Sinon je demande au prochain russe que je croise en rue ;)

Écrit par : dd | 27.05.2006

"L'aliénation créatrice" est un texte du dr.Ferdière dont Animula a fait figurer l'ex-libris en en-tête de son article. De plus elle le dit dans son texte, non?
A propos du cher docteur, que j'ai connu un peu, il me semble que l'idée du "musée-laboratoire" lui était venue, par delà Georges-Henri Rivière, avec qui, à ce que je crois me rappeler, Ferdière avait été en relations en effet (de même que plus tard, sur la fin de sa vie, il était en relations avec Cuisenier -peu avant sa disparition, il me disait chercher pour ce dernier des objets liés aux bagnards-, l'idée lui était plutôt venue du musée de la folie du docteur Auguste Marie à Villejuif, ancêtre bien plus lointain (dans les années 1900) de tous les musées ultérieurs, de la folie ou de l'art brut. A propos de ce docteur Marie, il me semble qu'il y en a eu un autre, à peu près à la même époque, qui s'appelait aussi Marie, mais qui avait un autre prénom. Lui aussi s'occupait de l'art des fous. Je cherche des informations sur ce dernier. Peut-on m'aider?
Et pour revenir à Ferdière, j'ai personnellement peu apprécié le livre d'Emmanuel Venet qui a été loué sur ce blog. L'auteur me paraît trop désireux de plaire à tout le monde pour être à ce point louangé. Ferdière est présenté à la fois comme un raté, comme un bourreau d'occasion (l'épisode de la lobotomie assez peu explicitée, c'est le défaut quand on veut faire un livre trop dense) et comme un bon médecin, à partir du moment où il aurait reconnu la modestie de la fonction. Ca me paraît assez loin du personnage. C'est un peu pareil avec les évocations de Breton dont on vante au début l'esprit conséquent -lui au moins aurait su choisir son camp tout de suite au moment de ses études de médecine en délaissant la psychiatrie pour la poésie- mais que l'on caricature par la suite dans le livre en l'appelant "Dieu", variante plus vicelarde du sempiternel et journalistique terme de "pape" que les imbéciles ne manquaient jamais de décerner à Breton pendant plusieurs décennies (ça s'est un peu calmé depuis quelques événements récents, l'expo Breton à Beaubourg ou la vente des restes de son atelier par exemple, mais ça revient encore, comme un vieil impétigo). Venet donne l'impression d'être bien de son temps, n'être dupe de rien, ne déplaire à personne, ménager la chèvre et le chou, être consensuel (fi! le vilain mot...)
L'infatigable.

Écrit par : L'infatigable | 28.05.2006

Les commentaires sont fermés.