Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : plancher de jeannot

Souvenirs de Franc Barret

yéti barret.jpg

Avec le retour des chaleurs, plutôt que du giron de son chéri qui colle, on rêve aux bras glacés de l’abominable homme des neiges. Pas le grand escogriffe de Tintin au Tibet qu’un éclair de flash intimide mais le sauvage, le fier et même le tout à fait farouche Yéti de la ferme Barret à Pineuilh dans la Gironde, près de Sainte-Foy-la-Grande. Ce monstre au corps couvert de barbe de maïs était sorti, avec ses crocs carnassiers, non de l’imagination, mais bien des rêves affreux de Franc Barret.

la Goubière.jpg

Agriculteur le jour, Franc (ou Franck comme on le voit écrit maintenant) occupait ses nuits à pétrir l’argile et à modeler des sujets qu’il décorait selon ses conceptions d’autodidacte en matière d’histoire, de zoologie, d’art et de science-fiction de série B. Cela a l’air marrant et pourtant c’était loin de l’être. Franc Barret n’était pas le genre de gars à se couler dans les pantoufles d’une singularité pépère. Il aimait le poil, les vampires ensanglantés et les chaînes. Sa création le consumait. Il maigrissait à vue d’œil.

franc barret.jpg

Le musée bizarre qu’il avait installé chez lui pour mettre en scène, pêle-mêle, son Vercingétorix, sa sainte Blandine, son panorama de Lourdes, son homme de Néanderthal ou son Martien, tenait tout à la fois du jardin des plantes, du museum d’histoire naturelle, d’un cabinet de fétichiste et d’une réserve de maquettes. Il faisait peur, même aux gendarmes.

martien Barret.jpg
sainte famille Barret.jpg

On y respirait un parfum d’inconscient chaud bouillant, distillé à partir des moyens les plus simples : insomnie, petit maillet en bois, aiguille, vieux rayon de bicyclette. Cocktail de bricolage et  d’inspiration impérieuse !
«Une force irrésistible le jette au bas de son lit, les rêves se transforment chez lui en réalité. Il voit son œuvre s’ébaucher et ses mains opérer».

Je pique ces lignes à un article du journaliste Geo Sandry, auteur de livres sur l’argot. On peut pas dire qu’elles courent les rues les couv info art 55.jpgpublications où il est question de Franc Barret! Cet article introuvable m’a été signalé par un Animulien collectionneur fatal. Il est paru vers 1957 dans une petite revue conservatrice (on y flingue la jeune action-painting américaine) : L’Information artistique, n°55.

 
Je sais pas qui est ce Maurice Doriant qui a donné 8 de ses photos (abominablement reproduites hélas !) pour accompagner le texte de Sandry mais ce Géo «Trouvetout» a visiblement Franc Barret à la bonne. Il décrit bien le «climat permanent de souffrance» où vivait le sculpteur et «les cinq minutes de joie explosive» qu’il ressentait quand il avait terminé une œuvre.

femme enchaînée.jpg

Le grand mérite de Géo Sandry est de nous restituer les propos du paysan-créateur : «Je marche au radar. Une voix qui est en moi, me commande et j’agis (…). Et c’est ainsi que, par une sorte d’automatisme, en obéissant à cette voix, j’arrive à reproduire les formes et à donner l’expression».
C’est sans doute en raison de ce caractère vivant que son reportage a servi de source aux 3 pages (illustrées d’une photo de Ch. Stroh) qu’Anatole Jakovsky a consacré à Franc Barret dans son livre en allemand Damönen und Wunder.

homme des neiges.jpg


Lire la suite

Coquillages de Seba

Locupletissimi rerum naturalium thesauri.jpg

Toujours sur la piste des têtes composées (voir mes notes du 10 juin et du 8 septembre 2007 : Beau masque à Bordeaux et Merveilleux Arcimboldo), j’ai pensé que cette image capturée dans un livre d’Albert Seba (1665-1736) pourrait vous concerner, petits curieux que vous êtes ! Seba est une espèce de pharmacien qui a constitué plusieurs cabinets de curiosité dans sa vie. Il a donné une sorte de catalogue de sa collection avec des gravures artistico-scientifiques qui font fureur encore aujourd’hui.

portrait d'Albert Seba.jpg

Bon, bin, si vous voulez en savoir plus, allez vous plonger dans la Gazette de l’Hôtel Drouot de cette semaine (n°23) pour y pêcher le papier de Sylvain Alliod sur la question. Papier accompagné de ces coquillages et de cette tête fabriquée à partir d’eux.

détail Locupletissimi rerum naturalium thesauri.jpg

 

 
 

 

Lire la suite

13.06.2008 | Lien permanent

Les bambous kanak de Marguerite

 
invit bambous intérieur.jpg

J’écris, j’écris, c’est tout ce que je sais faire et pourtant il y a des fois où l’écriture n’est pas la chose fatale. Prenez les Kanak. Quand l’un d’entre eux, au début du siècle 20, quitte son village pour aller rendre visite à ses potes du vaste monde néo-calédonien, il emporte avec lui un bambou gravé d’une quantité de dessins sautillants, figuratifs et abstraits.

13.jpg

03.jpg

De quoi se distraire sur la route et véritables aide-mémoire aussi, puisque ces bambous bavards racontent tout sur le train-train quotidien : le gîte, le couvert, les rites et les mythes, la plantation des ignames (espèces de grosses patates), la pêche, l’érection du poteau de la grande case, les faiseurs de pluie, les tatoueuses, les sorciers chapeautés de coiffes cérémonielles.

01.jpg

Sans oublier les soldats français avec leurs fusils et leurs grosses bêtes de chevaux qui ne vont pas tarder à réprimer sévèrement le soulèvement kanak de 1917, une des plus farouches révoltes anti-coloniales de l’époque et sérieux bâton (gravé peut-être) dans la roue du char impérial de la France républicaine

cheval kanak.jpg

Après forcément, ces bambous gravés ont beau contenir des herbes magiques, ils ne peuvent empêcher les bienfaits de la «civilisation» : les gendarmes, les missionnaires, les colons, les techniques européennes, l’écriture. Ils perdent leur raison d’être.

chasseur.jpg

Heureusement, les bambous gravés de Nouvelle-Calédonie deviennent la grande passion de Marguerite Lobsiger-Dellenbach. Cette anthropologue décide de mettre la chose à plat. Elle décalque et étudie ces œuvres récoltées entre 1850 et 1920, préservant ainsi le point de vue authentiquement kanak sur la rencontre tragique des deux mondes.

04.jpg

17.jpgComme il se trouve que la Marguerite a dirigé le MEG (Musée ethno de Genève) entre 1952 et 1967, celui-ci consacre une expo au superbe travail de son ex-patronne. Elle sera visible jusqu’au 4 janvier 2009 au premier étage. 18.jpg

 

 

 

Tant pis si vous sortez plutôt nazebrouk du rez-de-chaussée vodou. Ne ratez pas, comme votre petiote âme errante a failli le faire, ce «primo piano».
L’exposition Bambous kanak, pour des exquises sensibilités brutes comme vous, mes chers Animuliens, possède l’avantage d’éclairer un moment charnière. Celui où la mentalité native des kanak se transforme sous l’effet de l’intrusion d’une culture venue d’ailleurs. Ce qui engendre une évolution de style aboutissant à des figurations qui ne sont pas sans parenté avec certaines représentations de l’art brut proprement dit.

catalogue bambous.jpg

 

Me semble-t-il. Le beau livre qui accompagne cette expo de Roberta Colombo Dougoud s’ouvre (ça c’est certain) sur un avant-propos de Marie-Claude Tjibaou.

Toutes les images sont tirées du catalogue. MEG Photos : Johnathan Watts 

14.jpg

Lire la suite

La maison de Polina Raïko

porte.jpeg

En Ukraine aussi, l’art inventif fait un malheur et dans la région de Kherson, à Tsyuryupinsk exactement, votre p’tite fouineuse d’âme errante a repéré une merveille de chez merveille : la maison de Polina Raïko

 

cuisine d'été.jpeg

Polina Raïko, si j’ai bien compris, c’est une grand-mère qui a transformé les 4 dernières années de sa vie en feu d’artifice pictural.

portrait raiko.jpg

Comme elle est morte en 2004, ça fait que ces années-là sont aussi les premières du 21e siècle, Polina ayant vu le jour en 1928. Un début de siècle –même idiot comme le nôtre– c’est pas mal

 

 

fenêtre et plafond.jpeg

 

Polina, si j’en crois ce que j’ai lu sur Internet à son sujet, avait mené une vie de patachon avant de se lancer dans la peinture. Notamment du fait d’un malheureux alcoolique de fils qui finit en colonie pénitentiaire après avoir vendu tous les meubles de sa mère.

infirmière au fusil.jpeg

Les sous de sa retraite, Polina les dépensait pour son art, couvrant les murs et les plafonds de sa maison de fresques pleines de fleurs et d’oiseaux, plutôt que de regarder la télé qu’elle n’avait plus.

oiseaux et poissons.jpeg

Toutes les surfaces libres y passaient, y compris les miroirs. Après sa disparition, ce fut moins 2 que cet univers de création qui fait penser à Pirosmani, à Grandma Moses, à Ivan Generalich ou à Maud Lewis ne passe à la trappe.

madone et christ.jpeg

Grâce à des bons génies canadiens qui auraient racheté la maison de Polina Raïko et à une asso locale, le Centre d’Initiatives pour la Jeunesse Totem, celle-ci serait aujourd’hui visitable.

 

Totem art group et Polina.jpeg

Si des fois, il y avait dans l’assistance des Animuliens qui pigent le cyrillique, qu’ils ne se gênent pas pour nous dire plus !

chemin du paradis.jpeg

 

 

 

Lire la suite

Le tribun de la Toussaint

5f7ba47a28bbe693f481d88812801152.jpegMédaille en chocolanimula à la Tribune Libre de la revue bèglaise Création Franche dont le n°28 vient d’arriver dans les bacs!
Gérard Sendrey, son rédac-chef y tacle, non sans frileuses circonvolutions autour du pot, un mystérieux «
intervenant des plus qualifiés dans ce domaine
». Le domaine en question n’est pas celui d’un cru du Bordelais, c’est le domaine de l’art dit singulier. Ce qui le vénère G.S., ce sont ce qu’il appelle les «surprenantes affirmations» (votre petite âme errante les trouverait plutôt sensées) d’un article qu’il cite «littéralement» : «Lieux associatifs, revues, salons, festivals se multiplient, abusant parfois du terme «singulier» qui finit par ne plus vouloir rien dire ou par désigner les productions les plus médiocres.

«Art singulier», «hors-les-normes», «neuve invention», «création franche», tous ces labels en fait sont équivalents et appartiennent au même moment conceptuel trahissant l’influence de l’art brut des origines sur la création autodidacte correspondante (…)».

Le voisinage de l’adjectif «médiocre» avec «Création franche» étant considéré par G.S. comme une «provocation», on ne s’étonne pas qu’ il rectifie le tir.
d6509e489100dff75d712c436b372bd5.jpg Afin de pas passer pour le pyromane moyen, indifférent aux conséquences de l’incendie qu’il allume, il nous prévient cependant qu’il ne citera «ni le nom de l’auteur, ni les caractéristiques de l’ouvrage» incriminé. La méthode a du bon. Elle rend captif le lecteur en lui ôtant la possibilité de vérifier. Elle prive l’auteur mis en cause de son droit de réponse. Tout cela sous le prétexte d’éviter le conflit.
L’inconvénient est qu’elle excite la curiosité des petites fouinardes dans mon genre qui ne craignent pas de mettre leur nez dans le cambouis d’Internet. Il m’a pas fallu 5 mn pour comprendre que c’est Laurent Danchin, l’auteur visé par Gérard Sendrey.

56b4e5c594d6b163f64a1215406a4729.jpg

Pas sorcier en effet de retrouver les propos cités par G.S. dans un texte de L.D. publié, «avec l’autorisation de l’auteur», sur le site Univers Singuliers. A une petite exception près toutefois. Dans ce texte, qui a figuré d’abord dans le catalogue In Another World/Omissa Maalmoissa (honni soit qui mal y pense!) du Musée Klasma à Helsinki en 2005, le petit os dur à avaler pour le franc créationniste : «ou par désigner les productions les plus médiocres» n’existe pas ! 858a24d0bad5284243f2e94be4afda1e.jpgEt ce sacré petit morceau de phrase joue aussi les fantômes dans la traduction que Kate van den Boogert a donné de l’article dans le n°50 (spring 2005) de la revue Raw Vision.

Alors, comme je ne suis pas une danchinologue émérite et que je ne vais pas attendre le prochain numéro de Création franche qui paraîtra peut-être dans 6 mois, j’espère que quelqu’un (e) éclairera ma citrouille.

007ed89b65e1fea6a72c5525b04ac184.jpg

Et pour celles et ceux qui ont eu la patience de me suivre jusqu’ici, ce petit film pris sans le vouloir avec mon téléphone portable au musée du cauchemar.

Lire la suite

Les musées de la drague

 

b316092aeb187474376bb0f53a5d9b34.jpg

N O Sii A M I E S iiL E S iiB Ê T E S

«On drague beaucoup dans les musées, le saviez-vous ?»
Vous pensez si une question pareille, lue par hasard sur le net, a pas manqué de faire tilt dans la cervelle de votre petite âme errante encombrée par les soucis du réveillon qui s’avance.

529309e9728bc90258b627860a7167e6.jpg

Elle s’est souvenue que c’est devant l’Annunciata au voile bleu d’Antonello de Messine qu’elle a rencontré -mais oui- son chéri dans la Galleria Regionale della Sicilia à Palerme. Il paraît que je lui ressemblais m’a dit ce beau parleur.

56e2ab71e1168cf300393fbc28ffb3c4.jpg

Beau parleur et bon apôtre du clavier aussi, l’art-psy blogueur  auteur de cette cruciale interrogation ! J’ai d’abord cru que son post du 14 décembre 2007, intitulé bien sûr : La Drague était du gibier pour ma rubrique comique : Nos Amies les Bêtes.

Il faut dire que la question était suivie par une épouvantable provocation à l’encontre des supporteurs (et teuses) du noble sport de l’art brut. Jugez-en plutôt : «Si à votre tour, vous désirez tenter votre chance dans une expo, évitez l’art brut, ce n’est pas là que vous risquez de faire la rencontre du siècle».

79cc6bf253f94e3c4336383b9827f443.jpg

A la seconde lecture pourtant j’ai décidé d’attribuer un Bon Point d’Honneur spécial Animula de fin d’année à Mr Artpsy en raison du second degré dissimulé dans sa prose.

C’est à s’éclater à donf en effet de le voir prétendre que ceux qui s’intéressent à l’art brut sont tous (ou presque) des «riches collectionneurs» crèchant dans le 7e arrondissement «avec vue sur de magnifiques jardins intérieurs».
 

Lire la suite

23.12.2007 | Lien permanent

La maison mosaïque de Louviers

af4a6b5475031b65de3c781236c561ca.jpg

Bingo ! Les voyages sont une belle chose ! Cela faisait bien 15 jours que je le traquais et je viens de le coincer dans un kiosque à journaux de la Gare du Nord où que j’attendais mon Thalys.

Quoi ça? Mais l’article d’Emmanuelle Vanasse-Huré sur La Maison mosaïque de Louviers (rien à voir avec Moïse), l’œuvre de toute une vie, celle de Robert Vasseur.
96e68245d5710eadf5f640618550ef7f.jpgC’est Pascale Herman, aux manettes du blogue Les Inspirés du bord des routes qui avait attiré mon attention sur le numéro d’automne (n°58) de Pays de Normandie qui contient cet article agrémenté de 6 photos de l’auteur dont un portrait de Claude Vasseur, le fils du regretté mosaïste, qui s’occupe de l’œuvre de son père au petit poil.

Il paraît qu’on ne présente plus Robert Vasseur.

Depuis 50 piges et dès qu’il l’a commencée, sa «maison à vaisselle cassée» en a vu des visiteurs! Votre petite âme errante entre autre qui se souvient avec admiration de l’aimable simplicité avec laquelle RV accueillait les promeneurs.

d63ed35edbf84bbe2ab93f8663f38b70.jpg

Achetez quand même le canard pour en savoir plus ou demandez à votre maison de la presse de le faire venir en précisant le n° près du code barre : L19462–58 F

Emmanuelle Vanasse-Huré s’est entretenue avec Claude et forcément on apprend des trucs. Notamment que «Robert Vasseur détestait le qualificatif d’artiste»

Lire la suite

Brute de caricature !

536219070.2.jpgAu rayon des convergences possibles entre l’art tout court et l’art brut, en voici une digne de figurer en tête de gondole. Cette extraordinaire image qui représente un moustachu dressé devant un monstrueux crapaud dont chaque pustule est une tête hurlante m’a littéralement envoyée par terre quand je l’ai découverte. Elle fait la une du catalogue d’une vente d’objets, tableaux et archives qui aura lieu à l’Hôtel des Ventes des Salorges à Nantes le samedi 29 mars 2008.


1721336396.jpg

Bravo à ce monsieur Eric Séguineau expert qui a su la choisir dans les affaires d’Aristide Briand sur le point de subir le feu des enchères. Reproduire cette lithographie de Jean Véber plutôt qu’une médaille de la chambre des députés, chapeau, il fallait le faire !
Cette caricature délirante m’a immédiatement fait penser à un dessin d’Edmund Monsiel. Où, sinon là, se trouver confrontée à un tel fourmillement glauque de regards?

69050263.jpg

Bien sûr les palpitantes prunelles viennent chez Monsiel de l’intérieur de l’âme, tandis que l’orateur dans la litho de Véber) a devant lui les venimeux gros yeux d’adversaires extérieurs, ceux de ses chers collègues de l’Assemblée nationale.
L’étrange talent du peintre et dessinateur Jean Véber (1864-1928), qui bossait pour les journaux satiriques type Assiette au beurre, nous rappelle qu’il y a quelque chose à chercher du côté de la caricature parce qu’elle ne fait pas barrage aux forces obscures de l’inconscient dans ses meilleurs moments. Et puis c’est à l’Aristide -assez Briand pour avoir décroché le Prix Nobel de la Paix en 1926 – que l’on doit la Loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905. Cela mérite que vous vous chargiez les neurones de son nom, mes chers Animuliens. De son nom, de celui de Jean Véber qui mourut en 1928 d’avoir trop respiré les gaz de la guerre de 14-18. Pour le crapaud j’ignore comment il s’appelle.

Lire la suite

Les finances de ma belles mère ...

1123128809.jpg
 

J’aurai pu m’en apercevoir avant puisque le livre portant ce titre a été imprimé sur les presses d’Harpo & à l’automne 2006 et que mon blogounet existait déjà mais y’a des fois, je suis distraite. Quand on s’appelle Harpo &, on pense aux Marx Brother et ça ne peut pas être mauvais, même si ce petit éditeur, à l’origine de ce recueil de 16 lettres inédites de Gaston Chaissac, habite Marseille et non Hollywood, chemin du Mauvais Pas précisément.

162626715.jpg

Sous une couverture qui imite une enveloppe timbrée, l’ouvrage en question marie le sable d’une plage (pour les pages de texte) et le bleu du ciel vendéen (pour les notices de Nadia Raison entrelardées dedans).
C’est Annie Chaissac et les Gautrot (Marcelle et Jean-Edouard), par ailleurs libraires de chics beaux anciens bouquins, rue de Seine, qui ont permis la publication de ces lettres au Dr Périgord, à René Mendès-France, au maire de Martigné-Briant, au Directeur des Nourritures Terrestres, à Jean Vodaine et à Iris Clert.

528289442.jpg

Sacré Chaissac ! Au milieu des détails oiseux, savoureux comme une omelette aux œufs de condor, au milieu des évocations de la visite de Guy Selz pour le journal Elle, des Inspirés et leurs demeures de Gilles Ehrmann, le voilà-t-il pas qu’il décoche, en vrai Comanche de la peinture, son trait acéré.
550763220.jpgC’est pendant son séjour à Vence, chez Dubuffet. Chaissac s’est déjà farci «les Picasso, du musée d’Antibes, le moulin à Huile du pont des loups, à Cagnes-sur-mer, le sympathique village perché du Coursegoules, etc». Sans oublier (il fait semblant de s’en souvenir subitement) : «la chapelle du Rosaire à Vence, qui avec ses matisseries semble être la réalisation d’un gamin de l’école Freinet, à qui la Vierge serait apparue non point dans un champ de luzerne mais au lavatory».

873354037.jpg

Une phrase à verser sans doute au dossier de l’art patenté et de l’art patenteux, son cousin et son envers. 

Lire la suite

08.03.2008 | Lien permanent

Au seul plaisir de voyager

174142961.jpg

La communauté animulienne est une belle chose. Avec elle, ça roulotte un max et même quand votre Petite âme errante a la tête sous l’eau, comme la semaine dernière, il y a toujours quelque part un correspondant ou une correspondante qui travaille pour mon blogounet. Une de ces petites fourmis industrieuses s’est mis sur le sentier de la guerre après mon appel au secours concernant l’ouvrage de Marie Mauron où il est question de Lucien Henry.

2016362898.jpg

Elle m’a déniché sur les rayons d’un libraire de Draguignan (Theatrum Mundi) cet En roulotte et à pied en Haute Provence à travers la montagne de Lure (sous-titré : Au seul plaisir de voyager comme si c’était pas assez long) que mon daddy cherchait depuis 20 ans. Il y a du Stevenson là-dedans bien que Modestine soit ici une vieille mule nommée Regina.1195161957.jpg

Et ça sent la lavande, le romarin, l’huile de noix, le saucisson de montagne, le pain de campagne, du temps où –cocagne– il y en avait. On y fait des rencontres dans cette montanha de Lura  (occitan provençal classique) ou mountagno de Luro (pour ceux qui préfèrent la norme mistralienne). Prospino, «l’Espagnol-gavot», ferblantier-restaurateur, grand maître de la soupe d’épeautre. Le curé de Saint-Etienne-les-Orgues et ses cochons de Barbarie.

385760085.jpg

Des bergers, des potiers et même un saint avec des faux-airs de Barbu Muller : le saint Maffre du cloître de Ganagobie, «une statue romane, les yeux faits d’un grand creux tout noir sous des sourcils embrousaillés, la bouche ouverte, le visage sans menton, d’un seul bloc avec le cou, se perdant (…) dans son pilastre».

560590383.jpg

 Photo Zoé Binswanger

La roulotte dont l’équipage se compose de l’auteur, d’un certain Lu, «le collier de barbe en neige molle, agile, dansant, riant, pétri d’une argile aux ferments d’esprit insolite, ayant goûté à tout sans se fixer à rien, demeuré, lui, totalement à la disposition fataliste du grand hasard, ayant été aspirant moine, vrai chevrier, pèlerin d’occasion, même itinérant fonctionnaire (…)» et de sa mère Ba, transporte avec elle tous ceux qui s’embarquent dans la lecture de ce livre savant et ludique.

1511202486.jpg

Tout ce que j’aime. Merci à la poste qui me l’a si rapidement fait parvenir. Normal qu’elle se décarcasse, il est vrai, pour un confrère car, si j’ai bien compris, c’est à des activités lointaines de suppléant-facteur que Lu de la Roulotte devait sa connaissance intime du pays.

Lire la suite

09.03.2008 | Lien permanent

Page : 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12