01.11.2007
Le tribun de la Toussaint
Médaille en chocolanimula à la Tribune Libre de la revue bèglaise Création Franche dont le n°28 vient d’arriver dans les bacs!
Gérard Sendrey, son rédac-chef y tacle, non sans frileuses circonvolutions autour du pot, un mystérieux «intervenant des plus qualifiés dans ce domaine». Le domaine en question n’est pas celui d’un cru du Bordelais, c’est le domaine de l’art dit singulier. Ce qui le vénère G.S., ce sont ce qu’il appelle les «surprenantes affirmations» (votre petite âme errante les trouverait plutôt sensées) d’un article qu’il cite «littéralement» : «Lieux associatifs, revues, salons, festivals se multiplient, abusant parfois du terme «singulier» qui finit par ne plus vouloir rien dire ou par désigner les productions les plus médiocres.
«Art singulier», «hors-les-normes», «neuve invention», «création franche», tous ces labels en fait sont équivalents et appartiennent au même moment conceptuel trahissant l’influence de l’art brut des origines sur la création autodidacte correspondante (…)».
Le voisinage de l’adjectif «médiocre» avec «Création franche» étant considéré par G.S. comme une «provocation», on ne s’étonne pas qu’ il rectifie le tir.
Afin de pas passer pour le pyromane moyen, indifférent aux conséquences de l’incendie qu’il allume, il nous prévient cependant qu’il ne citera «ni le nom de l’auteur, ni les caractéristiques de l’ouvrage» incriminé. La méthode a du bon. Elle rend captif le lecteur en lui ôtant la possibilité de vérifier. Elle prive l’auteur mis en cause de son droit de réponse. Tout cela sous le prétexte d’éviter le conflit.
L’inconvénient est qu’elle excite la curiosité des petites fouinardes dans mon genre qui ne craignent pas de mettre leur nez dans le cambouis d’Internet. Il m’a pas fallu 5 mn pour comprendre que c’est Laurent Danchin, l’auteur visé par Gérard Sendrey.
Pas sorcier en effet de retrouver les propos cités par G.S. dans un texte de L.D. publié, «avec l’autorisation de l’auteur», sur le site Univers Singuliers. A une petite exception près toutefois. Dans ce texte, qui a figuré d’abord dans le catalogue In Another World/Omissa Maalmoissa (honni soit qui mal y pense!) du Musée Klasma à Helsinki en 2005, le petit os dur à avaler pour le franc créationniste : «ou par désigner les productions les plus médiocres» n’existe pas ! Et ce sacré petit morceau de phrase joue aussi les fantômes dans la traduction que Kate van den Boogert a donné de l’article dans le n°50 (spring 2005) de la revue Raw Vision.
Alors, comme je ne suis pas une danchinologue émérite et que je ne vais pas attendre le prochain numéro de Création franche qui paraîtra peut-être dans 6 mois, j’espère que quelqu’un (e) éclairera ma citrouille.
Et pour celles et ceux qui ont eu la patience de me suivre jusqu’ici, ce petit film pris sans le vouloir avec mon téléphone portable au musée du cauchemar.
18:05 Publié dans De vous zamoi, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : création franche | | Imprimer | | |
Commentaires
Eh bien Madame la sorcière, je reviens de chez Le P....subtil, je voulais des explications sur mon commentaire. J'ai craqué trop vite. Les voilà en fait, ici, dans votre antre. Désolé... Merci en tout cas...J'ai bien lu Laurent Danchin.
Enfin, vous vous arrangerez avec l'H. au Bob.
Savez-vous qie je suis maître ès-formules de désanchantement des sorcières ? J'ai du sel, de "l'aiga benesida"tout ce qu'il faut. Je ne crains pas votre approche ni vos ganipotes cucurbitaéiennes.
Écrit par : Belvert en son Jardin | 02.11.2007
Le terme de "Singulier" ne me paraît appartenir à la même série que les autres (Neuve invention...). Son intérêt était de mettre l'accent sur la prééminence de la subjectivité dans ce type de création: un art du seul sujet, unique donc. Et de bénéficier de l'extension du sens de ce mot vers l'étrangeté.
Mais il semble difficile de penser que la subjectivité serait absente des arts en général...ou que chaque artiste n'aurait pas son style qui le singularise.
Il faudrait pour étayer mieux la chose, pouvoir dire d'un seul mot qu'il s'agit du sujet de l'inconscient, alors autant garder "brut" qui évoque davantage le "réel" psychique dont il est question ici.
Écrit par : Béatrice Steiner | 03.11.2007
D'accord avec vous Animula, c'est pas bien de ne pas citer les auteurs qu'on incrimine, même si c'était en l'occurrence pour titiller un auteur qui adore qu'on parle de lui, un chatouilleux des protocoles, un qui ambitionne de devenir un jour le Pape des arts singuliers (...) et (...) que vous n'avez pas mis 5 min à démasquer en mettant vos délicates mimines dans le "cambouis de l'internet" (vous lui prêtez beaucoup de matérialité à ce fameux virtuel). Mais il fallait se méfier, Gérard Sendrey ne fréquente pas autant que vous la Toile. Moi, j'ai fait encore plus rapide (car je ne veux que votre bonheur), j'ai décroché le bigophone et je lui ai demandé sa référence. Le texte n'a pas été "maspérisé", il vient d'une autre source, à savoir du magazine "Artefact", édité à Liège, n°25, paru en 2006 ; le morceau danchinesque provient d'un texte "adapté" de celui publié d'abord en Finlande (on a affaire à un roi de la compil' qui doit apprécier le copié/collé, le remontage, le démontage, etc.), son titre est "Jean Dubuffet et Alain Bourbonnais, de l'art brut à l'art singulier". Les mots sur la médiocrité (que je trouve aussi sensés, si l'on pense à tous ces festivals d'art singulier ardéchois ou lyonnais, et en même temps mal placés à côté des termes "création franche", "neuve invention", "art singulier", car cela entraînait une ambiguïté dans l'esprit des lecteurs peu informés), les mots sur la médiocrité y sont bien imprimés, comme me l'a bien assuré mon interlocuteur au téléphone.
Écrit par : Bruno Montpied | 08.11.2007
@ Bruno Montpied
Merci pour vos précisions. Je savais pas qu'on pouvait chatouiller un protocole. J'admets que c'est drôle.
Mais vous même, si vous ne prétendez à aucune fonction papale, n'adorez-vous pas aussi qu'on parle de vous?
Moi si, je le confesse: "Animula par ci, Animula par là..." C'est humain. Comme la médiocrité est humaine.
Et je vois pas pourquoi il faudrait monter sur ses grands chevaux bèglois à cause de ce mot. Le débat sur la déliquescence des arts prétendus singuliers ou sur le flou artistique de la création "franche" reste ouvert mais nous pouvons d'ores et déjà nous épargner certains pas de clerc puisque la Toile les rend de suite caducs.
Cordianimulation à tous,
Ani
Écrit par : Animula | 09.11.2007
J'adore qu'on parle de moi? Pas dans le sens où vous vous l'appliquez à vous-même (avec un léger humour qui marque bien la distance que vous prenez cependant avec cette attitude). J'aime qu'on reconnaisse mon travail quand il mérite d'être cité. Or, le personnage que vous avez reconnu dans la diatribe sendréyenne évite justement assez soigneusement de citer tous ceux qui ne sont pas de sa cour. C'est ce que je précisais à mots couverts dans les membres de phrases que vous avez frileusement occultés, privant le lecteur du sens complet de mon commentaire. Je dis "frileusement", car je ne voudrais pas qu'on vous accuse vous aussi de maspérisation, celle justement que vous croyiez deviner dans le texte de Gérard Sendrey...
Pour les lecteurs que cela intéresserait, je les renvoie à mon commentaire intégral, non tronqué, que je mets en ligne sur mon propre blog.
Écrit par : B.Montpied | 10.11.2007
Les commentaires sont fermés.