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01.02.2006

Cébazat, l'art brut!

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N O S iiA M I E S iiL E S iiB Ê T E S
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Essayez donc d’être gentille ! Ce soir, mon propos se voulait amical quand je suis tombée sur le site de l’amicale laïque de Cébazat, ville fleurie située dans le Puy de Dôme, près de Clermont-Ferrand. Ces laïcs là vous jetteraient dans les bras des curotins tellement ils sont trop! Parmi les activités que cette sympathique asso loi de 1901 propose à ses membres pour «favoriser leur émancipation intellectuelle et sociale et leur formation civique», quelle ne fut pas ma surprise de découvrir «l’art brut». L’art brut sur le même plan que les arts martiaux, le cyclo-tourisme, la pyramide (???), la sophrologie et le volley ! On n’en croit d’abord pas ses mirettes mais quand on clique sur le mot fatidique, une fois franchie l’inévitable phrase-alibi empruntée à Dubuffet, on tombe sur les pensées du jour des différents utilisateurs. Ils ne laissent aucun doute sur les merveilleuses capacités offertes à l’Homme, Auvergnat ou pas, pour comprendre tout de travers. Qu’on en juge :
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Pascale : «J’ai décidé de faire de l’art brut parce que je ne savais pas dessiner».
Sébastien : «Je n’avais jamais osé dessiner et j’ai pensé que ce cours pouvait me convenir. Ce n’est pas un atelier strict et en plus le prof nous guide».
Julie : «J’ai voulu essayer par moi-même. Résultat, une bonne ambiance, on a bien rigolé».
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N’était sa bienveillance légendaire, votre petite âme errante dirait qu’elle a bien rigolé aussi en découvrant l’image qui illustre le programme de l’Amicale laïque de Cébazat : un savant photomontage avec accumulation de pinceaux dans un pot, flous artistiques, tourbillons multicolores et caricatures gentillettes style distraction de patronage.
Il me reste à souhaiter que mes lecteurs aillent faire un tour sur le site cébazatien et que madame Sylvie, la responsable de la section «art brut» dudit site prenne vite conscience que l’art brut,
c’est pas ça!.

00:10 Publié dans Nos amies les bêtes, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (5) | |  Imprimer | | Pin it! |

Commentaires

Chère Animula,
ne soyez pas trop méchante avec cette option "fête de la créativité spontanée" que propose - sans voir le paradoxe de cette proposition/injonction- cet atelier plein de bonnes intentions.
Ne pensez-vous pas que ces phrases qu'on ne cesse d'extraire des écrits de Dubuffet incitent à cette confusion entretenue par notre infortune de névrosés: libres, enfin! ??
Ces citations alimentent une méconnaissance: si les créateurs d'art brut sont affranchis des contraintes de la bien-pensance culturelle, ils sont par contre soumis à une contrainte intérieure plus tyrannique encore. Leur création porte la marque de la "nécessité" qui les pousse, c'est à dire de ce qui ne cesse pas de les tarauder.
Et ce n'est pas toujours la fête!

Écrit par : Béatrice Steiner | 01.02.2006

Qui sont les créateurs d'art brut pour Béatrice Steiner? Pourquoi qualifier la contrainte intérieure qui les pousse à s'exprimer de nécessairement "tyrannique"? Certes, ils sont remarqués pour le sceau d'urgence qui se lit dans leur écriture formelle. Ils sont véritablement inspirés. Contrainte ou inspiration? N'est-ce pas la même chose? Le plaisir de l'artiste ou du créateur (j'emploie ces termes alternativement selon le plus ou moins grand degré de professionnalisation artistique) n'est-il pas de savoir s'abandonner à cette "contrainte de l'inspiration" qui demande à s'écouler peut-être par son entremise? Tout son travail ne consistant peut-être qu'à savoir trouver les bons outils de traduction? Le créateur d'art brut, affranchi des contraintes du bien-pensant culturel? Est-ce bien certain? S'il est trop soumis à la voix, parfois obscure et maudite, de l'inspiration (Eros et Thanatos se disputent la possession des muses ; les surréalistes le découvrirent après la seconde guerre avec Thanatos au pouvoir en Allemagne), n'aurait-il pas intérêt à acquérir les armes de la réflexion qu'il pourrait rechercher au sein de la culture honnie des dubuffétologues?

Écrit par : Bruno Montpied | 02.02.2006

A propos de l'Amicale laïque de Cébazat et son atelier d'art brut, vous n'avez pas fini de vous insurger, car cela se répand depuis déjà un certain temps. L'usage galvaudé du terme "art brut" est du même type que tout un tas d'autres termes, voir l'usage journalistique de "surréaliste" pour signifier "ubuesque" ou "absurde".
Si vous voulez du grain à moudre, je vous informe qu'existe à Paris même, dans les "centres de ressources" gérés par la Direction des Affaires Scolaires de Paris (DASCO), sorte de super-centres de loisirs spécialisés où sont proposées toutes sortes d'activités pour les petits Parisiens, un centre de ressources animé par un artiste du nom de Simon Rousselle (qui fait des boîtes automatisées avec des personnages grotesques qui décorent certains cafés de la capitale parfois) et qui est un centre de ressources d'"art brut".
Le café "Art Brut", situé rue Quincampoix, prés de Beaubourg, ouvrait la voie, il y a quelques années. Pour nombre de gens (généralement jeunes), l'art brut recouvre l'art de récupération de matériaux de rebut. Avec une notion de spontanéité qui s'y mêle. Les média conspirent eux aussi à ce gauchissement généralisé du sens. A terme, dans les dictionnaires, à l'entrée "art brut", il y aura plusieurs numéros correspondant aux différents sens, de l'originel au plus extensif...

Écrit par : L'infatigable | 02.02.2006

Chers amis,
En tant qu'Auvergnat (d'adoption) et voisin de Cébazat (puisque Clermontois, toujours d'adoption), je tiens à faire remarquer que la confusion n'est pas l'apanage des seuls Arvernes, heureusement pour eux et hélas pour tous! Rappelons plutôt pour notre gloire (!) le souvenir de Tourlonias, Jeanton, Aubert et quelques autres bruts d'Auvergne (le premier d'entre eux ayant quand même un peu tourné vers le commercial et l'auto-répétition avec le succès) et notons que la confusion est bien souvent le fait des institutions, incapables de voir l'importance des sites bruts qu'elles laissent disparaître (les services de l'inventaire, même alertés, sont consternants de ce point de vue), tandis que par ailleurs elles subventionnent des attitudes confusionnistes. Pour ce qui est du travail d'associations comme celle-là, je me sens écartelé entre, premièrement, bien entendu, la réprobation qu'on utilise de façon impropre le terme d'art brut (terme qui, de toute manière, n'est pas le plus pertinent qui ait été créé dans le domaine de l'histoire de l'art, il faudrait toutefois en convenir...) tout en me disant que ce n'est pas la première fois qu'on galvaude ainsi ce genre de concept, cf. "art naïf" ou "surréalisme" (dans des expressions quotidiennement utilisées comme "la réponse du ministre à nos revendications est totalement surréaliste!", entendu hier à la radio) et qu'au fond, cela ne fait que démontrer qu'il s'est répandu suffisamment profond dans la société pour voler de ses propres petites ailes de mot vivant sa vie de mot, et deuxièmement, le fait que, même si c'est déplorable, dans le nombre des gens qui iront utiliser les crayons de couleur et les gouaches de cette association, il peut soudain se trouver une personne qui, déjà ayant déjà précédemment quelque chose en elle prêt à surgir, pourra trouver là le support matériel pour l'exprimer... Mais je formule cet espoir sans trop y croire, cependant, et en ayant bien peur qu'une telle personne, si elle existait, se trouvât vite engloutie dans la masse des nunucheries environnantes.
C'est un problème récurrent, et qu'on retrouve d'une autre manière dans certains ateliers adossés à des hôpitaux psychiâtriques. C'est tout simplement le problème du talent, même si ce mot n'est pas très politiquement correct. Ben oui, il ne suffit pas d'être fou pour avoir du talent. Il n'en demeure pas moins que les termes "atelier d'art brut" ou encore mieux "cours d'art brut" sont tellement absurdes qu'ils en deviennent risibles. Mieux vaut donc en rire.
Régis Gayraud

Écrit par : Régis Gayraud | 03.02.2006

Solitude de l’artiste dans l’impasse

Bonjour,
Contraint d’abandonner mon atelier avant le 10 avril (pour raison financière) et avec lui, une importante production plastique envahissante (plus de 2000 pièces), je recherche une personne physique ou morale susceptible de prendre en charge son déménagement et son stockage en échange de l’entière gratuité des œuvres (cession de propriété plastique).
Je n’ai d’autre alternative que de faire tout emporter (à grands frais) à la déchetterie. A cette fin j’aurais aimé trouver un réalisateur (vidéaste) afin de garder au moins une trace de trente années de recherches. Peut-être connaissez-vous un collectionneur ou autre susceptible d’être intéressé. Je suis ouvert à toute proposition.
En vous remerciant de votre attention,
Jacques Rouby
Aperçu de l’œuvre sur sites virtuels :http://paperwork.monsite.orange.fr/
http://lauranne.lauranne.free.fr/Rouby
http://art-partage.over-blog.com/


Serge Pey, à JR

Il y a des masques à l'envers retournés contre les yeux de ceux qui se cachent.
Nous mangeons les masques que nous trouvons chaque jour
dans le sommeil
pour nous refaire un nouveau visage
dans le réveil
Les masques que nous jetons sont ceux
que nous voulons faire naître dans les femmes.
Nous avons le ventre du hasard dans la nuit.
L’infini se met toujours un masque pour se trouver, celui d’un homme et le sien qui confond tous les masques.
Les masques ne sont que les visages que l’on voit.

Site de Serge Pey : http://www.wizya.net/pey.htm

Écrit par : rouby | 03.03.2007

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