30.12.2007
Une voix d’en bas : Leonora Carrington
L’année se termine mal. J’ai un bouton sur le nez et une plaque rouge sous le poignet pour cause de tapis de souris gratteur.
Heureusement qu’en cherchant consolation sur la toile, je suis tombée sur Les Nouvelles dermatologiques, un «english-french international journal».
Dans le supplément 1 du n° 25 de 2006, j’ai dévoré l’article du Docteur (es lettres) Marie-Hélène Inglin-Routisseau intitulé La peau retournée : une métaphore surréaliste de la persécution du Moi?
Spécialement le passage qui concerne Leonora Carrington parce qu’il ramène aux fantômes dont je vous causais dans ma précédente note.
De Leonora C, je ne possédais en effet que L’Histoire de l’heureux fantôme publiée par L’Impatiente.
C’est, avec Unica Zürn et Leona Delcourt (alias Nadja), une de ces inspirées/inspiratrices qui croisèrent -à tous risques- leur destin avec celui de grands ténors surréalistes Hans Bellmer, André Breton et Max Ernst dans le cas de Leonora.
On pourrait leur joindre Colette Peignot (alias Laure) si Georges Bataille avait été boire l’apéro à la Brasserie Cyrano.
Leonora Carrington apprit notre langue avec une nounou française. Elle l’écrit avec un entrain insoucieux de l’orthographe. Elle n’est plus aujourd’hui la brune glamour dont les 20 berges conquirent le cœur de Ernst.
C’est une madame d’âge vénérable qui, dans une Lettre à Henri Parisot publiée par X poètes au féminin (aux Editions L’Arachnoïde), s’exprime ainsi : «Comme une vieille taupe qui nages sous les cimitières je me rends compte que j’ai toujours étais aveugle – le cherche à connaître le Mort pour avoire moins peur, je cherche de vider les images qui m’ont rendus aveugle».
Une asso Max Ernst à Saint-Martin d’Ardèche garde le souvenir de la maison qu’elle décora avec Max lors de leur halte avant l’orage d’acier nazi en 1937-1939. «En 1940», nous dit M.-H. Routisseau, «après l’internement de Max Ernst dans un camp (…) Leonora Carrington connaît un épisode psychotique délirant qu’elle relate dans En Bas».
Ce petit livre est précieux pour les amateurs d’art brut. Il leur permet de piger – pour ainsi dire de l’intérieur - quelque chose de ce qu’un créateur plus ou moins schizo peut ressentir. Aussi tirerai-je un feu d’artifice car je viens – bingo ! – de le trouver. C’est pas évident en français.
En anglais, il semble que Black Swan Press à Chicago en propose une édition de 2004 dont voilou le petit chapeau : «Down below recounts Carrington’s adventures in Spain on the other side of the mirror after being pronounced incurabily insane».
«La folie lui permet (…) de découvrir une secrète affinité avec les bêtes» remarque Mme Routisseau à propos de Leonora. Celle-ci s’approchait «des animaux en liberté, là ou d’autres humains provoquaient une fuite immédiate». Ceci, «par la peau, par un langage d’attouchement» qu’il lui était «fort difficile de décrire».
Animuliens, vous qui n’êtes pas des bêtes, vous comprendrez bien ce que ça démangeait votre petite âme errante de vous parler de cette voix «d’en bas».
21:00 Publié dans Ecrits | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Leonora Carrington | | Imprimer | | |
Commentaires
Tiens, c'est marrant, moi aussi j'ai un bouton sur le nez, mais un peu plus haut sur l'arrête, ce qui enlève le côté clown et c'est bien dommage...
Écrit par : Alex | 11.01.2008
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