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01.06.2011

L’œuvre secrète de Lucy Vines

Attention! Ceci n’est pas de l’art brut! L’auteur de ces figures hors du temps, qui émergent silencieusement du noir ou y retournent, vit dans un milieu d’artistes et d’écrivains. Pas de l’art brut donc, ces dessins de petit format, réalisés au crayon Comté sur papier grené.

Lucy Vines
Pas de l’art brut mais ça mériterait d’en être. Du moins entre eux et lui n’y a-t-il pas incompatibilité. Il est même extrêmement troublant de voir comment, avec des moyens qui sont ceux de la culture, Lucy Vines parvient à s’approcher du foyer incandescent où l’art brut se consume.

Ceci-n-est-pas.jpgCette Américaine de Paris, qui n’est plus -loin s’en faut- une jeune fille, voit ses œuvres exposées jusqu’au 13 juillet 2011 à la Maison de l’Amérique latine, 217 boulevard Saint-Germain. Je ne la connais pas car c’est je crois la première fois qu’on voit son travail à Paris. Et jusqu’à une date récente (expo à la Fondation Morat à Fribourg-en-Brisgau en 2005-2006 et à l’Ecole des Beaux-arts de Nîmes en 2007) il était même resté secret.

Lucy VinesSecret, on n’imagine pas ça aujourd’hui! Pourtant seuls quelques happy-few avaient accès à ces images sans clé ni serrure et ils échouaient jusqu’à présent à convaincre Lucy de les montrer. Voilà qui est fait maintenant et il ne faut pas manquer l’occasion. Un livre-catalogue accompagne l’exposition. Avec 4 études critiques par Homero Aridjis, Alain Madeleine-Perdrillat, Jean-Paul Michel, François Lallier.

Lucy Vines

Ils vous diront mieux que moi tout ce qu’il y a à savoir sur les traits aux circonvolutions chaotiques, sur l’absence de décor et d’accessoires, sur la lumière orangée et diffuse (comme dans la peinture de Georges Seurat) qui caractérisent la manière de Lucy Vines. Il faut de bonnes plumes pour appréhender cette œuvre intimiste, fragile et mystérieuse, dépourvue d’intentions de fantastique, sans besoins de recours onirique trop évident.

Aussi j’y renonce. D’une manière plus terre-à-terre, je dirai que Lucy Vines me fait penser à La Petite fille aux allumettes de Hans christian Andersen. Ses figures poreuses, un peu mangées de nuit, ont l’air d’être saisies pendant le court instant de lumière procuré par la combustion d’un bâton soufré

lucy vines

Détails supplémentaires mais qui ont leur prix : Lucy Vines se tient à l’écart du monde des galeries, elle livre peu de choses de sa vie car elle ne désire pas que sa biographie influence notre interprétation de son œuvre. De quoi faire une exception, non? Ouvrez les yeux, fermez les yeux : c’est Lucy Vines.

Les photos, extraites du catalogue, sont de Michel Nguyen .

12:11 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : lucy vines | |  Imprimer | | Pin it! |

Commentaires

Je suis très heureusement surpris et très content de voir qu' "Animula vagula" consacre une chronique à Lucy Vines. Effectivement, cette oeuvre tout à fait mystérieuse et déroutante ne relève pas du tout de l'art brut.

On trouve de très belles images, d'autres indices et d'autres renseignements à propos du travail de Lucy Vines dans le catalogue qui fut édité en 2007 par Jean-Paul Michel, chez William Blake & co. Son oeuvre est assez abondante, on m'a raconté qu'elle est pour l'heure sans recours entassée dans une pièce d'un appartement parisien, du côté de la rue Lepic. Il est mentionné dans l'introduction de ce catalogue que Lucy Vines n'a pratiquement jamais frayé avec le marché de l'art. Elle n'a jamais exposé dans une galerie : on apprend qu "à deux ou trois exceptions près", ses travaux sur papier "ne figurent pas dans des collections publiques ou privées". Auparavant elle avait composé des sculptures dont j'aimerais apercevoir un jour des reproductions.

Pendant l' hiver dernier, à Aix en Provence, j'ai eu l'occasion de converser avec cette américaine qui parle un excellent français. Lucy Vines m'évoquait avec beaucoup d'affection, de rigueur et de respect son amitié pour Jacqueline Lamba qui fut la compagne d'André Breton. Lucy Vines avait connu Jacqueline Lamba à New York, à Paris ainsi qu'à Simianne la Rotonde, un village des Alpes de Haute-Provence.

Les écrivains qui ont tenté de commenter l'oeuvre de Lucy Vines parlent à son propos de la nuit bien opaque et bien mystérieuse qui est la toile de fond de nombreuses peintres caravagesques. Pour rattacher ces "figurantes anonymes", ces femmes ou bien ces enfants à quelque chose d'antérieur dans l'histoire de l'art, un ami qui s'appelle Alain Madeleine-Pedrillat évoque les apparitions déroutantes de certaines figures plus ou moins anonymes qu'on peut apercevoir chez Seurat, chez Goya ou bien chez Louis Soutter.

Page 19 de ce catalogue, cet ami écrit aussi, et je crois que c'est très juste que "ces figures arrêtées ou surgissantes, nous, les éternels spectateurs, nous les surprenons, mais nous comprenons vite, passé le saisissement premier, qu'elles ne sont pas vraiment en représentation et ne s'adressent pas particulièrement à nous : qu'elles sont là, étaient là et seront là bien avant nous, et bien après".

Écrit par : alain Paire | 08.06.2011

@ Alain Paire

A côté de vos commentaires, mes chroniquettes ont l'air palôtes. Heureusement, elles vont aller bientôt se bronzer dans vos régions.
Se chauffer au soleil de la Collection Planque au musée Granet que vous recommandez.
Et puisque vous êtes fort sur les Américains, je recommanderais moi aux Animuliens de se brancher sur votre article sur Kosta Alex.

http://www.galerie-alain-paire.com/index.php?option=com_content&view=article&id=135:kosta-alex-entre-ile-de-paque-cocasseries-et-cheval-de-troie&catid=7:choses-lues-choses-vues&Itemid=6

Écrit par : Ani | 10.07.2011

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