01.11.2011
Sépulcrales de saison
Hier il faisait beau et aujourd’hui un temps de Toussaint. Chaque année, c’est pareil, c’est réglé comme du papier à musique. On ne sait pas quoi mettre sur son blogue. Pas facile d’éviter les sujets par trop folichons en ces temps «d’effluves de chrysanthèmes» (merci à l’Animulienne qui m’a fourni la formule). Et on peut pas toujours vous recycler des calaveras en cascade : voir mon post du 4 novembre 2007. Les squelettes à force ça use si on s’en sert trop.
Or donc j’ai choisi cette année de vous brancher sur les Sépulcrales, martyrologe de Pierre Joinul. Pourquoi? D’abord parce que c’est une jolie plaquette dépliante à tirage petit, mise en page par Jean-Luc Thierry et imprimée à Nîmes Par SEP pour les Editions Double Quark.
Ensuite parce que Joinul est un pseudo qui dissimule à peine un découvreur d’art brut hors pair puisqu’il a à son actif Emmanuel le Calligraphe, René le Bedeau et Pierre Jaïn. Joinul est aussi un pote à J.D. qui s’est fait son éditeur pour La bataille de mo
et son illustrateur pour la couvrante de Mézavi chez Pierre Jean Oswald en 1975
Robert Tatin et Slavco Kopac ont pareillement décoré ses recueils, le premier en 1973 : Oublions nos querelles voici que s’avance le vitrier boiteux
le second en 1976 : Mon prof de maths sent le tabac, ah
Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu de ces drôles de poèmes décalés dont je vous laisse juges. Je les préfère à ses grosses machines de mots qu’il lui arrive de pondre de temps à autres (car c’est un enragé langagier) et où il a un peu tendance à se prendre pour un ordinateur emballé qui nous largue dans un encyclopédisme échevelé.
Là cette série de 32 sépulcres à ressorts comiques, lyriques et discrètement blasphématoires a de quoi plaire. D’abord parce qu’elle est à taille humaine (c’est ma taille) et qu’elle s’arrange pour enterrer je ne sais quel ton secrètement désespéré qu’on sent en filigrane dans les écrits joinuliens. D’autres diraient «à noyer le poisson» mais on n’est pas en avril. Les amoureux de beaux papiers kifferont les couleurs virant délicatement du rose à l’orange doux, du lilas au violet.
Le revers de la feuille est un poème chromatique muet. C’est à Federica Matta que l’on doit le sinueux et narratif décor qui fait le liseron autour des strophes joinuliennes imprimée en blanc.
18:34 Publié dans Ecrits, Images, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre joinul, jean dubuffet, robert tatin, slavco kopac | | Imprimer | | |
Les commentaires sont fermés.