16.05.2014
O(U)AF ! O(U)AF ! WAO ! WAO !
Marre. J’en ai marre des choses qui reviennent chaque année comme les feuilles d’impôt dans les boîtes à lettres. Raison pour laquelle je vous ai pas parlé de l’Outsider Art Fair de New York qui s’est tenue du 8 au 11 mai 2014.
Ouaf, ouaf ! Excusez le mouvement d’humeur. A force ça m’use le tempérament ces rendez-vous obligatoires. Et ça finit par enfermer l’art brut dans une case conventionnelle où il s’étiole. D’où mon silence. C’était compter sans les bonnes volontés de mes reporters. L’un d’eux m’envoie des images de la cérémonie rituelle que je vous restitue sans trop trier.
Notre Sylvain Corentin chez Cavin Morris. Ces élégances de brindilles emplâtrées ne sont pas sans me faire souvenir des bois de séverine qu’un certain Chomo tressait dans la forêt de Fontainebleau.
Verbena sur le même stand : toujours bon à prendre.
Sefoloscha chez Judy Saslow.
Et un petit jeune du nom de Nedjar chez la même.
J’arrête parce que ça ressemble trop à l’année dernière (cf. mon post Ça gaze à l’OAF du 8 février 2013). Mon honorable correspondant a ses petites préférences. Mais même quand je m’abreuve à d’autres sources, le sentiment de déjà-vu n’est pas rare. Difficile d’ouvrir les fenêtres. On a l’impression que ça tourne en rond. Le fourmillement de l’art brut est menacé par la rationalisation. Tout se passe comme si le marché se satisfaisait d’une certaine restriction au niveau des créateurs. But de la manœuvre : imposer quelques noms souvent répétés dans l’esprit du public de façon à ne pas excéder les capacités de stockage de celui-ci. Stratégie basée sur quelques réelles pointures : Darger, Ramirez, Deeds (Electric Pencil).
Et maintenant Marcel Storr dont on apprend qu’il a rejoint l’écurie d’Andrew Edlin, créateur de Wide Open Arts, la Société propriétaire de l’Outsider Art Fair. W(h)oa! A ce propos, MDR je suis quand Art actuel, le magazine des arts contemporains m’apprend que «la Galerie Andrew Edlin est très fière d’annoncer qu’elle est devenue la toute première à représenter les œuvres» de cet «artiste (sic) français autodidacte» qui n’a, bien entendu, jamais souhaité vendre quoi que ce soit de son vivant.
L’Andrew Edlin Galery projette une exposition Storr en septembre 2014. Celle du Pavillon Carré de Baudouin à Paris (France) dont j’ai rendu compte le 24 février 2012 (Storr j’adore!) n’aurait elle donc servi qu’à stimuler des appétits américains ? On peut se le demander. L’avenir dira si Mr Edlin renouvellera, grâce aux découvreurs de Marcel Storr, l’opération commerciale si bien montée avec Nathan et Kiyoko Lerner, les découvreurs de Henry Darger.
Il faut simplement avoir conscience que chaque fois qu’on parlera maintenant de Marcel Storr, cela équivaudra (du fait de cette exclusivité) à mettre deux thunes dans le bastringue du marchand new yorkais. Ce qui n’est pas à priori déconseillé, ouaf, ouaf, wao, wao.
BONUS 1 : Un autre Animulien nous envoie ce lien avec d'autres photos de l'édition 2014 de O(U)AF
BONUS 2 : la réaction d'un lecteur épris d'anonymat et de points sur les i.
Ça commence très fort.
Cliquer pour lire la suite
Bien chère animula vagula
Je ne partage pas totalement votre opinion et je crois même que vous êtes, en fin de compte, dans l'erreur. Ce salon, que je fréquente maintenant depuis de longues années évolue : il y a globalement moins d'historiques "Américains" type Traylor, Ramirez, Darger, etc... même si ces derniers, après spéculation, atteignent des prix délirants. Et il y a en fin de compte beaucoup de nouveaux venus : Nancy Josephson, Cissé, Verbena, Corentin, JJ Cromer, Couffignal, Staelens et bien d'autres encore, des Japonais, des Haïtiens, des Africains (galerie Degbomey), des Indiens (galerie Hervé Perdriolle).
Bien sûr, on part de loin, on pourra critiquer telle ou telle présence, mais le salon n'a jamais été aussi riche. Les photos ne reflètent pas toute la réalité : de nouvelles galeries apparaissent et les anciennes comme les galeries Cavin-Morris, American Primitive de New York, Just Folk de Los Angeles, Judy Saslow de Chicago, Bourbon-Lally de Haïti et bien d'autres présentent de nouveaux artistes.
En fin de compte, pour nous artistes, qui restons encore tellement marginalisés dans le marché de l'art contemporain, le but n'est il pas de collaborer avec les galeries les plus courageuses qui préfèrent présenter des artistes vivants plutôt que de surfer confortablement sur les stocks d’œuvres d’artistes décédés depuis des lustres? Existe t'il vraiment d’ailleurs pour nous une autre alternative?
Bien sûr, quoi de plus agaçant que cette imagerie d'Epinal de l'outsider que l'on se complaît à nous refourguer (qui est parfois d’ailleurs construite de toute pièce par l'artiste lui-même), que ces fausses mythologies sur les personnages et leurs œuvres. L’important n’est-il pas de tracer sa route, tout simplement, sans se poser la question de savoir si on est dans les clous, et au final de rentrer dans les imaginaires, sans verbiage superflu ? Inspiré et viscéral, voilà ce à quoi nous aspirons, humblement. Point final.
Mais vous ne pouvez pas savoir ce que c'est reposant de sortir de ce petit milieu français étriqué, apparemment si civilisé, qui pose ses gros mots partout, fait sa guéguerre puérile (ou intéressée?) entre vrais bruts, faux singuliers, expressionnistes, et j'en passe, en se fermant les yeux et se bouchant les oreilles pour ne pas voir que tout a éclaté, qu'on ne sait plus où mettre le curseur, car c'est impossible.
La boussole s’affole : qui vit aujourd'hui totalement à l'écart de la société? Qui n'est pas influencé par une imagerie extérieure? Ce n'est plus possible de faire avaler d'aussi grosses couleuvres. Vous n'avez qu'a vous promener dans les galeries de Chelsea, sur la 22e rue par exemple, pour constater qu'il y a des bouts de tout partout : d'immenses fresques brutes d'Anselm Kiefer, d'autres constituées de papier découpés composant d'immenses personnages très "outsiders", réalisées par un Américain ayant fait les Beaux-Arts, des salons de curiosité mêlant de la photo, des matières formidables avec des lignes pures, des installations pas si loin de Chomo...
Quel plaisir indicible de sortir de ces cases obsolètes et de s’autoriser quelques aventures hérétiques (photos, installations, etc…) juste pour voir les (faux) gardiens du temple crier au loup. Ce sont eux, les agneaux, qui vont se faire croquer tout crus…
Bien à vous, chère animula vagula
NB : vous connaissez le proverbe : « Qui aime bien …»
20:39 Publié dans Ailleurs, art brut, De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : oaf 2014, outsider art fair | | Imprimer | | |
Commentaires
Euh... on s'en tamponne.
Écrit par : collignon | 14.05.2014
Les commentaires sont fermés.