13.07.2013
Fantastique Kenojuak Ashevak
En attendant que Paris Plages s’installe sur les bords de Seine, les Parisiens et les touristes feraient bien d’aller tremper leur robot-fish du côté du Quai d’Orsay.
Bon, d’accord, l’Esplanade des Invalides et la rue de Constantine, c’est pas vraiment le grand bain de l’art brut! Mais le Centre culturel canadien nous offre (gratuitement) jusqu’au 6 septembre 2013 une halte rafraîchissante dans la nouvelle chaleur de la ville, pourquoi ne pas en profiter?
Son exposition regroupe une quarantaine d’œuvres de la collection Claude Baud, un Français en charge de la Galerie douaisienne L’Iglou, Art Esquimau.
Elle est consacrée au parcours de l’une des figures majeures de la fameuse coopérative artistique inuit de Cape Dorset (pointe sud-ouest de l’île de Baffin, Nunavut) : Kenojuak Ashevak.
Le talent animalier de cette créatrice du Grand Nord, qui vient de disparaître à 85 ans, a pour bases le bestiaire de tradition locale et l’univers chamanique. Il a touché beaucoup de gens de par le monde dans les années 70 du 20e siècle.
La diffusion d’un timbre-poste reproduisant The Enchanted Owl, un dessin de 1960, en est la cause.
Kenojuak Ashevak interprète superbement les hibous et les oiseaux migrateurs.
Et, pourrait-on dire, « mi-grattés » car avec le temps, son entourage artistique l’a visiblement poussée, avec un professionnalisme très sûr, à s’accommoder de toute une palette de techniques interprétatives.
Depuis la gravure sur pierre, associée au pochoir, des débuts jusqu’à l’eau-forte, la pointe-sèche et l’aquatinte, en passant par la lithographie.
Il fallait bien vendre pour procurer des moyens à la communauté inuit. On ne pouvait se contenter les dessins originaux qui sont pourtant bien définitifs.
Le recours à la gravure s’imposa. La grande élégance de trait de KA autorisa le recours aux plus nobles procédés de l’estampe occidentale. Le résultat est loin d’être indifférent. Il reste assez de magnétisme naturel dans ces grandes gravures pour les apprécier.
Certaines même, tirées en noir, sont empreintes d’une instinctive poésie légendaire. Moi qui ne trouve jamais ma brosse à cheveux le matin, j’ai aimé Comparer les tresses, cette gravure qui fait penser aux sirènes de nos mythologies bien de chez nous.
On y reconnaît Sedna, déesse de la mer, tête et chevelure ondulante entre les glaces flottantes. Dépourvue de bras, ça l’énerve de ne pouvoir démêler ses cheveux. Kenojuak Ashevak, dans son enfance, l’avait vue de ses propres yeux.
17:41 Publié dans Ailleurs, Expos, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kenojuak ashevak, art inuit, claude baud | | Imprimer | | |
26.12.2011
Une terrible beauté arrive à sa fin
Vous reprendrez bien deux ou trois oies pour la route? Alors voici celles-ci dessinées au pochoir sur peau de phoque par des Inuits dans les années soixante du siècle dernier. Sont-elles pas mimi? On sent que ces gars-là ont la forme dans la tête.
J’ai trouvé ce dessin au milieu d’autres bien chamaniques dans un numéro de Graphis (N°108-1963–vol.19), un superbe canard d’arts graphiques et d’arts appliqués qu’on m’a offert hier, sachant mon goût pour les eskimos glacés.
Car j’ai été blindée de Kdo figurez-vous. C’est un peu tard d’accord mais c’est toujours comme ça : à peine on vient de pondre une note que le hasard vous donne du rab de doc.
C’est un peu tard aussi pour vous orienter sur la Biennale de Lyon 2011 qui se termine le 31 de ce mois de décembre. C’est la 11edu genre et cette fois-ci elle pousse ses ramifications jusqu’à Vaulx-en-V’lin comme on dit là-bas.
Si je vous en parle c’est parce que parmi cette «terrible beauté» qui est née côté Rhône-Saône, Victoria Noorthoorn, l’argentine commissaire de cette manifestation qui ambitionne de «restaurer un dialogue de proximité entre les œuvres, les artistes et le spectateur» (propos de VN recueillis par Geneviève Nevejan dans la Gazette de l’Hôtel Drouot du 28 oct. 2011) n’a pas craint de s’autoriser un petit coup d’art brut avec Arthur Bispo do Rosario.
Une image de veste décorée par lui, trouvée dans la blogosphère en dira plus aux régionaux de l’étape qui trouveraient encore moyen de se rendre à la Biennale.
Excusez du peu, j’ai pas le temps de faire mieux. Si je tarde à poster vous en prenez pour deux ans.
11:11 Publié dans art brut, Blogosphère, Expos, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, arthur bispo do rosario, biennale de lyon, victoria noorthoorn, revue graphis, art inuit | | Imprimer | | |