26.12.2011
Une terrible beauté arrive à sa fin
Vous reprendrez bien deux ou trois oies pour la route? Alors voici celles-ci dessinées au pochoir sur peau de phoque par des Inuits dans les années soixante du siècle dernier. Sont-elles pas mimi? On sent que ces gars-là ont la forme dans la tête.
J’ai trouvé ce dessin au milieu d’autres bien chamaniques dans un numéro de Graphis (N°108-1963–vol.19), un superbe canard d’arts graphiques et d’arts appliqués qu’on m’a offert hier, sachant mon goût pour les eskimos glacés.
Car j’ai été blindée de Kdo figurez-vous. C’est un peu tard d’accord mais c’est toujours comme ça : à peine on vient de pondre une note que le hasard vous donne du rab de doc.
C’est un peu tard aussi pour vous orienter sur la Biennale de Lyon 2011 qui se termine le 31 de ce mois de décembre. C’est la 11edu genre et cette fois-ci elle pousse ses ramifications jusqu’à Vaulx-en-V’lin comme on dit là-bas.
Si je vous en parle c’est parce que parmi cette «terrible beauté» qui est née côté Rhône-Saône, Victoria Noorthoorn, l’argentine commissaire de cette manifestation qui ambitionne de «restaurer un dialogue de proximité entre les œuvres, les artistes et le spectateur» (propos de VN recueillis par Geneviève Nevejan dans la Gazette de l’Hôtel Drouot du 28 oct. 2011) n’a pas craint de s’autoriser un petit coup d’art brut avec Arthur Bispo do Rosario.
Une image de veste décorée par lui, trouvée dans la blogosphère en dira plus aux régionaux de l’étape qui trouveraient encore moyen de se rendre à la Biennale.
Excusez du peu, j’ai pas le temps de faire mieux. Si je tarde à poster vous en prenez pour deux ans.
11:11 Publié dans art brut, Blogosphère, Expos, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, arthur bispo do rosario, biennale de lyon, victoria noorthoorn, revue graphis, art inuit | | Imprimer | | |
15.10.2011
L’art brut se met au vert
Semaine granny en perspective. Elle commencera bien, dans une tonalité vert pomme. Car tout d’abord, qu’est-ce-que j’apprends? Le 23e Cahier de l’Art brut pointe son museau. A force j’y croyais plus. Le dernier en date remontait à perpète (2007). «Cahier» bien sûr est un abus de langage. C’est «Publications de la Collection de l’Art brut» qu’il faut dire, bien que maintenant -innovation- ce numéro vert soit publié par InFolio, éditeur suisse spécialisé dans l’archéo, l’archi, l’hist-art ou la photo.
On avait eu toute la palette de la tranche napolitaine avec ces cahiers depuis leur début, du temps où mon daddy était minot (1964). On a eu le bon goût de ne pas changer la maquette de la couverture avec le titre en écriture à la Dubuffet. La seule excentricité est dans la couleur qui change à chaque fois. Et cette fois-ci, elle est d’un vert «granny Smith» appétissant.
Le contenu est mondialiste et transchronique. Les œuvres abordées sont celles de créateurs européens, américains et asiatiques découverts il y a longtemps (Guillaume Pujolle, Laure Pigeon) ou plus récemment (Alexandre Lobanov, George Widener, Guo Fengyi), etc. Allons-y voir. Pour 48 Francs suisses, on va se régaler!
Il y a aussi, ça va de soi, Gregory Blackstock qui n’en finit pas d’inventorier les fouets
les oiseaux
les cafards du monde
Je vous avais parlé de ce gaillard là, il y a des lustres (voir mon post du 3 novembre 2006, Art brut ami, partout, toujours)
La Maison mère de Lausanne lui consacre une expo.
La «première en Europe».
Ce n’est pas parce qu’elle dure juqu’au 19 février 2012 qu’il ne faut pas prendre votre billet pour y aller. Les grands ouikènes approchent et les pauvres morts de la guerre de 14-18 ne vous en voudront pas si vous préférez la visite du Château Beaulieu à la dépose de chrysanthèmes sur la tombe de poilus inconnus.
Toujours côté vert mais avec des reflets roses cette fois, vous trouverez bien, dans votre garde robe un petit haut et un petit bas pour faire bonne figure au vernissage de la rue Haute (312-314) pour la nouvelle expo d’art & marges (économisons les parenthèses) à Bruxelles le jeudi 20 octobre 2011.
C’est qu’il ne faut pas plaisanter avec ça, les filles! ARTHUR BISPO DO ROSARIO c’est du lourd question ART BRUT.
Même si le leporello d’invitation en trois langues se croit obligé de nous prendre pour des pommes en nous assénant que ABDR «est une figure incontournable de l’art contemporain brésilien» («is een sleutelfiguur voor de hedendaagse Braziliaanse kunst»).
Saluons à ce propos l’effort soutenu de Carine Fol, co-commissaire de cette expo qui promet et promettra juqu’au 15 janvier 2012. En quelques années, elle aura réussi à se débarrasser de ce vilain petit concept d’art brut qui faisait tache dans les soirées mondaines bruxelloises ;-) . On n’est pas obligés de suivre son exemple mais réjouissons nous en, mes sœurs et mes frères : l’art brut n’est jamais plus lui-même que quand on ignore son nom.
17:51 Publié dans Ailleurs, art brut, De vous zamoi, Ecrans, Expos, Miscellanées, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, gregory blackstock, arthur bispo do rosario, art & marge musée, carine fol, collection de l'art brut, lucienne peiry | | Imprimer | | |
17.06.2009
L’art brut c’est du luxe
Ecolo, écolo, écolo et brut à la fois. Avec le vent en poupe de papy Dany, elle nous pendait au nez comme un sifflet de 2 ronds la collusion. La collusion art brut et ceinture serrée. Notre libéralisme vénéré s'étant mis en tête de nous faire oublier ses frasques financières, la marée verte nous est tombée du ciel d'Arthus-Bertrand.
Et elle envahit tout, nous invitant à moins circuler, à moins éternuer, à moins dépenser.
L'art brut lui-même est sommé de rentrer les fesses et de s'adapter à la crise.
Sur Ladépêche.fr, une note sur Saint-Céré et sa région, intitulée Louis De Verdal ou le mystère de l'art brut nous apprend que ce sculpteur possède l'art «de faire quelque chose de rien».
Jusque là rien d'extraordinaire. Beaucoup d'artistes font ça. Mais là où votre petite âme errante tique c'est quand le journaliste lotois anonyme enchaîne avec bravitude : «son art est brut, d'une singulière création, à base de récupération des rebus (sic), annonciateur de temps économes».
Econome est beau, économe est grand, économe est héroïque. Hélas, il ne cadre guère avec le sujet que vous prétendez aborder, cher confrère (ou consoeur) ladépêcheur. D'abord parce que monsieur de Verdal, qui est sans doute un plasticien autodidacte très respectable, m'a tout l'air de n'avoir que peu à voir avec l'art brut véritable. On peut, pour se faire une idée, louer une ses œuvres pour 50 € par mois ici.
Mais surtout parce que si l'art brut fait effectivement feu de tout bois, il n'en vise pas moins à la dépense la plus extravagante, au gaspillage inconsidéré des énergies créatrices et mentales, à la débauche d'inventions.
En témoignent les œuvres de :
Giovanni Battista Podesta
Emery Blagdon
Arthur Bispo do Rosario
Pierre Avezard
pour ne chiper que quelques exemples parmi une tripotée d'autres. On est loin du recyclage publicitaire, genre : «mon papa achète le soleil mais c'est pour le revendre». Ces créateurs d'art brut sont sans vergogne. Plutôt que des ordures, ils prendraient aussi bien du marbre et de l'or s'ils en avaient sous la main.
Avec l'art brut, on nage dans le pur luxe,
celui du temps dépensé sans compter
à ne rien faire d'autre que de vivre.
00:21 Publié dans De vous zamoi, Gazettes, Nos amies les bêtes, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, arthur bispo do rosario, emery blagdon, pierre avezard, giovanni battista podesta | | Imprimer | | |
27.09.2008
Séraphine et ses copines
Hello, joyeux taïkonautes, cosmonautes, internautes ! Et surtout vous, vagulanautes ! Le deuxième étage de la fusée animulesque poursuit sa route avec sa cargaison d’infos supersoniquement brutes. Pour faire simple, je vous la jouerai compte à rebours, comme dirait mon pote Joris-Karl.
Pas de panique pour La Cité singulière, l’expo de La Maison de l’Architecture, partenaire du MAM Lille Métropole. Vous avez jusqu’à la Toussaint pour redécouvrir les œuvres de cette bonne vieille Collection de L’Aracine liées à l’archi et à l’urba (houba, houba!). Je blague, mais c’est pas idiot de mettre en valeur les «utopies urbaines et les représentations oniriques de la ville» présentes dans les œuvres des petits chéris de Madeleine Lommel.
Titus Matiyane
J’ai du mal à comprendre quand même pourquoi dans son laïus du site de la Maison de l’Archi, Savine Faupin, à propos du «regard posé sur (…) l’habitat» opère un distingo savant entre «des artistes classés dans l’art brut (ACM, Paul Duhem, Paul Engrand, Désiré Geelen, Frank Jones, Helmut Nimozewcki, Titus Matiyane, Willem van Genk)» et ceux «s’en approchant, comme les habitants-paysagistes (Le facteur Cheval, l’abbé Fouéré (sic), Theo Wiesen)».
Si Cheval et Fouré ne font que «s’approcher» de l’art brut, alors moi je rase la lune gratis !
Timing plus serré et démarcations moins contestables à la galerie Objet Trouvé à Paris qui décrochera le 11 octobre 2008. Jusque là, on pourra voir sa nouvelle expo de récentes acquisitions.
Le carton d’invitation se contente de réactiver la notion de «hors les normes» qui a déjà beaucoup servi, en la mariant bizarrement avec celle de «tradition», ce qui est un peu pâlichon compte tenu des (re)découvertes qu’on nous promet et pour lesquelles on salive déjà.
Telle cette Henriette Zéphir, objet de l’attention dubuffetienne dans le 14e Cahier de L’Art Brut ou telle Joële, ex-symboliste viennoise du nom de Nina Karasek.
Plus près de nous encore, le mercredi 8 octobre 2008 à la Maison de l’Amérique Latine à 21h, après la conférence de Marlène Iucksch sur «les figurations brésiliennes de l’Autre», on discutera du film O prisioneiro da passagem, entretien avec Arthur Bispo do Rosario.
Question toile, le 1er octobre, c’est la sortie de Séraphine,
le film de Martin Provost dont vous pouvez pas louper la promo
comme vous avez loupé en avril dernier celle du documentaire de Matthieu Orlean sur Hélène Smith (Des Indes à la Planète Mars).
Parallèlement, au Musée Maillol, dans les beaux quartiers de Paris, les palpitants tableaux de Séraphine seront visibles jusqu’au 5 janvier 2009.
Last but not the least, je vous rappelle que Visions et créations dissidentes, l’expo du Musée de la Création Franche est déjà sur le gaz au pays de Mamère Noël.
C’est dès aujourd’hui, samedi 27 septembre 2008 que vous pouvez vous pointer à Bègles pour le vernissage. Trop tard pour le repas prévu mais au menu 8 créateurs, pas tous bien bruts mais où l’on peut remarquer Bernd Gehrig pour ses timides créatures dépressives et Colin Rhodes pour ses «images construites à partir d’autres images» comme dit le catalogue.
13:06 Publié dans Ecrans, Expos | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art brut, séraphine louis, hélène smith, titus matiyane, henriette zéphir, nina karasek, arthur bispo do rosario | | Imprimer | | |
16.12.2007
L'art brut saisi par l'esthétique
C’est comme dans la chanson de Berthe Sylva, on devrait m’appeler «la dénicheuse». Je débusque les revues confidentielles, plus camouflées que des oisillons dans une haie.
Cette fois, c’est une savante publication que je ramène dans ma gibecière de braconnière de chez Tati (pas le cinéaste dont je salue le centenaire).
Recherches en Esthétique - c’est son nom - est l’organe du C.E.R.E.A.P. Ce que signifie ce sigle, j’en sais que couic. Ce que je peux vous dire c’est que REE est publiée avé des concours martiniquais et guadeloupéen : IFUM et DRAC. Cela vous fait une belle jambe ? D’ac mais le truc c’est que le n°13 de Recherches en Esthétique est placé sous l’enseigne de La Relation au lieu, ce qui nous vaut deux papiers sur des créateurs d’art brut.
L’un hyper-connu : Arthur Bispo do Rosario et l’autre pas étranger aux Animuliens : Adrien Martias.
Les articles en français sur Bispo sont trop peu nombreux pour que je signale pas celui de Anne Dallier-Popper bien qu’il soit pas illustré. Il s’intitule : A l’écart de la vie et du monde de l’art : A.B. do R. Ce titre reprend celui d’une expo de 1982 organisée à Rio de Janeiro, par le critique brésilien Frederico Morais : A Margem da vida.
Disons, pour simplifier, que l’article de Mme Popper s’emploie à mettre en évidence les motivations différentes qui singularisent les œuvres de Bispo (accumulations, installations ou «psycho-objets», étendards, vêtements) lorsqu’on les compare à celles des courants artistiques contemporains dont on les rapproche souvent : duchampisme, Nouveau-Réalisme, Arte Povera.
Adrien Martias, pour sa part, fait l’objet d’un traitement attentif par Béatrice Steiner. Celle-ci, sous le titre un peu chinois de La Grande muraille d’Adrien Martias y développe la notice dont elle nous avait offert la primeur le 9 février 2007.
Faute de données biographiques bien certaines, B.S. est amenée à se poser des questions, sur l’ancrage de Martias dans «les mythes de sa culture», voire dans le «culte Vaudou». Plus décisives me paraissent ses envolées sur le thème de l’enfermement : «L’enfermement met en scène un fantasme très archaïque, celui d’un risque de fusion avec un corps Autre. Menace immatérielle réveillant la crainte, bien réelle, d’un magma engluant, semblable à ce que l’on ressent dans les cauchemars.» Bien jeté, non ?
Aussi bien que Mme Popper qui nous dit que le «travail acharné» de Bispo «peut se définir comme une sorte de reconstruction de la vie dont il est éloigné, voire (…) un sanctuaire de vie à préserver».
Arthur Bispo do Rosario statufié dans sa région
Bravo les filles ! Ceux et celles que branchent cette popperisation et/ou steinerisation feront bien de noter que Recherches en Esthétique est diffusée par Jean-Michel Place et qu’on la trouverait chez Tschann à Paris, chez A Plus d’un titre à Lyon, chez Le Chercheur d’art à Rennes.
Ciao, ciao !
01:05 Publié dans Ecrits, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, arthur bispo do rosario, adrien martias | | Imprimer | | |
23.01.2007
Pas d’ekphrasis pour Rosario
Petite niouze vite fait sur le gaz avant
–eh, eh !– qu’il ne soit trop tard
Le «cas» d’Arthur Bispo do Rosario sera évoqué demain mercredi 24 janvier 2007, de 11 à 13 h, par Nanta Novello Paglianti à la salle 6 de l’EHESS, 105 Bd Raspail à Paris dans le cadre du Séminaire de Sémiotique 2006-2007.
J’adore les sémioticiennes, elles utilisent des mots pas possibles. L’approche de l’œuvre du créateur d’art brut brésilien nous est vendue comme une «ekphrasis impossible».
Pour celles et ceux qui n’auraient pas encore leur diplôme d’ekphrasitude, sachez que ce grecquissisme signifie tout benoîtement «description détaillée de l’œuvre d’art». Un peu décevant, non ? Et pour les nul(le)s qui ne sauraient pas qu’est-ce que c’est que l’EHESS, votre petite âme errante qui est une mère pour vous, fera observer que c’est l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.
22:30 Publié dans Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Arthur Bispo do Rosario, art brut | | Imprimer | | |