01.07.2012
Jean Perdrizet au Musée de Digne
En panne de vitamine D, j’ai sauté dans mon Opel de location, direction sud-est. Sur la route Napoléon, les rochers des Mées ont l’air de cônes pralinés.
Arrivée à Digne je me suis offert une triple glace avant de me rendre au vernissage de l’exposition Jean Perdrizet inventeur au musée Gassendi.
A Digne-les-Bains, les nuages ressemblent à des montagnes tibétaines et le musée est sur la pente.
Le grand homme du coin c’est l’humaniste Pierre Gassendi et la grande femme Alexandra. Pas celle de la chanson de Claude François mais la vagabonde David-Néel.
A ces explorateurs des idées ou des contrées lointaines, Digne, jusqu’au 29 octobre 2012, ajoute Jean Perdrizet, pionnier d’une pensée parallèle placée sous le vent vivifiant et fou de l’art brut.
Jean Perdrizet avait plein de choses dans la tête. Cela partait dans tous les sens : «cerveau à eau, machine à lire à résistances liquides, table traçante d’ordinateur imaginatif». Un vrai feu d’artifice mental et graphique!
Perdrizet adorait les plans, les schémas, les diagrammes et les symboles. Il est difficile à suivre. Lui-même ne parvenait pas à se faire comprendre des savants auxquelles il adressait ses projets. L’un d’eux, une «machine à écrire avec l’au-delà» a été réalisé dans l’expo de Digne.
On pense à la Méta-Matic de Jean Tinguely. De quoi remuer ceux qui s’interrogent, avant le vin d’honneur, sur la nature exacte de l’œuvre de leur concitoyen: scientifique, démente, artistique?
Pour moi, ça ne fait pas de doute depuis que j’ai découvert ce fleuron d’un art d’autant plus authentique qu’il ne se présentait pas comme tel.
L’expo du musée Gassendi a le mérite d’évoquer la figure quotidienne de Perdrizet, sans trop la muséographier. Tout juste si l’on n’entend pas le timbre de sa mobylette.
Au vernissage, il n’étaient pas rares ceux qui l’avaient connu. J’ai parlé pour ma part avec M. Varcin, un professeur d’Histoire auquel Perdrizet avait confié une caisse en bois contenant un petit brac à brac pour ses inventions.
Ces matériaux sont visibles dans une petite vidéo qui passe en boucle au musée Gassendi.
Les dessins de l’exposition figurent sous diverses rubriques : «les machines, le robot, l’au-delà, la langue, les mathématiques, la poiétique».
Tout cela tient dans une longue salle voûtée au plafond décoré de gypseries fin XVIIIe siècle. Ni étouffant, ni impressionnant. Un lieu bien choisi à ne pas manquer si vous êtes en vacances dans la région.
Avis aux collectionneurs : une publication très goûteuse accompagne l’expo. J’ai eu le temps d’en roucouler deux mots de satisfaction à M. Thomas Wierzbinski, l’un des commissaires.
Plutôt que de se la jouer catalogue ordinaire, cette publication imite judicieusement les livres uniques de Perdrizet présents dans l’exposition.
Un leporello reproduisant des originaux en couleurs et un fac simile du profil de carrière de l’inventeur nous sont offerts sous une chemise cartonnée avec son cachet.
Un court texte de Jean-Jacques Viton, l’un des donateurs, accompagne le tout.
20:12 Publié dans art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, jean perdrizet, digne-les-bains | | Imprimer | | |