04.07.2014
Le renard de Plouha
Manque que le loup en Bretagne. J’ai freiné pour une belette et j’ai vu le renard.
Un renard naturalisé le long de la D 786 qui effleure la commune de Plouha. Au sein d’une installation de jardin qui a pour thème central la fable de La Fontaine. Avec son corbeau en contreplaqué à la découpe et sa boîte à camembert.
Les pochettes de CD qui ornent le piédestal de ce scolaire trio composent une sorte de menu musical. L’auteur de cette oeuvrette commande astucieusement de chez lui la sonorisation douce de son parterre. Selon les cas : un p’tit coup de Trenet, de Mariano, de Mireille ou de Jean Sablon. Pour Animula ce fut Joséphine Baker.
A chacun son coup de cœur. Celui de Lionel, l’auteur de cet ensemble sans prétention qui comprend aussi un mannequin jardinier et un pêcheur de grenouilles n’a pas de préférences.
Lui, ce qu’il attrappe ce sont des visiteurs et il prend ce qui vient.
13:24 Publié dans Glanures, Sites et jardins, Vagabondages, Zizique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : habitants paysagistes, art du bord des routes, environnements populaires, bretagne | | Imprimer | | |
02.07.2014
Fauves dans un jardin breton
Soudain trois tigres blancs dans un coin de mon pare-brise. Des tigres blanc sur une haie. A la sortie d’un bourg comme tous les bourgs. Sur la route qui mène à Tréguier.
Et tout un peuple de peluches au dessus de la barrière d’hortensias. Qui fait donc ça ? Cette femme rouge là bas ? Non : la présence de ce leurre, qui surveille les curieux que nous sommes, tempère ce que la gentillesse de ces jouets peut avoir de conventionnel.
Transposés du supermarché dans ce jardin mi-rural, mi-banlieusard d’un pavillon aux allures bretonnes, ces objets de consommation courante ont l’air artistiquement dépaysés. Impression qu’accentue leur exposition au soleil et à la pluie qui les déréalise.
Sans qu’on puisse ici parler d’art brut puisque le travail s’est borné à une installation de trouvailles méditées, l’auteur de ce rassemblement peu ordinaire s’est laissé guider par un goût très personnel des volumes et des mélanges.
C’est au début de notre siècle désœuvré qui vit le triomphe définitif de la mondialisation industrielle galopante sur les vestiges de la civilisation rurale et laborieuse que cette mise en scène dérisoire mais résolue a été entreprise par la propriétaire de ce petit domaine.
Annick (appelons-là Annick) renouvelle et améliore sans cesse sa création avec l’aide des voisins qui lui proposent de nouvelles peluches quand leurs enfants sont trop grands pour jouer avec. Elles les mêle à des mannequins qu’elle perruque et habille.
Composant des tableaux où elle représente un orchestre familial
le cycliste Bernard Hinault
la marine en goguette, des joueurs de cartes peu cézanniens
Même les gendarmes jettent en passant un œil favorable à l’installation d’Annick. Famille d’accueil à elle seule depuis que son mari est mort, Annick se réjouit que ses protégées trouvent dans la contemplation et l’usage de son installation un motif d’occupation agréable.
Cela donne naturellement à cette installation un autre sens que celui qui pourrait être le sien si, d’aventure, elle était née dans un autre lieu. Un musée, par exemple. Ou une exposition d’art contemporain. Car rien n’est impossible dans notre monde d’inversion des valeurs.
00:10 Publié dans De vous zamoi, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : habitants paysagistes, art des bords des routes, environnements populaires, bretagne | | Imprimer | | |