17.08.2012
Fernand Chatelain, un jardin dés-âmé
Devoirs de vacances. On révise ses classiques. Ce n’est pas toujours drôle. En allant dans le Maine et Loire, je suis passée chez Chatelain.
A Fyé dans la Sarthe, je me suis arrêtée en haut de la colline, non pour y siffler d’admiration sur la route nationale 138 mais pour y cueillir quelques impressions récentes sur le jardin deux fois abandonné en ces temps de grande solitude du mois d’août.
Le lapin aux bras serpentins est revenu.
Je n’en donne l’image que pour que vous puissiez la comparer à celle de 1969 figurant dans mon album photo Fernand Chatelain, avant, après.
Je dois à la vérité de dire que la fameuse patine qu’on nous promettait en 2005, au début des opérations de restauration, commence à porter ses fruits. Les couleurs sont moins pétantes.
C’est donc moins moche, mis à part les pièces qui ont subi des interventions récentes.
D’où vient alors que l’ensemble nous paraisse toujours aussi dés-âmé?
Aux structures trop rectilignes de la clôture, aux postures trop raides des personnages, à leurs parures trop délimitées, trop sages, à une absence de fluidité dans les gestes figurés dont la grâce originelle est perdue.
L’accent est mis (et réduit) au côté humoristique de la chose mais où est le parfum de sauvagerie que Fernand Chatelain savait leur donner?
Pour faciliter la vue le terrain a été dégagé de ses broussailles, la végétation disciplinée et le mystère s’en est allé, avec la lumière crue.
Il n’est qu’à se reporter aux belles photos de Pierre Lebigre que j’ai données dans ma note Fernand Chatelain en 1976 pour comprendre ce que je veux dire. On y notera aussi combien le goût très sûr de Chatelain le conduisait, loin de la finition desséchante d’aujourd’hui, à laisser vivre dans son travail ces traces de bricolage inventif qui en faisait le sel.
17:08 Publié dans art brut, De vous zamoi, Glanures, Jadis et naguère, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, fernand chatelain, jardin humoristique | | Imprimer | | |