24.11.2008
Des minous et des livres
Vialatte, Lévi-Strauss, Caradec et les autres : week-end-lecture pour votre petite âme errante. J’étais partie errer dans les rues glacées du côté de la Sorbonne qui est devenue un lieu de pèlerinage pour les cousins de province («mais voui, c’est là que ça se passait…») lorsque j’ai bifurqué vers les thermes de Cluny où se tient l’expo Celtes et scandinaves, rencontres artistiques VIIe-XIIe siècle que je voulais voir.
Hélas, le Musée National du Moyen-âge m’est apparu un peu rébarbatif avec sa porte défendue par un gardien qui n’a rien de Georges Clooney.
Et puis, j’en ai eu vite marre de faire le poireau devant des chiottes, installées dans un module de chantier qui défigure une cour vénérable, alors je suis allée photographier un minou du Poitou qui fait un tabac dans une librairie de la rue Saint-Jacques, voisine du Vieux Campeur.
De minou en minou, je suis allée lécher la vitrine du Dilettante où j’ai repéré les Chroniques de l’année 1968 d’Alexandre Vialatte qui viennent de sortir chez Julliard avec une préface de Philippe Meyer. Pour celles qui, comme moi, ont fait depuis longtemps des papiers du grand Alexandre leur livre de chevet, il n’y a peut-être rien à apprendre.
Mais ça fait jamais de mal de relire Vialatte et j’ai revisité avec plaisir certaines allusions au Facteur Cheval, certaines petites phrases sur Dubuffet et Jean Paulhan : «Dubuffet se grise de trottoirs, de bitumes et de macadams. Il a fait un portrait de Jean Paulhan en bitume. Les trente-deux dents (…) sont faites en vrai gravier de trottoir (…)».
Après ce joyau rouge, mon choix s’est porté sur un bijou noir, imprimé en bleu et édité par L’Herne. Ce petit bouquin de Claude Imbert s’intitule Lévi-Strauss, Le passage du Nord-Ouest.
Pour celles qui prennent soin de leur beauté, il a l’avantage de contenir la traduction en français (par Mark R. Anspach) d’un article de C. L.-S. parut en anglais dans dans le 1er n° de V.V.V. créée par André Breton, alors réfugié aux U.S.A, en 1941. Il s’agit de Indian Cosmetics, cette troublante cosmétique des indiens Caduvéo du Brésil que les habituées du chapitre XX de Tristes Tropiques connaissent bien. «Les femmes caduvéo ont une réputation érotique qui est solidement établie sur les deux rives du Rio Paraguay», nous dit Lévi-Strauss qui fête ses 100 ans vendredi. Avis à mes lectrices ! Comment les messieurs, emplumés ou non, ne craqueraient-ils pas devant ces parures de lèvres dessinées au jus bleu-noir d’un fruit du nom de genipapo.
C’est d’un sourire pareil que je souhaiterais saluer la sortie discrète de François Caradec, auteur (entre autres) de la désopilante et érudite Encyclopédie des Farces et attrapes et des mystifications, parue en 1964 chez le malicieux Jean-Jacques Pauvert. Des Arts incohérents aux fausses peintures du Tassili, de la Vierge à surprises de Notre-Dame du Mur de Morlaix à Glozel, on y serpente sur maints chemins de traverse qui croisent les sentiers de l’art brut.
Que toutes ces voies mènent au paradis des Christophe et des Allais, ça me paraît évident. Pas vous ?
23:27 Publié dans Ecrans, Ecrits, In memoriam, Lectures, Vagabondages, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : claude lévi-strauss, alexandre vialatte, louis wain, jean dubuffet, françois caradec | | Imprimer | | |
31.12.2006
Revues de fin d’année
«Hâte-toi, Ani ! La fin de l’année est là et y’a encore des choses que tu a zoublié de dire aux zamis». Voilà, comme elle me traite, Super-nounou (ma conscience) et elle a raison, mes p’tits animulapins.
J’ai omis de vous faire savoir que Joëlle Pijaudier-Cabot quittait bientôt le MAM de Lille-Métropole. Vers mars-avril 2007 elle émigre à Strasbourg où elle dirigera les musées de la ville y compris le charmant Musée Alsacien que votre petite âme errante aime tant au moment du vin nouveau.
Au chapitre Revue de presse, faut pas que j’tarde pour signaler l’article de La Voix du Nord du 28 décembre 2006 : Un musée d’art brut à ciel ouvert à Carvin ? C’est au sujet de la palissade de mosaïques de Rémy Callot dont le projet de destruction fut arrêté in extremis par la municipalité de Carvin (Pas-de-Calais) devenue propriétaire des lieux. Il est question de restauration, «sous la vigilance du musée d’art moderne et de la DRAC». A propos de drac, voici un dragon de Callot.
Revue de blogues, maintenant pour vous inviter à aller voir le chat incandescent de Louis Wain (ramez de la molette pour apercevoir le texte en dessous) sur un blogue en portugais du nom de Dernière valse.
Revue de sites, aussi pour les ex-voto. Deux sites italiens.
L’un peu recommandable aux bouffeurs de curés mais fréquentable par des mécréants tolérants, prêts à se faire ermites (je sors du soporifique Grand silence, grandiose documentaire de Philip Gröning sur la Grande Chartreuse) pour satisfaire leur curiosité : le site du Santuario Madonna delle Lacrime de Syracuse.
A cause de son Museo degli ex-voto dove «sono espoti più di mille cuori d’argento, centinaïa di ex-voto in argento, stampelle, busti, abiti da sposa, quadri. Si tratta di una piccola parte dei doni fatti a Maria per grazzia ricevuta».
L’autre parce que c’est un musée virtuel où les ex-voto sont classés par genre : opérations chirurgicales, maladies des animaux, voyages, naufrages , guerre etc.
18:20 Publié dans Ecrans, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Rémy Callot, Louis Wain, Ex-voto, art brut | | Imprimer | | |