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06.07.2013

Les saints polonais en marche à Bègles

Cette exposition a débuté le 6 juillet. Si Dieu le veut, elle se terminera le 8 septembre 2013. Elle s’intitule Les Saints de l’art polonais.

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«Saints» est à prendre dans un sens particulier puisque Pascal Rigeade, dans la préface du catalogue, révèle que le Musée de la Création Franche faut ainsi allusion à la phrase : «Ils sont les héros, les saints de l’art» par laquelle Jean Dubuffet qualifiait les auteurs d’art brut. Va donc pour «saints». Même si c’est agaçant que la Pologne évoque toujours les bondieuseries.

Pas trop de papes ni de vierges de Czestochowa cependant dans les œuvres fortes et variées présentées à Bègles. Quelques uns seulement dans la banque d’images que Mikołaj Ławniczak pioche dans les magazines au milieu de pin-up en bikini. Ryszard Kosek qui est dans le collimateur bèglais depuis 1996, célèbre, en couleurs de malaise sarcastique, un autre culte populaire : celui de l’alcool.

12 autres créateurs qui ont «tous un lien avec des institutions qui jouent un rôle important dans la préservation et la promotion de l’art brut» accompagnent Kosek.

350 œuvres de moutons noirs plus ou moins sous la houlette de galeries, associations, fondations, maisons protectrices, certaines du genre thérapiques ou occupationnelles. Une collection privée aussi, celle de Leszek Macak. Je ne comprends pas bien ce que Malgorzata Szaefer, co-commissaire de l’expo, entend par l’expression «Beauté en paquet» dont elle use à propos de cette sélection visiblement rigoureuse. Les mystères de la traduction sans doute. Ma petite âme ignorante aimerait pourtant savoir comment on prononce les noms des auteurs qui l’intéressent.

Iwona Mysera et ses confidentiels et illisibles messages qu’elle aime détruire autant que faire.

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Przemysław Kiebzak et ses villes fortifiées-empilées.

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Justyna Matysiak et sa maison aux circonvolutions intestinales.

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Adam Dembiński aux bouches de chaleur et sexes rougeoyants.

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Tous trois présentés sous des facettes différentes de celles remarquées, il n’y a guère dans une expo bruxelloise.

Mériteraient aussi d’être mémorisés les noms de Konrad Kwasek qui sculpte des bûches pour que son entourage les fiche au feu

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Roman Rutkowski pastel-animalier au style anguleux

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Henryk Żarski qui commença à parler à 45 ans (jusque là il avait trop à dire).

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Ce «Nikifor de l’Institut Pakowka» figure dans la Collection de l’Art Brut de Lausanne bien qu’il n’apparaisse pas dans la liste des auteurs sur le site de celle-ci. Son cas paraît pourtant plus intéressant que ceux des peu convaincants Morton Bartlett, Ata Oko ou Charles Steffen dont la Maison mère nous a rebattu les oreilles ces temps-ci. J’aimerais en savoir plus sur la déportation en Allemagne des parents de Henryk Żarski qui, «déficient mental», a dû couper de peu à l’eugénisme puisque né en 1944.

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L’expo de Bègles, malgré son titre à l’eau bénite, a l’avantage de nous mettre sous les yeux des œuvres d’art brut de qualité d’auteurs peu connus. C’est la preuve que, dans le monde plutôt confiné de l’art brut, on peut toujours respirer un air non conditionné par le marché international, actuellement restreint à l’axe OAF-GCE-SDV : Outsider Art Fair-Grands Collectionneurs Européens-Salles De Vente.

Axe autour duquel sont invités à graviter, comme les papillons autour de la flamme, responsables d’institutions muséales et intelligences universitaires que l’on voudrait détourner de la découverte pour les voir se consacrer à la circulation des seules valeurs (ou non-valeurs) cotées