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Art’Planète 2010, Côte de Nuits grave

Les nouvelles vont vite. L’art contemporain court après l’art brut et il le rattrape pour lui faire les poches. Vous vous souvenez du jardin de pierres de Darvich Khan Esfandiarpou sur lequel j’ai attiré votre attention dans mon post du 24 mai 2010.

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Cela en a frappé plus d’un, parmi les Animuliens, je le sais, ces pierres suspendues dans un désert.
Et bien que mes lecteurs se livrent maintenant au petit jeu des comparaisons en dirigeant leurs regards vers Magny-lès-Villers, un village de la Côte de Nuits en Bourgogne. Ils y verront l’installation de Mathieu Girard intitulé Pendulum.

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Evidemment y’a pas photo. L’œuvre d’Esfandiarpou se déploie poétiquement au gré des branches d’une forêt d’arbres morts. Celle de M. Girard a choisi de se restreindre aux frondaisons d’un arbre «vénérable», du genre de ceux que l’histoire de France affectionne parce que ses rois sanctifiés y rendaient leur justice au retour de leurs sanglantes croisades.

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Troublant rapprochement cependant, n’est-il pas ? J’ai peine à croire qu’il soit fortuit. Je ne connais pas monsieur Girard, un jeune artiste estampillé contemporain qui n’a pas pour principe de laisser une bonne idée traîner.

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Peut-être fait-il des choses très bien par ailleurs. Mais là, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il ne s’est pas foulé pour trouver un titre. Il est vrai que «Pendulum», ça vous a une petite gueule latine des plus conceptuelles et que le latin, y’a pas mieux pour vous la jouer culturel.

 

LilianBourgeatDole-15.JPGLa prestation de M.G. et d’autres de divers plasticiens dont Lilian Bourgeat (deux majestueux pneus R14 entrelacés!) font partie de la 2e édition d’Art Planète, une manifestation qui, jusqu’au 15 août, se propose d’amener l’art contemporain à domicile dans nos campagnes.

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Je n’ai rien contre. Surtout que ça peut être l’occasion de visiter de charmantes localités pinardophiles : Comblanchien, Gilly-les-Cîteaux, Magny-les-Villers, Villars Fontaine, Nuits-Saint-Georges et Gevrey Chambertin, évoqué par Henri Salvador dans sa chanson : Minnie, petite sourisviens boire, petite souris, cette bonne bouteille de Chambertin (…)».


Une bonne promenade en perspective (et peut-être des occasions de rigolades) que ce Festival d’art contemporain et d’art brut en Bourgogne où, bien entendu, vous ne trouverez pas une once d’art brut véritable, sinon à l’état de source lointaine exploitée sans problème.

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01.08.2010 | Lien permanent

Le livre d’or de l’abbé Fouré

sculpture bois.jpgPauvre Adolphe-Julien! On a perdu son lit à Montreuil. On lui attribue une statue à Villeneuve d’Ascq. On cherche désespérément à retrouver ses sculptures sur bois disparues.

Quand on en déniche une, on crie illico au miracle même s’il n’y a vraiment pas de quoi se relever la nuit. Fouré a beau être abbé, son petit «bouquet de roses» de 1904, récemment redécouvert, n’a rien de miraculeux. Il a plutôt l’air… je ne dirai pas de quoi, par égard pour la vieille dame qui le gardait en souvenir.

Mais enfin si l’ermite de Rothéneuf n’avait fait que ça, je pourrais tout de suite passer à un autre sujet. Par exemple au gros livre sur Saint-Malo-Rothéneuf au temps des Rochers sculptés qui vient de sortir aux Editions Cristel dans la cité des corsaires. Il fallait un Jéhan pour s’occuper de la chose et c’est lui qui s’y est collé. Imprimé sur 3 colonnes et sur 222 pages, vous pensez bien que je n’ai pas eu le temps encore de me farcir ce gros bouquin avec lequel l’auteur vient de décrocher son bâton de maréchal fouerrant. Mais je vous conseille de le lire.

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Attention, c’est touffu. Normal puisque l’auteur bosse depuis 25 ans sur le sujet. Et puis, le format à l’italienne, s’il met en valeur les images du site rothéneufien et les documents anciens qui accompagnent le texte, ne facilite pas la consultation. Si vous pensiez le parcourir dans le métro, c’est râpé! Votre petite âme errante vous recommande donc de fonctionner au GPS pour vous aventurer dans ce jardin d’érudition luxuriant, d’autant qu’il n’y a pas d’index.

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 Avant de partir, visiter le sommaire et les remerciements est aussi indispensable que de vous coltiner le mode d’emploi de votre nouveau téléphone portable. Vous comprendrez très vite que le livre de Jean Jéhan –c’est sa richesse mais son tendon d’Achille aussi– emboîte plusieurs ouvrages comme une poupée gigogne. Un album photo où l’auteur a recueilli ses meilleurs clichés réalisés depuis 30 ans. Une biographie proprement dite. Une histoire de la Côte d’Emeraude et des bains de mer à la Belle Epoque.

St Malo

côte d'emeraude.jpgLe mémoire de DEA de Valérie Baudoin, une de ses valeureuses fourmis. La préface-fleuve d’un expert en fourétitude du nom d’Alain Bouillet. Une expérimentation façon numéric art par Véronique Hénaff et Jean-François Barrière. Ajoutez à ça des centaines de notes, 6 pièces en annexe et une biblio. On sort de là rassasiés. L’auteur a un appétit de Gargantua mais il peine forcément à digérer toute cette matière rédactionnelle et iconographique.

Il est donc permis d’entrer dans son travail par des chemins buissonniers et se précipiter en priorité sur les fac-simile (ou repros intégrales) qu’il nous offre. Celui du Guide du musée de l’Ermite de Rothéneuf de 1919.

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 Celui du Livre d’Or de l’Abbé Fouré, totalement inédit.

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Comme ça, on saura qu’une visiteuse de l’époque se croyait «transportée au pays des fées». Et c’est loin d’être négligeable. Sans vouloir ajouter un angle supplémentaire à l’approche de Jéhan qui en comporte déjà beaucoup, je vous quitte pas sans vous signaler L’Ermite de Haute Folie, le petit dernier des Contes du Korrigan, une bédé de Ronan Le Breton (scénariste), Stéphane Créty et Vicente Cifuentes (dessinateurs) qui met en scène notre bon vieil «abbé Fouéré».

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30.01.2011 | Lien permanent

Allez jouer les filles de l’art passage des Gravilliers

 

Grand vent de féminitude au Marais le 14 décembre 2010!!!

escarpins-loi-jungle-L-1.jpegLa Panthère rosse, une de mes sentinelles de ce patrimonial et effervescent quartier parisien, sonne l’alerte : les Art Girls vont faire leur show passage des Gravilliers à 19h30, mardi. Pour celles qui l’ignoreraient, les Art Girls c’est «le premier réseau au féminin de soutien et de développement de projets dans les domaines de l’art et de la culture».

logo.jpgAvec un programme d’une telle précision et d’une telle vastitude, tout le monde se précipite pour inviter ce gang de filles de l’art entrainé par Florence Bost, un «designer textile» (traduction : créatrice de tissus) et Alexia Guggemos qui a donné naissance au blogue Délire de l’art ainsi qu’au Musée virtuel du sourire (Ouistiti!). 

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Passionnées, connaisseuses, décideuses et «mamans», les Art Girls bénéficient de visites guidées, s’offrent des cycles de rencontres en veux-tu, en voilà, font de bonnes actions en s’instruisant, posent pour la photo (Cheeze!).

Grâce à Stéphanie Pioda, journaliste et historienne d’art diplomée qui leur prête la main pour ce coup là, leur nouvel Guest Art Boy appartient à cette génération de hardis quadras sympathiques qui surfent sur la vague brute du marché de l’art. Applaudissez-le, j’ai nommé : Christian Berst.

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C’est en effet aux nouvelles galeries Berst, représentantes exclusives de la chiffonnette, que les Art Girls auront loisir de cuisiner le patron sur sa vie, ses voyages ou sa couleur préférée.

mur.jpgAprès l’apéro-coquetail, Art Girls et Pas-encore Art Girls assouviront leur «envie d’art» subsistante au Curieux Spaghetti, un resto tendance sur lequel on trouve à boire et à manger sur le net. Elles y admireront les papiers-peints (wall papers) «régulièrement changeants» car, selon la formule de la maison «le spectacle est aussi sur les murs».

 

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10.12.2010 | Lien permanent

Le Tour de France par la grand’route et les chemins creux

Le Tour de France s’achève et je vous ai pas parlé du Tour de France. Je vous parle jamais du Tour de France. Il est temps que ce scandale cesse. Le Tour de France n’est-il pas une dérive comme une autre? Je ne saurais donc vous en vouloir, mes sœurs animuliennes, si vous avez eu tendance à déserter mes lignes pour aller jouer les groupies sur les pentes du Galibier.

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Pour vous changer de l’éternelle littérature blondinienne sur le sujet, je vous ai sorti de la naphtaline une strophe de Maurice Hallé, poète-chansonnier d’Oucques dans le Loir-et-Cher. Pote au fameux Gaston Couté, il sévissait comme lui dans le Montmartre de la grande époque, publiant à La Vache enragée, éditeur et cabaret.

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 Le titre de cette pièce ? Les Coureux , ce qui dit bien ce que ça veut dire :

«J’les avins vu sur le grand’route,

Passer en huit ou dix p’lotons,

Même qu’ien a qu’avaient d’la goutte

Su leux guidons, dans des poch’tons.

D’leus sacs, i’s tiraint des p’tit’s fioles,

I’s mettaint ça au bord… du creux.

Pis i’s s’enfilaint la bricole.

Ah ! que l’diabl’brul’ben les coureux!»

Bon, c’est en patois beauceron mais j’adore ça qu’on triture not’ bô langage françois et les poèmes qu’on comprend pas tout de suite. C’en est plein dans le recueil de Maurice Hallé, publié en 1921 et illustré par Germain Delatousche, un vaillant graveur sur bois un peu anarcho su’ les bords. Par la grand’route et les chemins creux que c’est son titre.

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Tout un programme pour un été sous le vent de l’art brut, non?

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flyer.jpgAprès Dicy, après Laduz, après Versailles et Malakoff, Mauriac, Bègles et Batz-sur-mer, après Martizay, je continue donc mon Tour de France à moi par le musée Fenaille à Rodez ous’que je vous engage vachement à voir (et jusqu’au 30 octobre, couac le flyer oublie de l’indiquer) les monstres élégants de l’expo Louis Pons, la plume est le dard du dessinateur.

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Je vous engage et je suis pas la seule puisque monsieur Benoit Decron n’a pas hésité à changer son braquet soulagesien pour en faire de même.

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L’Art brut, un fantasme de peintre

Retour aux fondamentaux. Art brut, Art brut et encore Art brut. «L'Art brut c'est l'art brut et tout le monde...» n'a peut-être pas très bien compris. C'est pour ça qu'on n'arrête pas d'écrire des livres sur le sujet. Le dernier en date c'est celui de Céline Delavaux paru à la Palette. Non, pas le bistrot de la rue de Seine. Palette l'éditeur. L'Art brut, un fantasme de peintre que ça s'intitule. Et ça se sous-titre : Jean Dubuffet et les enjeux d'un discours, vu que cet assez gros bouquin (350 pages) «est issu de la thèse de doctorat»  de l'auteur «sur les écrits de Jean Dubuffet».

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Je guillemette parce que j'emprunte ces lignes à la 4e de couv qui nous signale aussi : «Révéler la force poétique du concept d'art brut et l'évidence de la valeur littéraire de l'écrit de peintre : tel est l'enjeu de cet essai». «Concept», «valeur littéraire», moi ça me va. Même si, en l'absence d'illustrations c'est forcément un peu austère. Si les volcans ne s'étaient pas mis en travers, j'aurais certainement dépassé la page 63 marquée par ma carte d'embarquement. Mais la lecture n'est pas vraiment permise aux pauvres rescapées de l'espace. Allez donc vous concentrer en attendant que la poussière retombe et que votre avion décolle!

Non que le livre de Céline Delavaux soit difficile à lire. Il est écrit dans une langue limpide et pourvu de belles marges que j'ai commencé à couvrir de repères au crayon. Mais retrouvez donc votre crayon quand vous revenez de Chateauroux dans un train plein comme un œuf! C'est de ma faute aussi, j'ai trop eu la bougeotte ces temps-ci. Pourtant j'avais bien commencé puisque Céline m'avait dédicacé son travail (Pour Ani «dont je trouve la verve ...») quand nous nous sommes rencontrées le 25 mars 2010 à la journée d'étude de Dijon sur laquelle Aurelie Linxe, jeune et efficace doctorante en muséologie saupoudrait sa bonne volonté et sa bonne humeur réunies. Et oui, j'y étais en chair et en os à ce colloque, aux côtés de Mr Baptiste Brun qui roule si finement sa cigarette d'après le repas et de Mr Bruno Decharme dans la collection duquel l'éditeur de C.D. a emprunté son image inaugurale.

Et puis, je suis partie sur les routes de Corse et je me suis contentée de rôder autour des 1000 petits accès ménagés par Céline pour entrer dans son livre : index des auteurs et des notions (le rêve!), bibliographie (15 pages!), tables des matières super-chiadée, préface de Gérard Dessons, notes en bas de pages (et pas au diable vauvert).

Dans les limites qui sont celles d'un blogounet comme le mien, il est exclu que je vous décortique en détail un aussi scientifique bouquin qui va s'imposer comme un instrument de travail incontournable pour les initiés. l'art brut lucienne peiry.jpg

Et comme un état de la réflexion actuelle qui va prendre le relais 13 ans après le L'Art brut de la citoyenne Lucienne Peiry.

Il faut donc que je me pose pour lire à fond le Céline Delavaux nouveau.

Vous aussi, naturellement.

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Aladin et le génie de Monsieur Tout-le-monde

Couv aladdin 2009.jpgAladdin nous le dit :  l'art brut est un sujet maudit.

Cherchant le calendrier des brocantes dans «le magazine des chineurs» du mois de juin (n° 251), je suis tombée sur un article de Bruno Delaine qui m'avait échappé à première lecture. Appartenant à la rubrique Il y a vingt ans, ce papier remonte le temps en direction du numéro 26 de ce canard qui a su se rendre indispensable, au fil des années, aux zamateurs et aux pros de l'antiquité (pas toc).
A cette époque qui date d'avant les téléphones portables (juin 1989), Aladin mettait déjà sa lampe merveilleuse sur son i mais il n'avait pas encore ce «double d» adopté depuis peu pour l'agrément de nos vacanciers-résidents anglo-saxons qui ne le lisent pas parce qu'il est en français.

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Aladin ou Aladdin (prononcez comme grenadine) a toujours eu du mérite, on le voit. Ce n° 26, spécial Art brut et art naïf fut d'emblée un collector pour les petites fureteuses de ma trempe alors en pleine crise de croissance.

C'est qu'un support de grande diffusion qui consacrait son dossier du mois à notre dada chéri, ça courait pas les têtes de gondole alors. L'intérieur était tristounet avec des photos du Palais du facteur Cheval en noir et blanc (pardon, en black and white) et des caricatures qui avaient l'air de sortir du Hérisson.

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Bruno Delaine décortiquait déjà les étiquettes, la peinture haïtienne était à l'honneur et Yankel donnait un coup de main pour le Musée de Noyers-sur-Serein, quasi inconnu au bataillon à ce moment-là. On restait sur sa faim mais c'était quand même pas mal.

Mais là n'est pas la question. Ce que je livre aujourd'hui à votre réflexion, dans le prolongement des commentaires pointus qui se sont portés sur ma note De l'art brut à l'art numérique, c'est la constatation à laquelle Delaine se livre dans sa chronique actuelle. Qu'ils soient «associés ou traités séparément», les sujets de l'art brut et de l'art naïf, «n'ont jamais marché» pour Aladdin. Ils ont toujours été synonymes de «bouillon», reconnaît sportivement B.D., fondateur du journal.

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Ce qu'il ajoute révèle un étrange paradoxe: «quand nous programmons dans nos pages un sujet sur l'art spontané des non-initiés, nous sommes convaincus que nous n'aurons aucun mal à communiquer notre enthousiasme à nos lecteurs ébaubis. Mais caramba! (...) Les lecteurs-chineurs nous boudent, alors que les chineurs-lecteurs, dans les marchés et les foires, manifestent leur intérêt, voire leur fascination pour ces produits du génie de Monsieur Tout-le-monde. Allez comprendre». (...)

la pensée du jour.jpgBon entendeur salut à ceux qui croient que le dialogue entre l'art brut et l'art contemporain c'est vite-fait dans la poche !

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28.06.2009 | Lien permanent

De l’art brut à l’art numérique

coquille bateau.jpgDe l'art brut à l'art numérique ou la nouvelle tarte à la crème. Si ça continue, je change de crèmerie. Je me convertis aux poissons d'aquarium, aux faux-ongles américains ou au vélo d'appartement, n'importe quel sujet plutôt que l'art brut.

Quand j'ai commencé, je naviguais tranquille dans mon océan de créativités sans rivales et voilà que maintenant des flopées de coquilles de noix outsiders se pavanent toutes voiles dehors dans mes eaux territoriales comme si c'étaient du vulgaire mainstream.

Pas une expo aujourd'hui qui ne se pare des plumes de l'art brut, pas un curator qui ne se colle avec délice ce dossart sur le maillot. Cela devient rasoir. J'exagère mais à peine.
Prenez par exemple De l'art brut à l'art numérique. Titre alléchant s'il en est. Le problème est que les 3 artistes roannais qui se sont réunis sous ce label sont peut-être très fréquentables mais ils n'ont strictement rien à voir ni de près ni de loin avec l'art brut.

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Princesse Ficelle fait dans la joaillerie, Mathilde Comby dans la photo, quant à Julien Margotton, il m'a tout l'air d'être un bon graphiste doté d'un matos up to date.

Musee-d-Art-Naif.jpgAlors? L'art brut où est-il? Dans les Alpes-Maritimes peut-être? Tournicottons nous vers le Musée International d'Art naïf Anatole Jakovski de Nice qui nous promet un «dialogue entre l'art brut et l'art contemporain» (tartala...).
Tout ça par la confrontation de 3 «apprentis sorciers» :

Michel Macréau,

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Dominique Liccia,

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Jean-Michel Basquiat.

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Tout à fait bonard mais j'ai un p'tit souci : qui c'est-il qu'est vraiment brut dans ce trio gagnant ? Je vous laisse juges.

MUSEE RIGNAULT.jpgHeureusement que dans le Quercy on se décarcasse. A Saint-Cirq Lapopie où Dédé des amourettes venait en villégiature avec ses potes surréalistes, le musée départemental Rignault aligne 9 artistes sous un concept estampillé (allez savoir pourquoi) Homme, terre, ciel.

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Parmi ceux-ci, deux créateurs (Josef Hofer, Alexis Lippstreu) indubitablement dignes du sérail animulien. C'est eux sans doute que la présentation qualifie de «tenants de l'art brut». Mot malheureux mais pas plus que ceux choisis pour désigner les 7 restants : «témoins du marché de l'art» (sic) et outsiders (glop).

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Josef Hofer

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Alexis Lippstreu

On a jusqu'au 4 octobre 2009 pour faire comprendre aux rédacteurs de cette présentation que Hofer et Lippstreu n'ont pas des têtes de «tenants» et que le simple fait pour un créateur de se déclarer partisan de l'art brut signe automatiquement sa non-appartenance à cette catégorie.

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L’église parlante vue de l’intérieur

Zoom arrière sur Victor Paysant et son église de Ménil-Gondouin. Votre petite âme errante était passée par là (comme le furet de la chanson) à la mi-août de 2007. Mais hélas, 3 fois hélas je n’avais pas pu pénétrer à l’intérieur. «Pour une fois que tu voulais faire la grenouille de bénitier…» se marrait en douce le chéri que j’ai avec son sourire d’enfant de chœur des jours où il a décidé de me prendre la tête.
couv itineraires de normandie.jpgEt bien, grâce à Pascale Herman dont le blogue hommager aux habitants-paysagistes (Les Inspirés du bord des routes) joue les Arlésiennes en ce moment, j’ai pu prendre ma revanche et entrer chez l’abbé Paysant par la porte du beau reportage que le n°12 du magazine Itinéraires de Normandie a consacré en décembre 2008 à cette œuvre fraîchement restaurée. L’article est de Yves Buffetaut, le rédac chef. Les photos aussi peut-être? J’ai pas vu de crédit. Je vous en montre 3 seulement, rien que pour vous donner envie de vous procurer le canard qui est trimestriel.
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Et pour finir, rien que pour le fun, une image en bonus de Mâme Péhache probablement prise à la Maison bleue de Da Costa située à Dives-sur-mer. Des fois qu’avec le soleil naissant vous ressentiez l’impérieuse nécessité d’un p’tit week-end en Normandie avec votre amoureux et/ou amoureuse…
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14.03.2009 | Lien permanent

De Dada à demain, l’after Chave

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L’esprit Chave est sur nous. Grâce à Skira qui vient de l’éditer, le beau catalogue de l’expo du même nom (sur-titrée : De Dada à demain) est dans mes valises. Avec son aliment blanc de Robert Malaval en couverture.

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Ceci pour vous dire que je suis été me pavaner à Vence où le brumisateur est de rigueur. Soda bien frais à La Régence, bistrot fréquenté dans les temps par François Ozenda. Si vous émergez de la piscine, que vous ne savez rien sur cet artiste maudit qui a laissé son empreinte attendrissante dans le pays, voici l’image d’une œuvre figurant dans l’expo drivée de main de maître par Mr Mirabdolbaghi, commissaire au goût sûr et au prénom court : Zia.

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François Ozenda - ©Galerie Chave

galerie Alain Paire.jpgIl avait raison Alain Paire de vous recommander, fin juillet, le détour par le Château de Villeneuve. J’aurais aimé le lui dire quand je suis passée par sa Galerie à Aix-en Provence le 7 du mois mais c’était dix jours avant Vence. J’ai pu que le remercier pour son livre sur Pablo Picasso à Vauvenargues (un angle intéressant pour ceux qui veulent renouveler leurs approches du vieux sacripant de la peinture).

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Pablo c’est aussi le nom du brave toro qui a fait sauter comme des crêpes les raseteurs du 15 août à Paluds de Noves.

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façade et frêne.jpgDescendue de mes Alpilles, je tombe deux jours après sur le frêne géant à l’entrée de l’expo vençoise. On me dit aimablement bonjour (hé ouais!), je monte l’escalier. Je suis serrée de près, à peine je déboule dans la première salle, par un couple de totems en papier mâché par Slavko Kopac.

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Je vais donner de la corne dans un mur impeccable de Philippe Dereux et me retrouve en nage dans la salle suivante où je suis subjuguée par le travail conjugué de Jean Dubuffet et de 4 Francis Palanc «écrituristes» à supports différents (bois, toile, isorel, contreplaqué). Palanc.jpgDommage que ce pâtissier coléreux et créateur exigeant ait tant détruit son œuvre. On touche avec elle au mystère du tandem que formèrent, à la fin de années 50 du siècle dernier, Dubuffet et Pierre Chave.
Dans le catalogue, Daniel Abadie passe au surligneur leurs «découvertes communes». Il en met à juste titre une couche sur l’expo de l’été 1959 qui vit la Galerie Les Mages se muer en Galerie Chave.

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Plusieurs des étoiles de cette expo Art brut historique se retrouvent ici en 2009. Aloïse, Ursula et l’étrange Marthe Isely.

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Marthe Isely - ©Galerie Chave

Au fil d’une succession de salles aux murs blancs et noirs, cheminées de bois, tommettes vernissées et plafond peint, on est propulsée par ailleurs de Montagnes de Rose Aubert à des châteaux-sculptures de Juan Ferrer

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d’une Chute de Babylone d’Eugène Gabritschevsky à un Chaissac en tissu. Henri Michaux, Dado, Sima : on me «cite» de partout, y compris du côté culturel. Le coup de grâce me serait donné par 4 ébouriffantes auras de Boris Bojnev si ce n’était une course sans mise à mort.

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Boris Bojnev - ©Galerie Chave

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Boris Bojnev - ©Galerie Chave

Commodités.jpgSaluant les sculptures polychromes d’Albert Geisel qu’on aperçoit qu’à la fin, je sors un peu groggie de cette expo qui fera date où j’ai tout aimé même les petites chiottes bien propres sur elles.

Avant la glace pistache-chocolat réparatrice, il me reste assez de forces pour me traîner jusqu’à la chapelle des Pénitents voisine où me contemple toute une foule d’anciennes affiches qui font dire à mon chéri : «after Chave, tout va me sembler rasoir».

 

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20.08.2009 | Lien permanent

Vu de Budapest : l’art brut hongrois et autrichien

L’art brut cette semaine nous vient de Hongrie avec l’écho lontain d’une grande exposition réunissant une sélection d’œuvres autrichiennes et des œuvres provenant du Musée de la psychiatrie de Budapest.
Comment je sais ça ? Mais parce que je lis pas que les catalogues de mes fidèles modistes (merci au passage à Renata de Bruxelles qui m’a envoyé le bouton que j’avais perdu) !Je mets le nez dans un tas de trucs exotiques et parmi ceux-ci : Le journal francophone de Budapest. En cherchant bien, j’ai même trouvé une version en anglais + développée. Ce qui fait que je peux ramener ma science parce que le hongrois, tout de même, c’est un peu trapu pour ma p’tite tronche.

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Que ceux qui auraient à faire sur le beau Danube bleu sachent que Art Brut Ausztriaban es magyarorszagon (je vous fais grâce des accents), autrement dit Art Brut in Austria and Hungary sera visible jusqu’au 9 novembre 2008 à la Magyar Nemzeti Galéria, Budavari Palota. Pas de panique, ça veut dire The Hungarian National Gallery (Galerie Nationale de Hongrie, Palais Royal).
En fait, si je comprends bien, cette expo «dédiée à l’art brut» est un montage à 3 volets.

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Dieter Fercher

Vous additionnez 110 œuvres contemporaines issues de 30 instituts psy et/ou ateliers d’art-thé (dont Gugging of course) avec 50 dessins en provenance directe du Musée de la psychiatrie récemment fermé, vous enrichissez le minerai obtenu avec un ensemble de dessins fantastiques d’Erno Teleki, apparentés à notre art brut vénéré, et ça fait la rue Michel, enfin… le Budavari Palota.
Comme je suis une mère pour vous, je vous laisserai pas dans l’incertitude. Je vous dirai que le volet autrichien a déjà été montré à Vienne en 2006 à l’occasion de l’anniversaire de Sigmund Freud qui ne fait pas ses 152 ans. On y montre notamment les œuvres de Gabor Ritter, un familier des cimaises là-bas.

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Ritter Gabor

La question du Musée de la psychiatrie de Budapest est plus brumeuse. J’ai mal compris si c’était une institution datant de la période coco ou non. Je me demande si les collections de la Clinique des Maladies Nerveuses et Mentales de l’Université de Pécs qui avaient fait en 1956 l’objet d’un livre d’Irène Jakab (titre en français : Dessins et peintures des aliénés) n’y avaient pas été versées mais c’est pure supposition de ma part.

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M. F.

Ce qui est sûr c’est que Laszlo Beke, le «Directeur de l’Institut de l’Histoire de l’Art de l’Académie» a annoncé, pendant le vernissage, que cette précieuse collec était maintenant confiée à son institution

Quant au comte Erno Teleki (1902-1980), un aristocrate hongrois de Kolozsvar (Cluj), l’histoire troublée de sa région teleki 3.jpgtransylvanienne disputée par la Roumanie et la Hongrie fait qu’il eut le malheur d’être relégué dans le delta du Danube (on lui reprochait d’être un koulak).

Le dessin lui apparut alors comme une stratégie de survie. Cette explosion de créativité, proche d’une fièvre psychotique, a été durable. Les dessins présentés à Budapest couvrent la période allant de 1954 à 1970.

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06.10.2008 | Lien permanent

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