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Peinture d’un schizophrène
Mon daddy était au biberon quand l’œuvre reproduite a été réalisée (mai 1949). Elle provient de Sainte-Anne (encore elle). Comme on y aperçoit un château, des voiliers et des nuages, vous allez voir que les mauvaises langues vont dire qu’on y discerne des influences culturelles et que l’auteur avait sans doute lu Rimbaud, Mallarmé, Musset et les œuvres complètes d’André Lhote.
Ne les écoutez pas car, foi d’Animula, c’est de l’art brut sonnant et trébuchant où je ne m’y connais pas.
11.06.2007 | Lien permanent | Commentaires (19)
Francesc Tosquelles, le psychiatre aux pieds nus
Vous allez dire que j’arrive après la bataille, que cette photo de Romain Vigouroux représentant une sorte de professeur Nimbus hissant à bout de bras une nef des fous, a déjà des heures de vol sur le net.
Comment voulez-vous, cependant que je vous l’épargne ? Non seulement elle sert à signaler l’expo Trait d’Union qui se tient au Château de Saint-Alban en Lozère jusqu’au 1er septembre 2007 mais «c’est certes la plus belle photo jamais prise en psychiatrie», affirme tout de go Madeleine Lommel qui me l’a fait parvenir. Même si on trouve qu’elle n’y va pas de main morte, on ne peut pas lui donner tort.
Il y a dans cette ostension d’une icône de l’art brut (un bateau d’Auguste Forestier) par un psychiatre aux pieds nus (le Dr François Tosquelles) quelque chose d’amusant et d’instructif à la fois. C’est une allégorie du thérapeute reconnaissant, dans une emphase à la Groucho Marx, qu’il tient son savoir de la folie et que celle-ci mérite mieux que les culs de basse fosse.
Il y aurait tant à dire sur ce Tosquelles qui a l’air d’un bonhomme effroyablement sympathique ! Non seulement comme toubib : c’est un pionnier de la psychothérapie institutionnelle. Mais aussi comme citoyen : psychiatre catalan condamné à mort par les franquistes pendant la Guerre civile espagnole, Tosquelles se réfugie à l’hosto psy de Saint Alban où il doit recommencer à la base.
Comptez pas sur moi pour vous donner des cours du soir. Allez donc plutôt ici ou là.
Deux choses quand même pour vous camper le personnage. Un de ses propos :
«La qualité essentielle de l’Homme c’est d’être fou (…). Tout le problème c’est de savoir comment il soigne sa folie».
Et puis, pour compléter l’ordonnance, cette malicieuse observation de Gaston Ferdière dans Les Mauvaises fréquentations : «Tosquelles parle le tosquellan – une langue privée faite de castillan, de catalan et de français».
06.06.2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
La caverne d'Auvers
En passant par Valmondois où je suis été comme il se doit voir ou revoir les photos de Clovis Prévost, j’ai fait un crochet chez le Docteur Gachet dans cet Auvers-sur-Oise tout en longueur où se trouve la chambre de Van Gogh.
La dernière fois que j’y passa dans ma jeunesse folle, l’auberge était encore un bistroquet de campagne sur lequel Robert Giraud, peut-être, n’aurait pas craché. Contre un canon ou un Vichy-fraise pris sur le zinc, la patronne vous laissait monter dans la fameuse mansarde qui n’avait pas changé depuis la mort du peintre.
Aujourd’hui, tout a été boboïsé à mort, du moins de l’extérieur qui a l’air d’un décor de comédie musicale américaine. J’ai pas eu le courage d’entrer de peur d’esquinter mes souvenirs de gamine.
De toutes façons, des piaules de Van Gogh y’en a partout. Le mois dernier, de passage à St-Rémy-de-Provence, j’ai vu celle (reconstituée) de la maison de santé St-Paul, l’ancien asile où Vincent crècha de mai 1889 à mai 1890, après l’histoire de l’oreille.
Un atelier d’art-thérapie (Association Valetudo) fonctionne ici. On vend ses productions aux visiteurs de passage. J’ai rien vu de bouleversant. Tout est trop propret. Une certaine qualité picturale mais on a l’impression que c’est trié et que les choses plus hardos ont été épargnées aux touristes.
Je vous ai quand même ramené un Polichinelle en carte postale pour vous donner une idée.
Pour en revenir à Auvers, sachez que pour me consoler, je me suis rendue à la Caverne aux Livres qui est maintenant l’endroit vivant du coin. En fait de caverne, c’est de wagons dont il faut parler car cette méga-bouquinerie est installée, près de la gare, dans des voitures postales à la retraite.
Les livres sont posés dans les casiers qui servaient au tri du courrier. C’est un endroit qui aurait ravi Blaise Cendrars, sûr qu’il aurait éclusé un p’tit gorgeon à sa santé. Votre petite âme errante s’est sentie là-dedans comme une souris dans un fromage. Un aimable bordel règne.
Pour celles et ceux qui craindraient de se mettre les mains dans le cambouis documentaire, tout est quand même classé par thèmes.
Dans le rayon art, j’ai eu beau fouiner, j’ai pas trouvé d’art brut excepté, dans un vieux numéro de L’Œil (sept.-oct. 1971) le chouette article de François Loyer, truffé de photos de Bernard Lassus, sur le site disparu de Charles Pecqueur (voir album).
23.05.2007 | Lien permanent
Clovis Prévost à Valmondois
Je vous aurais bien fait un cours mais mon chéri klaxonne devant la porte. Le mois de mai revenu, le voilà pris d’une frénésie de villégiatures. Nous repartons sur les routes à la recherche de nouvelles aventures.
Alors vite, avant de partir, faut pas que j’oublie de vous signaler la nouvelle expo Clovis Prévost à la Villa Daumier à Valmondois (95760).
C’est derrière la Salle des Fêtes, au n°48 du Chemin rural. Avec une adresse pareille ne me dites pas que c’est pas tentant. Le vernissage c’est le samedi 19 mai 2007 à 17 heures. Cela vous laisse du temps pour vous organiser.
12.05.2007 | Lien permanent
Pulperie fiction
Envie de changer d’horizon ? Offrez-vous un petit Chicoutimi vite fait sur le gaz. Non, ce n’est pas une nouvelle variété de câlin. C’est un joli nom amérindien pour une «ville vivante et sympathique» (dixit mon vieux guide bleu) de la région du Saguenay/Lac Saint-Jean qui se trouve dans le Québec, belle province du Canada où l’on trouve des «pulperies» un mot qui chatouille gentiment les oreilles de votre petite âme errante. Pas les vôtres ? Si bien sûr.
Alors sachez que la Pulperie de Chicoutimi, une splendide usine de pâte à papier du début du XXe siècle qui abrite la maison d’Arthur Villeneuve, le Douanier Rousseau de là-bas (pour aller vite),
servira bientôt d’étape à la caravane Richard Greaves/Anarchitecte.
Je blague mais c’est vrai que Sarah Lombardi et Valérie Rousseau, les commissaires de cette expo-itinérante devraient bien prévoir une navette pour le transfert des photos de Mario del Curto, du film de Bruno Decharme, de celui de Philippe Lespinasse, sans oublier l’environnement sonore conçu par Stéphane Mercier à partir de sons captés sur le site de Richard Greaves, ce bâtisseur de l’impossible.
Après Montréal, New York, Lausanne et aujourd’hui Chicoutimi, on nous promet un détour par Bruxelles à la fin de l’année. Donc une navette s’impose. Je verrai bien une grosse limousine amphibie pour toutes ces traversées de l’Atlantique, relookée façon beluga pour impressionner les requins terrestres et sous-marins.
De temps à autres elle stationnerait au fond de la mer et Richard Greaves, en grand scaphandre de cuivre astiqué par ses amis, en sortirait pour aller y construire une de ses bâtisses improbables avec pour matériaux les trésors et les épaves abandonnés par tous le conquistadors, tous les pirates, tous les naufragés de l’histoire avec un grand H.
Je rêve, je rêve et j’oublie de vous dire l’essentiel. C’est qu’à Chicoutimi, justement, Richard Greaves se déplacera pour investir l’espace du jardin de la Pulperie avec une installation réalisée in situ dans l’esprit des assemblages qui parsèment son propre domaine.
L’exposition grâce à lui ne saurait jamais être la même et il faudrait en suivre toutes les étapes. Celle de la Pulperie de Chicoutimi se tiendra du 19 mai au 14 octobre 2007.
Merci à Line Gagnon, présidente de la Corporation du Site de la Pulperie et à Jacques Fortin, directeur général de m’avoir envoyé l’invitation au vernissage. C’est vendredi 18 mai 2007. Rendez-vous (j’aimerais bien !) à 17 heures dans le hall de la Pulperie, 300 rue Dubuc.
Un gros Chicoutimimi à tous et toutes en attendant.
17.05.2007 | Lien permanent
La danse macabre des 7 péchés capitaux
Ce soir que faire d’autre que de feuilleter
La danse macabre des 7 péchés capitaux
de Raymond Reynaud ?
Voici donc quelques images de cet album publié il y a bientôt 10 ans par Pakito Bolino et Caroline Sury.
Il est introuvable aujourd’hui et Raymond lui-même a disparu, nous laissant son sourire au cœur.
13.07.2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
Art brut chez Tajan
Il se peut que la rue des Mathurins vous évoque seulement Popeye the Sailor Man, que vous n’affrontiez le méga-trafic de cette rue du 8e arrondissement de Paname que les jours où vous allez faire vos dévotions au square Louis XVI voisin. Dans ce cas vous êtes passés sans le voir, sans même lui dire bonsoir, devant l’Espace Tajan qui se trouve au 37. L’Espace Tajan c’est comme la Colonne Trajane, un vrai monument. De l’extérieur, ça a un peu l’air d’un garage mais à l’intérieur c’est un vrai palais, grand comme une piscine olympique. Il ne manque plus que le bassin à la place où le public s’assoit les jours de vente publique. C’est là qu’aura lieu le mardi 5 novembre à 15 h une séance où l’on dispersera de l’art naïf et de l’art brut.
Bien entendu, comme les enchères impliquent des petits classements à la 6-4-2, votre petite âme errante ne chipotera pas trop le «spécialiste» (on ne dit plus «l’expert», c’est trop ringard !) d’avoir collé un Germain van der Steen assez sauvageon (Diable aux pieds de canard) ou des Nikifor plutôt mollassons dans les naïvetés.
Elle ne protestera pas non plus (la pauvre, elle n’en a plus la force) parce qu’on fait voisiner encore une fois avec les bruts le peintre Michel Macréau qui, en dépit des apparences, ne peut se voir appliquer ce label. Les œuvres de lui qui sont réunies là ne sont d’ailleurs pas des plus marquantes.
Boix-Vives est mieux représenté avec une famille de Bossus lunaires d’une coquetterie papoue.
N’oublions pas un Lesage de 28, des dessins de Paula Sluiter qui ont l’air d’angoisse dense et un papillon plutôt sexuel de Margarethe Held.
Cela fait assez de raisons pour aller à l’expo qui a lieu le jeudi 2, le vendredi 3 et le lundi 6 novembre 2006 de 10 à 18h. Procurez vous auparavant le catalogue dont la couverture s’ouvre sur une fenêtre bien choisie de René Rimbert (au fait, est-ce bien un naïf?).
Vous rigolerez un bon coup en voyant estimé 700 à 900 € une partition de musique de Joseph Crépin toute pareille à n’importe quelle partition de musicien de fanfare ordinaire et donc sans aucune valeur «brute» que ce soit.
26.10.2006 | Lien permanent
No copyright/No copirate
19.09.2006 | Lien permanent | Commentaires (12)
Australian outsiders
Vernissage hier à la Halle Saint-Pierre. Vernissage rapide parce qu’après : rencart dans le 14e avec Violette et Sibylle pour aller bouffer des écrevisses, du foie de veau au pain d’épices et le délicieux blanc manger de L’Amuse bouche, un très sympa resto de la rue du Château, si vous voulez tout savoir.
Vernissage donc, en vitesse, dans la rotonde du haut, pleine de jeunes géants blonds et de broussards barbus aux chapeaux décorés de plumes sauvageonnes. Des Australiens, vous avez reconnu. Un peu partout, on parlait un anglais sonore, rieur et en bonne santé. Est-ce pour ça que l’expo s’appelle «Australian outsiders» ? L’expo et le catalogue bleu des mers du sud qui pourtant ne contient pas un mot d’anglais. Dans ces conditions pourquoi ne pas avoir traduit «Australian outsiders» par «Outsiders australiens» ? Sans doute parce que «aliens» sonnerait mal à des oreilles anglo-saxonnes, j’imagine? Quant à ce qu’il y a voir, c’est plutôt les amateurs de «singuliers» qui vont encore se régaler. J’avoue ne pas avoir été trop chatouillée par des tendances lourdes qui s’observent dans ces productions : esthétique de la récupération, influence des mangas, psychédélisme des couleurs, réseautages médiumniques un rien crispés. Mais c’est varié et parmi la vingtaine d’univers très différents que l’accrochage s’efforce de faire coexister sans gommer les tensions, il y a des choses interloquantes comme ces temples-maisons-miniatures de Javier Lara-Gomez. J’ai pas détesté aussi certains tableaux de Travis Mitchell, surtout quand ils deviennent épais, que la pâte s’y accumule un peu sérieusement. Kif-kif pour les superpositions de dessins découpés, tendant à la charpie, des compositions de Gunter Deix. J’avoue ne pas avoir été vraiment convaincue par les encres et gouaches de Liz Parkinson bien que 3 d’entre elles ont été achetées par la Collection de l’Art brut à Lausanne sur instigation de tonton Dubuffet. Pour moi, la vraie surprise est venue des yeux à répétition, des bouches noires et des lunettes opacifiantes des terribles portraits de Stavroula Feleggakis (vous savez bien qu’il y a des Grecs partout).
21.09.2006 | Lien permanent
Vincent et moi au Québec
Prenez l’autoroute direction Est, l’autoroute Félix Leclerc, sortie Bourg-Royal, à gauche à l’intersection de la rue d’Estimauville, puis à droite à celui du Chemin de la Canardière, le stationnement est gratuit. Est-ce que ça fait pas rêver ? Evidemment c’est un peu loin si vous habitez Pantin, Belleville ou la Belle de mai. C’est à Beauport pas loin de la ville de Québec, chez nos cousins. Entrez au 2601 de la dite Canardière, dans l’hosto psy le plus ancien du pays et cherchez la salle Marie-Renouard. Si vous avez peur de vous perdre vous pouvez consulter le site avant de partir. Salle Marie-Renouard, du 22 septembre au 1er octobre 2006, vous pourrez visiter une exposition d’œuvres «singulières, intenses et diversifiées, tant dans leur style que dans leur propos» selon le topo du souriant et psychologue François Bertrand (à lunettes) qui figure sur le joli dépliant que j’ai reçu par la poste. Le dépliant qui s’épluche comme une orange et l’invitation à fenêtre ouverte qui l’accompagne nous précisent que cette expo «met en valeur 50 œuvres d’art réalisées par 28 artistes du programme Vincent et moi» et que notre «présence serait très appréciée». Ce programme, fondée en mai 2001, se définit comme un «accompagnement» destiné à faire «connaître et reconnaître la contribution artistique» de personnes qui reçoivent des soins psychiatriques au Centre hospitalier Robert-Giffard.
Evidemment, au vu des œuvres représentées, on ne peut pas dire que ce soit de l’art brut, ça relèverait plutôt de ce qu’on appelle ici l’art-thérapie mais il peut y avoir des exceptions. Vigilance donc, restons curieux. Et puis ces Québécois ont une façon non dénuée de tact de s’exprimer sur ce qu’ils font. La présidente d’honneur, Nelly Arcan a le bon goût de se présenter comme auteur et non «auteure» ainsi qu’on le lit souvent de l’autre côté de la mare, ce qui me porte sur le système. Vernissage le jeudi 21 septembre 2006 à 17 heures, 23 heures pour vous, animuliens français.
14.09.2006 | Lien permanent | Commentaires (18)