Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : plancher de jeannot

Le Matriarche di Sabo e Moro

J’arrive sans doute comme les carabiniers d’Offenbach pour Le Matriarche de Gibellina. La Sicile ce n’est pas à côté, même pour une exposition sur le principe féminin.

Nuova-immagine18.jpg

Un peintre et un sculpteur, Sabo et Moro, voisinent au Museo Civico d’Arte Contemporanea, en ce mois de septembre 2011. Pour combien de temps encore ? Pas beaucoup, j’en ai peur. L’un et l’autre, à des degrés divers, campent à la frontière de l’art brut.

Salvatore Bonura (1916-1975), dit Sabo, était fait pour la peinture sans le savoir. Peu apte à la vie pratique et à une activité laborieuse continue, c’est à l’équinoxe des 50 ans qu’il découvrit son art en autodidacte.Encouragé par un artiste puis par un mécène à partir de 1968, il a produit des centaines de toiles.

Salvatore Bonura

Salvatore Bentivegna (1923-2002), dit BSD Moro, vécut un naufrage. Pêcheur analphabète, presque sans abri ou habitant dans une cabane sans fenêtre, il  se tenait à l’écart de sa famille bien que père de 10 fils.

Salvatore Bentivegna

Les portraits du photographe Fausto Giaccone en disent long sur lui.

Salvatore Bentivegna

Ces deux Salvatore ont ici la même marraine : Eva di Stefano, commissaire de l’exposition.

Lire la suite

18.09.2011 | Lien permanent

LaM : un an après

Les années se suivent et elles ne se ressemblent pas. L’année dernière c’était une avalanche de papiers dans la PQR nordiste pour cause d’inauguration du LaM. On n’en finissait plus de s’extasier sur la finalisation du bâtiment «en résille de béton fibré» arrimant la main de l’Art brut au grand corps malade de l’Art contemporain perché sur les épaules de son grand frère moderne. Cette année, autre chanson. L’événement date un peu et les gazettes locales sont retournées aux choses sérieuses : le V’lille, la braderie et les animaux de compagnie.

Ne se trouvera-t-il donc personne pour célébrer ce premier araciniversaire?

Anniversaire-6,579985-M.gif

Heureusement Animula Vagula est là et son ch’tiot service de documentation aussi.

Parmi toutes les supercalifragiliscexpialidélicieuses déclarations qui furent faite à l’époque du côté de Villeneuve d’Ascq, j’ai retrouvé celle de Nord Eclair, publiée le 26 septembre 2010, à propos de l’architecte de l’extension qui s’est ajoutée à l’édifice d’origine pour en faire un musée à 3 volets équivalents : «Manuelle Gautrand a réussi à s’imposer, là où il le faut, et contre les avis du cahier des charges et de l’architecte des bâtiments de France qui réclamaient un édifice distinct de l’œuvre initiale». Et le canard de citer une «justification» de l’architecte : «J’ai pris en compte une demande plus impérieuse, celle de la conservatrice en chef de l’époque (Joëlle Pijaudier-Cabot, ndrl) qui souhaitait une fluidité du parcours».

Voilà qui n’est pas banal! «Plus impérieuse» est grand, «plus impérieuse» est noble, «plus impérieuse» est définitif. «Plus impérieuse» est cexpiadélilicieux. Moi qui croyait qu’un cahier des charges c’était sacré, j’en suis restée «sardine» comme dirait Gaston Chaissac.

sardine.jpg

Lire la suite

25.09.2011 | Lien permanent

Le sculpteur Etienne-Martin affronte La Cohue

lacohue-225x300.jpgMême si vous êtes des happy-few, La Cohue est faite pour vous. La Cohue c’est un musée, situé dans cette charmante Vannes bretonne qui mérite une révérence spéciale parce que jusqu’au 2 octobre 2011 elle abritera l’œuvre d’un artiste digne d’intéresser les afficions de l’art brut sans du tout appartenir à celui-ci.

Etienne-Martin  Le manteau.jpg

 

Il s’agit d’Etienne-Martin dont l’œuvre reste incompréhensiblement sous-estimée.

Je le connaissais pour ces Demeures, étonnantes sculptures habitables qu’on n’a pas souvent l’occasion de rencontrer.


Mais le beau catalogue de l’expo que j’ai sous les yeux nous révèle bien d’autres choses.

catalogue etienne-martin.jpg

Notamment cet époustouflant manteau qui ne pourra que vous donner du bonheur, si comme je le crois, vous avez le cœur animulien.

etienne-martin manteau 4 postures.jpg

Personnellement, je n’ai rien contre l’art contemporain quand il s’élève ainsi aux sommets de l’art brut. D’accord, ce n’est pas souvent mais raison de plus pour le claironner quand ça arrive. Dans une époque où l’art brut est trop volontiers mis à nu par ses célébrateurs même, qui s’emploient à le fourrer, avec le tout venant de l’art contemporain, dans le même sac institutionnel, il est hautement nécessaire de mettre en relief les véritables convergences que nous révèle l’œuvre puissante et émouvante d’Etienne-Martin.

etienne martin loriol.jpg

 

Lire la suite

Des Rives sous roches

pastis_3_couleurs.jpgLe vent se lève. Il fait moins chaud. Mon petit cerveau n’est plus ramollo et mon écran est moins brûlant. Encore deux, trois mauresques, un mojito et ce sera le boulot. La rentrée s’annonce grave avec un 2 septembre à la clé. C’est ce jour-là que débute l’expo Des Rives à L’Auberge de Baulmes, charmant abri sous roche au pied du Jura.

Affiche_des_rives.jpg

logo-imgseule.gifDes Rives, à qui voulez-vous que ça parle, sinon à Animula Vagula qui a toujours fait de ce jeu de mots son cheval de bataille?

Récemment c’est sur les bords de l’Escaut qu’une expo belge à géométrie variable empruntait à mon blogue son sous-titre!

Ici, dans cette exposition suisse organisée par Mordache of Lausanne, une asso qui promeut le travail du photographe «autodidacte» (selon le copieux pedigree joint à la présentation du show) Mario Del Curto, ce n’est pas pareil. Céline Muzelle, en bonne lectrice, reprend ma balle au bond et marque un panier en filant avec brio la métaphore : «Les remous n’ont pas manqué dans la vie des artistes que Mario Del Curto a choisi de photographier . Des événements tragiques, un parcours chaotique ou un rêve inaccompli sont souvent la source de leur création. Celle-ci épouse les méandres de leur existence tout en constituant pour eux un refuge, une rive où se retirer lorsque les vents soufflent trop fort».

Merci madame, c’est joliment dit et je ne peux qu’applaudir à cette extension du domaine de mon sous-titre calembourgeois!

invit.jpg

Attention, l’expo Des Rives ne crèchera à Baulmes que jusqu’au 2 octobre 2011. Elle se déploiera ensuite en janvier 2012 dans un autre lieu décentré de Suisse romande : au Vide-Poches de Marsens dans la Gruyère, au cœur d’un genre d’hosto psy. Entre temps, elle visitera en novembre 2011, la Villa Piaggio de Gênes. A chaque étape la présentation sera différente. Les accros pourront donc se farcir les 3. Personnellement, je passerai vite sur les photos de La Demeure du (soit-disant) Chaos car je me contre-tamponne de cette «folie» (au sens aristocratico-architectural du terme).

Mais MDC peut bien perdre un peu de temps puisqu’il nous gratifie par ailleurs de très chouettes zimages de nos lascars favoris. A côté de Melina Riccio et Bonaria Manca déjà célébrées par votre Petite âme errante, je note dans le programme : Gu Ya, modeste jeune femme du Sud-Ouest de la Chine, auteur d’un rouleau dessiné sur 1000 mètres

Gu Ya

Guy Brunet qui fait une fixette sur le cinéma

Guy Brunet

Yuchi Yamamoto, pêcheur japonais, créateur d’un sacré environnement orné de milliers de coquillages

shell village.jpg

Veijo Rönkkönen, du Nord-Est d’Helsinki, et ses 500 personnages sculptés grandeur nature. Ceux qui voudraient que je leur fasse un cours n’ont qu’à consulter le dossier de presse qui est trop bien fait. On en voudrait toujours des comme ça!

En pinaillant comme une bête, je n’ai pu y trouver qu’une coquille, enrichissante à souhait : «Les lieux qui accueillent l’exposition sont des endroits conviviaux, propices à de rires (sic) échanges avec un public qui n’est pas nécessairement habitué à de telles manifestations».

ogni pensiero.jpg

Quand le rare devient rire (et vice versa)

c’est le refoulé animulien qui fait retour

dans le discours savant!

Poil aux dents.

Lire la suite

26.08.2011 | Lien permanent

L’art brut se met au vert

Semaine granny en perspective. Elle commencera bien, dans une tonalité vert pomme. Car tout d’abord, qu’est-ce-que j’apprends? Le 23e Cahier de l’Art brut pointe son museau. A force j’y croyais plus. Le dernier en date remontait à perpète (2007). «Cahier» bien sûr est un abus de langage. C’est «Publications de la Collection de l’Art brut» qu’il faut dire, bien que maintenant -innovation- ce numéro vert soit publié par InFolio, éditeur suisse spécialisé dans l’archéo, l’archi, l’hist-art ou la photo.

l’art-brut-23.jpg

On avait eu toute la palette de la tranche napolitaine avec ces cahiers depuis leur début, du temps où mon daddy était minot (1964). On a eu le bon goût de ne pas changer la maquette de la couverture avec le titre en écriture à la Dubuffet. La seule excentricité est dans la couleur qui change à chaque fois. Et cette fois-ci, elle est d’un vert «granny Smith» appétissant.

fresh-granny-smith-apple.jpg

Le contenu est mondialiste et transchronique. Les œuvres abordées sont celles de créateurs européens, américains et asiatiques découverts il y a longtemps (Guillaume Pujolle, Laure Pigeon) ou plus récemment (Alexandre Lobanov, George Widener, Guo Fengyi), etc. Allons-y voir. Pour 48 Francs suisses, on va se régaler!

blackstock portrait.jpg

Il y a aussi, ça va de soi, Gregory Blackstock qui n’en finit pas d’inventorier les fouets

Gregory Blackstock

les oiseaux

Gregory Blackstock

les cafards du monde

Gregory Blackstock

Je vous avais parlé de ce gaillard là, il y a des lustres (voir mon post du 3 novembre 2006, Art brut ami, partout, toujours)

lulu et greg.jpgLa Maison mère de Lausanne lui consacre une expo.

La «première en Europe».

Gregory Blackstock

Ce n’est pas parce qu’elle dure juqu’au 19 février 2012 qu’il ne faut pas prendre votre billet pour y aller. Les grands ouikènes approchent et les pauvres morts de la guerre de 14-18 ne vous en voudront pas si vous préférez la visite du Château Beaulieu à la dépose de chrysanthèmes sur la tombe de poilus inconnus.

rose verte.jpgToujours côté vert mais avec des reflets roses cette fois, vous trouverez bien, dans votre garde robe un petit haut et un petit bas pour faire bonne figure au vernissage de la rue Haute (312-314) pour la nouvelle expo d’art & marges (économisons les parenthèses) à Bruxelles le jeudi 20 octobre 2011.

C’est qu’il ne faut pas plaisanter avec ça, les filles! ARTHUR BISPO DO ROSARIO c’est du lourd question ART BRUT.

Arthur Bispo do Rosario

Même si le leporello d’invitation en trois langues se croit obligé de nous prendre pour des pommes en nous assénant que ABDR «est une figure incontournable de l’art contemporain brésilien» («is een sleutelfiguur voor de hedendaagse Braziliaanse kunst»).

Arthur Bispo do Rosario

Saluons à ce propos l’effort soutenu de Carine Fol, co-commissaire de cette expo qui promet et promettra juqu’au 15 janvier 2012. En quelques années, elle aura réussi à se débarrasser de ce vilain petit concept d’art brut qui faisait tache dans les soirées mondaines bruxelloises ;-) . On n’est pas obligés de suivre son exemple mais réjouissons nous en, mes sœurs et mes frères : l’art brut n’est jamais plus lui-même que quand on ignore son nom.

arthur bispo do rosario

Lire la suite

15.10.2011 | Lien permanent

L’univers peu connu d’Adolf Wölfli

mauvaise langue.JPGComme mauvaise langue, votre petite âme errante se pose là! A peine venait-elle d’écrire que l’anniversaire du LaM était passé à l’as que paraissait dans La Voix du Nord un commémoratif entretien avec Sophie Lévy, la directrice-conservatrice de ce «musée familial».

chicken.jpgTous ceux qui voudront rabattre le caquet d’Ani sont invités à s’y reporter car il mérite de faire date. On y apprend notamment que «Wölfi» (sic) est «un artiste d’art brut peu connu». Faisons grâce de l’erreur de transcription du nom à madame Lévy. La rédaction de La Voix du Nord n’a pas eu suffisamment l’occasion de se familiariser avec le patronyme par trop suisse de cette icône de l’art brut : Adolf Wölfli. Rien qu’une exposition d’envergure sur son «univers» qui s’est tenu à Villeneuve d’Ascq pendant seulement 3 mois (avril à juillet 2011).

Faisons grâce mais arrêtons nous sur cet abracadabrantesque «peu connu». Etonnant de la part de quelqu’un qui avait pourtant salué «l’œuvre sinueuse et magique du grand Wölfli» dans la préface qu’elle avait donnée au catalogue de la susdite expo! On peut certes être «grand» sans être «connu» mais dans le cas d’espèce, on est fondé à trouver que les deux termes sont fâcheusement contradictoires. Si l’œuvre de Wölfli reste confidentielle, alors Ferdinand Cheval est un petit nouveau et Aloïse une jeune starlette. Walter Morgenthaler qui a révélé Wölfli au monde en 1921 doit se retourner dans sa tombe et les commissaires de l’expo Adolf Wölfli Univers n’ont plus qu’à se faire hara-kiri.

Adolf Wölfli

On a envie de conjurer Sophie Lévy de relire d’urgence sa préface et de lui demander respectueusement ce qui d’avril à octobre a pu produire dans ses propos un tel retour du naturel. Sans anticiper sur la réponse qu’elle pourrait apporter à cette question, j’ai envie de l’encourager à faire plus confiance à l’art brut. Et pour cela d’en accepter vraiment la spécificité. Non, madame Lévy, l’art brut n’est pas une simple variété à la bonne-franquette de l’art contemporain. L’art brut croise parfois (nuance!) le chemin de certaines réalisations des arts contemporains. Ceci sur un mode décalé qu’il nous appartient de mettre en évidence par un travail qui ne se réduit pas à une simple juxtaposition.

De ce point de vue, je crois rêver quand je vous entends suggérer que, dans votre musée polyvalent, «les salles d’art brut» participent simplement à la création d’une «nouvelle ambiance» susceptible de faire avaler la pilule amère du snobisme qui s’attache (vous le reconnaissez) à votre «art contemporain». Depuis sa conception, le LaM, contre toute logique, s’efforce de créer la confusion entre cette eau pure et ce gaz soporifique. La tâche est difficile, votre communication le prouve.

art brut,adolf wölfli,sophie lévy,lam

Pour finir sur une note gaie, je conseille à mes lecteurs de se distraire avec les statistiques de fréquentation du LaM complaisamment étalées dans La Voix du Nord le 25 septembre 2011 : «65 % d’individuels, 35 % de groupes et 30 % de jeune public». 65 + 35 + 30, ça fait 130 % sur ma calculette!

antique-calculators (7)[2].jpg

Lire la suite

Un geste pour Gabriel Albert

C’est le genre de bouquin qu’on feuillette de retour de la plage, à la Maison de la presse, où on s’est isolée pour échapper à sa marmaille qui s’envoie des doubles cornets fraise-pistache au glacier du coin.

recto JdeG.jpg

C’est aussi un bel album photos qui dans quelques années d’ici, quand le jardin de Gabriel Albert sera retourné au néant, témoignera de cette œuvre majeure d’un des plus talentueux «habitants-paysagistes» de notre pays, trop pauvre pour préserver de telles merveilles mais assez riche encore pour financer des publications qui en donnent l’illusion. 

jardin de G verso.jpg

Tout est fait pour qu’il atterrisse sur la table de nos charmants gîtes ruraux du sud-ouest. Pas trop grand, pas trop lourd, couverture qui en jette sans plus. Même le prix est light : 18 €. A feuilleter comme une revue. Mais avec du texte informé et compétent, qui ne prend pas la tête, tant il privilégie les phrases courtes.

sommaire JdeG.jpg

Ajoutés à cela, des plans, des cartes, des vues aériennes pour ceux qui aiment. Quelques repros de documents anciens. Tout pour plaire par conséquent! Aussi je ne saurais trop vous harceler pour que vous vous le procuriez avant qu’il s’épuise comme les petits pains de ma boulangère.

plan_jardin_gabriel.jpg

D’où vient cependant que votre petite âme errante soit un chouïa sur la réserve avec ce livre? Certes, ça l’agace que ces 104 pages soient baignées dans une flaque indélébile de lumière saintongeaise. Que les ciels limpides dominent. On dirait qu’il ne pleut jamais à Nantillé. Qu’il ne fait jamais moche Chez Audebert. Que c’est l’éternel été dans ce produit trop visiblement destiné à un public d’estivants.

dossier de presseJdeG.jpg

Mais là n’est pas le problème. Ce qui lui pose question à la PAE, c’est ce dénombrement descriptif hyper-minutieux qui forme la majeure partie du volume. Non seulement le jardin du Gaby y a été passé au peigne fin mais il y est découpé en tranches d’andouille vendéenne. Le Jardin de Gabriel de Geste éditions y passe en revue les diverses statues en les incorporant dans des catégories d’un prosaïsme tellement élémentaire qu’il ruine le mystérieux effet d’ensemble  pourtant souligné par le sous-titre : L’univers poétique d’un créateur saintongeais. L’introduction a beau insister davantage sur la ronde des relations, entretenues par les statues au sein des groupes qu’elles forment, c’est cet «inventaire» qui constitue le cœur du livre pour ses concepteurs. Toute la maquette est faite pour en faciliter l’accessibilité. Cela ne manquera pas d’inviter les visiteurs du jardin de Gabriel à se livrer à l’inepte petit jeu de reconnaissance par lequel la culture touristique désamorce n’importe quelle œuvre d’art. «C’est qui, tante Ani, ce monsieur à la pipe?» - «C’est Georges Brassens, mon enfant!».

Georges Brassens.jpg

Bien sûr, je suis pas idiote, je comprends bien qu’on a voulu faire d’une pierre deux coups. Que cette opération de rationalisation, qui traite les processus de création sur le modèle industriel de simples transformations de matières premières, n’a été mené que dans le souci de favoriser la protection des pouvoirs publics. Mais du train où vont les choses, c’est précisément où le bât blesse.

intérieur livre.jpg

Il n’est qu’à lire la dernière phrase de la première partie de ce livre: «Saurons-nous le préserver et le valoriser?» ou celles qui terminent l’avant-propos de la Présidente de la Région Poitou-Charentes qui figure sur le rabat de la couverture : «Ce beau livre donne à voir la profusion créatrice de Gabriel Albert (…). J’espère de tout cœur qu’il incitera les autorités compétentes à lui accorder la protection juridique qu’elle mérite (…)» pour comprendre qu’on se contente de vœux pieux.

Et ce n’est pas le récent arrêté de protection au titre du patrimoine qui changera quelque chose à ce sentiment. Car le temps que les choses bougent, les carottes seront cuites pour Gabriel Albert.

DSC01827.jpg

Mais je ne demande qu’à me tromper.

Lire la suite

Ataa Oko à tombeaux ouverts

exposition-fabuleux-cercueils-angleterre-ghana-280x374.jpg

C’est le tombeau ouvert de l’affiche pour l’expo Fabuleux cercueils du Ghana et d’Angleterre qui m’a séduite. La mort en Rolls Royce sortie des mains d’un menuisier africain, ça vous a un look d’enfer, même s’il faut aller à Besançon (Doubs).

cercueil 2.jpgcercueils.jpg

Parking_Chamars_Besançon.JPG

Hélas, cette bonne ville franc-comtoise la joue plutôt dur pour l’automobiliste de passage. Le voyageur sur 4 roues est impitoyablement craché vers l’extérieur. Quand au parking en plein air, point de départ vers la Citadelle où l’expo se tient, il faut de la patience pour y trouver place. Le bus-navette pour le sommet est gratuit mais le billet pour la visite est global de chez global!

Comme elle n’avait pas envie de se farcir les fortifs de Vauban en bonus, l’Auvergnate que je suis a refusé de casquer les 10 euros et 25 cents réclamés par la fonctionnaire du tourisme local. Je me suis contentée de la vidéo et des images du dossier de presse mais vous n’êtes pas obligés de faire pareil : l’expo dure jusqu’au 4 septembre 2010. Avis aux cyclotouristes!
collection art brut.jpgDe rage, j’ai mis le cap sur Lausanne pour voir l’expo Ataa Oko (nettement plus facile de parquer et seulement 7,50 euros l’entrée).
Non sans me perdre auparavant dans des dédales de petites routes plus ou moins montagneuses où l’on croise parfois (près de Lons-le-Saunier) de timides tentatives artistico-rurales des bûcheurs de la région

trio de bois.jpg
tête de bois.jpg

ou des musées du jouet (à Moirans-en-Montagne) avec des transistors Philips bricolés par de petits Africains qui rêvent de technologies nouvelles.

radio philipps.jpg

Même si ses réalisations sont beaucoup plus impressionnantes, le Ghanéen Oko Addo (il signe ainsi) est le grand frère de ces autodidactes en herbe. Le grand frère ou l’arrière grand-père car, si ça ne fait que 7 ans qu’il est tombé dans le dessin, il a tout de même 90 ans d’âge.

Ataa_Oko_2009.jpg

Créateur de cercueils figuratifs personnalisés depuis 1945 (année d’invention de l’art brut), ses volailles pour l’au-delà sont de merveilleux jouets pour les défunts et leurs familles.

poule oko.jpg

J’aurais pu vous en parler plus tôt mais puisque l’expo de ses œuvres à la Collection de l’Art brut est prolongée jusqu’au 30 janvier 2011, un p’tit rappel peut pas faire de mal.

Coq Ataa_Oko_and_Kudjo_Affutu.JPG

Ataa Oko a ceci de particulier qu’il est passé d’une activité artisanale étroitement dépendante de la commande à un univers plus personnel où les emblèmes des autres ont fait place aux signes de son «commerce» intime avec les esprits.

plaquette Oko.jpg

Du moins est-ce ainsi que l’expo et le chouette album qui l’accompagne nous présentent la chose. Mais on peut se demander si le désir de l’ethnographe qui a encouragé Ataa Oko à dessiner, alors qu’il était inactif et à la retraite, n’a pas simplement pris le relais de l’ancienne demande collective, joyeuse et funèbre.

dessin cercueil ecrevisse ataa oko.jpg

Peut-être bien qu’il en subsiste quelque chose dans ces excès de montres et de métamorphoses qui font certes l’attrait de la production récente de l’ex-menuisier-artiste mais qui ont l’air un peu sur-jouées en face de l’innocente fraîcheur des dessins où il se souvient de ses cercueils d’autrefois

dessin cercueil tenaille ataa oko.jpg
cercueil vache ataa oko.jpg

Lire la suite

Martha Grünenwaldt : une expo et un livre

Epouvantail de potager, têtes de fous dans une église. A peine si j’ai le temps de ranger mes clichés de vacances dans ma photothèque que ça repart à fond la caisse.

P1030092.JPG

L’épouvantail à nez de Pinocchio et visage de quille en bois, c’est en me dirigeant vers la forêt de Chaux que je l’ai aperçu, veillant à la sécurité d’un carré de tomates.

J’allais visiter les baraques de forestiers du village de La Vieille-Loye dans le Jura qui ont mis les clés sous la porte vers 1935 (maintenant c’est un mini-éco-musée).

P1030099.JPG

Plutôt pêchu, le guignol avec sa capuche de sac à grains!P1030093.JPG 

Les têtes de fous ce sont les sculptures qui courent, non loin de là, sur les corniches intérieures de l’église de Chissey-sur-Loue.

 P1030076.JPG

Vous voyez la Saline d’Arc-et-Senans de Claude-Nicolas Ledoux? Et bien, vous pouvez pas vous tromper, Chissey c’est -vu d’avion- «un triangle tendant vers l’ovale» à côté sur la gauche. Je chipe ces lignes à la monographie de Pierre Lacroix (sic) qu’on se procure en glissant 4 € dans le tronc.

monographie P Lacroix.jpg

L’auteur qui signe : «Conservateur départemental des objets d’art du Jura» est aussi un curé, ce qui explique qu’il fasse un peu la fine bouche à propos de ces «babouins» (comme on dit dans le coin) : environ une trentaine de visages éblouis, clos, hagards, lisses, innocents, idiots, bestiaux, ravagés, coiffés des grelots dont l’étrangeté dispute la vedette au bon Dieu.

 babouin 3.jpgbabouin 6.jpg

 

babouin 2.jpgbabouin 1.jpg

En cette église Saint-Christophe où une mâchoire du patron des chauffards trône sur un autel, on guérissait les malades mentaux à grands renforts de neuvaines et d’exorcismes au moyen-âge. retable de st christophe.jpgCes sculptures, parfois doubles (la schize?)

babouin 5.jpg

constituent un formidable document sur cette période et sur un pèlerinage thérapeutique que les autorités regardèrent de travers dès 1578.

coupure de journal.jpg

La tête encore à l’ouest après une traversée de la France en diagonale et un ouikène rillettes et fouaces dans le Maine-et-Loire, qu’est-ce que j’apprends? Mais que l’expo Martha Grünenwaldt qui sera accrochée demain à la Halle Saint-Pierre de Paris (où votre petite âme errante est de retour) et vernie après-demain 2 septembre 2010 sera accompagnée d’un ouvrage consacré à cette «grande dame de l’art brut» comme dit le carton d’invitation.

invitation 2.jpgmartha.jpg

Elles sont rares les publications au sujet de cette femme qui fut domestique comme Séraphine et qui trouva comme elle la force de satisfaire son désir de création malgré les injustes contraintes (sa patronne lui interdisait de jouer du violon). Aussi celle- ci mérite-t-elle d’entrer dans vos intérieurs, chers Animuliens même si ce n’est pas exactement un «coffee table book».

livret martha grunenwaldt.jpg

Dans cette plaquette, vous plongerez direct dans le regard de Martha. Vous y trouverez plusieurs clichés la montrant au travail et quantité de repros couleurs de ses dessins, peut-être pas sublimement maquettées mais ayant le mérite d’exister.

martha grunenwald.jpg

Quant aux textes, le plat de résistance sort tout chaud du cerveau d’Alain Bouillet et l’entrée de celui de Carine Fol qui nous rappelle que la découverte des œuvres de M. G. est due à des personnes proches d’Art en Marge. Bon, j’ai pas eu le temps de les lire mais l’expo ne durant que jusqu’au 28 septembre 2010, j’ai préféré me grouiller pour sonner l’alerte. En tête de ce petit livre, des souvenirs de Josine Marchal, la fille de Martha, précieux pour la précision de certains détails : «Elle traçait des schémas de visages qu’elle laissait de côté pour les achever plus tard».

Lire la suite

Camille Renault inédit à la BnF

Je reviens de la BnF avec du nouveau sur Camille Renault. C'est pas tous les jours que ça arrive, l'environnement de ce fameux créateur d'art brut ayant été ratiboisé. Il ne reste que des miettes par ci par là, à Lausanne, du côté de L'Aracine, dans la Collection abcd. Camille Renault, maintenant il a sa notice Wiki donc je me fatigue pas pour vous dire qui c'est.

camille renault à lausanne.JPG

Il refait timidement surface à l'occasion d'une exposition à la Galerie des donateurs qui se prolongera jusqu'au 20 juin 2010. Son titre : La Collection Alain et Jacqueline Trutat (livres et manuscrits). Les fans de notre Johnny Hallyday national pourront y voir une photo du rockeur bébé. Le père de celui-ci, un certain Léon Smet, comédien belge évoluant dans les cercles surréalistes (il a tourné un Fantômas en 1937 avec Ernst Moerman) fut en effet le premier mari de Jacqueline. Le père de Johnny est mort en 1989 et son parrain qui n'était autre que Alain Trutat, le deuxième époux de Jacqueline, disparut en 2006. atelier_de_creation_radiophonique.jpgAlain Trutat, pour aller vite est un homme de radio, l'un des fondateurs de France Culture et le papa de l'ACR (Atelier de Création Radiophonique). paul-and-nusch-eluard-1944.jpgLui et Jacqueline se sont trouvé mêlés à la vie de Paul Eluard après la mort de Nusch (28 novembre 1946).

C'est eux qui dissuadèrent le poète de se flinguer et qui firent des pieds et des mains pour lui remonter le moral après la disparition subite de son amour.

Nusch et Paul Eluard en 1944

eluard encadré par les trutat.jpg

Paul Eluard encadré par Jacqueline et Alain Trutat

A force de se balader dans la bibliothèque de Paul Eluard, ils eurent envie de collectionner les beaux livres et les écrits. C'est cette collection que Jacqueline Trutat vient de donner à la grande dame du Quai François Mauriac. Je furetais pendant le vernissage de l'expo (qui présente ici quelques uns des fleurons de la collec du couple), en me demandant si je pourrais pas trouver des traces de ce roi d'Auguste Forestier que Paul Eluard avait juché sur sa cheminée, quand je suis tombée sur Camille Renault. Pour préciser, deux petites photos prises vraisemblablement par Jacqueline lors d'une visite au Jardin des suprises à Attigny un jour de 1951 en compagnie d'Alain et d'Emmanuel Peillet, grand manitou du Collège de Pataphysique et auteur d'une petite monographie sous pseudo sur le Camille.

plaquette JM Sainmont.jpg

Deux photos ça vous paraitra pas beaucoup mais, vu qu'elles sont inédites, qu'elles font sans doute partie d'une série existante et que les documents d'époque sur le jardin de Camille Renault sont hyper rares, ça vaut le coup de courir à la BnF pour les voir. Malheureusement, je ne peux pas les reproduire mais croyez-moi pour sur parole si vous voulez faire preuve de positive animulattitude.

Lire la suite

19.05.2010 | Lien permanent

Page : 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61