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Rechercher : plancher de jeannot

Des branches, des racines et des herbes de bison

Et maintenant… Le clin d’œil d’un artiste russe du vingtième siècle à un art brut ? Ce monstre préhistorique en boule de bois trouvé et légèrement amélioré.

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rachev 2.jpgC’est Evgueni Ratchev (1906-1997), grand illustrateur de livres d’enfants natif de Sibérie, qui l’a inventé.

On trouve ici d’autres sculptures de Ratchev faites à partir de racines ou de branches.

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Elle se laissent regarder, surtout avec une petite vodka à l’herbe de bison à la fraîche.

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24.07.2014 | Lien permanent

Fraîcheur de vivre : Matija Skurjeni

Ce qui me rafraîchit c’est Skurjeni. En ces temps chauds bouillants, rien de tel que les dessins de ce peintre croate pour me tirer de ma torpeur. Skurjeni Matija, comme il aimait signer de cette scolaire façon qui place le prénom après le nom. Skouryéni (c’est ainsi que ça se prononce), fit un passage sur terre entre 1898 et 1990. Au moment où j’écris, il fait soleil à Veternica, le village où il est né. Dans cette région, il y a des cavités souterraines où il fait frais. Faut-il y voir l’entrée de cet univers onirique skurjenien qui a si fort impressionné le poète Radovan Ivsic?

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On peut se poser la question devant ces Adam et Eve modernes sortis de la tête ronde de Matija. Mais qu’est-ce qui est dangereux ? Le mystère -presque sexuel- de cet orifice, buissonnier comme de l’art topiaire, qui aspire les personnages? Ou «le rets des routes [qui] guette le voyageur sorti de la grotte» dont parle Ivsic ?

matija skurjeni,radovan ivsic,art naïf,art brut

Créateur de l’interstice s’il en est, Matija Skurjeni campe ainsi comme chez lui sur la frontière entre intérieur et extérieur. Avec une capacité poétique étonnante de ramener dans ce monde-ci des images implacables venues de l’autre. Tel ce prémonitoire et toujours ravageur Ange de la Guerre.

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Une guerre dont ce berger, plus tard mineur puis cheminot, eut le malheur de boire la coupe empoisonnée entre 1916 et 1922. Aucune actualité n’est pendue comme une chauve souris au plafond du souvenir de Skurjeni. C’est reposant. Dans une maison de poupée géante à Zapresic son œuvre se laisse voir.

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Souvent elle tire son épingle du jeu de ce naufrage de la peinture naïve yougoslave des années 60/80. C’est ce qui me plait à moi.

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C’est donc sans raison que j’en cause. Exceptée celle fournie par le hasard. Celui d’une rencontre avec un ch’ti catalogue de rien du tout à l’Emmaüs d’Arles. Quatre méchantes reproductions, une couverture et des dessins de l’artiste en décoration.

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Ça date du pic de l’intérêt parisien pour Skurjeni : 1962. Chez Mona-Lisa dans le 7ème arrondissement. L’ouverture de cette galerie fréquentée par l’intelligentsia de l’époque (1957) étant contemporaine des premières expos de Skurjeni (1958-1959) dans son pays. Après qu’il se soit, la retraite venue, consacré à la création d’art.

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Ce que j’aime dans ce catalogue c’est qu’on y sent une complicité-simplicité entre le peintre et Radovan Ivsic son préfacier.

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Et que l’iconographie dénote un choix respectueux de la verdeur inaugurale de cette œuvre qui, au beau temps de l’art brut et de l’art naïf s’installe comme un «canard du doute» dans le paysage.

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Portraits de famille entre Mikado et Medrano

Au chapitre des mauvaises idées, je me suis frité avec ma BAL où un postman avait coincé un paquet de bouquins. 3/4 d’h de boulot à la fourchette à escargot que j’ai fini par me planter dans la mimine.

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le collectionnisme.jpgAmère victoire  : un livre esquinté. C’est dommage puisque cet Essai sur le Collectionnisme (1921) d’un certain Dr Henri Codet contient un chapitre sur Le Collectionnisme des aliénés et les entassements absurdes.

Exemple, cette dame âgée: «Tout chez elle était minutieusement rangé, étiqueté, en vue d’une utilisation possible (…). Elle en était arrivé à ce point que l’on trouva dans ses tiroirs (…) un paquet portant la mention : Petits bouts de ficelle ne pouvant servir à rien».

Comme dit Dubuffet dans une lettre à Chaissac (12 mai 1947) : «Ce qui est agréable c’est les gens qui font de l’art sans le vouloir et sans le savoir».

DSC00148.jpgJe ne crois pas que ce soit le cas d’Antoine Gentil. J’ai déjà eu l’occasion de vous signaler les contributions de ce garçon à l’organisation des expos du Musée Singer-Polignac (Ste-Anne s’émancipeLa Fabu entre à Ste-Anne). Mais mettre en scène n’interdit pas de faire preuve d’intuition.

Votre petite âme errante sachant saluer une bonne idée lorsqu’elle se présente (sur le boulevard Rochechouart, au 57 bis, entre l’ex-Mikado et l’ex-Médrano) s’en voudrait de ne pas vous signaler la petite dernière du jeune et barbu Gentil. Son installation est impressionnante sans être prétentieuse. Vous tombez dessus en descendant de la Halle Saint-Pierre ou du Sacré-Coeur.

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Dans une vieille boutique, une accumulation sans cesse mouvante de photographies issues d’albums familiaux. On s’agenouille devant. On y brasse, on y nage «comme Picsou dans son trésor» me fit remarquer un visiteur porteur d’une petite croix au veston. Sur ce, il cassa le parapluie sur lequel il prenait appui pour scruter les visages d’inconnus qui s’offraient à nous sur le sol.

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Pour une somme symbolique, on choisit une photo en souvenir. Antoine  Gentil vous tire alors le portrait en compagnie de votre acquisition.

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Vu le nombre de curieux qui se scotchent devant la vitrine (et qu’Antoine photographie aussi) ça m’étonnerait pas que cette expo  parisienne (qui durera tout le mois de juin 2014) devienne tendance.

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Elle aurait pu figurer dans ce drôle de Jean-Pierre Magazine, un ouvrage collectif conçu en mars 2001 par Hans Peter Feldmann pour une expo au Centre National de l’Estampe et de l’Art Imprimé à Chatou.

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JPM réunissait plusieurs choses dignes d’animulité. Des stocks d’images constitués par Bruno Richard

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des écritures silencieuses, journaux intimes trouvés par Maxime Sigaud sous le concept De l’anonymat considéré comme un des beaux-arts

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Quelques fragments du Livre de l’historien (et ex-enfant caché) Fred Kupferman (1934-1988), étonnant recueil de dessins, collages et textes («La demoiselle d’Avignon sent un peu l’aïl, beaucoup l’oignon») constitué dans l’ombre à partir de 1970.

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Des gens ordinaires au Festival de l’imaginaire

Recette du jour. On prend des gens ordinaires, on ajoute des univers imaginaires, on saupoudre d’art brut et d’art populaire. Une cuiller à soupe d’expressions hors-normes. Une poignée d’environnements sur canapé. Et ça fait un festival de films tout à fait présentable. Du moins faut-il l’espèrer.

logomcmquadri.jpgRésultat les 26 et 27 avril 2014 à la Maison des Cultures du Monde. Dans le cadre du Festival de l’imaginaire seront projetés alors une vingtaine de films programmés par l’Association Hors-Champ.

 

Au menu : improbables machines, matériaux de récupération, maisons et/ou jardins de rêve, métamorphose du quotidien, «œuvres d’internés psychiatriques et leurs visions du monde». De quoi mettre l’eau à la bouche.

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L’inconvénient c’est qu’on reste sur sa faim quand on va sur le site du Festival. Car, que l’on télécharge le dossier de presse ou la brochure, ce sont exclusivement des visuels correspondant à des œuvres de Nek Chand qui nous sont proposés. Nek Chand j’ai rien contre. Rien pour non plus d’ailleurs. Je suis pas très fan des faces de lune de ses personnages. Trop moulées à la louche.

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Mon opinion au sujet de leur manque d’expressivité n’a pas varié depuis 7 ans (voir ma note du 29 mars 2007 : Poil au Nek !). Si je tire mon chapeau devant le travail, je reste assez insensible à l’aspect performance sérielle de l’installation de Chandigarth. La quantité de sculptures ne m’impressionne pas. Je la trouve même un peu rasoir. Leurs alignements systématiques les prédisposant au phénomène d’appropriation collective dont ils ont été les victimes avec le temps.

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Parc à touristes que l’on chouchoute plus ou moins bien en en faisant reluire les céramiques : Rock Garden. Toutes proportions gardées, l’œuvre de Nek Chand me procure le même vague malaise que le jardin disneyrisé de Fernand Chatelain. Là aussi, ça commence bien et ça finit mal. D’une sincère impulsion autodidacte à la reprise en main par une société qui officialise et industrialise sous prétexte de conserver, restaurer et rentabiliser, il y a un gouffre.

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Mais ce gouffre, on ne peut ignorer qu’il ait été franchi depuis longtemps sur le site de Rock Garden. C’est pourquoi j’ai du mal à comprendre que la direction bicéphale de la Collection de l’Art brut à Lausanne ait choisi d’installer un couple nekchandien à l’entrée du Château Beaulieu. Il y a beau temps que ses sculptures ne peuvent plus prétendre à jouer le rôle de figure de proue de l’art brut.

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Espèrons donc que Univers imaginaires de gens ordinaires, le festival de films cité plus haut (dont on trouvera le programme sur le site de la Halle Saint-Pierre) saura piquer notre curiosité avec d’autres visuels témoignant de la présence dans cette manifestation de créateurs aussi estimables que Nek Chand. Messieurs les organisateurs, il vous reste du temps pour cela !

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17.02.2014 | Lien permanent

Robinson : de l’hôpital au grand Pal

basquettes.JPGCourir à droite, courir à gauche. Mes basquettes qui prennent l’eau, mes courgettes qui en font trop. courgettes.jpg

No time at all pour poster. Je vais, je viens, je prends du retard.

A ce train là c’est les ménisques qui trinquent. L’art des malades du genou me guette! Pas croire pour autant que je délaisse l’art brut. En avril, je l’ai traqué comme le Snark de Lewis Carroll. Pas dans les lieux qui sont faits pour lui mais au cœur de cette citadelle parisienne de la culture qu’on appelle Salon International du Livre Ancien. Et si je l’ai manqué, on peut dire que je m’en suis approché de près.

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Avec un mignon petit catalogue distribué sur le stand A30 par la Librairie Vignes. Il reproduit la goûteuse couverture des Histoires d’un vacher de Gaston Chaissac. Comme ce petit livre a été imprimée en 1952 à dose homéopathique, on ne la voit jamais jamais. Grâce à cette heureuse initiative, on se la met dans l’œil. Merci qui ? Merci Ani.

Et c’est pas fini. En B13 (le Grand Pal c’est un peu une bataille navale) la Librairie Godon était venue de Lille avec un délirant manuscrit illustré des années trente sous le bras.

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J’ai longtemps tourné autour de la vitrine où il trônait, irrésistiblement attirée par ce grain de pure folie. Cette centaine de grandes pages traite de crise mondiale, de chômage, de sécurité, de guerre, d’Europe… tous plats que l’histoire nous resert obsessionnellement et qui constituent notre ordinaire de citoyens normaux.

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L’auteur, qui se savait investi d’une mission, avait élaboré un projet pour sauver le monde, à partir de son centre : la France. Me touche le fait qu’il s’appelait Robinson car il fut en son genre un naufragé solitaire dont un romancier pourrait écrire l’histoire. Robinson voulait faire profiter de ses lumières le ministre des affaires étrangères. Mal lui en prend. Un gendarme du Quai d’Orsay l’expédie jusqu’au fond d’un hôpital psychiatrique du Nord.

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Là, Robinson passe son temps à écrire qu’il n’est pas fou. Et il le fait avec une ampleur qui prouve artistiquement l’épanouissement de sa folie. Le manque de papier le fait souffrir tout autant que le manque de liberté. C’est qu’il se met la pression pour faire part de ses idées! Au service de celles-ci, il met son talent de dessinateur (un peu trop confirmé pour mon goût). Aux ressources de la caricature ou d’une aimable grivoiserie d’époque, il emprunte sans vergogne.

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En homme semble-t-il habitué à la lecture d’une presse politique, satirique et coquine, typique de l’avant-guerre. A ce cadre de convention, il sait mêler son sens des relations entre les êtres et/ou les foules qu’il représente. Les méridiens du globe terrestre, les ratures en lasso, une chaîne au poignet, un lourd faisceau de câbles témoignent de ce système d’assujetissement.

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Par hasard sur l'pont de Lézard...

Où le vent souffle je vais.

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Ce ne sont pas les girouettes qui manquent.

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Ni les pionniers dans ma ruée vers l’ouest.

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n&b.jpgDans l’estuaire du Trieux, dans un port où Georges Brassens venait en vacances, comment ne pas suivre la caravane qui n’en finit pas de passer au creux d’un jardin qu’on aperçoit de la rue?

 

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Les oiseaux migrateurs en ciment armé s’arrêtent là.

P1070957.jpg Pourquoi pas nous? L’endroit est charmant avec sa cabane bleue,

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son moulin vert,

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son puits aux cygnes en plastique.

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chien-aboie.jpgAu chien du voisinage qui s’enroue à force d’aboyer, allez donc faire comprendre ça! Quelques photos et partons vite avant qu’il ne s’étouffe de rage à nous sentir près de son territoire

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14.07.2014 | Lien permanent

A la recherche de l’Héritière perdue

AVIS DE RECHERCHE.

A Trélévern L’Héritière a disparu.

Beaucoup moins connue que la Vénus de Quinipily de Baud (Morbihan) dont elle a été parfois rapprochée

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La Penheres (L’Héritière, en breton) est une imposante statue à la rudesse impressionnante. Dernier domicile connu : le parc de Kergouanton, un manoir discret du côté est de la baie de Perros-Guirec. Seul portrait en circulation : une carte postale 1900 dont la reproduction ne court pas le net.

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Selon le témoignage d’une autochtone recueilli par votre petite âme errante, l’auteur du cliché a fait son possible pour suggérer des dimensions colossales. En réalité le beau moustachu cravaté qui est censé donner l’échelle n’est pas sur le même plan que La Penheres. Astuce de photographe. L’Héritière n’était sans doute «pas si grande que ça». Environ 1 mètre 72. Comme mon informatrice qui a eu l’occasion de se mesurer à elle. tete detail 4.jpgLe nez « cassé par des gamins » aurait été remplacé par du plâtre. Origine : rien ne prouve que La Penheres témoigne d’un culte ancien. Les visiteurs ont vite fait en Bretagne de voir des déesses celtiques partout.

832845188.jpgIl pourrait tout aussi bien y avoir parfum d’art brut là dessous. Le «Jeu d’un artisan primitif?» comme se le demande le noir Guide de la Bretagne mystérieuse paru chez Tchou au temps de la Révolution Culturelle (1966). 

Depuis, les Côtes du Nord sont devenues d’Armor, le manoir a été vendu et son dernier propriétaire d’origine (aujourd’hui défunt) aurait emporté la statue. Aux dernières nouvelles elle aurait été vue dans les parages de Pleumeur-Bodou, non loin de Saint-Uzec et de son menhir de 7 m de haut dont la christianisation naïve n’est bizarrement pas une catastrophe.

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«Un peu abandonnée, dans une haie» m’avait-on dit et j’avais cru comprendre que c’était sur une voie parallèle au chemin de la corniche qui serpente entre Trébeuden et Trégastel. Mais j’ai eu beau explorer les parages de cette arrière-côte en face de l’Île Grande, je n’ai trouvé nulle trace de la mystérieuse Penheres.

La piste s’arrête là et pour reprendre l’enquête, il me faudrait de nouveaux indices. Aux lecteurs de mon blogounet, je lance donc à la mer cette bouteille : QUID DE LA PENHERES ?

la vénus de quinipily de baud,la penheres de kergouanton,art brut,art populaire,bretagneFormidable ! Yaka demander ! Laurent Jacquy des Beaux Dimanches passait par là et ce dénicheur de rares images m’envoie une autre carte postale où figure en tout petit (mais quand même) la Penheres. La flèche rouge est de lui. Cliquer pour agrandir.

 la vénus de quinipily de baud,la penheres de kergouanton,art brut,art populaire,bretagne

Bravo à son œil de lynx et bonjour au Facteur Cheval de Bernard Bras (voir le post du 29 juin sur son blogue).

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29.06.2014 | Lien permanent

La Crucifixion de Madge Gill à Twickenham

Cardinal va en sortir une bonne! Une biographie de Madge Gill. Chez Dark Windows Press, une boîte d’édition anglaise qui a l’air de faire dans le surréalisme. Merci Roger! La rumeur ne dit pas si ce sera aussi une monographie sur Myrninerest, l’esprit qui guidait la main de cette dessinatrice-fleuve. Mais on peut penser qu’il en sera question. Les Fenêtres Noires (Dark Windows) ferait bien de se grouiller pour pondre ce nouvel ouvrage de Roger Cardinal.

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Car une exposition Madge Gill débute en ce moment près de Londres (le 5 octobre 2013) à l’Orleans House Gallery de Twickenham. Une centaine d’œuvres, photos et documents visibles là jusqu’au 26 janvier 2014. Selon Blouin Artinfo «le clou de cette rétrospective sera The Crucifixion of the Soul», un calicot de 10 m de long qui n’est pas sorti depuis 1979.

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Un clou, vous me direz que c’est normal pour une crucifixion mais la chose a l’air de valoir la peine de traverser le Channel, mes cocos. En vous y prenant maintenant vous arriverez avant la fermeture, le décrochage étant prévu pour le 26 janvier 2014.

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Envoyez sur les roses ceux qui vous diront que la sublissime Madge Gill c’est de l’art brut classique et que vous feriez mieux de vous gaver les mirettes avec cetart brut mâtiné contemporain qui pousse, au fur et à mesure d’une certaine demande marchande, en provenance des poussinières plus ou moins art-thérapeuses du monde entier.

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L’art brut c’est comme le poulet. On peut bien lui coller au croupion n’importe quel label, il reste lui-même. Pourvu qu’il soit élévé au bon grain de folie et en libre parcours! Et non engraissé au Millet. Et non piquousé aux antibios soit-disant conceptuels, sous les feux des projecteurs. Avec Madge Gill, dîtes non à l’art brut de batterie.

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Le Monde merveilleux de Patrick Diant à Drouot

Pas beaucoup d’images encore à se mettre sous la quenotte. Pourtant quelque chose me dit que ça frémit du côté de chez Martine Houze, expert en art populaire et curiosités.

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Rien moins qu’une vente publique en 3 parties chez Ferri & Ass. qui se profile pour le 20, le 21 et le 22 novembre 2013.

 

L’occasion de voir au grand jour quelques uns de ces beaux objets revigorants que cet expert au goût affûté sait inviter sur le marché.

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On nous en promet de bruts, de délirants, de raffinés. Tout ça ensemble, réuni par un Ariégeois passionné de cannes, de cœurs, d’animaux inattendus, de figures singulières, de fer, de mystère et autres sonorités.

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Le Monde merveilleux de Patrick Diant, joli résultat de 30 ans de chine. Ce serait bien le diable là dedans s’il n’y avait quelques ouailles pour ma paroisse. Le flûtiste reproduit dans la Gazette Drouot n°34 nous met l’eau à la bouche avec ses élégants petits sabots.

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Affaire à suivre donc.

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Treize dessins invisibles de Marie Egoroff

Quand elle vous parle de ses intuitions, votre petite âme errante ne fait pas que se vanter. Seulement il faut parfois longtemps pour que lesdites intuitions soient confirmées.

C’est le cas aujourd’hui avec Marie Egoroff dont je vous ai montré les pouchkiniennes illustrations en août 2010.

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Une petite fée animulienne d’une ravageuse érudition vient de me mettre sous le nez une brochure de 16 pages qui éclaire le cas de la dessinatrice d’origine russe. Je soupçonnais cette dernière d’être du genre médiumnique. Je n’étais pas loin. C’est bien du côté de l’ésotérisme qu’il fallait chercher.

papus-portrat.jpgMais c’est au sein du courant de l’occultiste Papus que l’œuvre de Marie Egoroff a été remarquée par Anna de Wolska puis par Emile Michelet, l’auteur du Catalogue commentant treize dessins symboliques de Madame Egoroff dont je vous parlais plus haut.

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Emile Michelet.jpgEmile Michelet, ami de Villiers de L’Isle Adam, est un poète fin de siècle.

Et, si j’en crois la prose de son introduction à ce catalogue, un amateur d’art non moins raffiné qui cite à la rescousse Le Triomphe de la mort d’Andrea Orcagna,

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les Caprices de Goya

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et La Tentation de St Antoine de Jacques Callot

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FENEON.jpgEsotériste évidemment. On nage donc avec lui dans le monde astral et le monde empyréen. On se croirait dans un jeu vidéo! A part ça, c’est un analyste précis. Ses descriptions des 13 dessins sont rédigées dans un langage artistiquement rythmé qui fait penser à Félix Fénéon, le grand critique de l’époque.

Ainsi le commentaire du dessin intitulé Le Problème du mal : «Le mal, allégorisé sous la forme d’oiseaux noirs monstrueux, qui tombent dans la nuit. La tête d’un de ces sombres oiseaux, tranchée par une sorte d’étrange guillotine, choit, le bec ouvert». Qui pourrait s’approcher d’une telle scène de nos jours? Christine Sefolosha peut-être. Le lecteur du catalogue devra s’en remettre à son imagination car l’opuscule ne fournit aucune reproduction des dessins d’Egoroff.

Emile Michelet cultive même l’opacité : «Je garde le silence sur le caractère mystérieux qui scelle l’origine de ces dessins (…)». Il n’en fournit cependant pas moins quelques renseignements précieux. D’une famille de militaires, veuve d’un artiste qui «ne lui avait pas permis d’apprendre le dessin», Marie Egoroff «vécut, recluse volontaire, dans son deuil».

Quand «elle sentit en elle une force irrésistible la poussant à prendre un crayon, elle obéit (…)». Ses dessins «d’une étrange beauté» témoignent d’une rapidité d’exécution «hors de l’ordinaire». «Ils ne ressemblent à rien de ce que nous connaissons dans l’art d’Occident. (…) Aussi leur originalité déconcertera-t-elle bien des esprits», souligne Michelet.

On veut bien le croire. D’autant qu’il trouve des accents qui feraient presque croire qu’il a lu Dubuffet (mais il écrit ces lignes en 1894!) : «Les treize dessins symboliques dont il est ici question ne sont pas l’œuvre d’un artiste. L’auteur est une femme qui jusqu’alors avait ignoré le mécanisme du dessin, et qui soudain, a pris le crayon sous l’influence d’une force : l’Inspiration. L’esprit souffle où il veut. Il a soufflé sur le front d’une femme qui vivait obscure et solitaire, étrangère au mouvement artistique, et ne demandant autre chose que de rester obscure (…)».

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27.06.2013 | Lien permanent

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