31.08.2011
Un jardin en cravate et lunettes noires
Du bord des routes, l’été nous gratifie de ses trouvailles. Cela fait longtemps déjà qu’on voulait s’arrêter dans ce village tout en longueur où d’ordinaire on ralentit devant une maison toute fleurie agrémentée d’un jardin extraordinaire.
Les automobilistes sourient et oublient. Pas Bertrand Lacy qui a décidé un jour d’y revenir avec son appareil photo parce que l’endroit lui faisait penser à son peintre en sabots préféré. Bertrand Lacy qui aime Chaissac et ce coin de Vendée en bordure du Marais poitevin où volontiers il villégiature. Collectionneur, artiste et comédien, comment serait-il passé sans remarquer ce petit chef d’œuvre d’art topiaire aidé?
La dame qui habille si gentiment ces créatures végétales délicates sacrifie, avec une grande élégance personnelle, à une tradition de buis taillés, toujours vivace dans le pays. Elle est très gentille et accueillante pourvu qu’une barrière la sépare de son interlocuteur.
Même si celui-ci n’a rien d’intrusif et qu’il s’exprime avec des mots simples et justes : «Il est toujours bien agréable de rencontrer au détour d’un petit village, des brins de poésie…». J’extrais cette phrase d’une carte postale virtuelle que Bertrand Lacy a choisi d’envoyer à Animula Vagula parce que ça lui fait «juste plaisir de transmettre (…)».
Merci à lui pour ce geste et merci pour son sens du respect. Quelques contrariétés de voisinage ont rendu un brin méfiante la personne qui est à l’origine de ce jardin en cravate et lunettes noires.
Loin de s’en plaindre, Bertrand a trouvé que ce fait anecdotique «rendait son jardin encore plus piquant et intéressant». Et je l’approuve, nom d’une petite âme errante !
23:08 Publié dans Glanures, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art topiaire, environnements populaires spontanés, habitants paysagistes | | Imprimer | | |
02.11.2009
Art topiaire du bord des routes au Japon
Puisque je suis dans les monstres, je ne résiste pas au plaisir de vous montrer celui-là qui nous vient du Japon. Tant pis, s'il y a chez vous un petit chaperon rouge qui sommeille! Ce lupus impudicus est peut-être un cousin des Yokaï, ces fantômes dont je vous ai déjà touché deux mots le 7 janvier 2006 dans ma note Scalpa=Baneux. Plus vraisemblablement, on pourrait l'apparenter aux kami des routes, ces dieux phalliques des sentiers et des carrefours japonais.
Il est probable cependant qu'il sort tout armé (si je peux m'exprimer ainsi) de l'imagination de son jardinier-paysagiste, en compagnie de beaucoup d'autres de ses congénères du genre ours et oiseaux.
Ces chefs d'œuvre d'art topiaire ne figurent pas dans les guides. Ils ont été repérés par une Animulienne, en voyage organisé du côté du Mont Aso, «le plus vaste des volcans du Japon», selon Wiki, dans l'île de Kyüshü.
Malheureusement le mini-car faisait seulement une pause pipi. Elle n'a eu que le temps de prendre quelques photos et comme ça arrive souvent dans ces cas là, elle a oublié de noter l'endroit exact.
Tout ce dont elle se souvient c'est que c'était sur la route entre Kumamoto et Fukuoka près d'un lieu de thermalisme. Elle n'a plus l'interprète sous la main pour nous préciser.
Moi, ça m'a frappée tout de suite cette scénographie de buis taillés (enfin d'arbustes du genre buis) qui joue avec les nuages ou avec la brume.
Le nombre de sujets, la disposition foisonnante m'ont fait penser à l'œuvre du vendéen Joseph Marmin que Gaston Chaissac avait indiquée au photographe Gilles Ehrmann qui l'a glissée dans Les Inspirés et leurs demeures, son fameux album de 1962.
Comme celles de Marmin, les créations du Japonais, dont je n'ai pas été fichu de trouver le nom, n'ont que peu de choses à voir avec les réalisations ordinaires de ce genre. Au Japon comme en France, une tradition d'art topiaire existe qui donne généralement le jour à des sculptures végétales beaucoup moins impressionnantes pour ne pas dire carrément gnan-gnan.
En gratouillant le net comme une malade, j'ai découvert d'autres images des statues vertes de cet inspiré du bord des routes japonaises et même peut-être sa bobine, ou celle de son fils qui continuerait l'activité paternelle.
A ce que j'ai compris, avec le peu d'anglais glané sur des sites de voyageurs et le peu de japonais que j'ai pu cahin caha traduire, les arbustes seraient taillés en dehors du site et replantés ensuite autour d'un cratère, non loin d'un élevage de daims.
S'il y un franco-japonais dans la salle qu'il n'hésite pas à nous en dire plus.
00:15 Publié dans Ailleurs, Glanures, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art topiaire, japon, mont aso, joseph marmin, gilles ehrmann | | Imprimer | | |