29.07.2011
CHOMO chez Desmoulin
L’entrée était gratuite. On y accédait par l’ascenseur. C’était en Périgord. Tout pour plaire. Et pourtant j’ai loupé l’exposition CHOMO (encore une) qui s’est tenue, à vrai dire fugacement, du 10 au 21 juillet 2011 dans la salle de l’Horloge de l’Abbaye de Brantôme. C’est la collection perso de la veuve de CHOMO qui fournissait la matière de cette «rétrospective». L’édition numérique du journal Sud Ouest nous affirme qu’elle rendait «bien compte du travail que l’artiste a pu réaliser durant toute sa vie». Je veux bien le croire mais c’est trop tard que l’article m’est tombé sous le regard. Pourtant j’aurais dû m’en douter. Votre petite âme errante ayant parfois sans le vouloir de petits dons de divination. Je m’explique. Les plus animuliens d’entre vous auront noté que lorsque j’ai annoncé (19 janvier 2010, dans la note : Chomo, une œuvre très prisée) la vente publique de certaines œuvres de CHOMO à Cheverny, je n’ai pas manqué de souligner que cet aimable château avait servi de modèle à Hergé pour son «Moulinsart». Et bien entendu, il n’aura pas échappé aux animulâtres que vous êtes que, peu de temps avant, le 13 décembre 2009, je commettais ce calembour douteux à propos d’une double expo du dessinateur et graveur Fernand Desmoulin : Desmoulin’s art. Et puis après me direz-vous? Et bien il se trouve que c’est dans l’Abbaye de Brantôme qu’est abrité le Musée Fernand Desmoulin! Voici donc CHOMO qui se rapproche vraiment du pur dessinateur automatique que fut Fernand Desmoulin. Un voisinage médiumnique en quelque sorte! Sous les auspices d’une pythie moulinsardeuse, Ani, votre servante. A noter que l’expo CHOMO de juillet 2011 à Brantôme était «agrémentée d’un diaporama», ce qui prouve que l’épouse du défunt CHOMO qui, de son vivant, n’encourageait pas trop les visiteurs à prendre des photos du village préludien, n’est tout de même pas une iconoclaste. Aucune reproduction cependant des œuvres de sa collection ne figure dans l’article de Sud Ouest.
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13.12.2009
Desmoulin’s art : double expo
C'était un p'tit gars qui s'appelait Fernand. Comme Fernand Reynaud mais lui c'était Desmoulin son nom de famille. Il était pas Auvergnat mais Périgourdin. L'avait un papa qu'avait pas fait fortune dans l'épicerie et une maman. Les parents se séparent mais le p'tit Fernand fait carrière. Non dans la médecine qu'il abandonne mais dans les Beaux-Arts. Elève des peintres pompiers, Fernand Desmoulin devient vite un graveur officiel.
Ernest Renan Théodore de Banville
Avec ça, brave gars : dans l'Affaire Dreyfus il est du bon côté. C'est pas si courant à l'époque pour un artiste qui cherche le moyen de parvenir. Il ferraille avec Zola contre les antisémites. Avec son pote Emile, il fait du vélo que l'on vient d'inventer. Cela le change de son boulot de portraitiste mondain en concurrence avec le réalisme photographique.
Dessin de F Desmoulin : E Zola écrivant à son bureau (1887) Médan - Maison d'Emile Zola
Mais il tourne en rond, il est pas heureux en amour. Il fréquente le gratin littéraire. Rien pour intéresser André Breton. Pourtant celui-ci lui fait place dans Le Message automatique, fameux papier qui paraît en 1933 dans Minotaure. Il appelle Jules Bois, un reporter de l'occultisme, à la rescousse. Selon ce dernier, la main de Desmoulin perd parfois la boule. Elle opère «dans l'obscurité, à l'envers, de biais, sur tous les points à la fois, sans ordre, impérieuse, clairvoyante et savante pourtant». Breton ne donne aucun exemple de ces dessins échevelés de F.D. Mais on apprendra plus tard que, dans une lettre de 1965 reproduite par Dominique Dussol dans un article du Festin n°16 (février 1995), il rêvait encore de coller des images médiumniques de Desmoulin dans La Brèche.
Car il s'agit bien de spiritisme dans cette histoire de dessins automatiques. Les esprits, il n'y croit guère, Fernand Desmoulin, même s'il accepte de jouer aux tables tournantes dans le salon de Mme Catulle Mendès. Pourquoi est-il soudain convaincu de leur existence un soir de juin 1900? Dépression, besoin d'évasion? Mystère et boule de gomme! Toujours est-il que cette séance pas comme les autres va lui fournir un prétexte pour s'arracher à une morne production académique. Rentré chez lui, il se lance en solitaire dans des expériences graphiques d'un symbolisme exacerbé.
Lui, le compagnon de route du chef de file des naturalistes! Pendant 2 ans, il se soumet à des guides invisibles qui l'encouragent et qui l'engueulent pour le pousser à une création fièvreuse dont il sortira sur les rotules.
Une bonne partie de ces œuvres hautement dérangeantes pour l'époque seront données, après sa mort en 1914, au Musée de Brantôme où elles végèteront.
Jusqu'à la récente rénovation de l'établissement en l'an 2000.
On peut consulter sur ce point le n°3 des Cahiers de La Chapelle-St Robert, sympathique fanzine de juillet 1984. Fort heureusement, une partie de la production spirite de Fernand Desmoulin était restée en circulation.
L'occasion est donnée aux Parisiens invétérés ou occasionnels d'en avoir une idée en visitant jusqu'au 9 janvier 2010 les expositions jumelles de la Galerie Christian Berst et de la Galerie Christophe Gaillard, près du Musée Picasso (fermé) et de la Librairie Florence Loewy (ouverte).
Elles s'intitulent : Fernand Desmoulin, Leçons des ténèbres et sont accompagnées d'un catalogue avant-propoté par Arnulf Rainer.
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