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18.02.2012

Les dernières demeures de Marcel Landreau

Déjà l’hiver nous lâche la grappe, nous laissant son cortège d’images immaculées. Ce moment de redoux a paru propice à Freddy pour gratifier sa vieille Animula d’un petit reportage photographique récemment réalisé chez Marcel Landreau. Quand je dis «chez» c’est à la maison où il a passé sa retraite que je pense.

maison et appentis.JPG

C’est à sa dernière demeure aussi puisque Freddy Tavard est allé saluer Marcel au cimetière. Je dis «Marcel» parce que Freddy a tendance à se servir uniquement du prénom de ce remarquable créateur. Au delà du respect que Freddy a toujours montré pour le «Caillouteux», c’est une véritable affection qu’il ressent pour lui à force de chouchouter ses œuvres. Résultat : Freddy était ému en dégainant son kodak devant la tombe à Landreau et il lui a légèrement flouté le portrait.

Marcel Landreau

On lui pardonne. La chose n’en a que plus de poésie et Marcel Landreau, des brumes de l’au-delà, adresse son pâle sourire aux Animuliens. Le temps, depuis que Marcel a quitté le monde, a passé. Entre 1992 et 2012, le crucifix qu’il avait confectionné a perdu l’essentiel de son corps terrestre. Ne reste que ses petites mains accrochées au dessus d’un bouquet fané. Ironie du sort, Marcel Landreau repose sous le marbre rose. Ensevelir les morts sous un amas de silex, ça ne se fait pas dans nos contrées. Dommage!

Tombe de Marcel Landreau

La nature, qui fait bien les choses, protégeait cependant, ce jour-là, le sommeil de Marcel de son édredon blanc des grands jours. L’ex maison de Landreau jouit, selon Freddy, «d'une vue superbe sur la vallée». L’atelier, «dans lequel il a créé ses dernières sculptures» possède un appentis en tôle où elles étaient exposées. Cet atelier «donne sur un petit jardin en pente sur lequel il avait construit un viaduc».

viaduc.jpg

Il y avait une locomotive dessus. Dans le fond du jardin on apercoit un pont sur lequel passe une ligne ferroviaire. Marcel Landreau, ancien cheminot, avait probablement choisi la maison pour ce voisinage.

Marcel Landreau

«Il avait également construit un élément de fortification : deux tours et une grande table (où il devait casser la croûte) entre les deux» nous dit Freddy. Les tours font près de 2 m de haut.

Marcel Landreau

Après enquête auprès d’un membre de la famille de Landreau, Freddy Tavard me précise que ces éléments encore visibles aujourd’hui sur son terrain «sont des éléments rapportés de Mantes-la-Jolie et qu’il a remis en situation». Tout n’aurait donc pas été démoli au bulldozer, après son départ de cette ville, comme on l’affirme un peu vite parfois.

Marcel Landreau

Selon l’informateur de Freddy, après avoir quitté Mantes, Landreau «a déménagé par le rail deux wagons à bestiaux remplis de sculptures et de grosses pièces. A l’arrivée (…) Marcel a pris la décision de détruire beaucoup de pièces qui avaient très mal voyagé». Selon la même source, Marcel Landreau, ensuite, «aurait surtout restauré et peu créé entre 89 et 92».

17:38 Publié dans art brut, In memoriam, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, marcel landreau, freddy tavard | |  Imprimer | | Pin it! |

08.01.2012

Art brut : le Monde des bons apôtres

Timberlake a une fiancée. C’est la presse people qui le serine. Pas Le Monde.

Le Monde, depuis 1968, est un journal sérieux. Il se consacre aux sujets qui en valent la peine.

typo 2.gif

C’est pourquoi il est en passe de devenir l’organe officiel de l’art brut.

Je plaisante bien sûr mais le fait est que depuis que la boîte de Pandore lui a été ouverte par la voie de l’innocence (voir ma récente note intitulée Canardage et canotage), Le Monde s’adapte, Le Monde s’art-brutise. Le Monde s’engage, sous la plume de Patrick Martinat, pour le sauvetage des environnements d’art brut «en voie de disparition, voire déjà disparus».

Y compris ceux qui ne sont pas encore édifiés comme le tonitruant Colossal de Danielle Jacqui.

Kolossal.JPG

L’article de Patrick Martinat est paru dans l’édition en ligne du 7 janvier 2012. Il est écrit dans la foulée de ceux de Christophe Donner :-) et de Philippe Dagen :-( dont j’ai parlé dans mes posts précédents, le 29 déc. 2011 et le 1er janvier 2012.

C’est dire que Patrick Martinat a dû parer au plus pressé. Il a donc eu recours -faute de pouvoir se ménager les services de Jean Dubuffet, André Breton ou Claude Lévi-Strauss- au «critique Laurent Danchin» qui n’est pas homme à laisser sa part aux nouveaux spécialistes de la solubilité : Phil Dagen and Chris Boltanski pour ne pas les nommer.

Christian Boltanski,Philippe Dagen,Galerie Christian Berst

Laurent Danchin possède d’impressionnants états de service et Patrick Martinat nous rappelle qu’il n’hésite pas à en faire état. Il se considère depuis 40 ans comme «le défenseur des créateurs oubliés». Exemple : «Après la mort de Chomo, nous avons réussi à mettre ses œuvres à l’abri (…)» dit-il. Un «nous» de majesté sans doute? Rappelons pour mémoire que Laurent Danchin fut l’expert de la vente publique des œuvres de Chomo.

Chomo

Une façon comme une autre de les préserver sans doute? Les Animuliens apprécieront. Grâce à cet expert, «les anecdotes font cortège» nous dit avec soulagement Patrick Martinat. Et les légendes aussi sans doute.

Bulldozer 2.jpgCelle qui romantise la fin de Marcel Landreau notamment : «A la fin de sa vie, il a dû se résoudre à vendre sa maison, son œuvre, à un acquéreur qui avait promis d’entretenir le lieu… Et qui a tout démoli au bulldozer (…).

Freddy Tavard.jpgSi Patrick Martinat avait eu le temps d’aller sur Gougueule pour vérifier cette information fausse, il serait tombé sur mon blogounet où il aurait pu constater que Marcel Landreau avait pris soin d’emporter dans sa retraite un nombre non négligeable de ses sculptures en cailloux qui ont été retrouvées récemment, non par un grand spécialiste de l’art brut mais par un antiquaire talentueux : Freddy Tavard.