26.05.2014
Portraits de famille entre Mikado et Medrano
Au chapitre des mauvaises idées, je me suis frité avec ma BAL où un postman avait coincé un paquet de bouquins. 3/4 d’h de boulot à la fourchette à escargot que j’ai fini par me planter dans la mimine.
Amère victoire : un livre esquinté. C’est dommage puisque cet Essai sur le Collectionnisme (1921) d’un certain Dr Henri Codet contient un chapitre sur Le Collectionnisme des aliénés et les entassements absurdes.
Exemple, cette dame âgée: «Tout chez elle était minutieusement rangé, étiqueté, en vue d’une utilisation possible (…). Elle en était arrivé à ce point que l’on trouva dans ses tiroirs (…) un paquet portant la mention : Petits bouts de ficelle ne pouvant servir à rien».
Comme dit Dubuffet dans une lettre à Chaissac (12 mai 1947) : «Ce qui est agréable c’est les gens qui font de l’art sans le vouloir et sans le savoir».
Je ne crois pas que ce soit le cas d’Antoine Gentil. J’ai déjà eu l’occasion de vous signaler les contributions de ce garçon à l’organisation des expos du Musée Singer-Polignac (Ste-Anne s’émancipe – La Fabu entre à Ste-Anne). Mais mettre en scène n’interdit pas de faire preuve d’intuition.
Votre petite âme errante sachant saluer une bonne idée lorsqu’elle se présente (sur le boulevard Rochechouart, au 57 bis, entre l’ex-Mikado et l’ex-Médrano) s’en voudrait de ne pas vous signaler la petite dernière du jeune et barbu Gentil. Son installation est impressionnante sans être prétentieuse. Vous tombez dessus en descendant de la Halle Saint-Pierre ou du Sacré-Coeur.
Dans une vieille boutique, une accumulation sans cesse mouvante de photographies issues d’albums familiaux. On s’agenouille devant. On y brasse, on y nage «comme Picsou dans son trésor» me fit remarquer un visiteur porteur d’une petite croix au veston. Sur ce, il cassa le parapluie sur lequel il prenait appui pour scruter les visages d’inconnus qui s’offraient à nous sur le sol.
Pour une somme symbolique, on choisit une photo en souvenir. Antoine Gentil vous tire alors le portrait en compagnie de votre acquisition.
Vu le nombre de curieux qui se scotchent devant la vitrine (et qu’Antoine photographie aussi) ça m’étonnerait pas que cette expo parisienne (qui durera tout le mois de juin 2014) devienne tendance.
Elle aurait pu figurer dans ce drôle de Jean-Pierre Magazine, un ouvrage collectif conçu en mars 2001 par Hans Peter Feldmann pour une expo au Centre National de l’Estampe et de l’Art Imprimé à Chatou.
JPM réunissait plusieurs choses dignes d’animulité. Des stocks d’images constitués par Bruno Richard
des écritures silencieuses, journaux intimes trouvés par Maxime Sigaud sous le concept De l’anonymat considéré comme un des beaux-arts
Quelques fragments du Livre de l’historien (et ex-enfant caché) Fred Kupferman (1934-1988), étonnant recueil de dessins, collages et textes («La demoiselle d’Avignon sent un peu l’aïl, beaucoup l’oignon») constitué dans l’ombre à partir de 1970.
16:13 Publié dans Glanures, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : antoine gentil, musée singer-polignac, hans peter feldmann, fred kupferman, maxime sigaud | | Imprimer | | |