27.07.2008
L’art outsider à la pompe
«Allez les filles, c’est encore possible!», lis-je sur mon paquet de cornflakes du petit déj.
Possible de quoi ? Mais de rentrer dans mon itsi-bitsi petit bikini!
C’est pas gagné mais comme je n’ai pas ma pareille pour vous débiter des salades, je ne désespère pas de me contenter d’en manger quelques feuilles - et c’est tout - pendant la semaine qui nous sépare du grand rush aoûtien. C’est vous dire que je vois la vie en vert.
Aussi n’ai-je point été trop esbaudie de voir monsieur Pascal, le libraire de la Halle Saint-Pierre, déballer sous mes yeux une cagette d’appétissantes plaquettes d’un vert frais à cœur. J’ai reconnu tout de suite Singular Visions, the essence of Ousider Art, le bouquin japonais sur lequel j’avais flashé à Genève lors de ma visite à la Galerie Une Sardine collée au mur.
La couverture est belle à tomber avec sa tache en miroir où vous pouvez vérifier au passage si vos charmantes joues de pêche n’ont pas sournoisement pris 200 calories. Et puis c’est pas tous les jours qu’on peut harmoniser ses lectures à son régime, alors j’ai acheté ce très classieux ouvrage avec ses beaux effets de pages façon laque rouge, bijou en jade et impression jaune sur fond noir, même si, comme son nom l’indique, il est plus question là-dedans d’art dit singulier que d’art brut pur huile d’olive.
Edité par la Galerie Miyawaki de Kyoto, ce livre accompagnait une expo que j’ai su trop tard qu’elle se terminait le 15 mai 2008. Elle présentait au public japonais 13 «artistes autodidactes» européens «qui tiennent la réalité à distance et lancent sans cesse leur défi amer».
Parmi eux, j’ai retrouvé avec plaisir le Finlandais Ilmari «Imppu» Salminen et découvert avec intérêt les books en accordéon de Gene Mann.
Il y a aussi là-dedans des peintres et dessinateurs dont la carrière artistique est maintenant solidement établie : Carol Bailly, François Burland, Ignacio Carles-Tolrà, Kurt Haas et d’autres qui travaillent encore à l’établir : Claudine Goux, Danielle Jacqui, Jean-Pierre Nadau, Gérard Sendrey. Ce dernier s’est chargé de la préface, parfaitement lisible puisque Yutaka Miyawaki, l’éditeur, a eu la courtoisie de joindre des traductions en anglais et en français.
23:26 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ilmari salminen, art brut, gene mann, outsider art | | Imprimer | | |
28.06.2008
Une Sardine à la découverte
La Sardine ne fait pas de vagues. Elle n’ambitionne pas de boucher le port de Genève. Depuis la rue des Bains, elle part tranquillement à la découverte de 4 créateurs, «encore peu ou pas connus du public, mais dont certains font déjà partie de la Collection de l’Art Brut à Lausanne et de quelques prestigieuses collections privées».
Parmi ces mousquetaires, j’ai aimé surtout les dessins de Jakob Morf, un ouvrier agricole suisse (on est en Suisse) qui toutes les nuits, dans la maison de retraite où il passait la sienne, couchait délicatement ses rêves et ses impressions diurnes sur des blocs de papier quadrillé tout ce qu’il y a de plus ordinaires. Quand il en eut accumulé beaucoup, son travail fut exposé et il vendit, ce qui lui permit de se payer une folie : le survol en avion de la chaine des Alpes.
C’est Flora Berne, la galeriste de La sardine collée au mur qui m’a expliqué tout ça, d’abord avec une réserve bien compréhensible avec la canicule qui nous était tombée soudainement sur le coin du lac et puis en s’animant progressivement au fur et à mesure qu’elle se passionnait pour ses poulains :
Gabrielle Decarpigny et ses compositions, cernées fragmentées-imbriquées qui m’ont fait penser aux marbrures savantes du peintre radiesthésiste Jules Godi,
Charles Boussion et la virtuosité de ses jeux de perles (un peu trop) psychédéliques,
Ilmari Salminen et sa forêt de signes finlandais où il emprisonne des portraits. De celui-là, Flora me montra le portrait dans son atelier, une photo de Veli Granö, publiée dans le n°59 de Raw Vision et je n’ai plus eu de doute sur sa brutitude.
Mais j’en revenais toujours au bon Jakob Morf tant j’étais bluffée à la fois par l’évanescence de son propos et par sa volubilité multicolore.
Les doigts de Flora Berne, pour trouver le mot juste, dessinaient en l’air des guillemets imaginaires et votre petite âme errante n’en finissait pas de poser et de déposer son chapeau de paille n’importe où sauf sur sa tête en nage.
Si vous croyez que c’est facile de rendre compte de cet effacement d’une personnalité devant la poésie du monde, par les moyens sans cesse renouvelés de la couleur, allez-y ! Aller voir l’expo de la Sardine mais attention ça se termine le 5 juillet déjà.
11:29 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, jakob morf, gabrielle decarpigny, charles boussion, ilmari salminen | | Imprimer | | |