09.11.2012
Guy Joussemet "s’impatiente" à Montréal
J’ignore pourquoi les occasions manquent de parler du Québec. Je sais pourtant combien cette Belle Province recèle de trésors le long de ses routes. Aussi aurais-je dû bondir plus vite sur l’occasion qui m’est donnée d’évoquer Les Impatients et leur exposition visible encore jusqu’au 25 novembre 2012.
Les Impatients, j’aurais pu vous dire que j’ai sali, un hiver, le parquet brillant de leur grande salle avec mes bottes boueuses de Parisienne peu habituée à transporter des pantoufles de rechange dans son sac à dos.
Madame Lorraine Palardy, sa directrice avait eu la gentillesse de ne pas me gronder. Les Impatients qui se présentent comme «un pied de nez à la folie» est une structure regroupant des ateliers d’art destinés à des im-patients (plutôt qu’à des patients au sens souffrant du terme) et une collection puisque la maison conserve les œuvres réalisées en son sein protecteur situé sur Sherbrooke Est (au 100, 4e étage) à Montréal. Quand je vous aurais dit que c’est ouvert à la visite du lundi au vendredi de 10 à 17 h et le samedi-dimanche de 13 à 17 h, vous aurez toutes les bonnes raisons de vous intéresser aux Amis de Guy Joussemet, son actuelle exposition.
Guy Joussemet, ça fait belle lurette qu’il est entré dans le petit Gotha de l’art brut. Depuis 1986 exactement quand on a lu son nom dans le Fascicule 14 des Publications de la Collection de l’Art Brut. Il venait de donner à Lausanne un paquet de tableaux d’une dame de la campagne qui relatait, avec un certain sens de la fracture, une jeunesse laborieuse dans une nature dont le bucolisme contrastait avec la tristesse inhérente au peintre.
Guy Joussemet, dont j’ignorais alors qu’il était franco-canadien, connaissait bien ce créateur qui n’était autre que sa sœur : Yvonne Robert qui signe Ryvonne. Un cas à part, plutôt mitigé, tirant fortement vers l’art naïf qui finira avec le temps par dominer.
Plusieurs années après, j’étais allée rendre visite à Yvonne Robert dans sa Vendée profonde. J’avoue n’avoir pas été très convaincue par la plupart des œuvres qu’elle me montra ni par le côté plaintif de sa personnalité. Rue Sherbrooke, Yvonne Robert voisine avec d’autres compagnons de route de l’art brut que Guy Joussemet a bien connu : Louis Bouscaillou
Jean Deldevez,
ces deux derniers ayant fait partie de l’équipe réunie en 1978 au musée d’art Moderne de la Ville de Paris dans l’exposition historique Les Singuliers de L’Art.
C’est encore à une donation de Guy Joussemet que Les Impatients doivent cette réunion. Car, à 80 ans passés, Guy Joussemet qui fut un grand collectionneur et qui reste un homme occupé par les expertises, conserve la manie de donner.
Au Quai Branly sont allées ses collections d’art mexicain dont il est fin connaisseur, pour ne pas dire spécialiste. Et la statuette chupicuaro dont ce Musée parisien a fait son emblème a été découverte par lui.
Les Amis de Guy Joussemet aux Impatients fait l’objet d’un catalogue. Je dis ça pour les maudits Français qui ne pourraient pas naviguer sur le Saint-Laurent en ce moment.
19:10 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : les impatients, lorraine palardy, montréal, québec, guy joussemet, yvonne robert, louis bouscaillou, jean-joseph sanfourche, jean deldevez | | Imprimer | | |
23.11.2006
Simone Le Carré passe à Drouot
Petite larme à l’œil entre midi et 2 où j’avais trouvé 5 minutes pour aller à Drouot. Je déteste pas la salle des ventes, surtout les expos. On s’y sent comme une bille, une bille de billard électrique, poussée d’une petite cuiller en argent à un masque africain, d’un paquet de dentelles à une toile orientaliste, d’un petit biscuit à une affiche de corrida. Tout cela se bouscule dans la tête. A nous d’y faire le tri pour découvrir l’objet qui cadre avec nos recherches, avec nos goûts ou notre humeur du moment. Tiens, moi, par exemple j’étais entrée par hasard dans la salle 7, attiré par l’affiche de Sergent Peppers (pile poil pour mon daddy), quand j’ai aperçu cette émouvante petite bouille écrabouillée sous un chapeau de papiers usés par combien de semelles. J’ai reconnu tout de suite un reliquaire de Simone Le Carré Galimard.
Et alors? Mais vous vous rendez pas compte. C’est rare. Il n’en circule jamais, cette délicieuse vieille dame ayant fait don, à sa mort, de la plupart de ses travaux à la Fabuloserie. Elle vivait entourée de ses œuvres, dans une maison qui était à elle seule une œuvre enchantée. Il en subsiste une trace dans le n°1 d’un éphémère mais luxueux magazine que tous les amateurs d’art brut connaissent : L’œuf sauvage, paru à une époque (1991) où c’étaient surtout des fanzines qui s’occupaient du sujet. En vous remuant un peu, vous pouvez encore voir le reliquaire à la Simone demain entre 11 et 12 à Drouot-Richelieu et peut-être même l’acheter dans la vente de Mes Blanchet et asso. L’estimation n’est pas effrayante (150/200 €) mais je dois remplacer ma lavante-séchante qui ne va pas tarder à péter un câble.
Dans cette vente, figurent aussi des encres de Raphaël Lonné, dont une grande en couleurs et plusieurs tableaux de Jean Deldevez, une des vedettes de l’expo Les Singuliers de l’art (les vrais) au MAM de Paris en 1978.
Toutes ces pièces (du n° 213 au 255) proviennent «de la collection d’un amateur (art brut et surréalisme)». Je me demande bien qui c’est. La plupart des images que je vous montre sont empruntées au catalogue de la vente publique.
23:55 Publié dans Encans, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : simone le carré galimard, raphaël lonné, jean deldevez, art brut | | Imprimer | | |