26.10.2009
Art brut puissance 4
Serge Gainsbourg a 41 ans et il prophétise : «demain, on achètera de l'aliéné!». C'est dans un film de Roger Benayoun que j'ai vu sur le câble. Un film de 1969 intitulé : Paris n'existe pas. Un drôle de film sur le délire rétroactif. Un jeune peintre, qui rame à contre-courant, discute le bout de gras avec ses amis artistes. En panne d'inspiration, il se met à remonter le temps ce qui n'est pas très bon pour lui. Ce morceau de dialogue proféré en plein courant pop m'a frappé. Et si c'était vrai aujourd'hui? Si «l'aliéné», autrement dit l'art brut (je pousse exprès le bouchon) était en train de devenir la dernière tendance à la mode? On le croirait presque si l'on considère le nombre d'expos d'art brut qui sont proposées sur la place de Paris en même temps. Vautrez-vous un instant avec moi dans le paradoxe et vous constaterez que j'ai raison.
Rue de l'Echaudé, quand on lèche les vitrines de Jérôme Dreyfuss décorées de sacs en argile par Caroline Rennequin, on a déjà l'impression d'être sur la piste.
Descendons la rue de Seine et allons nous fertiliser les yeux au 27.
Florilèges de l'art brut : la galerie annonce la couleur. Et au pluriel, s.v.p. : Gironella, Schröder Sonnenstern, Kopac, Domsic, Crépin, Lobanov, 2 petits Hodinos et un Lesage dans un cadre égyptien. J'ai remarqué pour ma part un A.C.M. du genre navire.
Comme l'accueil n'est pas intimidant et l'accrochage généreusement visible de la rue, j'ai chipé une ou deux images.
J'ai déjà parlé de l'expo aracinienne de l'INHA (Les Chemins de l'art brut), je n'y reviendrai pas. C'était jeudi dernier l'occasion d'hommager Madeleine Lommel. On croisa du beau monde. J'ai cru reconnaître Christian Berst dans l'assistance. Ce dernier reçoit toujours son public dans sa galerie proche de l'Opéra Bastille pour son expo Made in Holland. Allez pas confondre avec L'Âge d'or hollandais à la Pinacothèque (Rembrandt, Vermeer), chez Berst c'est bien d'art brut néerlandais pur et dur dont il s'agit. Le seul «classique» (si on peut s'exprimer ainsi) c'est Willem Van Genk, une locomotive qui sert de visuel de référence sur le carton d'invitation.
Allez-y surtout pour les autres créateurs présentés. Ce sont tous des découvertes. Chacun a son style particulier et il y a de vraies pointures. Les œuvres aux pastels de Roy Wenzel sont «chargées d'énergie graphique» comme dit Michel Thévoz qui rapproche ce créateur de Dwight Mackintosh.
Les trains haletants de Ron Oosterbroek circulent en réseau dense frénétiquement dans une lumière jaune tatouée de poussière.
Chouette catalogue comme d'hab. 1, 2, 3 : ça fait trois expositions si je compte bien.
Et si j'annexe Montreuil où la Galerie abcd montre de nouvelles œuvres du tchèque Lubos Plny véritablement à-tomber-par-terre, ça fait 4 expos d'art brut très estimables et accessibles par le métro qui s'offrent à vous. Petits veinards.
23:14 Publié dans art brut, Ecrans | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, a.c.m., christian berst, willem van genk, roy wenzel, ron oosterbroek, siebe wiemer glastra, lubos plny, abcd, serge gainsbourg, roger benayoun | | Imprimer | | |