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Cet immense rêve de l’Océan

Mobilisée comme je suis par les soldes, vous pensez bien que j’ai pas eu le temps de m’occuper de mon petit blogounet. J’étais trop occupée à trouver une cabine d’essayage pour traîner dans les expos. Heureux que les copines sont là pour me tenir au courant. Entre une bataille gagnée pour une parka à col de fourrure et une défaite sur toute la ligne pour une veste en agneau abricot emportée par une concurrente, la fidèle Lucette a pu faire un détour par la place des Vosges. Elle m’a envoyé ce communiqué laconique en provenance de la Maison de Victor Hugo où se tient l’expo Cet immense rêve de l’Océan Paysages de mer et autres sujets marins par VH medium_v_h_lac.2.jpg«Visité hier la cabane à Totor. Point de vue imprenable sur l’océan. Evidemment. Fantasmagories fantastiques où bateaux en perdition et châteaux improbables sortent de la brume inquiétante».

Après quelques considérations assassines sur les audio-guides qui sifflent comme des balises de détresse quand on passe à côté de l’antenne-radar et contre les panneaux explicatifs rédigés par un hugolâtre («Aux confins de la terre, de l’eau et du ciel… face à la ligne parfaite de l’horizon… le tracé épuré du rivage…»), Lucette s’est tout de même déclarée bluffée par ces «dessins au téléphone sans téléphone». Tant qu’elle y était, elle s’est fait la visite totale : «une occasion de revoir cette maison dont les meubles conçus par V.H., qui y mettait lui-même la main, n’ont rien à envier à ceux de l’Abbé Fouré (en particulier un écritoire à 4 encriers où il se voit en séance spirite avec George Sand, Alexandre Dumas et Lamartine). Quant au décor conçu et composé par Hugo, c’est un véritable site d’art brut ! Emprunts chinois, compositions d’éléments divers, miroir étonnant au dessus d’une porte, donnent un ensemble étouffant où pas un espace ne semble laissé au vide».

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Salle à manger de Hauteville House à Guernesey

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Unica Zürn autour de midi et minuit

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Qu’esse que vous faites mercredi soir ? Si vous aimez Unica Zürn et que vous craignez pas les grimpettes, donnez rencart à votre chéri (ou à votre blonde) pour une soirée lecture rue Lepic (au n° 11) dans le 75 zéro 18, à la Cave à jazz Autour de midi… et minuit. Claude Darvy y lira des extraits de L’Homme-Jasmin, de Sombre Printemps et de Vacances à Maison-Blanche (et non «à la Maison Blanche» comme l’indique à tort le programme). Il m’a été offert à Buchladen, la sympathique petite librairie de la rue Burq située un cran au-dessus de ce vieux Studio 28, le ciné ousque L’Âge d’or de Luis Bunuel a été projeté pour la première fois et où Animula va. La dame qui tient Buchladen est une de ces Allemandes de Paris qui a choisi de jeter l’ancre sur cette butte Montmartre qu’Alphonse Allais rêvait de transformer en port de pêche. A côté des gros poissons de la littérature européenne du moment, elle n’a pas peur de ramasser dans ses filets du fretin plus curieux. C’est ainsi que le beau visage d’Unica est apparu récemment dans sa vitrine. J’ai reconnu ces «Vacances» (Editions Joelle Losfeld), vacances dans ce qui est en fait un hôpital psychiatrique, genre de lieux dont Unica Zürn était périodiquement la pensionnaire.
Dans son très bel Homme-Jasmin, publié dans la traduction française de Ruth Henry et Robert Valançay peu de temps après qu’Unica ait choisi de mettre fin à ses souffrances et à ses jours (19 octobre 1970), celle-ci consigne les «impressions d’une malade mentale» (Eindrücke aus einer Geisteskranken).

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Parlant d’elle même à la 3e personne, elle s’y décrit luttant farouchement pour une cigarette, s’abandonnant à la vieille et dangereuse «fièvre des anagrammes» (Hexentexte = écritures sorcières), «trompant la vie», comme l’écrit Pieyre de Mandiargues, en exécutant, quand elle dispose de plumes et de papier, des dessins automatiques «qui enchantèrent le regard des poètes autant que celui du peintre le plus sévère en la matière : Jean Dubuffet».



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Figures de l'art brut russe

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Moi qui venait d’enfiler de ravissantes chaussettes tibétaines, vous m’avez coupé l’herbe sous les pieds, M. Decharme. Je me promettais de parler demain de l’expo Figures de l’art brut russe qui va commencer à l’Objet Trouvé quand j’ai découvert votre pseudo-commentaire (en réalité un véritable post) sur celle-ci. Permettez-moi de vous dire que ça n’a rien à voir avec Notre histoire, Quelle histoire auquel vous l’avez accroché. Un grand boula-matari de l’art brut comme vous devrait avoir honte de jouer à ça. C’est bon pour les trolls et les trollesses, c’est pourquoi je vous l’ai sucré. Seulement, comme je suis cossarde et que vos propos manifestent une surprenante évolution d’un débat amorcé sur mon blogounet (voir la note Fabuloserie or not Fabuloseries), je ne résiste pas au plaisir de vous laisser la parole avec images à l’appui, malgré votre ton un tantinet sérieux :
«N’ayant pas le goût des piapias et des mondanités, j’aime plutôt pousser la porte des galeries quand leurs animateurs, forcément un peu stressés la veille du vernissage, sont en train de se donner des coups de marteau sur les doigts. Cet après-midi, mes déambulations m’ont conduit à la Galerie Objet Trouvé. L’exposition (…) Figures de l’art brut russe me replonge avec délectation quelques années en arrière quand, avec la Galerie Messine, Thomas Le Guillou, abcd avaient organisé l’exposition Alexandre Lobanov et l'art brut en Russie. 3 ans plus tard, pour notre grand bonheur, Christian Berst et son équipe nous proposent une belle sélection de Lobanov, une série de gouaches d’Almazov dont l’accrochage dense donne à cette œuvre une force qu’elle n’a peut-être pas lorsqu’on dissocie chaque pièce de son ensemble. (…) Romanenkov avait échappé à notre sélection. Il me souvient que nous trouvions ses travaux trop empreints de clichés naïfs. Au cours des années, le style de cet artiste a beaucoup évolué et certaines œuvres exposées ici sont vraiment très fortes. Depuis notre exposition de 2003 et d’autres manifestations qui montraient des travaux de l’art brut russe (Pavillon des Arts à Paris, Folk Art Museum à New York, Art Fair à Cologne, Contemporary Folk Art Museum à Kaustinen, Shiseido Foudation à Tokyo), de nombreux amateurs exprimaient leur désir d’acquérir des pièces. Grâce à la Galerie Objet Trouvé voilà qu’aujourd’hui il est possible à toutes et à tous de satisfaire enfin leurs souhaits (…)».
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Si après cela, vous n’invitez pas, cher Bruno Decharme, votre petite âme errante à squatter votre site quand elle en aura envie ou si Monsieur Berst s’avise de lui remonter les bretelles, que nos lecteurs sachent que c’est à désespérer de l’humanité singulière.

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De la prison à l’artification

C’est fatigant des fois d’avoir raison avant tout le monde! Car c’est fou ce que j’ai de l’avance sur l’air de mon temps par moment. Tiens, mes chevilles, par exemple. Je vous en ai déjà parlé? Et bien, elles vont bien merci. Je dis pas qu’elles me permettent de danser avec les Demoiselles d’Avignon mais presque.

Ces demoiselles viennent de laisser un commentaire sur le blogue à Michel Benoit. Elles s’étonnent qu’on ait pu «enfin» pénétrer dans la prison Sainte-Anne, célèbre dans notre petit monde outsider pour son mur des offrandes.

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Ces demoiselles ne fréquentent pas assez l’univers impitoyable d’Animula. Si elles avaient mieux lu leur petite âme errante, elles auraient vu que, dans deux chroniques de 2011, fastoches à retrouver ici et , j’avais déjà entraîné mes lecteurs dans la visite des fresques carcérales abandonnées sur le chantier de ce qui est en train de devenir un luxueux hôtel.

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En 2012, il s’est trouvé un plasticien avignonnais de bonne volonté, Jean-Michel Pancin, pour détacher de leurs parois de misère certaines de ces fresques.

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C’est ce que nous apprend Michel Benoit en relayant l’expo Ennemi public qui se tiendra jusqu’au 16 février 2013 à la Galerie Magda Danysz, 78, rue Amelot (75011). Pas très loin de la Librairie du Monde Libertaire si vous voyez ce que je veux dire.

Deux liens préconisés par Michel Benoit sont à suivre. Ils nous apprennent que, à partir du 19 avril 2013, au Palais de Tokyo (qui comme chacun sait est à Paris), Pancin présentera ses travaux sur et autour de la zonzon de Ste-Anne.

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Si je comprends bien cette manifestation montrera une série de photos de rayons de soleil dans les cellules (Lumières 2010-2012), une série de frottages de cœurs gravés sur les murs, une installation de portes de cachots : Tout dépendait du temps.

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Ce titre a déjà servi pour une exposition Pancin aux Abattoirs de Toulouse, signalée par Lunettes Rouges le 15 octobre 2012. Il est question en outre de Pelotes, c’est à dire de chaussettes. De chaussettes lancées aux détenus par leurs familles depuis le jardin surplombant la cour de la prison.

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Elles contenaient des messages et diverses choses prohibées par le règlement. Certaines échouèrent dans les barbelés où l’artiste les a récupérées, trempées dans la résine, montées sur socle d’acier, ce qui prouve qu’il a de la suite dans les idées.

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Si ces pelotes n’atteignirent pas leur destinataire, elles ont touché déjà le public des salles de ventes (Cornette de Saint-Cyr, 5 novembre 2011).

Voilà sans doute ce qu’on appelle de «l’artification»! Les prisonniers ou ex-prisonniers en verront-ils jamais la couleur ?

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Jardin de Gabriel-novembre 2012

Gabriel Albert. Sans commentaire, cette photo de JL Bouteloup que j’emprunte au Journal d’une élue de la Région Poitou-Charentes.

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Sans commentaire mais non sans lien à ma note du 15 mai 2011 : Un geste pour Gabriel Albert.

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Gallinacés et Sciuridés de Sainte-Hélène

A chaque époque son totem. L’année dernière, je célébrais l’oie, cette année la grosse poule qui se prenait pour un arbre dans un paysage très «peinture de Pont-Aven» bien qu’on soit dans le Morbihan, du côté de Sainte-Hélène-sur-mer.

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Poule d’un côté, écureuil de l’autre, à vrai dire. On s’en rend compte sur ces clichés anciens. Une performance à l’état pur. Toute dans l’œil de la première Ani qui passe.

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Evidemment, j’aurais beau me prévaloir de mon avant-propos (à relire de temps en temps !) où j’annonce la couleur en ce qui concerne «la poésie naturelle», on va me dire que je m’écarte encore de mon sujet. Que je me vautre dans le surréalisme. Et la «brigade du bon goût» (voir commentaire de Matthieu du 11.12.2012) sera «PT de rire» (traduction) une nouvelle fois.

C’est égal, je me demande ce que cette grosse poule-écureuil est devenue. Elaguée ou abattue ? J’aimerais savoir. Donc si des fois un Animulien, passant dans ce coin de criques et de pointes, reconnaît l’endroit, qu’il nous le dise!

Je dédie cette note fantaisiste et nostalgique à l’Auvergnat qui, sans façons, courait après ses poules avec une épuisette pour les faire rentrer au bercail. Il se reconnaîtra.

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12.12.2012 | Lien permanent

Nouvel arrivage de «Jeune Création Contemporaine»

En passant par l’hôtel Drouot, j’ai picoré dans la salle 9 le nouvel arrivage de la «Jeune Création contemporaine».

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Voici donc ma petite sélection.

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 N° 154. Eliane Larus. Enfant au lézard

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N° 161. Michel Macréau. Le coeur rouge

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N° 143. Anselme Boix-Vives. Série des concierges

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N° 186. André Robillard. Sur le sol lunaire.

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N° 257. Mariam Koopen. s.t.

Attention, la vente c’est demain samedi 7 février à 14h.

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06.02.2015 | Lien permanent

Le comte de Tromelin se trouve au Salon

On peut dire ce qu’on veut mais le monde est bo. Et la découverte extraordinaire. Il suffit d’aller la chercher. Où? Au Grand Pal ce ouikène. Jusqu’à dimanche 26 avril 2015 à 20h. L’événement c’est le Salon international du Livre rare & de l’Autographe.

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Vous pourriez me dire que c’est pas votre truc de vous vautrer dans la Culture avec un grand cul. Qu’en guise de lecture vous vous contentez des rézos socios. Vous auriez tout faux. Ce salon des beaux bouquins de collection n’est pas qu’une affaire de thune. C’est aussi du fun. A chaque coin d’allées on y a des rencarts avec de super images qui sortent pas toutes des vieux grimoires d’un film d’aventures médiévales de série B.

Celles de Tromelin, par exemple. The comte de Tromelin himself. J’espère que ce nom là résonne comme un tambour dans vos mémoires animuliennes. Sinon propulsez vous vite fait sur mon post du 2 mai 2010 titraillé Mirsky appelle Tromelin. Tromelin c’est le genre de gus dont on désespère d’avoir des nouvelles quand on est comme moi une fondue de la Chose brute. C’est miraculeux que des infos sur lui et à fortiori des œuvres de lui apparaissent sur le marché.

comte de tromelin,pierre saunier,salon du livre rare,grand palais

Du diable si je m’attendais donc à le rencontrer là sur le très chicos stand de Pierre Saunier      (A8 sur le plan). Pour ceux qui savent pas, je rappelle que  P.S. s’est fait connaître par sa sympathie pour le devil symboliste.

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Sa capacité de chineur et son goût de l’éclairage des beautés obscures l’ont mené ensuite à l’exploration tout azimut de territoires gromantiques, surréalistes, avant-gardistes vierges ou méconnus. C’était donc fatal que le catalogue de ce libraire-esthète, pas plus bavard que Félix Fénéon mais de plume acérée comme l’était ce grand écrivain et/ou marchand d’art, s’ouvre aux merveilles de l’art brut. Sous les numéros 129 et 130 de celui du salon qui s’intitule C’est les bottes de 7 lieues (clin d’œil au poète Robert Desnos), le flirt est même poussé très loin.

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Nous est proposé un dense et grouillant dessin original de Tromelin à la mine de plomb sur «papier épicerie fine» et daté de 1904. Bluffant de chez bluffant! Un méli-mélo crépusculant et vertigineux, plus qu’envoûtant : terrible et délicieux.

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Ce dessin est précédé d’un attrayant et conséquent paquet comprenant 62 photographies inédites représentant des dessins médiumniques résultant d’une fièvreuse activité tromelinesque datant de la période 1902-1909.

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Ces photos sont annotées et légendées (sur le fond cartonné où elle sont montées) par le Capitaine Quenaidit, «premier admirateur fervent» de Tromelin dixit Pierre Saunier.

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Si, comme votre petite âme errante, vos moyens économiques ne vous permettent pas de vous aligner pour l’acquisition de ces deux jolis lots, consolez vous en achetant le catalogue PS. Il est parfaitement documenté et facile à identifier avec sa couverture au collage de Prévert. Que vous soyez collectionneurs, simples amateurs d’art brut ou institutionnels concernés par le sujet, vos archives s’en trouveront bien.

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24.04.2015 | Lien permanent

abcd : adn de l’art brut

Si je pouvais je mettrais Paris en bouteille et la maison rouge dans la poche de mon sac à dos. Pourquoi? Parce que la Collection Decharme qui y est exposée se déplie de l’entrée à la sortie comme un éventail japonais et que je me dis qu’elle pourrait se replier aussi. Ce serait pratique. Chaque fois que j’en aurais envie, je l’ouvrirais pour moi toute seule au lieu de la partager avec quantité de gens.

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Mais je suis pas accapareuse. Je vous invite donc à la visiter sans craindre les heures d’affluence. Après un long couloir qui nous désintoxique des sirops artificiels du monde extérieur, on progresse d’enchantements en sortilèges, sous l’empire de sentiments forts, d’impressions rétiniennes durables et d’idées qui se mettent à vous pétiller sous la chevelure.

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Au gré des méandres engendrés par les alvéoles inégales et biscornues qui s’offrent successivement à nous, dans un désordre contrôlé qui communique son rythme syncopé à l’expo. Sur le plan ça ressemble à une clé à molette en kit.

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En vrai ça imite le fonctionnement chaotique de la pensée vivante. D’aucuns s’en inquiètent. «T’as fait des dessins?» questionne une mère, soucieuse de retenir sa fille qui court comme une balle de flipper. Liberté de photographier. Certains croient capturer l’inneffable dont ils sentent ici la présence.

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Pour scander le parcours des visiteurs moins électriques, les organisateurs de cette exposition entièrement dévolue à l’art brut l’ont segmentée en 12 parties plus ou moins évidentes. L’une d’elle aurait gagné à être désignée par un terme moins lourdement philosophique que : Hétérotopies scientifiques. Une autre a des faux airs d’une chanson de Bashung : Vertiges de la chair.

Mais dans l’ensemble c’est cohérent quoiqu’un peu arbitraire. En voici le déroulé, emprunté au sommaire du book abécédien sorti pour l'expo:

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Pourquoi 12 stations comme autant d’apôtres? On peut se le demander. On dirait qu’un refoulé biblique fait retour. Le voyage au pays de l’art brut decharmovien situe d’ailleurs très classiquement le chaos «à l’origine» alors que c’est plutôt tout au long du processus des œuvres qu’il se situe.


Un chaos délibérément organisé dans sa répétition même. Comme tel, ni commencement ni fin. Décalage structurel permanent. Ceux qui n’aiment pas qu’on les guide pourront tout aussi bien partir de ce cœur rouge palpitant : la petite pièce où le livre de Dellschau est présenté.

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Et rayonner autour. Ou bien s’inventer des circuits personnels comme ces visiteurs qui pistent les pièces dispersées d’un créateur. Car cette exposition permet tout.

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Son grand mérite c’est de n’avoir pas cédé à la facilité de nous promener dans une succession de salles dont chacune aurait été réservé à un créateur. La présence des nombreux anonymes et des pièces orphelines ne le permettant d’ailleurs pas.

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L’exposition de la Collec Bruno Decharme à la maison rouge s’attaque de ce point de vue à une tâche impossible : une confrontation d’ensemble sur le mode thématique.

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Elle n’en sort pas toujours gagnante. Exemple : les photos de Tichy paraissent soudain pâlotes dans le voisinage des Aloïse. Mais elle témoigne avec brio de la féconde hétérogénéité de l’art brut (autant d’art brut que de créateurs!).

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Elle révèle paradoxalement, en s’en accommodant, la capacité de résistance à l’exhibition collective qui fait partie de l’ADN de l’art brut.

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Bonus. Pas de panique pour la deadline. L'expo abcd à la mr se termine le 18 janvier 2015.

En revanche ça urgeotte pour la carte blanche qui lui fait écho chez Christian Berst : 29 novembre 2014.

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Tête de brigand mise à prix

Piqûre de rappel au rayon art populaire. Une bonne dose dans ma boîte ce matin. Le catalogue de la vente Martine Houze dont je vous ai parlé le 10 avril dernier. Par chance, la factrice s’était levée avec les poules. Sacré bel objet. Vous pouvez vous contenter de le consulter sur le site de l’expert mais cette version papier, ce serait dommage de vous en priver. Là, j’ai pas le temps, alors je me contente de vous reproduire une image tout à fait dans vos cordes.

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Mais sachez aussi qu’il y a des tas de pièces brillantes, curieuses, émouvantes dans ce catalogue qui témoigne de l’intérêt passionné de l’expert pour des productions paysannes délicieusement «terre à terre», tels ces pièges à assommer les rats si ingénieux qu’on dirait des outils fabriqués par les Inuits.

art brut,art populaire,martine houze

Sur le plan de la langue, on se délectera aussi de la lumineuse précision des descriptions accompagnant les images. Style : «Sculpture d'art brut façonnée dans un tronc d'arbre fruitier. La bouche comporte une dentition naturelle. Les yeux en verre bleu apparaissent dans les fentes d'un loup. Le front ceint d'une cartouchière en cuir garnie de quelques plumes et d'une matière rose».

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