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Trickster et Diabolo
Me reste plus qu’à prier Manitou pour que les actes en soient publiés. Y’avait là-dedans pleins de sujets croustillants : cabinets de curiosité, reliquaires, Museen für Völkerkunde, Australian Aboriginal drawings, usages micmacs de la croix chrétienne et objets «trickster».
Le trickster, si j’ai bien compris, est lié au chamanisme et aux sociétés amérindiennes qui n’éprouvent pas le besoin d’avoir un mot pour «art», les veinardes. Dans les récits populaires, c’est un héros comique, farceur, taquin et ambigu. Un civilisateur et un fouteur de merde. Je schématise parce que ça met en jeu plein de notions coton à comprendre pour nos cervelets européens.
Trickster et la danse des oiseaux
Peut-être qu’on peut s’en faire une idée en croisant le chemin de ce monsieur Charlie aux exubérants costumes dont j’ai eu l’occasion de vous entretenir dans ma note du 17 juin (Le petit train du monde). Imaginez-vous (vive le hasard !) que je l’ai rencontré vraiment, en costume civil – c’est-à dire avec la parka de camouflage gris et blanc mais sans pancarte - à Barbès, à l’arrêt du 85. Comme il avait troqué son gibus impressionnant pour un simple calot orné de badges, j’hésitais mais j’ai reconnu Diabolo, son petit chien dans sa poche kangourou. Monsieur Charlie sera sans doute à la prochaine Marche des Fiertés homosexuelles le 30 juin à Paris. Il prépare de nouveaux accessoires.
On pourra le photographier, en lui témoignant tout le respect qu’il mérite car c’est un créateur de la veine de Vahan Paladian ou Giovanni Podesta dans la catégorie «vêtements et parures».
Manteau de Giovanni Battista Podesta
Bien à l’abri derrière ses lunettes noires et son message politique, il semble plus à l’aise quand son interlocutrice respecte avec lui une distance d’environ un mètre.
A côté de lui, le spectacle de la rue paraît bien falot même au Marché de la Poésie, place Saint-Sulpice où officiaient un percussionniste sur marches d’escabeau et un gratteur de contrebasse sommaire.
24.06.2007 | Lien permanent
Curios & Mirabilia
Les grands (!) de ce monde donnant l’exemple, je vois pas pourquoi votre petite âme errante ferait des complexes.
Sachez donc, Animuliens et Animuliennes que je vous ai servi d’ambassadrice au vernissage des 5 d’Oakland et que je vous en ai rapporté quelques souvenirs. Montreuil, ça vaut bien Malte, pas vrai? Et c’est mieux fréquenté. Il y avait les créateurs en photo à l’entrée et le directeur du Creative Growth Art Center, Tom di Maria himself qui était descendu pour l’occasion de sa Californie.
Quant à Daniel Spoerri, il a recueilli et encadré la collection sentimentale soigneusement étiquetée d’une dame de la fin du XIXe siècle.
Balle de fusil du champ de bataille de Waterloo, pierres rapportées des ruines de Carthage, petit morceau du drapeau du Bucentaure de Venise etc.
10.05.2007 | Lien permanent | Commentaires (3)
Médaille, caresse et couronnement
Oyez, oyez donc braves gens que le 15 de ce mai magique la médaille de la ville de Paris sera remise à mister Chand (Nek) de passage dans notre capitale par un adjoint au maire (et député) dont le nom est si proche de Caresse que je ne résiste pas à l’évoquer.
Le couronnement aura lieu à la
14.05.2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
Christian Delacampagne est parti un dimanche
Pour peu que vous pensiez comme moi qu’il y a des noms prédestinés, vous ne vous étonnerez pas que le philosophe Christian Delacampagne se soit penché sur les œuvres du bord des routes ni qu’il ait disparu un dimanche, jour des autodidactes créateurs.
Le Monde nous l’a appris, par la plume de Roger-Pol Droit, le cancer dont Christian Delacampagne souffrait et qui l’avait contraint à interrompre ses activités professorales à Baltimore, le cancer a eu raison de lui le 20 mai 2007.
Ironie du sort, je n’ai pas eu le temps de vous parler de son dernier bouquin, sorti en février, où il revenait sur la question de l’art brut. J’aurais dû, mais vous savez ce que c’est : les chats à fouetter. Dans ce Où est passé l’art ? (Editions du Panama), sous-titré : Peinture, photographie et politique (1839-2007), il énumérait, parmi les raisons d’espérer, «l’essor, en marge de la scène officielle de l’art où plus rien d’imprévu ne se passe, d’un art des autodidactes, riche, quant à lui, d’innombrables virtualités».
Les rubriques nécro ne sont pas mon fort. Je préfère les grimaces aux larmes à l’œil mais ce n’est pas sans une certaine émotion que je range Christian Delacampagne dans ma rubrique In Memoriam (heureusement peu fournie). Non seulement parce qu’il était de la génération de mon daddy joli (que je devrais bichonner davantage parce qu’il est pas éternel) mais parce qu’il faisait partie de ces grosses têtes qui, quoique universitaires, sont capables de faire avancer le schmilblick. Ils sont pas si nombreux, on le sait, et Delacampagne livrait pour sa part les noms de Roger Cardinal et Michel Thévoz (page 161).
Les Animuliens et liennes assez vieux et vieilles pour se souvenir de l’impact de son livre de 1989 Outsiders : fous, naïfs et voyants dans la peinture moderne (1880-1960) aperçoivent de quoi que je cause. Selon R.-P. Droit, les amis de Christian Delacampagne «peuvent témoigner de son extraordinaire et discret courage, qui n’était pas sans faire penser à celui des sages antiques, le sourire en plus».
Je citerai pour ma part cette phrase du philosophe tirée d’un entretien avec des étudiants libanais : «Je suis loin d’être, comme on dit, un professionnel de l’art contemporain et encore moins un spécialiste du Liban mais je m’intéresse à l’un aussi bien qu’à l’autre».
A son exemple, intéressons-nous !
24.05.2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
Projo sur expos
Vous allez dire que j’aurais dû vous prévenir avant, petits Animuliens pléonastiques que vous êtes, mais je vous répondrai que mieux vaut tard que jamais quand il s’agit de mettre un coup de projo sur les expos.
Voici donc à la diable quelques infos en cas que vous manqueriez d’idées pour vos ouikènes.
C’est un article de Yasmine Ben dans Le Maghreb, un quotidien économique, qui a mis le 24 mai 2007 la puce à l’oreille de votre petite âme errante concernant Un appel singulier, la grande exposition-hommage à Baya au Musée National des Beaux-Arts d’Alger.
C’est jusqu’au 22 juin 2007, dans le cadre de Alger, capitale de la culture arabe mais Yasmine Ben a raison de souligner que «la peinture de Baya est unique, dans le sens où elle ne prend pas son inspiration de ces signes et symboles» propres à la culture de son pays, «mais ses signes elle les invente, elle les crée de façon aussi naturelle qu’esthétique».
Plus de 80 tableaux dont une cinquantaine appartenant à des collections privées, ça mérite qu’on se penche sur le cas Baya Mahieddine.
Vous vous en doutiez, je l’avais promis (ou presque), de petites fourmis chicoutimulesques m’ont envoyé des images de la nouvelle installation québecoise de Richard Greaves dans le jardin de la Pulperie-chérie et je vous en fait profiter, petits chanceux.
The last but not the least : pour la première fois l’Atelier Adriano e Michele ouvre ses portes à des productions en provenance d’autres ateliers «d’art-thérapie» (pour aller vite). C’est près de Milan au Centre Fatebenefratelli de San Colombano al Lambro.
Le vernissage est aujourd’hui, dimanche 27 mai à 17h 30. L’expo, dans la salle d’expo transformée en galerie pour l’occasion durera jusqu’au 29 juillet 2007. Elle s’appelle Acrobazie # 3 parce que c’est le 3e volet d’un cycle créé par Elisa Fulco et Teresa Maranzano.
Parmi les créateurs de l’Atelier Blu Cammello de Livorno, j’ai remarqué Riccardo Sevieri
parmi ceux du Cec La Hesse de Vielsalm (Belgique), Brigitte Jadot mais il faudrait en savoir plus.
27.05.2007 | Lien permanent
A la Dame maman
Ce chameau-là est tombé sur un obscur Bulletin de la Société Anonyme des Amateurs (texto, sur la tête de ma mère !) datant de 1997 et servant de catalogue à une expo, Stigmates, du Centre d’Art Contemporain de Rueil-Malmaison.
C’est tout juste si elle m’a laissé scanner une des illustrations d’un article d’Emmanuelle Gall sur les Tatouages du milieu parce qu’elle était «scotchée» par les portraits agrémentant un petit Musée criminel constitué par des photos d’archives du Petit parisien, prises entre 1920 et 1945 et retouchées manuellement.
J’ai donc dû me contenter de cette lettre «à la Dame maman», écrite par un certain Joël sur un méchant bout de papelard dentellisé et vaguement décoré.
Comme vous aurez du mal à le lire sur l’image, votre petite âme errante, qui est une mère pour vous, vous le transcrit :
Je te remercie de m’
avoir bien soigne
et j’en te remercie et
t’aime encore
plus si sai possible
car tu ai bien
gentille aussi comme
j’ai du papier et
un crayon j’en
profite pour t’crire
et surtout te rem-
ercier de m’avoir
soigne et d’avoir
fatigue, pauvre
petite chéri de
maman je t’en
remerci beaucoup
et je t’assure que
si tu ete malade
se que j’espere bien
que non je te soignera
fort bien, pardonneme
tout je ce t’ai
fait
Je
fort tembrasse.
Pour celles à qui ça suffirait pas, je leur conseille de se brancher sur le site des gars du New York Naked Ukulele Ensemble qui leur interpréteront Sunny afternoon.
03.06.2007 | Lien permanent
Du pitchic art à Ste Anne
C’est que Sainte-Anne c’est au diable et le Musée Singer-Polignac avec. Et puis c’est bien gentil cette exposition Pitchic-Art qui s’y tient jusqu’au 8 juillet 2007 et le parcours de François Tortosa, dont on montre les œuvres, est sans doute émouvant mais il y a erreur sur la marchandise. Les tableaux au sable réunis sous les vénérables voûtes du MSP appartiendraient plutôt à ce genre de productions enrôlées parfois sous la bannière de la «Création Franche».
François Tortosa, qui longtemps a connu la prison où il a, de son aveu même, «lu énormément de bouquins sur les peintres», a le sentiment d’avoir été sauvé par la peinture. Ceci, évidemment, se respecte mais il faut être gonflé tout de même pour évoquer à son sujet, comme le fait La Tribune de Genève du 6 juin 2007, «l’art brut de Gaston Chaissac ou de Jean Dubuffet».
Personnellement, ce que j’ai trouvé notable ce sont ces carnets enluminés qui sont présentés sous vitrines. Peut-être parce qu’ils témoignent mieux des rêves, des désirs, des aspirations de quelqu’un dont le quotidien est tragiquement entravé.
Deux de ces carnets vont être publiés par les Editions Edite (?). Un bon de souscription est distribué sur place. Livraison en juin.
Leurs titres : Hymne à la vie et Les Chants de la Côte Sainte Catherine (bienvenue amis québécois).
09.06.2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
A l'envers et à l'endroit
Quels bastons, mes Animulions! Une fois de plus le débat était chez Animula et pas ailleurs. Aucun barbecue d’été n’était programmé sur mon blogounet mais grosse montée de potes quand même. Je ne sais si le mérite en revient à messieurs Ernst et Neter ou aux gesticulations d’anguille auxquelles votre petite âme errante a dû se livrer pour se soustraire au harcèlement soit-disant subtil d’un canif bien trempé quoiqu’un peu jeunet. Toujours est-il que vous avez fait exploser l’audimat et je vous en remercie. Cela valait bien 2 ou 3 nuits blanches et tant pis si on se croirait dans la Famille Adams avec mes poches sous les yeux.
Enfin tout ça c’est bien beau mais ma «mission» consiste pas à enculer les mouches («Ani, tu d’viens vulgaire») en compagnie d’un second (puis d’un troisième) couteau mal luné. On en oublierait presque les choses importantes et celles-ci, comme les perches, viennent du Léman. De Lausanne pour ne pas la nommer. C’est à l’Envers et à l’Endroit que cette Mecque de l’Art brut consacre son exposition d’été. L’Envers et l’Endroit ne désigne pas seulement les deux versants de l’existence, elle fait référence aux travaux d’aiguille puisque cette expo regroupe jusqu’au 27 janvier 2008 (l’été se prolonge en Suisse) les œuvres d’une trentaine de créateurs issus de 13 pays situés dans 4 continents (ne manque que l’Océanie).
La figure de proue en est la robe de mariée de Marguerite Sirvins, réalisée au crochet dans un établissement psy, à partir des fils tirés de ses draps. L’impeccable carton d’invitation dépliant évoque à ce propos un «Jour de noces improbable». Son texte semble le résultat d’un compromis, comme si il était écrit d’une main qui dit juste : «Les auteurs d’Art Brut, quant à eux, gagnent le large, tissent toiles et réseaux pour atteindre des territoires oniriques et mentaux vertigineux» et d’une autre main moins inspirée quand elle évoque -sur le modèle de la névrose alors qu’on nage dans la psychose- le dévidement des «fantasmes» pendant la cousette.
Si l’art brut n’est que révélateur à fantasmes ou à «rêveries», je m’explique mieux que le dossier de presse de cette expo ne craigne pas de coller le mot «artistes» à côté de celui de Collection de l’Art Brut.
La prochaine fois, je suggère à ses rédacteurs, de se fondre enfin dans la respectabilité du mainstream et de se débarrasser un fois pour toutes du concept forgé par tonton Dubuffet.
Comme il est des couteaux sans lame auquel il manque le manche, il est des coupures que s’emploient absurdemment à refermer ceux-là même qui les avaient ouvertes.
16.06.2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
Le petit train du monde
Et pendant ce temps là, le monde continue d’aller son petit train. Cela ne saurait tarder, les Japonais seront bientôt fous de Darger et de son « little-know solitary world ».
Le Hara Museum of Contemporary Art de Tokyo lui consacre une expo : A story of girls at war of paradises dreamed.
Si vous passez par là, c’est jusqu’au 16 juillet 2007 mais vous pouvez aussi aller vous vautrer sur le site. C’est en anglais ou en japonais (beaucoup plus chic).
Retour chez nous pour une arcimboldesque, dread-lockesse et samouraïesque image de cet amateur de yorkshire terrier qui fréquente les manifs de profs, la journée de la Fierté homosexuelle ou les marches de sans-papiers.
C’est Francis Beddok qui a mis cette extraordinaire photo (et ses petites sœurs) sur Paris Emoi, son blogue qui relate 1000 petites choses vues à Paris.
S’il y a un Québécois dans l’assistance, qu’il n’oublie pas que le mardi 19 juin 2007 c’est l’inauguration, à Baie Saint Paul, de la Galerie Vincent et moi, l’art en tête qui «se veut d’abord un lieu de diffusion et de sensibilisation au travail d’artistes dits marginaux (…)».
Un petit compte-rendu pour les Animuliens européens serait le bienvenu.
Là dessus, je vous quitte dans un bruit de vaisselle cassée (c’est mon chéri que j’ai qui s’occupe du ménage pendant que je pianote pour vous comme une shadock) et je vous dis : «à la s’maine prôchaine».
17.06.2007 | Lien permanent
Beau masque à Bordeaux
La fanfare des expositions de l’été est en marche et pour frimer un max auprès des copines, pour en jeter plein les calots de nos Apollons des plages, il va nous falloir autre chose que le souvenir vague du 19e épisode de la 10e saison des Simpson (Mom and pop art).
Pour alimenter convenablement la tchatche et ne pas passer pour la tespa de base, il va falloir au minimum avoir vu le nouveau masque de Pascal-Désir Maisonneuve au musée des Beaux-Arts de Bordeaux. C’est un don de Max Boissonnet, le fils d’Edmond, un peintre ami d’André Lhote qui pouvait pas encadrer la peinture de Dubuffet (Dubuffet n’aimait pas la sienne non plus) mais qui, dès 1935, avait pondu une Préface pour une exposition de masques de Maisonneuve. Préface fourrée dans son recueil intitulé Peinture d’abord.
Pendant qu’on y est, avant de filer sur Laval pour la 6e Biennale internationale d’art naïf qui fait la part belle aux «singuliers locaux» : Alain Lacoste, François Montchâtre, Antoine Rigal (et pourquoi pas Robert Tatin? on se le demande) formant, selon le site de la mairie, «autour du vendéen Gaston Chaissac» (né à Avallon !) «un noyau artistique particulièrement actif», avant de filer, dis-je, sur Laval, on peut s’attarder encore un peu à Bordeaux.
Pourquoi ? mais pour Les Peintures haïtiennes d’inspiration vaudou au musée d’Aquitaine c’te bonne blague.
Toiles et ferronnerie en provenance d’une collection privée bordelaise.
Bon allez, moi je descends ici. C’est tout pour le moment. Bonne route et attention aux méchants radars.
10.06.2007 | Lien permanent