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Rechercher : plancher de jeannot

Mirsky appelle Tromelin

Le comte de Tromelin est «appelé» par Eugen Mirsky. C'est bizarre comme les choses se font sur mon blogue! Voilà-t-il pas qu'à l'occasion de ma note précédente, Tromelin, mathématicien et lauréat de l'Institut, montre le bout de son nez comme s'il n'attendait que votre petite âme errante pour se manifester.

Renseignement pris, il a peut-être trouvé qu'il était victime d'une injustice. J'avais encore jamais parlé de cet auteur de dessins «semi-médianiques» (comme il dit) qui sont connus parce que certains figuraient dans la Collection du Dr Marie, laquelle a trouvé refuge à la Collection de l'Art brut à Lausanne.

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Collection de l'art brut

Tromelin nous ramène à la préhistoire de l'art brut puisque né à l'époque romantique (1850). Il disparaît en 1920 de mort naturelle (bien que souvent incité au suicide par des esprits auxquels il résiste quand ils lui murmurent : «Que fais-tu dans cette vie de misères? Tu végètes et tu mènes une vie misérable. Tu n'a qu'à te tuer, pour trancher le fil de ton destin fatal».

En fait de «vie misérable», Tromelin a découvert le spiritisme en 1903 alors qu'il a déjà 53 balais (de sorcières, bien sûr). Comme Fernand Desmoulin, il dessine dans le noir, la nuit, sur un tableau qu'il garde près de son plumard pour y faire des calculs en cas d'insomnie.

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Collection de l'art brut

C'est aussi parce que le sommeil la fuyait qu'une de mes infatigables petites fourmis animuliennes m'a envoyé un courriel pour me dire : «je me suis rappelé à propos de Mirsky (anagramme Rimsky ?) cette nuit un vieil article de revue Aesculape et j'ai retrouvé des reproductions (la revue doit être à Sainte-Anne), c'est un supplément de novembre 1913 où je pense qu'il y avait un article de Jean Vinchon sur le Comte de Tromelin et un de (sic) Dr Ch. Guilbert sur la voyance».
Merci à vous, Béatrice Steiner, puisque c'est vous l'industrieuse informatrice (avec tout le respect qu'Ani réserve au savant docteur que vous êtes) à laquelle mes lecteurs vont devoir ces troublantes images de

Démons et démones

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Marchande de plaisirs

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Princesse des enfers et de la luxure (Asmodée)

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Culte de la beauté

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Rites magiques

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C'est aux pages 64-65 et 66 du numéro de la revue que vous citez qu'on les trouve. J'en ajoute quelques-unes dont la place n'est pas précisée et d'autres tirées en bleu qui proviennent sans doute de l'article du Dr Guilbert.

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art_brut9.jpgCeux et celles qui veulent en savoir + n'ont qu'à lire la contribution de Michèle Edelmann sur les dessins tromelinesques dans la section Collection du Docteur A. Marie paru en 1973 dans le fascicule 9 des Publications de l'Art brut.

Un sacré numéro où voisinent Fulmen Cotton, Hodinos, Tromelin, le Voyageur français et d'autre vedettes. On y apprend que le Dr Papus, dans sa revue spirite L'Initiation a donné un texte de Tromelin où celui-ci explique comment il faisait naître les formes d'une feuille de papier vue en transparence.

A ce propos si quelqu'un pouvait me montrer l'ex-libris de Papus, je serais aux anges car il est dessiné par Tromelin à ce qu'il paraît. Là-dessus, bonsoir car vous croyez pas des fois qu'on va faire toutes les nuits office de médiums, Béatrice et moi, Ani!

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En direct du LAM

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Encore une bêtise d’Animula.
Dans la série ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît, votre étourdie de petite âme errante a oublié d’attirer votre attention sur cette hénaurme et définitive déclaration de madame Véronique Petitjean, directrice de la communication du LaM, devant micros et caméras de Grand Lille TV le 27 septembre 2010 : «On est finalement le seul musée -d’où ce côté très très unique en fait, très spécifique aussi- qui présente désormais une collection d’art brut, en France, en Europe et même dans le monde, je crois

 

Avouez que cette petitejeannerie mérite de passer à la postérité!

La Bourgogne (Fabuloserie), l’Helvétie (Collection de l’art brut à Lausanne) et la Germanie (Sammlung Prinzhorn) vont sûrement l’aimer très fort.
Si tel n’était pas le cas, ces trois contrées pourraient toujours se cotiser pour offrir à la dircom du musée à 3 casquettes de Villeneuve d’Ascq de petits cours de rattrapage. Après tout, celle-ci n’a eu que 4 petites années (durée des travaux de rénovation et d’agrandissement) pour étudier ses petits dossiers.

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Regards d’automne

bourriche-belon.jpgBellon, Bellon, Bellon, «à ce prix là, vous m’en mettrez une bourriche!».

C’est ce que vous pouvez dire à votre soldeur si, comme moi vous avez la chance de croiser sa librairie en allant acheter votre salade.salade_verte.jpg

Franchement, ce serait bête de se priver de ce bô bouquin d’Eric le Roy sur la photographe Denise Bellon(1902-1999) qui fut proche du Mouv Surr. Quand il est sorti en 2004 aux Editions de la Martinière, il coûtait plutôt bonbon (55 €), ce qui n’est pas choquant pour un album de cette qualité, reproduisant je ne sais combien de photos avec des entrelardages biographiques, éclairants mais pas pesants.

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Aujourd’hui, il en arrive un petit stock sur le marché et vous pouvez vous en goinfrer sans mettre en péril votre budget d’étudiant ou de retraité de plus de 67 ans.

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Cela tombe pile pour la dernière ligne droite (jusqu’au 18 octobre 2010) de l’expo Denise Bellon, Regards d’artistes sur le quai de la station St-Germain-des-prés.

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Avec Denise Bellon, on entre dans une famille comprenant la comédienne Loleh, la réalisatrice Yannick (ses filles) et Jaime Semprun (fils de Loleh) qui vient de disparaître et qui fut l’âme de L’Encyclopédie des nuisances, «seul surgeon vivace» de l’aventure situ, selon l’article nécro de Jean-Luc Porquet dans Le Canard enchaîné du 11 août 2010.

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Denise Bellon, son chemin croisa, au gré des reportages, une mariée gitane, de pauvres petites putes du quartier «réservé» de Casablanca, une danseuse de Côte d’Ivoire aussi bien que Salvador Dali, Marcel Duchamp, Joan Miro. Elle est aussi la belle sœur du cinéaste Jacques Brunius (voir mon post du 10 septembre 2005 : Violons d’Ingres). C’est surtout à ce titre qu’elle m’intéresse, obsédée par mon petit bout de lorgnette brute que je suis. Parce qu’elle a réalisé une centaine de clichés du Palais idéal du facteur Cheval en préparation du film de Jacques Brunius sur celui-ci. Cela se passait en 1936 et ses images, «largement publiées, contribueront à la notoriété du lieu». Vous en trouverez deux dans l’ouvrage d’Eric Le Roy. Je vous les reproduit pas pour vous inciter à l’acheter.

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Comme il me reste un peu de place, j’en profite pour zoomer sur un livre d’un certain Christian Colas qui vient de sortir chez Parigramme. Intitulé : Paris graffiti, les marques secrètes de l’histoire, il nous offre pour pas cher (14 €) quantité de repros d’écrits furtifs et de figurations spontanées chinés dans des recoins-coins obscurs de la capitale.

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Certains sont très anciens. Tous témoignent d’un besoin impérieux d’expression populaire, voire d’une pulsion artistique sincère qui se donne d’autant mieux libre cours qu’elle s’exerce en catimini. Attention : beaucoup de ces graffiti sont coton à prendre et il ne faut pas toujours s’attendre à une grande netteté de lecture mais l’auteur-photographe a rudement bien fait de ne pas écarter le diaphane au profit du pittoresque.

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Dernière minute : vous vous souvenez du post Akkisuitok, Gérard Cambon dont votre petite âme errante vous avait régalé le 16 mars 2010? Et bien, voici que Regard, la petite revue d’art de Marie Morel consacre son n°109 (sept. 2010) à cet artiste chouchouté par la Galerie Soulié.

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03.10.2010 | Lien permanent

Hey! passe le cap du n°3

Hey! passe bien le cap. Le cap du n°3. C’est généralement à ce stade qu’on attend une revue au tournant. Au n°1 on s’interroge, au 2 on se montre un peu distraite et au 3 on abandonne… ou bien on se réveille, suivant la qualité de la bête 

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Avec cette troisième mouture, Hey! nous sort de notre torpeur. Hey! nous joue de la vuvuzela. Hey! confirme certaines qualités que les fées de l’art moderne et de la pop culture avaient soufflées sur son berceau. Par «art moderne», il ne faut pas entendre un art prout prout prise de tête ou néo-dada dopé à l’outsider. Par «pop culture», il ne faut pas comprendre post-warholisme sur le retour d’âge.

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Hey! relève plutôt de l’air du temps en ce qu’il emprunte aux mangas, à l’art de rues, aux tatouages, aux fanzines sérigraphiés, aux photo-montages, à l’esthétique trash, aux pièces montées en polyuréthane, aux scoubidous, aux décors de planches à roulettes et à ce que plus gentiment on appelle de l’art modeste, aux peintures populaires traditionnelles aussi, un peu cucul mais pas si naïves.

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Dans ce joyeux mélange, palpitant comme la vie, l’art brut trouve d’autant mieux sa place que la maquette est ludique, que la lecture s’organise dans tous les sens, que textes et images se la jouent en liberté futuriste. Rapprochées dans ce n°3 d’une très belle section sur les ex-votos mexicains (ô Frida Kahlo!)

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les très belles repros sur fond noir des sculptures hérissées de Sawada Shinichi (Art brut au Japon) ont beaucoup moins l’air de s’ennuyer qu’un Adolf Wölfli colocataire malgré lui d’un Marcel Duchamp dans le récent catalogue d’une récente expo d’un récent musée triplex.

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Mais laissons là les comparaisons.
kanaval.jpgLe clou du 3 de Hey!, le morceau de bravoure de ce numéro dont la réalisation graphique est due à Guillaume Suard et où tout le staff montre de l’entrain, c’est pour moi Voodo Childs, un article qui présente les photos de Leah Gordon sur l’un des derniers carnavals traditionnels d’Haïti, celui de Jacmel.

Bien entendu, cette ville côtière du sud-est n’a pas été épargnée par le séisme de janvier dernier et il est d’autant plus frappant de respirer l’ambiance de poudre et de sueur, de haillons et de frissons, de terreur évoquée à l’état brut que ses habitants savaient imprimer à leur ville quand il carnavalaient encore. Leah Gordon est un photographe britannique qui depuis 15 ans a développé une relation intime avec Haïti. Son éthique autant que le matériel qu’elle utilise lui imposent de ne prendre les gens que s’ils sont volontaires.

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Certains refusent mais avec avec le temps, beaucoup la connaissent et on la laisse travailler. Comme un ethnologue, elle rétribue ses «modèles».

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Ceux-ci adoptent sans problème les poses saisissantes qui font partie des personnages qu’ils incarnent. Elles participent du truc comme leurs déguisements, leurs masques, le jus bitumeux dont ils s’enduisent…

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Un grand art venu du fond d’une pure révolte qui tord le cou de la misère.

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29.09.2010 | Lien permanent

Weltenwandler : L’art des outsiders à Francfort

schirn kunsthalle.jpgRestons en Europe. Si d’aventure vos petits pieds mignons vous entraînaient maintenant vers l’Allemagne, je vous conseillerais de vous arrêter dans la bonne ville de Frankfurt. Non pas pour les saucisses (je vous sens portés à rire après toutes ces histoires de quenelles) mais pour l’expo de la Schirn.

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La Schirn c’est en accéléré la Schirn Kunsthalle. Beaucoup de personnes aiment la Schirn sur Facebooket les expos de cette grande maison se font remarquer vachement beaucoup sur le plan germanique et international.

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L’exposition Weltenwandler (World Transformers) de la Schirn m’a tout l’air d’être une expo d’art brut pur jus car il faudrait pas croire qu’il n’y en a plus. Elle durera jusqu’au 9 janvier 2011 et son sous-titrage Die Kunst der Outsider (The Art of the Outsiders) est sans équivoque.

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On ne signale aucun caillou dans ses lentilles (les lentilles vont bien avec la saucisse). Aucun conceptuel rasoir répétant mornement le même motif dénué de sens parmi les «artistes extraordinaires au sens littéral du terme» qu’elle rassemble.

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Rien que des vedettes de l’art brut comme Aloïse, Wölfli, Emery Blagdon 

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Oskar Voll(remarquable pensionnaire de la Collection Prinzhorn)

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Birgit Ziegert (de l’Atelier Goldstein)

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Karl Junker

 Karl junker.jpg George Widener, Henry Darger et Judith Scott (encore). D’autres aussi qui marchent avec. Consultez la liste sur e-flux. Rien que du bonheur! Et le topo en anglais qui cite Michel Foucault et Gilles Deleuze, sans avoir peur d’en déduire quelques évidences fondamentales : «the madman transgresses the boundaries of the bourgeois order» (il ne s’agit pas de Louise Bourgeois!).

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20 ans après ... la création franche cataloguée

Franchement, ça créationne dans tous les coins. A gauche, à droite, au nord et dans le sud-ouest. Dans les manifs, comme nous le prouve cette image de Pierre-Alain que j’emprunte à une note Le Post.fr du 16 oct. 2010.

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Sur Raw Vision dont le dernier numéro (70) nous révèle, sous la plume de Lyle Rexer, un superbe ensemble de dessins du début du XXe siècle provenant d’un asile de Nevada dans le Missouri.

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A Bègles où le MMCF (Musée Municipal de la Création Franche) nous offre la vitamine C de son grand catalogue orange couvrant la période 1989 à 2010.

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On feuillette les 228 pages et c’est comme si on retrouvait un tas d’amis disparus : François Baloffi, Thérèse Bonnelalbay, Paul Duhem, Martha Grünenwaldt, Jean-Paul Henry, Simone Le Carré-Galimard, Alexandre Lobanov, Gaston Mouly, François Ozenda, Emile Ratier, Hélène Reimann, Raymond Reynaud, Pépé Vignes etc.

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Paul Duhem

D’autres bien vivants, que l’on apprécie à des titres divers : Ignacio Carles-Tolra, Natasha Krenbol, Eliane Larus, François Montchâtre, Marie Morel, Michel Nedjar, Marilena Pelosi, André Robillard, Ody Saban etc., etc. Pardon pour ceux que j’oublie. 377 créateurs en tout, c’est presque trop. Beaucoup d’entre eux appartiennent à cette «collection annexe», voire «très annexe» (selon mon opinion) qui gravite autour du noyau brut (trop réduit à mon goût) de la collection proprement dite.

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Gaston Mouly

Ce catalogue a l’avantage d’être une synthèse en images. Il a aussi le mérite paradoxal de nous montrer combien il faudrait resserrer le propos (il n’est pas trop tard) pour accroître la cohérence fondamentale de l’entreprise bèglaise. Cela supposerait que ses animateurs acceptent de durcir un peu leurs critères de choix et qu’ils aient le courage de s’interroger vraiment sur cette notion par trop vague de «création franche» qui n’est pas parvenue à s’imposer au delà de son lieu d’origine.

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Natasha Krenbol 

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C’est peut-être à quoi les préfaciers du catalogue ont commencé -mine de rien- à s’employer. Noël Mamère, le député-maire de la ville, soutien indéfectible du site de la CF, parle d’«un lieu qui s’est imposé dans le monde de l’art brut et de ses apparentés». Pascal Rigeade, le directeur, évoque «l’homme du commun à l’ouvrage de Dubuffet». Gérard Sendrey rappelle que «la direction du musée se réserve le droit d’accepter ou de refuser les propositions de dons, même émanant de créateurs confirmés, si elles ne leur paraissent par choisies par les donateurs avec suffisamment de soin».

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Alexandre Lobanov

On a envie de leur dire : «Encore un effort, camarades, l’heure de la retraite n’a pas encore sonné!». Vous avez peut-être eu tort dans le passé de céder sur votre désir d’art brut sous prétexte que Lausanne prétendait s’en réserver le label. Aujourd’hui que celui-ci n’est plus ostracisé par personne, qu’on assiste même à son institutionalisation (à ses dépens), des structures comme la vôtre peuvent jouer un rôle bénéfique pour défendre et préserver sa vraie nature. A condition de vous recentrer sur lui.

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Pierre Ledda : rendez-vous en septembre

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Pierre Ledda, c’est le genre de gars, on le croise, on l’admire, on l’oublie pas mais on le perd de vue. Surtout que son souvenir a tendance à stagner dans la région de Marseille, sa ville natale.

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Il faut qu’une actualité pointe son museau pour qu’on retrouve avec émotion les sculptures sur métal (c’est ce que je préfère) de ce ferronnier-chaudronnier qui campa toute sa vie (1914-1994), aux confins de l’art brut, dans le no man’s land situé entre les grandes plaines autodidactes et l’urbanité des galeries d’art.

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Si celle d’André Nègre lui consacra plusieurs expos, entre 1972 et 1991, Ledda disait encore à la fin de sa vie : «Jusqu’en 1994, je stocke, je ne vends rien, je ne travaille pas pour l’argent».

pierre ledda bis.jpgS’il forge maintenant dans l’autre monde, nul ne le sait. Ses pièces ne sortent pas souvent de chez les collectionneurs de son œuvre.

Aussi ne négligeons pas l’occasion qui se présentera à la rentrée : celle de la vente publique de son atelier chez Leclere (Damien du prénom).

Au moment où j’écris, le site de ce commissaire-priseur marseillais n’est pas très loquace sur l’événement. Normal puisque la vacation Ledda serait prévue pour le 18 septembre 2010.

Heureusement, l’épatant site de l’épatant Paire (Alain) nous a pondu une épatante note qui n’est autre que l’introduction au catalogue de la vente. Allez-y par charter spécial, mes p’tits Animuliens, ça vaut l’détour.

Après cela qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ?

Que Pierre Ledda était aussi poète et un poète de haute nostalgie, comme ces vers extraits du Bulletin 49 de l’Asso Les Amis de François Ozenda vous en convaincront

 

Je presse une orange pour en sortir le jus
Je presse mes yeux qui ne pleurent plus
J’écoute mon cœur qui ne veut plus rien
Je n’ai plus de conscience je n’ai plus de bien

Et mon âme s’enfuit de mon corps affaibli.

 

ozenda 49.jpgSi vous êtes débrouillards, procurez vous ce numéro qui contient un dossier spécial sur Pierre Ledda. Non pour les reproductions qui sont assez calamiteuses (inconvénient de ce genre de fanzines photocopiés, pré-internet). Mais pour la relation de la visite des époux Caire, réalisateurs du Bulletin Ozenda, au sculpteur, à la fin du mois d’août 1992.

Y perce une sorte d’autorité malicieuse qui conduit Ledda à se plaindre de la presse : «César, j’aurais été aussi célèbre que lui, seulement dans mes articles au lieu d’attribuer mes œuvres à Ledda, et bien tout simplement, on y mettait par dessus le nom de César, et au lieu de faire ma publicité à moi, on faisait la sienne».

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Ne manquez pas Bonaria Manca!

Ne manquez pas Bonaria Manca! Carte postale de Roberta Trapani qui butine le miel d’Aubagne. A tous les Animuliens non tout à fait absorbés par le bar de la plage, elle adresse ce beau portrait de Bonaria récemment pris dans la maison du peintre à Tuscania, dans le Latium.

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C’est en 1951 que Bonaria Manca s’est installée sur cette terre étrusque. Un drame familial et la nécessité d’éviter une vendetta l’ayant arrachée dès 1948 (elle avait alors 23 ans) à son pays natal : Orure en Sardaigne. Née dans une famille de bergers, Bonaria menait la vie des siens, gardant le troupeau, fabriquant les fromages, filant, tissant, aidant sa mère à élever les petits frères. Elle s’est mariée tard et n’a pas eu d’enfants. C’est à 55 ans qu’elle a ressenti le besoin de s’exprimer de façon artistique, chantant l’amour de la campagne et peignant la vie des bergers.

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Roberta Trapani qui a eu carte blanche pour l’accrochage de ses tableaux au Festival aubagnais vous racontera ça mieux que moi : “Elle utilise d’abord la broderie et les travaux d’aiguille pour se fabriquer des vêtements, en se libérant peu à peu des formes d’expression traditionnelles sardes. Les images qui apparaissent dans ces travaux minutieux de broderies sont ensuite transposées dans la peinture : d’abord sur des toiles, puis, les toiles venant à manquer, sur des murs.(…) Peu à peu toute la maison se couvrira de fresques murales donnant forme à ses souvenirs et à ses visions ».

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Je reprends la parole et quitte à regret mon rhum-coca pour vous signaler que c’est cette partie in situ de l’œuvre de Madame Manca qui me paraît la plus intéressante mais vous êtes pas obligés de me croire. Mario del Curto a photographié l’intérieur de la maison de Tuscania en avril 2010. Certains de ces clichés sont présentés à Aubagne, en compagnie d’un documentaire de Marie Fanulicki à propos de Bonaria Manca («pas un film sur elle mais avec elle»).

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© Stella Production

Bonaria volontiers paie de sa personne. Au vernissage d’Aubagne, elle était là et elle a chanté.

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Roberta Trapani nous rappelle que des œuvres de Manca ont figuré dans une expo de 1999 au Musée de Stadshof de Zwolle en Hollande et que le Museum Dr Guislain en Belgique possède 3 œuvres de cette créatrice.

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«J’envisage (nous dit Roberta) de diriger la rédaction d’un petit ouvrage consacré à l’œuvre de Bonaria Manca. Ce livre, dont les textes seront en français, anglais et italien, permettra de mettre en valeur et diffuser son œuvre extraordinaire -qui reste largement méconnue en Italie et ailleurs- même si certains médias (journaux, télévision) se sont parfois amusés de son personnage pittoresque de «pastora pittrice».

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Covoiturages bruts

Avalanches brutes et/ou de la famille brute au rayon expositions. On voit que l'été approche.

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10_antid.jpgJe rêve de co-voiturage, je pose des congés, je jongle avec les horaires de la SNCF. Je fais ma Petite Jehanne de France et mon chéri-que-j'ai son Blaise Cendrars.

vert.jpgJ'écarquille les yeux sur la carte de l'Hexagone comme si c'était l'itinéraire du Transsibérien. Je m'autoprépare, j'ai des voyants qui s'allument dans la tête : Vendée, Lozère, Allier, Bordelais ... Je trace des lignes imaginaires qui passent par Les Sables d'Olonne, Lapalisse, Bègles, Saint-Alban-sur-Limagnole.
C. comme classique, É. comme émeraude, c'est l'expo C. comme calligrammes au Musée de l'Abbaye de Sainte-Croix des Sables jusqu'au 7 novembre 2010.

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Chaissac a 100 ans cette année car il est toujours vivant dans nos cœurs. Epaulé par des collections privées, le MASC nous sort pour l'occasion des dessins écriturés tendance calligrammes.

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rouge.jpgMalgré les commentaires un peu dissuasifs du dossier de presse qui attire votre attention sur les possibilités d'hébergement restreintes, précipitez-vous (au moins par la pensée) aux 25e Rencontres de St-Alban (Sent Auban) les 18 et 19 juin 2010. Au programme, en accompagnement des savants bla-bla, un laïus de Christophe Boulanger sur Jayet, l'Aimable boucher

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et dans le fond de la cour une expo sur l'art brut polonais (bon sang, je voudrais bien voir ça).

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jaune.jpgSi L'Art en Marche n'existait pas, il faudrait sans doute l'inventer.
Qu'on me pardonne cette évidence puisque je vous emmène maintenant à Lapalisse où vous avez jusqu'au 30 septembre 2010 pour traîner vos tongs dans l'expo sur La Tinaia organisée avec la Susi Brunner Galerie de Zurich.

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Marco Raugei - La Tinaia

Ceux qui, comme moi, l'ont vue dans le cellier de Clairvaux à Dijon pendant la Biennale de l'Asso Itinéraires Singuliers (voir mon post L'Echo des Colloques du 9 mars 2010) y retourneront avec plaisir parce qu'elle vaut le détour et même le retour.

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Claudio Ulivieri - La Tinaia

Même si Luis Marcel en fait un peu trop en la qualifiant d'«événement d'envergure internationale». Mais c'est dans la nature donquichottesque (ou sancho-pancesque) de ce pittoresque personnage qui cette fois-ci ne se contente pas de provocations et nous offre de quoi nous attirer dans ses filets.


bleu.jpgEnfin, car je sens que vous fatiguez, ne faites pas votre cure annuelle de grands Bordeaux sans faire étape à Bègles pour Un Autre Regard, l'exposition, la petite dernière de la Collection Création Franche (21 ans d'âge) qui, jusqu'au 5 septembre 2010, sera bourrée jusqu'à la gueule (11 salles sur 2 niveaux) de pionniers, de doteurs, de créateurs venus des 5 continents, de voyageurs, d'hommes du commun, de visionnaires, de tourmentés et j'en passe.

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La présentation est aussi un peu hyperbolique. On leur pardonne (Ah ces Gascons !) parce qu'il y a du lourd. J'ai coché : Bonjour, Madge Gill, Lobanov, Gene Merrit, Duhem, Ratier, Robillard, Grünenwaldt, la bande à Gugging, Ted Gordon pour ne parler que de mon cœur de cible.

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Sauven la muraio dis óufrèndo

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En Avignon, les murs de prison peuvent être aimables. Celui de l'enceinte de l'ancienne taule de la ville suscite un murmure qui fait tache d'huile sur le net et même un peu partout, y compris au-delà de la région PACA.

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C'est vrai quoi, y'a qu'a pas toucher à la mémoire collective! Pas toucher à la culture populaire spontanée qui est, à notre cœur, comme une province et beaucoup davantage.

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Depuis 1994, les trous dans les parpaings qui masquent une ancienne entrée ont été convertis en niches votives où les familles des prisonniers ont déposé nounours, cannettes, cartes à jouer, DVD, sopalin à bisous, messages d'amour, poussins coincés, petites peintures et plein d'autres objets d'art modeste.

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ancienne prison.jpgLa prison a eu beau déménager en 2003, le manège créatif a continué, preuve qu'il répond à un besoin profond. De mur d'offrandes symboliques aux incarcérés, ce mur situé sur la voie publique près du rempart classé, est devenu support d'ex-votos modernes où l'on se fait des cheveux pour son bac.

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Peu importe que, selon la légende urbaine, un plasticien ait revendiqué l'idée de départ, le fait est que tout un chacun s'en est emparé et tout-un-chacun à l'ouvrage c'est toujours hyper-émouvant.

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Là ce qui est bluffant, c'est que l'œuvre reste la même tout en changeant toujours. Au gré des saisons et des intempéries, des objets se détériorent mais il se trouve toujours des gens pour les remplacer.

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Inutile de dire aussi que cette œuvre d'art (car c'en est une qui vaut largement celle des musées d'art contemporain) est un puissant stimulant pour les photographes et même pour les simples touristes du monde entier qui peuvent emporter une image insolite purement avignonnaise dans leur petit kodack.

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C'est pas toujours évident pour une municipalité, déjà en charge de prestigieux témoignages du passé, de faire entrer l'art populaire dans son champ de vision. Souhaitons que celle d'Avignon sera sensible à ce patrimoine de mémoire et qu'elle saura défendre pour ses citadins du futur cet espace de liberté expressive et affective de ses citoyens d'aujourd'hui. Une pétition circule qui vise à l'y inviter.

Sauven la muraio dis oufrèndo!

La plupart des photos sont empruntées à la galerie de marq.tardy

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