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Rechercher : plancher de jeannot

Akram Sartakhti, une singulière Iranienne

gateaux.jpgDimanche dernier, je me suis bourrée de gâteaux nippons, suaves comme un sofa, au finissage de l’expo L’art brut japonais qui voulait pas désemplir.

Je suis retournée aujourd’hui à la Halle Saint-Pierre pour voir s’il en restait encore.

Je suis tombée sur le commençage de l’accrochage des peintures d’Akram Sartakhti sur les cimaises de la cafète pleine de bobos et de bébés. Je devrais pas vous en parler déjà. Mais puisque cet événement de la «galerie» débute bientôt et qu’il durera que jusqu’au 13 février 2011, je mets mes scrupules dans ma pochette et mon mouchoir en dentelle par dessus.

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J’ai donc looké avec un poil d’avance ces aquarelles d’une dadame iranienne qui s’est mise à peindre à l’âge où l’on devient grand-mère, sans savoir, sans culture puisque, promise très jeune (9 ans) à un mari peu soucieux de son instruction, elle est demeurée illettrée. Visiblement sa vie n’a pas été drôle.

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Photo : Tooba Rahimi

Les infos qui nous parviennent, notamment par l’intermédiaire de Rokhsareh Ghaemmaghmi, réalisatrice de films documentaires sur son travail, nous la décrivent confrontée depuis longtemps à l’arbitraire conjugal. Tourments, jalousies, violence ont, semble-t-il, été son lot. A Dieu -une sorte de maître supplémentaire en plus consolant- elle a demandé quelque chose et ce quelque chose a été la peinture.

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 Elle se sert avec bonheur de ce cadeau, ressuscitant des souvenirs d’enfance, évoquant des légendes religieuses, des récits folkloriques. Sans misérabilisme. Avec la gaieté des couleurs vives, des scènes animées et compartimentées.

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Ce n’est pas naïf à fond, c’est parfois plutôt brut, limite dessins puérils. Cela peut ressembler à Boix-Vives en moins nuancé, en plus statique. C’est touchant, séduisant, narratif. Un peu élémentaire aussi. Les fonds ne la préoccupent guère. De la teinte pure et puis voilà. Elle a visiblement plaisir à déployer son bestiaire, ses personnages, ses bibelots.

 

 

Des chameaux dans la nuit étoilée

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de beaux oiseaux de paradis terrestres, des filles en costumes ethniques.

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Souriantes et en larmes. Voilées et menacées par des diables un peu dérisoires, des monstres enflammés mais bouffons. 

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L’inommable est tenu à distance. L’artiste a peut-être trop souffert. Elle se cantonne à la surface de sa souffrance et le spectateur en reste un peu interdit de séjour. Parfois pourtant, l’angoisse, la vraie, submerge tout sous la couche de gentillesse ou d’ironie. Ainsi va ce tableau où une tête de requin rose mord la trompe d’une créature tachetée sans défense, sous les yeux, vides, effarés ou idiots d’une bande d’oiseaux inutiles.

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Des œuvres d’Akram sont au musée à Téhéran. Son fils a montré son travail à des connaisseurs ce qui lui a valu une première exposition. A cette médiatisation, elle a gagné une certaine émancipation. Elle a participé à une sorte de festival d’art outsider. Son mari, de 20 ans son aîné, est devenu dépendant d’elle.

 

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Puisque Akram Sartakhti est venue en France, rendons lui visite! L’accompagner dans cette escalade de liberté, ne peut qu’être un plaisir.

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16.01.2011 | Lien permanent

Back in USA

Retour à l’Oncle Sam. Si, comme votre petite âme errante, vous faites partie des happy few auxquels un certain Matthieu Morin vient de décerner le grade de «grande farfouineuse en tous sens», vous avez peut-être eu droit à son U.S.A.R.A.M.A. de début 2011.

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Prometteur, j’espère, de nouvelles vadrouilles outre ceci ou cela. Dans le cas contraire vous serez contents que je fasse partager sa carte de vœux. Et dans tous les cas vous pourrez toujours m’accabler de commentaires genre : «assez, je meurs!», «parole, c’est trop beau!» et autres «sam déchire!».

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Et puisque ces belles images viennent d’Amérique, il est normal que je les destine aussi de préférence à mes lecteurs américains car j’en ai, malgré mon épouvantable langage.

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En m’associant aux vœux de Matthieu : «For my best wishes, here are some winks from my 2010 trip to The USA, which was centered on the passion that make us feel alive. Thousand of miles on a path bordered with love, dry bushes, Bud Light and encounters stuck in my mind forever».

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25.01.2011 | Lien permanent

Henriette Zéphir à la Galerie Berst

Retour à Hercule. Normal pour la petite âme errante que je suis de s’abandonner dans les bras d’un demi-dieu de l’Olympe. Surtout s’il a servi de guide d’abord à une dessinatrice médiumnique du genre d’Henriette Zéphir dont la Galerie Christian Berstmontre les œuvres jusqu’au 5 mars 2011 seulement.

Henriette Zéphir,art brut,galerie christian berst

L'art brut n°14,Jean Dubuffet,Henriette ZéphirCet «Hercule» là contresignait plus volontiers «Don Carlos», nous apprend Jean Dubuffet dans sa notice de 1966 paru dans le fascicule 14 (bleu marine) des regrettées Publications de la Collection de l’Art Brut.

Don Carlos, ça évoque  l’opéra de Verdi surtout qu’Henriette est née près de Toulouse et de son Capitole. Cet infant d’Espagne entendait la voix de Charles Quint, son grand-père défunt et Henriette aussi, dans le temps, a entendu quelqu’un lui dire «bonjour ma douce». Aujourd’hui, elle reste plutôt floue à propos des entités qui dirigent sa création. Elle dit  «on», elle dit «ils» : «ils aiment la difficulté là-haut».

Mais quand elle a commencé à œuvrer en mai 1961 et qu’elle a eu un jour la sensation de la présence de quelqu’un, dans un grand halo de lumière, à côté d’elle, elle pensait que Don Carlos avait été son mari dans une vie antérieure.

Henriette Zéphir,art brut,Galerie Christian Berst

Dans la vraie vie, Henriette, s’était séparée de son conjoint martiniquais dont elle a gardé, j’imagine, le nom de Zéphir car il va très bien avec une dame qui aime les blés et les coquelicots. Une dame qui regarde son jardin en travaillant à ses dessins à l’écoline et à la petite plume, choisis par on et ils, parce qu’elle ne peut «en somme rien faire» par elle-même, selon ses dires dans un petit film très éclairant de Bastien Genoux et Mario del Curto projeté pendant le vernissage.

henriette zéphir,art brut,art médiumnique,galerie christian berst

Par pitié, Don Christian Berst, installez votre écran plus haut la prochaine fois car je n’ai pu saisir que des bribes d’images! Mais ça fait rien c’était bien quand même, vu que madame Zéphir était dans la salle et que parfois on arrivait à l’apercevoir, au milieu du petit cercle familial qui veille sur elle, malgré la foule des grands jours.

Henriette Zéphir,art brut,art médiumnique

 Faut dire que l’événement était de taille. C’est pas toutes les fois qu’un créateur d’art brut révélé par Dubuffet est présent en compagnie de ses œuvres dans ce genre de manifestation. Surtout que l’Henriette est plus de la première jeunesse, même si elle tient une forme éblouissante et est vêtue avec une élégance qui prouve que ses guides lui lâchent maintenant la grappe avec la «robe grise devenue (…) très usagée» qu’ils lui imposaient de porter, selon Dubuffet.

henriette zéphir,art brut,art médiumnique,galerie christian berst

En ce qui concerne celui-ci, c’était passionnant aussi d’avoir le feed-back d’une dessinatrice sur laquelle il avait écrit. Henriette a vu Dubuffet «baver» devant ses tableaux. «Il s’est mis à genoux» pour les voir. Elle était  pas tranquille» mais c’était «un homme charmant».

Henriette zéphir,art brut

Tellement y’avait de monde qu’on pouvait pas trouver un tire-bouchon et que sans mon copain Boris et son canif de poche, je faisais tintin pour le petit coup de blanc. Sur le départ, la galerie Berst me faisait penser à un aquarium bondé et il faudra que j’y retourne pour les œuvres.

art brut,Galerie Christian Berst

Heureusement, le Préfet maritime était arrivé avant moi. Sur le seuil, il m’a glissé  dans un sourire : «c’est bien, on dirait du Signac!».

Henriette Zéphir,art brut,Galerie Christian Berst

Cette interprétation «luministe» pour une artiste qui sait projeter des «globes de lumière» sur ses proches, afin de leur servir d’anges gardiens, m’a laissée songeuse.

Henriette Zéphir,art brut,Galerie Christian Berst

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06.02.2011 | Lien permanent

Maison bleue : une nouvelle jeunesse pour Laïka

Dernière minute : du nouveau sur la Maison Bleue! Pour une fois une bonne nouvelle. Cela va nous changer du concert de lamentations qui accompagne trop souvent l’actualité des environnements d’art brut. Que voulez-vous, il y en a qui ont du mal à s’y faire : les «bâtisseurs de l’imaginaire» ne travaillent pas pour la postérité et ils se moquent de la pérennité. Après eux le déluge. Leurs pleurnichards supporteurs ne comprennent pas que ça ne sert à rien de s’insurger contre la végétation sauvage qui part à l’assaut des colonnes de Bodan Litnianski. C’est dans la logique des choses. Est-ce que bouffés par la forêt les temples khmers sont moins beaux? Vraisemblablement pas.

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Tout de même, c’est plus fort que nous : quand on apprend qu’un de nos chers sites d’art brut va voir prolongée sa vie terrestre, on frappe dans nos mains comme des otaries dans leurs nageoires. Il vaut mieux célébrer ce genre d’événement que les catastrophes de l’érosion, du vandalisme et du déclin. On n’alimente pas ainsi la morosité des nouvelles générations. On ne leur présente pas toujours la même image misérabiliste et défaitiste de l’art brut.
Donc, même si pour l’instant ça ne concerne que deux des édifices de La Maison bleue: le Mausolée à Laïka

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et le Sacré-Cœur 

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c’est régalant d’apprendre par les archives de Ouest France Basse Normandie (30 octobre 2010) que les élus ont voté la restauration de la maison d’Euclides Da Costa à Dives-sur-mer. Et que le pognon a été trouvé pour ça. Ils s’y sont mis à 5 : Drac + Association + Fondation du Patrimoine + Conseil général + Ville. Bravo messieurs, merci mesdames!

C’est une entreprise de Braslay dans la Vienne (Poitou-Charentes) qui, après appel à concurrence, sera chargée du boulot. Entre la somme réunie (46165 €) et celle que ça coûtera (52157 €) on note une légère différence de 5992 € mais ça devrait pouvoir s’arranger.

Pourvu que la restauration soit réussie et qu’on trouve de la thune pour la suite. Et qu’on jette les mouchoirs trempés à la poubelle!

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Marcel Landreau : un nouveau trio

slick 2010.jpgJ’étais partie pour la FIAC. Celle-ci a fait des petits dans tout Paris. Je comptais pousser jusqu’au Slick sur l’esplanade du palais de Tokyo vu que la Galerie Béatrice Soulié faisait partie des 43 sélectionnées pour ce Show off. Je n’y suis jamais parvenue. J’avais mal choisi mon moment.

sac-longchamp-gatsby-exotic-480-euros-6076293pxyto_1933.jpgJ’espérais que la pénurie d’essence jouerait en ma faveur. Bernique! Noir de monde les Champs-Elysées en fin d’après-midi samedi! Je me suis dégonflée devant l’heure de queue qu’on exigeait de moi pour voir les mimines poilues d’un grand vigile-musclor plonger dans mon petit sac Longchamp de terroriste intellectuelle.

 Je suis rentrée, fébrile, dans un bus bondé que j’avais attendu 16 minutes pourries sous la pluie. Bien sûr, j’ai attrapé la crève. Chez moi, j’ai retrouvé le nougat brun qui, suite à un dégât des eaux, décore depuis deux jours les murs de ma salle de bain. Moi qui était sortie pour me changer les idées en attendant le plombier qui vient jamais, c’était réussi. L’ambiance était au spleen grave. Allez donc poster avec ces soucis!

Heureusement, dans mes courriels, m’attendaient un faire-part de Freddy et Cathy m’annonçant l’arrivée de 3 nouvelles sculptures de Marcel Landreau «au sein de leur foyer». Une tête de marin,

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un couple d’équilibristes

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et un homme à la gourde 

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«Nous sommes très contents d’agrandir la famille» m’écrit Fred. «N’hésitez pas à présenter les nouveaux arrivants», ajoute Cathy. C’est chose faite. Votre petite âme errante est trop fière d’être la marraine de ces triplés.
Heureusement un autre message : La Sardine Letter n°8 m’apportait la bonne nouvelle de la récente trouvaille d’une dizaine de dessins spirites tchèques. «Ils représentent des volutes florales d’une grande finesse, à caractère ornemental, à l’aspect étrange» dit ma correspondante.

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Je pourrais vous en blablater des tonnes sur leur aspect pistilleux et polleniques, veloutés, sinueux et sensuels comme les circonvolutions d’un coquillage des mers du sud ou je ne sais quelles trompes anatomiques, sur leurs côtés abricotiers, tressés comme le bon pain. Je préfère vous montrer les images de 3 d’entre eux.

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C’est fait au crayon noir et couleurs. L’auteur les a pas signés mais il les a datées de 1942 à 1945.

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«Il est touchant d’être en présence de ces œuvres, qui somme toute témoignent non seulement d’une pratique spirite mais aussi d’une création personnelle tout à fait secrète» conclut La Sardine.Mais je suis sûre qu’elle pourrait en dire davantage sur ces triplés sur le berceau desquels j’ai juste la force de me pencher avant de retourner à ma tisane.

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24.10.2010 | Lien permanent

Augustin Lesage inspire Max Hattler

Que ferait le genre humain sans l’internationale? L’internationale des Animuliens s’entend. De Suisse, l’un d’eux me branche sur le travail de Max Hattler avec ce commentaire pour le moins laconique : «assez étonnant». Jugez-en vous même! Moi, c’est vachement envoûtant, que j’aurais tendance à dire devant les films expérimentaux de ce media-artiste allemand. Deux d’entre eux, intitulés 1923 Aka Heaven et 1925 Aka Hell, s’inspirent d’une œuvre du peintre Augustin Lesage, mineur de son premier état et créateur d’art brut majeur devant l’éternel.

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Dans le genre imagerie techno, ces animations en boucle sont belles à tomber avec leurs brassages de motifs fluos toujours renouvelés, non? Surtout ce qui me frappe c’est que Max Hattler ne joue pas les prédateurs. S’il emprunte à Lesage c’est pour lui restituer. Son activité d’artiste visuel sur l’espace, le mouvement, l’abstraction et la fusion des formes, prolonge (et accomplit dans une certaine direction) l’œuvre d’Augustin Lesage.

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Hattler en relaie donc le message symbolique pour le faire passer, sans le pasticher, le caricaturer ou l’affaiblir, sur le terrain de la culture du XXIe siècle, indissociable de l’électronique. Bel exemple, quand on y réfléchit, d’un possible dialogue entre art brut et culture contemporaine par le truchement d’une transformation esthétique véritable.

On est là aux antipodes des tristes juxtapositions où de vivifiantes œuvres d’art brut sont (par contresens déguisé en modernité) mêlées à de moribondes pièces d’un art conceptuel en déclin au seul avantage de ce dernier. Attention, si vous êtes sensibles aux effets stroboscopiques, consommez les films de Max Hattler avec modération car ils ont un pouvoir hypnotique

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Noël au coin coin du feu

Noël au coin du feu. Du feu animulien s’entend. Re-Noël et re-coin puisque celui-ci est le sixième que votre petite âme errante passe en compagnie des petits jésus que vous êtes, mes chers visiteurs.

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aiguillettes canard abricots.jpgAiguillettes de canard accompagnées d’une poêlée d’abricots et de marrons au menu du réveillon. yvette et pierre darcel.JPG

Avec pour invités-surprise (mais une narratrice imaginaire de mon espèce peut bien s’autoriser ce genre de fantaisie) Pierre et Yvette Darcel qui doivent avoir illuminé leur parterre de rêve comme ils le font chaque fin d’année dans leur Bretagne mystérieuse et jolie.

 recoins-coin.jpgJ’écris ceci alors qu’un nouvel article de fond vient d’être consacré à leur fragile, rustique et raffiné palais en coquillages. Son auteur n’a rien d’imaginaire puisqu’il s’agit d’un enragé partisan des folies environnementistes populaires.

J’ai nommé : Bruno Montpied. Procurez vous le numéro 4 de la revue Recoins où figure son papier, ne serait-ce que pour découvrir presque terminée la vache de Pierre dont je vous avais montré ici même en son temps (le 24 mai 2009) les débuts prometteurs.

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Photo Bruno Montpied in Recoins n°4

 

Et comme dit la pub Orange : «Merci Ani ! Bon Noël Ani !».

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25.12.2010 | Lien permanent

Le CrAB rectifié

Rectification promise. C’était fatal avec le CrAB de commencer par marcher de travers. Voir mon commentaire au post du 18 décembre. Voici donc le véritable crabe à Sury, pas piqué des hannetons non plus.

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26.12.2010 | Lien permanent

Le CrAB en pince pour l’art brut

Lorsque le CrAB paraît, le cercle de l’art brut applaudit à grands cris.

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Le CrAB, ça vient de sortir. C’est une asso fondée en septembre 2010. Elle faisait ses premiers pas jeudi 16 décembre à la Galerie Christian Berst,puissance invitante de la cérémonie de baptême.

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Derrière le logo rigolo de cet aimable crustacé c’est tout un collectif de réflexion qui s’avance, l’œil brillant et le sourire aux dents. De réflexion «autour de l’art brut» bien sûr! Sinon je vous demande un peu ce que votre petite âme errante aurait été faire là avec son 38° de fièvre. La réflexion pour une fois ne montrait pas son visage de vieille barbe blanchie sous le harnois des épopées hourloupéennes, préludiennes, lausanniques et singulier-de-l’artdesques. La moyenne d’âge naviguait plutôt autour de 30.

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«78!» proclamait une blonde crabeuse, en lançant comme une provocation son année de naissance. «Moi aussi!» lui faisait écho sa brune voisine. Ecœurant spectacle pour une femme de mon âge! Mais que voulez-vous, faut s’y faire : cette soirée historique marque l’arrivée en masse d’une nouvelle génération de cervelles sur le marché. Pour le moment cette «masse» est composée de 7 filles et de 2 garçons, tous chercheurs décidés à mettre leurs œufs dans le même panier bien que provenant d’horizons divers : histoire-de-l’art beach, marina pieds-dans la littérature, patrimoine-bay, muséologie-plage, les sables de psychanalyse etc.

Me demandez pas pourquoi le nom du CrAB mélange minuscule et capitales. Sans doute pour mimer la marche de l’animal. Chacun sait en effet que c’est de biais (et non par une attitude frontale d’effronté «spécialiste») qu’on aborde le mieux le sujet de l’art brut.

Me demandez pas non plus ce qui s’est dit pendant le discours de présentation. J’étais arrivée en retard après qu’un vélib ait failli me crabouiller à l’angle des rues du Temple et Pastourelle. Mal placée, j’ai rien entendu mais vous retrouverez tout le toutim des objectifs du CrAB sur son site.

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D’où j’étais, je voyais que les mouvements oratoires de Baptiste Brun. Sous son verbe, la salle crépitait du flash et besognait en sourdine les cahuettes de l’apéro. Les figures vibrionnantes et hiératiques de Guo Fengyi veillaient sur les autres membres du collectif, groupés comme des poussins noirs dans leurs atours de vernissage

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Dans son coin, Christian Berst avait l’air du papa qui s’étonne que la teuf des enfants soit si sage.

Fort heureusement, à tout baptême, il faut une fée et celle qui se penchait sur le berceau, c’était Caroline Sury, l’auteur du logo rigolo. Impossible d’arracher à celle-ci l’adresse de son marchand de bas roses mais elle contribua à mettre de l’entrain dans le festival off, qui s’installa après les déclarations «officielles».

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Crabichous et crabichettes de se partager alors l’assistance pour nous communiquer –visiblement plus décontractés– leurs projets en vrac : séminaire périodique ouvert au public, journées d’études, colloques, publications etc. Je tombai pour ma part sous la houlette de Deborah Couette qui rit comme un oiseau bat des ailes. Il fut question de Fabuloserie et de parties de campagne. Affaire à suivre.

M’est avis que les crabes, à moins qu’ils ne veuillent seulement impressionner leurs professeurs, auraient intérêt à pimenter leur trop sérieux programme de quelques récréations dûment improvisées. Comme j’ai pris ma carte de membre (car on peut, pour quelque thune, faire partie du CrAB), je ne manque pas de le leur suggérer.

Pour finir, un photographe eut l’idée de mettre les crabes en vitrine et tout le monde s’empara de son idée moi y comprise.

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Voici donc, dans une ambiance « sortie de boîte» : Vincent Capt, Roberta Trapani,  Pauline Goutain, Baptiste Brun, Emilie Champenois, Deborah Couette, Céline Delavaux, Fanny Rojat. Manque à cette brochette : Aurélie Linxe qui n’avait pu venir mais était présente dans les propos de ses ami(e)s.

Car au nombre des muses sont les crabes.

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Fous à lier, fous à lire

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Même si vous êtes dans le droit fil et que vous ne yoyotez jamais de la touffe, vous raffolerez d’apprendre que les fous se portent bien. Les fous littéraires s’entend. On n’a que des bonnes nouvelles à leur sujet en ce moment. Jamais catégorie n’a été autant gâtée que les F.L.

On dirait que les prises de chou, les excentricités de pensée et les théories fumeuses stimulent les taxinomistes. Rien qu’au XIXe siècle, on peu citer un tas de gus : Charles Nodier,

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Octave Delepierre, Gustave Brunet sous le pseudonyme croquignolet de Philomneste Junior, Louis Greil, Charles Monselet  charles monselet.jpg

Quant au XXe, il se propulse au royaume de Madopolis au moyens de deux locomotives. Raymond Queneau qui laissa en plan Les Enfants du limon, le roman où il avait investi ses recherches sur la question

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Raymond Queneau chez Raymond Isidore en 1974 ®

et André Blavier qui prolongea ses travaux.

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Le Blavier, c’est pour ainsi dire la Bible des Fous littéraires. Il faut avoir les deux éditions parues chez l’héroïque Henri Veyrier (qui essuya les plâtres en 1982) et aux Editions des Cendres en 2000 pour la version «considérablement augmentée» sur papier Bible justement. fous litteraires blavier bleu.jpgles fous litteraires André Blavier rose.jpg Et maintenant, car c’est l’objet de ma note d’aujourd’hui, va falloir vous procurer Graines de folie, le Supplément aux Fous littéraires d’André Blavier qui va paraître incessamment sous peu aux éditions Anagrammes à Perros-Guirrec.

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Dans le genre, vous seriez nuls aussi de pas vous jeter sur le petit dernier de la Collection Gens singuliersqui sort chez Plein Chant.

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D’abord parce que c’est Plein Chant et puis parce que ce livre de Paule Adamy éclaire La Vie et les griffonnages de François Grille (1782-1853), un fou littéraire sur lequel Gérard Oberlé avait dès 1985 attiré l’attention dans son catalogue historique intitulé Fous à lier (lire), fous à relier (relire) publié par sa librairie du Manoir de Pron.

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Paule Adamy cite Oberlé au début de son ouvrage. Elle le fait avec le ton objectif, raisonnable et pour tout dire un peu scrogneugneu que beaucoup de chercheurs se croient obligés d’adopter face à un effet de style. Ce n’est pas sans raisons mais c’est un peu rasoir. Adamy croit qu’Oberlé s’est égaré dans sa notice à propos des relations épistolaires de Grille avec un autre allumé dénommé Van Den Zande. Elle ne semble pas comprendre qu’il donne simplement du relief à son propos pour que son lecteur n’aille pas se pendre d’ennui.

Citons la prose oberléenne «un jour (Barbier) offrit à Grille un exemplaire des Fanfreluches de Van den Zande. Grille riposta par l’envoi de ses Fables et ce fut le point de départ d’une invraisemblable correspondance poétique qui passa par tous les stades de la folie amoureuse : simple flirt et politesses échangées, promesses de s’aller voir, joutes poétiques, badinages mais jamais de rencontre».
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C’est peut-être un peu désinvolte mais que voulez-vous, chère Paule A, moi je trouve ça poilant!

 Avant de développer la carrière d’écrivain que l’on sait, Gérard Oberlé a été un grand rénovateur de la fiche bibliographique. Il a tiré celle-ci des abîmes soporifiques où elle végétait.

Ce serait dommage de ne pas s’en rendre compte.

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21.11.2010 | Lien permanent

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