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Nouvelle Figuration: Acte III

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pouget.jpeget Pouget, Rebeyrolle, Gillet
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La Nouvelle Figuration : acte III, c’est rue Quincampoix, 86, à la Galerie Polad-Hardouin. Trop tard pour vous en parler. L’expo se termine déjà samedi prochain, le 11 octobre 2008. Mais achetez le joli catalogue qui ne confond pas information et lourdeur. Une reproduction par peintre, des notices claires, une biblio qui se mouille, une typo lisible pour des textes faisant le point aujourd’hui (Molly Minne) ou retrouvant l’éclairage d’hier (Michel Ragon). Cette galerie consent un effort particulier pour la doc accessible et ça mérite d’être signalé.

rustin.jpegA partir du 14 octobre, ce sera le tour de Jean Rustin (Une vie de peintre) mais pour l’instant c’est toujours O.K. pour la Nouv Fig au sous-sol.

 

Descendez-y dare-dare, ne serait-ce que pour le Portrait au chapeau de la Collection Ceres Franco. Cette huile sur toile de Michel Macréau, d’une densité incroyable, vous sautera aux yeux comme la pauvreté sur le monde ou je ne m’appelle plus Animula.

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08.10.2008 | Lien permanent

Mangez brut !

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C’est fou ce que Mantegna peut me ramener à la cuisine. Si j’en crois, du moins, les commentaires à ma note nuageuse du 30 septembre dernier. C’est Teresa qui s’est «régalée» avec le Trionfo della Virtu ! C’est Mamina, une inventeuse de recettes, qui m’invite à aller sur son blogue voir Si c’était bon.
Vous me croirez si vous voulez mais il ne sont pas rares ceux qui arrivent sur Animula Vagula en tapant «Choux farcis». Tout ça parce qu’un jour de décembre 2006 (le 20 exactement), j’ai mitonné un petit ragoût autour d’un livre d’Allen S. Weiss.
C’est sûr que je devrais vous la jouer gastronomie plus souvent. C’est un bon sujet, tout ce qu’il y a de people. Idéal pour l’audience. Hélas, il cadre mal avec mon thème mental. Rien de plus culturé en effet que la cuisine, rien de plus savant, de plus raffiné, de moins hors l’hénaurme.

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La française, particulièrement, qui a tendance à se prendre pour le sel de la terre et de la mer réunies.

fait tout.jpgPourtant je ne désespère pas d’accrocher mon petit fait-tout brut à la queue de cette vénérable casserole. Quelque chose me dit en effet que dans la république de la gourmandise, il y a, comme partout, deux thèses qui s’affrontent. L’une, vivifiante et gueuse, porteuse de saveurs sauvages. L’autre majestueuse et chichiteuse qui s’épanouit dans les délices de Mantoue (Pardon : de Capoue). Il est bien sûr dans la nature des choses que la seconde méprise la première mais lui emprunte sans vergogne.

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La cuisine en toque blanche ignore la cuisine en sabots (ou en crocs) mais elle lui fait les poches et bien des choses dégueulasses venues des fournaux médiévaux, péquenauds et/ou exotiques, une fois domestiqués et anonymisés, se retrouvent dans nos assiettes intelligentes, contemporaines et syncrétiques.
Tout ça pour dire qu’il en est de l’art culinaire comme des autres : on peut y faire des découvertes, au moins rustiques et modernes, sinon brutes.

Mangez brut, vous penserez de même !

Les images ci-dessous représentent une chose comestible.

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couv livre mamina.jpgUn bouquin de Mamina à la première (ou au premier) qui me dira ce que c’est et comment on l’assaisonne.

 

 

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A la poursuite du facteur Cheval

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A la poursuite du facteur Cheval, j’ai rencontré Gérard Manset. Manset, vous le connaissez pour avoir entendu -et sans doute fredonné les jours de blues- Il voyage en solitaire, sa chanson mélancolo, désaccordée du piano. Manset il montre pas sa tronche, il réédite pas ses anciens morceaux, ce qui fait qu’on le connaît sans le connaître. Auteur, compositeur et interprète, Manset est aussi peintre, photographe et … écrivain. Et là, surprise ! Le 6 novembre 2008, il a sorti un roman au cœur duquel on trouve l’époustouflant Ferdinand. Son titre? A la poursuite du facteur Cheval.

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Si! Sans déc. Avec mon repassage en retard, les carottes à éplucher, Dominique et Léa qui vont arriver pour le thé, vous pensez si j’ai le temps de me vautrer dans la critique littéraire! En plus Manset, je comprends pas tout ce qu’il dit et faut pas compter sur lui pour vous expliquer. Amateurs de romans traditionnels, passez votre chemin! Et vous les groupies des intrigues bien menées qui progressent sagement au rythme de la chronologie et de la logique, allez voir ailleurs!

Ecrivain-voyageur, Gérard Manset bouscule le temps, ses fantasmes et ses souvenirs asiatiques ou colombiens. Avec des morceaux de bravoure dans des Thaïlandes de rêve où l’on exhibe une pathétique créature qui fait penser à l’hermaphrodite-albinos du Satyricon de Federico Fellini. Impossible de suivre  son récit de A jusqu’à Z. Il faut accepter de tomber dans des trous, admettre de s’y reprendre à plusieurs fois, chercher son passage du nord-est perso. Bref, errer dans un labyrinthe où vous retombez toujours (mais pour le perdre aussitôt) sur ce «prédateur des styles», sur ce «propagateur de la fièvre hindo-bouddhiste» : le facteur Cheval himself.

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Acte de naissance de Ferdinand Cheval

C’est pas la première fois, bien sûr, que Cheval fait irruption dans la littérature. Sans remonter au Revolver à cheveux blancs d’André Breton (1932) : «Nous les oiseaux que tu charmes toujours du haut de ces belvédères», on se souvient d’Alexandre Vialatte   (Dernières nouvelles de l’homme) : «Chez l’homme, la tête pense, la main suit. Le reste y passe. Parfois pendant une vie entière. Le facteur Cheval en est un exemple éclatant».

Et de Robert Morel éditant en 1969 un beau texte d’Alain Borne et témoignant : «C’est à Lyon, en 1942, dans les rues vides où nous rodions après le couvre-feu, qu’Alain Borne me parla du Facteur Cheval pour la première fois».

Mais c’est pas une raison pour pas vous laisser porter par la musique très particulière et plus contemporaine de Gérard Manset : «L’avez-vous vu, ce palais? L’avez-vous déjà vue, cette basilique tout aplatie comme serait un morne coléoptère sur du sable tamisé ? Criquet dont la famille aurait volé plus loin (…). Un être avait commis cette équipée de la taille, tout juste, d’une goélette dont les cheminées seraient ces danseuses sémaforologiques (…) tournant leurs bras dans une gestuelle d’alphabet morse et incitant d’emblée à consulter les courts poèmes de grès marqués à la truelle mettant en scène ce qu’un Apollinaire lui-même aurait pu inspirer (…)».

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Télérama visite Montreuil

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A plusieurs reprises, ces temps-ci, votre P.A.E. vous a parlé de la bonne ville de Montreuil. Et bien voilà-t-il pas qu’elle est rattrapée par la grande presse écrite.

 

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Le magazine Télérama consacre cette semaine (19-25 novembre 2008) son supplément SORTIR à la cité qui abrite l’asso abcd (Art brut, Connaissance et Diffusion). Dans la rubrique «à la carte» et sous un titre qui fait jurer ensemble le mot «culture» et l’adjectif «brute», B.P. (Bénédicte Philippe) nous apprend que B.D. (le collectionneur Bruno Decharme «à l’allure décontractée») a été l’assistant de J.T. (Jacques Tati), ce que nous savions déjà et qu’il «a été l’élève de monstres sacrés comme Deleuze ou Foucault», ce dont nous ne nous étions pas encore aperçu.

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Dans les limites imparties à ce court article, la place a manqué à la journaliste pour énumérer les «divers intellectuels» qui, par le canal des publications d’abcd, ont «nourri» les expos de cette industrieuse asso depuis qu’en 1999, «l’entreprise» a pris aussi «une dimension de recherche».

Ne reculant devant aucun sacrifice pour aller toujours plus loin dans l’information, je n’hésite pas, pour ma part, à vous citer les principaux noms de ces discrètes chevilles ouvrières qui, depuis 8 ans, ont figuré régulièrement aux divers génériques des diverses productions of abcd of Montreuil : Christian Delacampagne, Régis Gayraud, Vincent Gille, Jean-Louis Lanoux, Barbara Šafářová, Béatrice Steiner. Et si j’oublie un raton laveur, qu’il me le pardonne, nom d’un p’tit pré vert !

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Un arc-en-ciel au C.A.T

canards.jpgToujours à la recherche du diamant brut, votre P.A.E. explore la P.Q.R. Elle découvre des arcs-en-ciel dans les canards de nos provinces. Il y a une douzaine de jours, le 3 novembre 2008 exactement, je suis tombée sur une feuille du Courrier de l’Ouest. Moules.jpgNon, c’était pas celle dans laquelle M. Yvon, mon poissonnier, enveloppe mon litre d’animoules !
C’est une de mes informatrices qui m’a refilé cet article relatif au 38e Salon des Arts de Cholet qui s’est tenu en octobre dernier dans la ville du Petit mouchoir. Près de 200 artistes, «pros et amateurs», exposaient là, à la salle des fêtes. Rien de glamour, à première vue, même si parmi les 200, il y avait des personnes accueillies dans un centre d’Aide par le travail.
Ce qui m’a fait dresser l’oreille, c’est que l’article est intitulé : L’Art brut aux couleurs de l’Arc-en-Ciel. J’ai failli dégainer mon joker Nos amies les bêtes, en lisant que les toiles de ces personnes «sont des petits chefs-d’œuvre d’art brut qui éclosent sous la houlette du peintre Jean Boccacino».

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Non, monsieur Alain Tissot (je m’adresse là au journaliste qui a recueilli les propos du dit peintre en charge de l’Atelier), il y a contradiction dans les termes.


la pensée du jour.jpgL’art brut est tout

sauf un mouton

jamais on ne l’a vu

se courber

sous une houlette.

 

D’ailleurs, Mr Boccacino le sait bien. Lui qui a l’air de se décarcasser honnêtement, malgré sa tendance au perfectionnisme, il reconnaît volontiers ce que ces «artistes», qui «ont besoin» de lui «pour aller plus loin dans leur démarche», ont apporté à sa propre expression artistique. animaux boccacino.jpgEn conclusion de son entretien qui illustre à merveille le sac de noeuds dans lesquels s’enferme la pauvre art-thérapie quand elle veut expliquer sa pratique, Jean Boccacino nous confie que le travail de l’Atelier de l’Arc-en-ciel l’a «remis en cause».«J’ai modifié mon expression dans le contenu et dans la forme. Leur travail m’a rassuré (…)». Vous trouverez sur Gougueule-images, une série de tableaux de Jean Boccacino.

L’article du Courrier de l’Ouest est accompagné de photos des œuvres des créateurs dont il s’occupe. L’une d’elle reproduit un dessin très volubile : un couple sous un porche à fronton décoré. Dommage qu’il n’y a pas le nom du créateur qui l’a fait. On aimerait savoir si c’est une scène de mariage, son dessin.

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Avec tous les petits personnages qu’il y a autour et toutes les petites têtes, légères comme des ballons, qui ont l’air d’acclamer, ça se pourrait. Comme ça se pourrait autre chose ou tout simplement le plaisir de remplir la feuille de papier, plaisir qui se communique très fort au spectateur. Alors, merci madame la dessinatrice, car si j’ai bien compris c’est une certaine Béatrice l’auteur de ce dessin.

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Et même je crois que c’est Béatrice Babarit. Une créatrice drôlement champion dont le travail a été remarqué au Festival Art et Déchirure de Rouen en 2008. Vous trouverez plein d’images à elle sur le site d’Artelier.

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Et merci aussi aux autres familiers de l’Arc-en-ciel. Ceux qu’on voit sur les photos et ceux qu’on voit pas.

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Des minous et des livres

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Sorbonne 15 mai1968.jpgVialatte, Lévi-Strauss, Caradec et les autres : week-end-lecture pour votre petite âme errante. J’étais partie errer dans les rues glacées du côté de la Sorbonne qui est devenue un lieu de pèlerinage pour les cousins de province («mais voui, c’est là que ça se passait…») lorsque j’ai bifurqué vers les thermes de Cluny où se tient l’expo Celtes et scandinaves, rencontres artistiques VIIe-XIIe siècle que je voulais voir.

Hélas, le Musée National du Moyen-âge m’est apparu un peu rébarbatif avec sa porte défendue par un gardien qui n’a rien de Georges Clooney.

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Et puis, j’en ai eu vite marre de faire le poireau devant des chiottes, installées dans un module de chantier qui défigure une cour vénérable, alors je suis allée photographier un minou du Poitou qui fait un tabac dans une librairie de la rue Saint-Jacques, voisine du Vieux Campeur.

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dilettante logo2.jpgDe minou en minou, je suis allée lécher la vitrine du Dilettante où j’ai repéré les Chroniques de l’année 1968 d’Alexandre Vialatte qui viennent de sortir chez Julliard avec une préface de Philippe Meyer. Pour celles qui, comme moi, ont fait depuis longtemps des papiers du grand Alexandre leur livre de chevet, il n’y a peut-être rien à apprendre.

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paulhan par dubuffet.jpegMais ça fait jamais de mal de relire Vialatte et j’ai revisité avec plaisir certaines allusions au Facteur Cheval, certaines petites phrases sur Dubuffet et Jean Paulhan : «Dubuffet se grise de trottoirs, de bitumes et de macadams. Il a fait un portrait de Jean Paulhan en bitume. Les trente-deux dents (…) sont faites en vrai gravier de trottoir (…)».
Après ce joyau rouge, mon choix s’est porté sur un bijou noir, imprimé en bleu et édité par L’Herne. Ce petit bouquin de Claude Imbert s’intitule Lévi-Strauss, Le passage du Nord-Ouest.

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Pour celles qui prennent soin de leur beauté, il a l’avantage de contenir la traduction en français (par Mark R. Anspach) d’un article de C. L.-S. parut en anglais dans dans le 1er n° de V.V.V. créée par André Breton, alors réfugié aux U.S.A, en 1941. Il s’agit de Indian Cosmetics, cette troublante cosmétique des indiens Caduvéo du Brésil que les habituées du chapitre XX de Tristes Tropiques connaissent bien. «Les femmes caduvéo ont une réputation érotique qui est solidement établie sur les deux rives du Rio Paraguay», nous dit Lévi-Strauss qui fête ses 100 ans vendredi. Avis à mes lectrices ! Comment les messieurs, emplumés ou non, ne craqueraient-ils pas devant ces parures de lèvres dessinées au jus bleu-noir d’un fruit du nom de genipapo.

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C’est d’un sourire pareil que je souhaiterais saluer la sortie discrète de François Caradec, auteur (entre autres) de la désopilante et érudite Encyclopédie des Farces et attrapes et des mystifications, parue en 1964 chez le malicieux Jean-Jacques Pauvert. Des Arts incohérents aux fausses peintures du Tassili, de la Vierge à surprises de Notre-Dame du Mur de Morlaix à Glozel, on y serpente sur maints chemins de traverse qui croisent les sentiers de l’art brut.

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Que toutes ces voies mènent au paradis des Christophe et des Allais, ça me paraît évident. Pas vous ?

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Zemánková (s) 2008/2009

invit zemankova.jpgZemánková-Praha : nouvel épisode à la Galerie Havelka, du 18 décembre 2008 au 27 janvier 2009. Sur le carton d’invitation, ça commence comme un épi, ça se poursuit en ailes de libellule, ça s’épanouit en collerette de dragon, en arêtes de poisson volant, en griffes de dents de lion. Anna Zemánková sème à tous vents, hisse son pollen, hurle son pistil. De sa tige monte une répétition de chauves-souris qui déroulent une gamme de membranes, rouges comme les touches d’un clavier imaginaire et belles comme des pierres précieuses.

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Ce que les œuvres de cette grand-mère, éternelle dans la création, peuvent paraître musicales, c’est rien de le dire! La houle des gerbes sous le vent, la stridulation des insectes, le friselis d’un étang, c’est tout ça qui nous saute dans les oreilles autant que dans les yeux dans ce dessin de ZZZZZémankoVVVVVa. Ce que j’aime, c’est sa façon d’emprunter aux différents règnes : végétal, génital, bijoutier, sexuel, nourrissant ... Et puis Zemánková est la seule créatrice d’art brut disparue dont la petite-fille glisse de temps à autres des messages dans ma boîte aux lettres électronique :

«Milí přátelé,
ráda bych Vás pozvala na vernisáž výstavy Anny Zemánkové, která se bude konat příští čtvrtek 11.12. v 18:00 v galerii Havelka (Martinská 4, Praha 1). Moc se těším na setkání!
»
Terezie Zemánková

Merci à vous, Miss Terezie et si les demoiselles Alice Corbaz, Caroline Tripier, Eleonor Gill, Séraphine Burnat-Provins, Marie-Thérèse Bonnelalbay veulent me glisser un mot à propos de leurs mères-grand, votre petite âme errante leur dit : «ne vous gênez pas les filles

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La Tombe à la Fille

couv bretagne insolite.jpgLa Tombe à la Fille sort de l’ombre à l’occasion du Guide Bretagne insolite et mystérieuse édité par Christine Bonneton. Ce haut lieu d’un culte pour ainsi dire «vaudou à nous» -parce que très peu contaminé par le formatage monothéiste européen en dépit de son vernis catho de surface- votre petite âme errante aurait pu vous en parler depuis longtemps déjà. Et attirer votre attention sur l’installation populaire qui va de pair.

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une copine.jpgJ’aurais pu vous raconter comment, après la lecture de l’article de Joël Bigorgne dans Ouest France des 18-19 août 2007, je me suis aventurée bravement, en compagnie de mon couteau suisse et de deux copines qui n’en menaient pas large, dans la forêt épaisse et humide (l’été était pourri) de Teillay à la recherche de l’arbre où fut pendue, il y a 200 ans et des, une victime des guerres civiles révolutionnaires.

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La jeune Marie Martin,18 ans, torturée par les Chouans pour n’avoir pas balancé les bleus, selon la légende qui court à la limite de l’Ille-et-Vilaine et de la Loire-Atlantique.

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Si j’ai préféré me taire, si je n’ai pas pissé de la copie sur les sentiers hasardeux qui mènent au sanctuaire de Sainte-Pataude (autre nom de la martyre), où on n’est guidée que par des chiffons accrochés aux branches par les fidèles, c’est que cet endroit saturé d’ex-votos ready-made m’est apparu d’une authenticité à tomber.

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Et chacun sait que la médiatisation peut nuire gravement à la santé de tels lieux «magiques» où la ferveur se combine si bien au fétichisme des déchets qu’elle se transforme sans peine en art collectif.

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Il y a donc des cas où il vaut mieux pas se vanter d’être la première sur un sujet. La Tombe à la Fille pouvait prétendre à un répit, je m’en serais voulu de ne pas le respecter. Mais permettez maintenant que j’ouvre ma goule.

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A la différence de Joël Bigorgne qui prenait soin de citer les propos d’Yvon Mellet le maire de Teillay : «Les gens du coin entretiennent le lieu. Ils ont peur que, si l’endroit se dégrade, un malheur s’abatte sur eux», le commentaire inodore et sans saveur de Béatrice Magon, auteur du sus-nommé guide, n’a pas un mot de mise en garde pour ses lecteurs.

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Il est vrai que cette dame voit de l’insolite dans une librairie-salon de thé et du mystère dans une saint-sulpiciarde statue de Jean-Paul II ! Quant à ses titres, il vont des comparaisons éculées : «Une BD de pierre» (Les rochers sculptés de Rothéneuf), aux calembours beauf : «Ici on fait l’andouille de père en fils» (Guéméné).

Le moyen d’éviter après cela que les touristes aillent saucissonner sur les lieux de culte sauvages où se pratique un art d’autant plus art qu’il ignore son nom !

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Gentil chapon touche du bois

L’autofiction est à la mode et Schwarz-Abrys, un de ses devanciers, sort de l’ombre avec Gentil chapon touche du bois aux Editions Cambourakis. «Encore un Hongrois», me direz-vous, «et encore un ouf» avec un titre pareil, dans une pareille collection (En Démence). Vous y êtes presque. Le nom de Schwarz-Abrys, pour les amoureux de l’art brut reste lié à une expo historique : l’Exposition d’œuvres exécutées par des malades mentaux (peintures, dessins, sculptures et décorations) organisée par le Centre Psychiatrique Ste-Anne du 16 au 28 février 1946

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Intérieur de l'exposition

Le 15, jour du vernissage, Gaston Ferdière, qui avait apporté des œuvres de Rodez, conférencie mais le catalogue dit bien que c’est «avec le concours de Schwarz-A» que l’expo se déroule.

Qu’est-ce qui vaut à ce peintre autodidacte qui s’est fait connaître en 1939 au salon des Indépendants avec des tableaux à clous, cet «honneur» et cette mission ? La virtuosité avec laquelle, après guerre, il joue avec l’auréole de la folie et avec son image de persécuté, tout à la fois.

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Né en 1905 à Satoraljanjhely dans une famille juive de journaliers agricoles, S.-A., peut-être à cause des mesures antisémites du régime d’Horthy, quitte la Hongrie pour venir en France où il se marie. Engagé volontaire au début du conflit mondial, fait prisonnier puis libéré, selon lui par erreur, il passe la période de l’Occupation à Ste-Anne. Réfugié ou patient ? Il entretiendra toujours le doute sur ce point, semblant se servir de ses symptômes pour décrire, par la peinture et la littérature, sa vie d’aliéné. gentil chapon 1950.jpg

Entre 1950 et 1955 (son heure de gloire), il publie 3 bouquins mêlant fiction et souvenirs asilaires.

C’est l’un d’eux : Gentil chapon… qui est réédité aujourd’hui avec une préface d’Anouck Cape.

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Celle-ci a le mérite d’apporter un peu de clarté dans la brume volontairement ourdie par Schwarz-A : «ce récit d’un internement ne cesse de jouer avec les limites (…) qui séparent la folie et la raison, le témoignage et la fiction, la vie et la littérature».
A l’époque, on a comparé S.-A. à Céline, ce qui est pousser loin le bouchon. Relisons plutôt, sur les mêmes thèmes, Force ennemie de John-Antoine Nau, le premier Prix Goncourt.

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Les autres romans schwarz-abryssiens sont pourvus de titres aussi loufoques : Ni chardons ni duvets et surtout L’âne ne monte pas au cerisier (1950, mais pas trop coton à trouver sur le marché de second hand). Je résiste pas à vous en montrer la graffitique couverture et la racoleuse bande-annonce.

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portrait de schizo.jpgCe livre a par ailleurs l’avantage de contenir des repros –en noir, hélas– des portraits de fous d’un vigoureux expressionnisme (!) peints en live à l’asile par Schwarzys ou d’après études, allez savoir !

 

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Vivian Girls Band

Si je vous dis «Vivian Girls», ça vous évoque Henry Darger.

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pochette VG.jpgEt bien, vous y êtes pas. Mes recherches linguistiques m’ont permis de le découvrir : les Vivian Girls ne sont plus ces héroïnes pantelantes et étranglées qui luttent avec courage contre des prédateurs sadiques impitoyables dans les compositions magnifiques et vénéneuses du grand créateur américain. Les Vivian Girls sont maintenant un groupe de filles de Brooklyn que vous pouvez classer dans vos mots-clés à la rubrique Shoegaze.

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Une blonde asperge ado qui vient visiblement d’abandonner son appareil dentaire, une brune boulotte et rigolotte avec ses grosses lunettes et une rousse à frange, joliment tatouée sur les bras. Lisses, gentilles et sympathiques. «les brus idéales», grince mon chéri-que-j’ai. Visionnez leur vidéo, écoutez leur son sale et sucré à la fois. Mon daddy qui a la dent dure prétend qu’«on dirait The Mamas and the Papas sans les Papas». Pas de papas, sauf The Wipers, Nirvana, Black tambourine et The Sangri-las (vraiment très las) nous apprend Mr My Space Music.

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Mais déjà 5710 amis.
Méchante comme je suis, j’ai failli coller ces VG dans la catégorie Nos amies les bêtes mais à la réflexion, les images du film de Timothy Flore, Tell the world, où l’on voit le trio VG menacé, dans la forêt noire, par ses copains déguisés en Lucifers et Teddy bears, me porte à l’indulgence.

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Ces souris-là, visiblement, s’amusent un max et ça, ça se respecte. Et puis on avait déjà le groupe Art brut et le groupe Rinôçérose (voir mes notes du 14 déc. 2005 et du 3 août 2006) alors, les Vivian Girls, why not ?

 

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13.10.2008 | Lien permanent

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