Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : plancher de jeannot

Art brut : la réalité dépasse les fictions

Maintenant que j’ai mis le nez dedans, impossible d’en sortir. Dans quoi? Mais dans la collection des «Cahiers» de l’Art Brut, badame. Elle tabasse tout cette collection! On y revient toujours au hasard des méandres de l’actualité.

Samedi prochain (30 mars 2013), par exemple, l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA) ouvrira de 9h30 à 13h sa salle Walter Benjamin au séminaire du CrAB consacré à Des fictions d’art brut parmi lesquelles il y a Juva.

la sourieuse cahier ab.jpg

cahier ab n°21.jpg

L’occasion de se replonger corps et âme, pour réviser un peu avant, dans le n°21 des «Cahiers» évoqués plus haut. Cahier qui nous dit tout sur le cas de ce prince austro-russe, collectionneur de camées et de vases en cristal de roche, converti au silex dont il aime la matière au point de la sublimer en sculptures retouchées, peintes et soclées par ses soins.

fig 6.jpg

Jean Dubuffet consacra très tôt (en 1948) à cette œuvre née d’un cache-cache avec la science préhistorique, à cette œuvre révélatrice du pur langage des formes, un texte qu’André Breton compara à «un tube d’escalier en vis sans fin». Et une exposition au sous-sol de la Galerie René Drouin.

invit 17 juin 1948.jpg

A propos de «sous-sol», notons que Les Statues de silex de M. Juva, le texte de Dubuffet, se termine en boîtant sur ce mot. «Peu de gens», prophétise Dub, prendront garde aux statues de Juva mais «si quelques-uns pourtant se sentent ici touchés (…) par ce vent venant pour une fois non des points indiqués par la rose [des vents] mais de sous les pieds et de sous-sol (sic) – alors tant mieux».

fig 18.jpg

cahiers de la pleiade 1948.jpgC’est naturellement «de dessous le sol» qu’il faut lire. Dubuffet, dans l’édition originale ronéotée, a rectifié l’erreur à la main.

Celle-ci a été corrigée dans la version imprimée parue à l’été 1948 dans Les Cahiers de la Pléiade, revue dirigée par Jean Paulhan mais non -curieusement- dans le tome 1 de Prospectus et tous écrits suivants (1967) formaté par Hubert Damish.

Boucher_de_Perthes.jpgPinaillage, me direz-vous, mais c’est en pinaillant sur le sol et aux bords des rivières qu’Antonin Juritzky découvrait ses «pierres-à-figures» pour emprunter un terme à Boucher de Perthes (1788-1868), le père de la Préhistoire dont les théories, mélangeant vérités et divagations, donnèrent tant à rêver aux autodidactes.

figure3 de perthes.jpg

portrait de Juva.jpgAntonin Juritzky adopta le pseudo de Juva lorsque la science officielle l’expulsa de son délire pseudo-scientifique. Lui qui créait des «faux» qui ne dérivaient pas d’originaux fut convaincu de faire, en quelque sorte, des ready-made aidés et non des ready-made tout court! C’est arrivé à d’autres, à Robert Garcet notamment.

fig 13.jpg

Le CrAB serait bien inspiré de se tourner vers ces exemples significatifs plutôt que de nous en faire des «schizomètres» avec une blague pataphysicienne déguisée en calembour lacanien qui, au fur et mesure qu’elle dure, perd tout son sel.

BonusAntonin Juritzky est l’auteur d’un ouvrage publié en anglais par un musée hollandais qui, contrairement à ce qu’avance Jacqueline Roche-Meredith dans le N°21 (p. 70) des Publications de l’Art Brut, existe bien (depuis 1939) et ne relève donc pas d’un soi-disant «délire mythomane» de Juva.

couv prehistoric man.jpg

J’emprunte à cet ouvrage quelques photos et une introduction qui suggère une piste enfantine à la base des observations de Juva : «Walking in the spring of 1946 along a group of allotment gardens I was struck by a most charming scene. Playing children has marked off a kind of enclosure on the border of the field with little sticks, and inside this square they had laid a stone which was to represent an ox. Indeed, the stone -a flint- had the shape of a buffalo’s head (fig.1)».

fig 1.jpg

Lire la suite

Terminus Médiums

Je sais plus quoi faire de ma peau. Les mornes bruits de bottes dans le désert qui m’usent le tempérament peut-être? Lundi tout est fermé et samedi c’était guère vivant dans la rue de Seine. Rue Guénégaud, même pas un vendeur à la sauvette pour proposer comme d’hab aux gogos de fausses antiquités africaines à la barbe des galeries spécialisées qui montrent des vraies. Jeté un œil dans la vitrine de Béatrice Soulié mais elle brillait par son absence. Elle est à Marseille, que j’me suis dit. Car BS a ouvert un nouvel espace dans «la capitale européenne de la culture», faudrait être un blaireau pour l’ignorer.

En ce début 2013, tout le monde d’ailleurs est à Marseille. Même le Tampographe Sardon qui expose chez Pakito Bolino. Y’en a donc qui dérivent et d’autres qui divaguent.

tampographe vegetariens.jpg

Sur Lettres ouvertes, le blogue de Raphaël Sorin, au sous-titre mallarméen, je pique cet élément d’autocritique à paraître dans Les Temps modernes : «Ecrire et lire, c’est ce que je souhaite à tout le monde. Les blogs serviront à cela, bons ou médiocres, paranos ou confus. La critique sera enfin faite pour tous par tous!».Cela m’encourage vachement à continuer, c’est à dire à sévir. Vous confier par exemple que je n’ai pas su me dépêtrer de l’expo du Musée Victor Hugo qui va pas tarder à arriver au terminus.

affiches médiums.jpg

D’une part, je suis sûre qu’elle aura fourni l’occasion à toute une flopée de débutants en spiritisme de prendre langue avec les fantômes par le truchement d’œuvres qui y vont carrément dans le débusquage de l’inconscient et par le témoignage d’artistes et de créateurs s’abandonnant, à des degrés divers, à l’automatisme mental.


D’autre part, je crains que pour les afficions de l’art brut (que vous êtes), elle n’ait eu un petit air de réchauffé car elle puisait abondamment dans les réserves de la Collection abcd qui, depuis une dizaine années, que ce soit avec Fernand Desmoulin, Helène Smith, Leon Petijean, a fait généreusement circuler ses images.

cata mediums.jpg

Si ce constat vous paraît insuffisant vous pourrez rectifier en vous téléchargeant le dossier de presse de l’expo. Ne serait-ce que pour le Victorien Sardou de la Collection de Flers, le Tromelin de derrière les fagots de Lausanne ou les photos du médium Marthe Béraud «qui m’ont beaucoup fait penser aux portraits de Marie-France Lacarce»m’écrit une Animulienne de retour de la place des Vosges.

marthe beraud.jpg

Quand je dis «vous pourrez» c’est à une petite restriction près : les abracadabrantesques conditions d’utilisation des «visuels disponibles» que les organisateurs prétendent imposer à la Presse (au méchant Internet surtout) pour relayer «à titre gracieux» (manquerait plus que non !) leur exposition dont le titre est, lui, purement et simplement emprunté à celui d’André Breton : Entrée des médiums.

texte breton p1.jpg

Lire la suite

«Regard sur la folie» passe à la télé

Ma télé déconne. Tantôt j’ai le son et pas l’image et tantôt l’image sans le son. C’est commode, je vous jure! Tout de même, on s’y fait et on trouve même des bénéfices secondaires à regarder la manif des mariagephiles sans les paroles et Fantasia chez les ploucs sur écran noir. 


Je branche, je débranche, je bidouille. De temps en temps, miracle, j’arrive à coincer une chaîne avec les deux options à la fois. Dimanche dernier, c’était Ciné-Classic. Je suis tombée et bien tombée sur un petit bijou documentaire de Mario Ruspoli (1925-1986), un pote à Chris Marker et à Jean Rouch.

décadrages dossier ruspoli.gif

Regard sur la folie que ça s’appelle. Un film de 50 mn, tourné à l’hosto psy de Saint-Alban en 1960 avec une caméra 16 mm et un magnétophone synchrone. J’attendais des séquences relatives aux occupations artistiques des patients et je n’ai pas été déçue du voyage. Même si elles sont limitées aux activités d’un atelier fonctionnant dans l’établissement et sous son contrôle, c’est toujours émouvant et rare ce genre de témoignage.

seul.jpgMais de toutes façons, le reste est passionnant. On y entend le discours des gens soignés à Saint-Alban. Lucide et triste, monotone et plaintif mais aussi précis et d’une étrange logique intérieure : non filtré par le travail des soignants mais tel qu’il se déploie vraiment. On y entend la voix off de Michel Bouquet et la grande voix des textes d’Artaud qui donnent de la cohérence à l’ensemble.

le deconnetier Libération 16 nov 1989.jpg


On y croise François Tosquelles et ses hauteurs de vues dans une réunion de professionnels de l’endroit. Tendre l’oreille à cause de l’assez redoutable accent de ce grand praticien catalan exilé en France à cause de son activité antifasciste. Admirer au passage la façon dont il bouscule la psychiatrie pour éviter qu’elle ne ronronne comme une vieille daronne (ou dragonne).

Tendre l’oreille aussi au dialogue de Roger Gentis avec la vieille dame lozérienne alitée. Apprécier cette ambiance de respect mutuel que le travail du médecin suscite parce qu’elle seule peut permettre à la souffrance de se dire.

regard photo 2.jpg

Chanceux que vous êtes, ce petit chef d’œuvre de cinéma direct, repassera par la case Ciné-Classic à plusieurs reprises durant le mois de janvier 2013. Jeudi 17 à 8h35 pour les lève-tôt, samedi 19 à 2h05 pour les insomniaques, lundi 21 à 11h55 pour la Sainte Agnès, lundi 28 à 1h50.

regard photo 1.jpg

Regard sur la folie est suivi d’un court métrage intitulé La Fête prisonnière. C’est la fête annuelle à St-Alban. Les enfants s’amusent. Tout le monde danse avec tout le monde. Fous et non fous. On ne les distingue plus sous leurs chapeaux pointus, turlututu. Un peu à l’écart, sous l’œil de la caméra, deux résidents qui ne sont pas dupes : la fête est mélancolique comme toutes les fêtes.

regard-sur-la-folie.jpg

Lire la suite

16.01.2013 | Lien permanent

Deux mille treize à la douzaine

Ce n’est pas parce que les bonnes manières se sont perdues dans les méandres du réseautage social qu’il faut accabler de vœux ses lecteurs trois jours avant la date fatidique!

Ani sagement attend minuit pour sortir ses pétards, décapsuler ses roteuses, klaquesonner à perdre haleine dans les rues enguirlandées. Et cette année, pffffffff, ça donne ça :

carte de voeux,2013

Lire la suite

Laduz au temps des cerises

Laduz aux cerises! Tout un programme! Evocateur de clafoutis dans un jardin. Je sais bien que je mets la charrue avant les bœufs. Je ferais mieux d’attendre la fin mai pour les infos promises par Jacqueline Humbert sur le site de son musée.

coups de coeur.jpg

Mais je résiste pas à l’envie de vous dire : «Save the date». Tant le carton reçu est promesse de rendez-vous avec de bonnes et vénérables choses. Allusion à la chanson de Jean-Baptiste Clément que cette image de plein air? Elle combine en effet le plus populaire des fruits rouges avec l’uniforme militaire d’une République coincée entre la guerre de 70 et celle de 14. Aucune plaie ouverte cependant.

invit laduz recto.jpg

Le sourire moustachu du pioupiou, l’émouvante facture rustique, la naïve boutonnière nous porte d’abord à l’attendrissement que l’on ressent toujours devant les beaux objets d’art populaire. Si proches, par l’invention, puisée à la source de l’ingénuité, de certaines productions d’art brut. Un vire-vent. Pas tout à fait ordinaire. Les trop longs bras du militaire dotés de mains en forme de pales. A la réflexion : un automate actionné par l’eau d’un ruisseau peut-être? Il sera toujours temps d’approfondir.

invit laduz verso.jpg

Le Musée de Laduz apportera, le moment venu, des précisions sur ce petit trésor. Ainsi que sur d’autres «sortis des malles» spécialement pour la présentation de l’exposition Coups de cœur qui aura lieu le samedi 1er juin 2013 en fin d’après-midi.

Lire la suite

16.05.2013 | Lien permanent

Recreation avignonnaise

Avignon, du coin de l’œil me regarde. On peut dire que j’aime ça. J’y traîne mes savates comme dans une photographie ancienne.

P1060293.jpg

A l’écart du pittoresque karchérisé des rues à touristes, c’est une ville qui vous fait signe à sa façon d’aujourd’hui et de toujours. Ici, où Melpomène et Thalie règnent en maîtresses une partie de l’année, tout est permis aux muses et elles ne s’en privent pas.

P1060296.jpg

Muse des rêveurs-bâtisseurs comprise. J’emprunte cette image à l’un d’eux qui agrémenta de personnelle façon le mur d’enceinte de sa maison.

P1060306.JPG

Avignonnaise façon de procéder! Avec sa ceinture de remparts et son cercle flâneur formé par les rues Joseph Vernet, Henri Fabre et des Lices, la festivalière cité des papes est un cœur emboîté comme une poupée gigogne. De cet intra-muros historique, de cette pelote urbaine ensoleillée s’échappe, du côté où le Rhône ne s’y oppose pas, tout un réseau de fils et d’artères qui s’en vont faire des nœuds aux noms de quartiers : St-Véran, La Croisière, St Jean, Pont des Deux Eaux.

Avignon_(Atlas_van_Loon).jpg

C’est dans l’un d’eux qu’Antonio, un maçon italien, est venu pour le travail dans les années cinquante du siècle dernier. C’est là que lui, qui parlait à tout le monde, a édifié pour son plaisir et pour celui des passants son mur d’images, décoré autant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

P1060307.JPG

P1060353.jpgC’est là que vit encore -princesse en son potager- sa veuve Tina dont les beaux yeux ne se fatiguent jamais de contempler les têtes brutes, amusantes et grotesques de cette clôture historiée qui fait de sa demeure une modeste et moderne villa Palagonia. Là, c’est-à-dire dans une impasse.

Un coin de campagne dominé par une barre d’immeubles. Ce fleuron, perdu dans un lacis où les rocades et les avenues sont métissées de routes et de chemins, n’est pas simple à trouver. Même un GPS s’y casse les dents en tombant sur des fourchettes. «Tournez à droite» vous dit-il et ce sont trois voies qui s’offrent à vous.

Mieux vaut donc un cicerone. Tant qu’à faire, j’ai eu recours au meilleur qui soit : l’impénitent blogueur et l’aimable connaisseur es-choses avignonnaises, Michel Benoît. C’est lui qui m’avait filé le tuyau. Mais pour être déjà venu, il n’en était pas blasé. C’est d’un sourire intact qu’il a salué le Gepetto qui lui rappelait un masque de son enfance.

P1060335.jpg

Antonio, pour ses moulages en plâtre, affectionnait de telles choses. J’ai fait, pour ma part, un bisou au portrait d’une chanteuse populaire (je vous laisse deviner laquelle) dont la famille voisina jadis avec le maçon.

P1060333.jpg

Les chats, les barbus, les fantômes étaient un peu trop haut pour pareilles effusions. Divers collages d’objets manufactés aussi. J’aime trop aussi les visages aux yeux d’agate, «tout en pierres récupérées aux décharges» comme me le dit la signora Tina de son bel accent  calabrais. 

P1060343.JPG

Lire la suite

Le peuple des berges

La Seine monte. C’est le moment de lire Le Peuple des berges. Le moment d’acheter à pleines péniches ce récent titre de Robert Giraud pour en inonder vos amis.

recto peuple des berges.jpg

On y assiste avec trouble et attendrissement au «carnaval perpétuel» de Nénette. A cette époque (dans les années cinquante du siècle de l’auteur), on n’avait pas peur du mot «clocharde».

«La cloche en argot c’est le ciel» nous dit la quatrième de couverture de ce recueil de neuf articles parus jadis dans Qui ? Détective.

verso peuple des berges.jpg

A cette époque (8 octobre – 3 décembre 1956), les Nénette élisaient domicile sous les ponts de Paris. Cette âme errante abritait donc sa coquetterie guenilleuse «dans une alvéole du Pont-Neuf, au milieu de ses richesses» de carton. «Eté comme hiver, Nénette porte toute sa garde-robe sur elle» nous dit Robert Giraud. Et «sa toilette se complète obligatoirement d’un chapeau extrait, il y a une dizaine d’années, du plus profond d’une poubelle».

Nénette.jpgImage tirée de "La cloche et les clochards". Film réalisé en 1972 par Robert Bober pour l'émission d'Eliane Victor : "Les femmes aussi"

la cloche et ses clochardes.jpg
Cliquer sur l'image pour voir un extrait

Rien de bien original jusque là. Aujourd’hui que sont revenus les temps mauvais, il suffit de faire un tour sous le périphérique au marché aux puces de Saint-Ouen pour avoir une idée de ce que Bob évoque.

Plus captivantes en revanche, les lignes que Giraud consacre à la pulsion de parure corporelle de ladite Nénette. Pulsion qui en fait presque la prêtresse d’un body art avant la lettre. «Les heures que [Nénette] ne consacre pas à la recherche et au tri de nouveaux haillons (…), elle les passe à faire et à refaire son maquillage». (…) «Un affreux plâtrage  dont le fond de teint est constitué par du Mercurochrome. Pour ses autres fards, Dieu seul sait dans quelles décharges publiques Nénette va en recueillir les ingrédients!».

Pouvoir de ce style ému mais précis du grand reporter littéraire! Giraud sait comme personne communiquer au lecteur sa fascination. Atteindre comme une balle le nœud du problème. Sans lui ôter de son mystère. «Nénette garde le secret du drame qui a dérangé sa cervelle».

Citons encore la relation de son jeu d’esquive facial: «De ce paquet de loques émerge le visage de Nénette, une face de gargouille peinturlurée où l’on ne remarque rien de ce que l’on regarde ordinairement : la couleur des yeux, la forme du nez, les dessins des lèvres…».

Les amoureux du vieux Paris, les amateurs de petits métiers insolites, ceux qui apprécient combien l’humanité et la créativité des gens du très-commun se dégagent du pittoresque, voudront lire ce recueil de chroniques nouvelles et néanmoins ressuscitées.

robert giraud,robert bober,robert doisneau,eliane victor,nénette

Personne ne s’étonnera qu’il soit préfacé par Olivier Bailly. Ni qu’il soit édité par Le Dilettante qui ne cesse d’inscrire à son catalogue les Bob-sellers de l’«envoyé spécial au royaume de la nuit».

Lire la suite

Hollywoodoo et Panos du Dernier cri

«Les amis d’Avignon sont mes amis» : on m’écrit pour me le dire. Sachez que c’est réciproque. Et réciproque aussi avec les amis de Marseille. Ce n’est pas parce que je me suis fait saucer en plein carnaval que je n’aime pas le vieux port et son nouveau miroir par dessus tête.

miroir-Vieux-Port-Marseille.jpg

Le Dernier Cri! comme dirait l’autre. L’autre c’est Pakito Bolino et sa Belle de mai, bien entendu. Mai lui est un joli prétexte pour faire ses Hollywoodoories. Le lundi 13 mai à 18 h, en son Atelier de la Friche, il attaque sévère du côté de l’art populaire de maintenant tout de suite. Et en avant pour les affiches de vidéo-club ghanéennes et hardi petit pour les panos nord-américains! Woopoopidou!

affiche holywoodoo.jpg

Cette expo va courir sur ces jambes jusqu’au 11 juin. Pas besoin de mot d’excuse de vos parents si vous loupez le vernissage fricheux.

mauvais oeil 2013.jpg

Vous pourrez vous rattraper le 14 mai à la Poissonnerie ou le 15 aux Dermonautes. Au besoin, tatouez-vous le programme avec l’adresse de ces trois lieux associés.

quartiers marseille.jpg

Question panos, le Pakito s’est acoquiné avec Reno Leplat-Torti, un graphiste-sérigraphe collectionneur de ces petites chicaneries. Car pour ceux qui l’ignoreraient encore «panos» est un diminutif de «panuelo» (mouchoir), support d’activité artistique des «chicanos» (Américains originaires du Mexique) dans les prisons.

panos 2.JPG

Cette tradition remonte peut-être à l’intervention française au Mexique sous Napoléon III. Les pioupious de chez nous ayant pour habitude de décorer soigneusement leur tire-jus réglementaire avant l’invention du kleenex. Ce que m’a confirmé mon daddy qui a vu de ses yeux des conscrits se livrer encore sans réfléchir à cette charmante activité populaire pendant son service militaire dans les années soixante-dix du défunt vingtième siècle.

Qui dit populaire ne dit pas brut mais : apparentement possible car affinités évidentes.

Lire la suite

L’Asphyxiante culture passe la nuit à Bègles

«La culture procure à qui en est doté l’illusion de savoir, qui est très pernicieuse, car un qui ne sait pas cherche et débat mais un qui croit savoir dort satisfait».

Cela fait un moment que j’avais pas lu ça. Je me replonge pas tous les jours dans Asphyxiante culture. J’ai tort. Si j’étais pas aussi cossarde j’apprendrais par cœur certaines des vérités finement paradoxales qui jalonnent ce petit livre de «libertés nouvelles» publié par Jean Dubuffet en juillet 1968 chez Pauvert (merci Jean-Jacques!).

asphyxiante culture.JPG

Par exemple celle-ci qui sonne comme un avertissement aux «intellectuels prétendus révolutionnaires» de l’époque et qui conserve tout son sel aujourd’hui :

«La position de subversion cesse bien sûr s’il advient qu’elle se généralise pour devenir à la fin la norme. Elle s’inverse à ce moment de subversive en statutaire».

Bien jeté, non ? De nos jours où c’est la mode de discréditer Dubuffet tout en lui faisant les poches, où bon nombre de ceux qui ont l’art brut à la bouche se croient fondés (au nom dont ne sait quelle modernité) à «promouvoir» celui-ci en imposant une régression théorique «visant à nier la coupure épistémologique de son inventeur», il est réconfortant de savoir qu’une Nuit des musées va être consacrée à Bègles à une lecture publique de larges extraits d’Asphyxiante culture.

nuits_musees_2013.jpg

Réconfortant aussi de lire dans le dossier de presse de la Création Franche -puisque c’est dans cet établissement qu’aura lieu le 18 mai la performance- que «c’est un texte facile à lire, un manifeste dans lequel Dubuffet affirme que la culture (…) n’est plus au service des œuvres» et que «ce constat est encore terriblement d’actualité».

Qui c’est qui dit ça? Frédéric Maragnani. La voix qui portera ce soir là une pensée toujours novatrice qui ne demande qu’à s’envoler vers les âmes errantes de bonne volonté dont vous êtes (ou vous serez) chers Animuliens et Animuliennes de choc. Que vous ayez lu, mal lu ou pas lu du tout encore ce philosophe qu’était Jean Dubuffet.

décaper la culture.jpg

Lire la suite

11.05.2013 | Lien permanent

Des expos qui cartonnent

Tombent dans ma boîte aux lettres les cartons d’invitation. J’ai beau les battre et les rebattre, j’ai du mal à saisir toutes les exquises subtilités de leurs titres. Quel est ce «rideau qui ne descend jamais»? Comprenne qui pourra!

img862.jpg

Je conçois dans ma petite tête de piaf qu’on puisse être en orbite mais comment pourrait-on être «en constellation» ?? Je m’y perds !!

img863.jpg

Et pourquoi l’exposition tchèque d’une collection d’art brut française et de photographies d’un Suisse spécialiste du genre, sacrifie-t-elle à la conventionnelle manie linguistique anglo-saxonne ??? Je l’ignore !!!

img864.jpgimg865.jpg

De Villeneuve d’Ascq à Prague en passant par New York City, suffit pas de faire tendance pour faire clair.

Lire la suite

Page : 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100