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Moi je trouve ça beau (de Cheval)
04.05.2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
Fleurs de bitume à Paname
Ce n’est pas parce nos amis Belvertois profitent de leur jardin pour nous narguer avec leurs brassées de roses qu’il faudrait vous imaginer que votre petite âme errante se trouve fort dépourvue du côté de la floraison.
En prévision de la fête des mères qui s’approche, je vous prie donc, mes Animuliennes à projénitures, de trouver ci-joint la photo d’une ronsardelette fleur de bitume apparue par je ne sais quel miracle dans le lopin de poussière au pied de mon immeuble, arrosé de bière tiède le samedi soir.
Une autre chose qui me fait crever de jalousie c’est quand le Bob Giraud’s blog (en vrai : le copain de Doisneau) m’apprend que Gabriel Pomerand aurait réalisé vers 1951-1953 un court-métrage sur les tatouages du milieu, Robert Giraud fournissant les tatoués. Pour une info, ça c’est une info que j’aurais aimé sortir !
Si ce film existe quelque part et que vous savez où, faites-le savoir subito presto au copain des Robert. Ce Pomerand était un drôle de pistolet lettriste aux temps légendaires de Saint Germain des prés et un des meilleurs écrivains du groupe.
C’est pas étonnant qu’il se soit penché sur les tatoués, il a bien fait des conférences ravageuses sur la prostitution et ce qu’il appelait par provocation la « pédérastie ».
Ceux qui ont croisé cette figure du quartier, tel ce libraire qui officiait naguère rue de Seine à l’enseigne de L’Envers du miroir, se souviennent de ses excentricités.
De Gabriel Pomerand, je ferais bien mienne cette pensée extraite d’une conférence qui fut interdite par le Préfet de police (Conférences, Cahiers de l’Externité, 1998, p. 78)
«Les préjugés sont si puissants, qu’aucune chose sérieuse ne peut plus être dite autrement que sous un aspect comique.»
31.05.2007 | Lien permanent | Commentaires (10)
La petite chapelle de frère Déodat
Aux amateurs de maisons bleues, aux fondus de Dives-sur-mer, aux da Costistes convaincus ainsi qu’à tous les Raymondisidoriens, tous les Robertvasseuriens, tous les amoureux des mosaïques en vaisselle cassée ou en coquillages, ces clichés de la Petite Chapelle de Guernesey où que ça fait déjà longtemps que votre petite errante rêve d’aller et qu’elle n’a jamais pu voir.
Pour en savoir plus, achetez donc le dernier numéro (55, summer 2006) de Raw Vision. Il y a un article de Céline Muzelle là-dessus avec des photos de Deidi von Schaewen (ci-dessous).
16.08.2006 | Lien permanent | Commentaires (4)
AG de printemps chez Audebert
J’avais fauché pour vous des gâteaux saintongeais à la salle des fêtes de Chez Audebert où je suis allée pour la matinée-découverte du Jardin de Gabriel mais je les ai mangés dans la voiture sur la route du retour à Paris. Gabriel, «ça plaît où ça ne plaît pas mais c’est de l’art» nous a déclaré d’emblée monsieur Michel Mazouin, le président de l’Office de Tourisme de St Jean d’Angély et Saint Hilaire de Villefranche avant de passer la parole à Michel Valière, plus gros nounours que jamais avec son chat dans la gorge (il s’était levé à 5 heures du mat pour venir) et sa chemise bleue.
A la tribune, près de lui, monsieur Merlet, le maire de Nantillé, puissance invitante, s’était chargé d’accueillir l’assemblée assez fournie réunie là, ce lundi 3 avril, par un petit soleil aigrelet. Certains venaient de loin, quelques uns s’étaient perdus. Votre petite âme errante, pour sa part, avait eu du mal à comprendre que St-Jean d’Y sur les panneaux indicateurs c’était kif-kif Saint-Jean d’Angély. Pendant le mini-débat qui a suivi le speech enjoué de notre ethnologue préféré, j’ai feuilletté plusieurs de ses livres qui figuraient sur une table de littérature.
J’ai donc perdu un peu le fil des «protections institutionnelles», «patrimoine en déshérance», «architectes des monuments historiques» qui fusaient de ci de là pour me plonger dans la lecture diagonale de : Paroles d’or et d’argent (contes populaires), Nous n’avons pas fini de marcher (Migrances et partages), Le Conte populaire (Approche socio-anthropologique).
Je ne saurais donc trop vous dire ce qui est sorti d’une telle discussion. Tout ce que j’ai pu comprendre c’est que c’est d’abord une histoire de thune, le sauvetage du jardin aux sculptures à Gabriel, pour une petite commune et qu’il faudrait bien plus gros qu’elle pour s’en occuper. Peut-être bien qu’une asso de sauvegarde va se constituer pour aider à la recherche de solutions. La suite à bientôt.
03.04.2006 | Lien permanent
Gaston Chaissac, homme de lettres
19.04.2006 | Lien permanent
15 ans de suractivation grafike
Il faut sans doute des raisons puissantes pour que le Dernier Cri, la dynamique équipe graphisteuse marseillaise, verse dans la commémoration.
La disparition de Raymond Reynaud est une de ces raisons. Leur prochain show, une «XXXhibition collective» intitulée 15 ans de suractivation grafike qui saturera l’Espace Beaurepaire à Paris du 19 septembre au 6 octobre, est dédiée «à la mémoire de Raymond, le maître des bordilles !!!».
C’est l’occasion pour votre petite âme errante qui a traîné cet été sa nostalgie dans la belle rétrospective de Salon-de-Provence de vous montrer une image du petit matériel de l’artiste, judicieusement placé là sous une vitrine.
14.09.2007 | Lien permanent
Le Musée imaginaire de Jean Dubuffet
On le croisait dans nos campagnes fabulosiques. Lancé à pleine vitesse sur des engins cyclistes dans nos espaces urbanistiques. Dispensant sa science dans des écoles louvresques. Fréquentant de vénérables librairies à la recherche de L’Homme du commun à l’ouvrage.
On le voyait dans le RER en route vers les grandes banlieues de l’art. Accueillant l’orage comme le soleil dès lors qu’il s’agissait de cueillir une information sur un Barbu Müller des familles. Conférençant à droite, à gauche. Un jour à Dijon, l’autre à Annecy. Emporté par ses chères études et le train pour Lausanne.
A force on le croyait perdu dans les greniers de la Collection de l’Art brut. Et bien, pas du tout. Baptiste Brun nous revient sur le blogue du CrAB avec un chouette article sous le bras qui montre que sa thèse avance à grande vitesse et que bientôt il sera docteur.
J’ai tort de plaisanter car allez lire cet article qui figure in extenso et en ligne dans le n°1 des Cahiers de l’Ecole du Louvre, vous verrez que c’est du sérieux. Et du sérieux dans une langue claire, ce qui ne gâte rien. Comptez pas cependant sur ma cervelle de piaf pour vous faire un compte-rendu de ce travail de Réflexions sur la documentation photographique dans les archives de la Collection de l’Art Brut.
Tout ce que je peux vous dire c’est que je suis reconnaissante à Mr Brun de n’avoir pas abandonné à la critique rongeuse des souris ce joli tas de photos grâce auxquelles Papa Dubuffet documentait ses recherches. On n’a pas toujours le temps d’aller vérifier à la Maison Mère et Baptiste l’a fait tranquillement pour nous!
J’apprécie aussi le parallèle comparatif qu’il dresse entre le Musée imaginaire de Malraux et ce qu’il appelle «le Musée imaginaire de Jean Dubuffet». Et je trouve éminemment jouissif aussi que Baptiste Brun fasse état d’une lettre de Dubuffet à Picasso à propos d’Auguste Forestier. Elle est datée du 21 mai 1945 comme la lettre adressée sur le même sujet à Raymond Queneau par Jean Dubuffet.
Voir sur ce point la notice Suisse ou France dans l’ouvrage abcd une collection d’art brut paru en l’an 2000. Douze ans après ce livre, l’article de Baptiste Brun confirme bien que, contrairement à certaines légendes, les recherches systématiques de Jean Dubuffet concernant l’art brut, commencèrent en France avant de prendre leur essor en Suisse. Depuis le temps que je me tue à le faire remarquer, ça fait plaisir!
25.09.2012 | Lien permanent
Dans les pas de Louis Malachier, sculpteur et meunier
Suite à ma note précédente, 2 ou 3 choses encore sur le sculpteur-meunier de Lacoste. D'abord quelques images supplémentaires de ma «gargouille».
Cette effrayante créature à tête de tortue, au dos batracien, doit sans doute sa conservation au fait qu'elle est compacte et lovée sur elle-même.
Tient-elle une victime entre ses pattes? Difficile à dire mais on a, avec elle, une bonne idée de l'étrangeté qui devait émaner, pour ses contemporains, des œuvres de Louis Malachier.
Du moins de certaines car il réalisait aussi des chevaux, des cavaliers, des paysans dansant, des bustes, des hommes barbus, des figures historiques ou allégoriques, tout un petit peuple de nourrices, gendarmes, pénitents, instituteurs etc.
Des centaines de pièces que Malachier exposait dans le jardin de sa maison en face du moulin, au dehors et dans un petit «musée secret», réservé à l'initiation aux choses de la vie pour les jeunes mariés. Ce qu'il en subsiste par ci par là dans la région est fortement érodé aujourd'hui.
C'est que Malachier a eu la chance (et la malchance) de vivre près d'une carrière en exploitation qui lui fournissait une pierre tendre à travailler mais fragile.
Autrement -je pèse mes mots- l'œuvre de Louis Malachier serait à mettre près de celles de l'abbé Fouré, du douanier Rousseau, du facteur Cheval.
Mes lecteurs s'en convaincront facilement en se procurant auprès du Foyer Rural de Lacoste qui en est l'éditeur, un ouvrage de 180 pages, abondamment illustré et remarquablement documenté. Intitulé Louis Malachier, meunier et sculpteur 1823-1900, il synthétise plusieurs recherches, souvenirs et témoignages.
Photo Lindfors
Ceux d'Evert Lindfors qui a puisé à des sources orales, pris des photographies et publié dès 1973 sur le sujet dans Les Lettres nouvelles.
Photo Lindfors
Photo Lindfors
Photo Lindfors
Ceux de Pierre Deflaux, descendant collatéral du meunier. Ceux d'Yves Le Mahieu qui a travaillé dans les archives départementales. Entre autres auteurs. Bibliographie, biographie, actes reproduits, rien ne manque.
La couverture et plusieurs pages à l'intérieur reproduisent les dessins et portraits de Malachier en 1889 par le peintre (académique mais précis) Jules Laurens, également auteur d'une précieuse liste des œuvres du meunier. Celle-ci figure aussi dans l'ouvrage du Foyer Rural de Lacoste que les bonnes librairies des musées qui se consacrent à l'art brut (suivez mon regard!) proposeront, je l'espère, bientôt sur leurs rayons.
09.07.2012 | Lien permanent
Le Dépaysement : un tour de France
C’est toujours pareil avec mes petites chroniques. Je cherche à dire des choses et puis je les trouve par hasard mieux exprimées ailleurs. Au fil de mes lectures désordonnées, je suis tombée (aïe !) sur un passage du livre de Jean-Christophe Bailly, Le Dépaysement, voyages en France qui vient de ressortir en édition de poche (Collection Points).
On est dans la vallée de la Vézère et Jean-Christophe Bailly méandre un peu sur les mammouths, les Aurignachiens, les Magdalélions et les peintres caverneux qui vont avec. A propos de ces représentants de l’art paléolithique, il a ces phrases qui, je m’en avise, pourraient aussi bien concerner les créations de ce Joseph Courilleau dont je vous causais pas plus tard que dimanche dernier :
«Ces hommes avaient avec les bêtes – avec les mammifères en tout cas – des relations étroites qui relèvent, qu’on le veuille ou non, d’une intimité perdue : l’absolument différent (l’animal) était l’absolument intime – c’est lui l’animal, qui revenait dans la nuit humaine».
20.10.2012 | Lien permanent | Commentaires (2)
Encore 3 jours pour les Ephémères de Zloty
J’ai reçu le carton trop tard. Zut, zut et rezlut! Je t’en ficherais du J+2 de la «lettre verte»!
J’ai donc loupé le vernissage en présence de l’artiste le 13 octobre à la Galerie Mathgoth. Et puis, j’avoue, j’ai pas fait gaffe que l’exposition se terminait si tôt.
Je croyais avoir un mois devant moi et en fait j’ai plus que jusqu’au jeudi 25 octobre 2012 pour rencontrer les Ephémères de Gérard Zlotykamien. Donc ça urge si on veut renouer le contact avec ce précurseur français de l’art urbain qui cultive sa solitude et s’accommode généralement fort bien d’un décalage avec le marché.
C’est plus souvent sur les murs de notre village mondial que dans les hauts lieux des mondanités ordinaires que l’on croise les silhouettes flageolantes, évanescentes et émouvantes sans pathétique, de Zloty. Elles s’originent des «fantômes» irradiés d’Hiroshima, l’artiste ayant commencé ses bombages dès les années soixante du meurtrier vingtième siècle.
Sa fascination pour les villes mortes et pour les lieux improbables lui a fait choisir le trou des halles à Paris, les quartiers en ruines de Leipzig, le Berlin de la chute du mur, le sol des townships de l’Afrique du sud pour mettre en situation ses «habitants anonymes».
Gérard Zlotykamien, à ce sujet, se souvient d’une parole de Claude Wiart (1929-2004), psychiatre dont l’activité au service de «l’art des fous» reste influente aujourd’hui : «on écrit toujours pour quelqu’un qu’on ne connaît pas». Cette remarque, dit Zlotykamien «s’applique aussi à l’art des rues». Selon lui, «on peint toujours pour quelqu’un qu’on ne connaît pas» (c’est à dire : pas pour une clientèle, si on me permet ce grain de sel animulien). «Le double anonymat fait la force de cet art».
A priori Gérard Zlotykamien n’avait cependant rien pour être ma tasse de thé. La notice Wikipédia nous le classe dans la même petite cuiller que Daniel Buren. De quoi passer sans le voir. Mais il faut prendre Wiki avec des pincettes. Fort heureusement mon attention sur Zloty avait été attirée par un ouvrage paru à L’Escampette en 2002 : Zlotykamien, un artiste secret sur la place publique.
Comme il est de Michel Ellenberger, un auteur dont j’ai déjà signalé la plaquette bleue sur Raymond Isidore (voir mon post du 19 août 2012 : Maison Picassiette, y’a pas photo!), je me suis dit qu’il y avait peut-être anguille sous roche. Et j’ai bien fait. Certes, le travail de Zloty ne saurait être enrôlé dans une catégorie telle que l’art brut.
Ne serait-ce que parce que ses techniques de repérage de sites (usines désaffectées, abattoirs abandonnés) et ses essais préalables en atelier supposent une préparation mentale qui n’est pas prépondérante chez les créateurs d’art brut à l’exercice.
Mais par sa lutte avec le matériau qui lui sert de support, par sa préférence pour l’in-situ, par son action nécessairement foudroyante, l’art de Zloty, peut-être parce qu’il se source à l’histoire des déracinés, des persécutés, des victimes, regarde du même côté que l’art brut.
Aujourd’hui où la mode est de nous rebattre les oreilles avec des confusions aberrantes (et soi-disant indispensables) entre l’art brut et la chimère de «l’art contemporain», les Ephémères de Zlotykamien glissent dans la pantoufle de verre de nos convictions trop établies le petit caillou d’une rare mais possible connexion.
Qu’ils en soient remerciés!
21.10.2012 | Lien permanent | Commentaires (7)