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Vie et œuvre de Charles Lanert
Charles Lanert : pour quelqu'un dont on ne savait rien, ce créateur dont 2 œuvres vibrionnaires figurent sur le site (dévolu à l'art brut) de la Collection abcd nous réserve aujourd'hui des surprises. Enfin, quand je dis «aujourd'hui» ... c'est depuis le printemps 2009 qu'un site internet a été ouvert à son propos mais comme on me dit jamais rien c'est seulement maintenant, tonnerre de Brest, que je m'en rends compte. Je m'abstiens de jurer, d'une part parce que mon daddy n'aime pas ça, d'autre part parce que Jacques Benoist, l'auteur du site Charles Lanert, sa vie, son œuvre, est un curé et un historien de la construction du Sacré-Cœur de Montmartre (une belle mocheté soit-dit en passant).
Aussi faut-il pas s'étonner si le père Benoist tire (sans exagération cependant) la couverture du côté de la religion. Il y a d'ailleurs quelque droit. Apparemment, la vie de Lanert, natif de la Drôme (et non de Suisse comme on l'a écrit) a croisé plusieurs fois les enfants du bon dieu. Jusqu'à sa mort dans une maison de retraite des Petites Sœurs des Pauvres en 1995. Une partie des 200 œuvres de Charles Lanert dont Jacques Benoist a hérité relève d'ailleurs d'un art sacré franchement cul cul-la-sacristie.
D'autres semblent le résultat de recherches dans le domaine abstrait (clins d'œil à Klee, à Kupka) ou dans le paysagisme maritime. Peu, finalement appartiennent à ce style «radiographique» à base d'entrelas grouillants qui l'ont fait classer (peut-être un peu rapidement ?) dans l'art brut.
Allez donc ici (cliquer dans le visuel)
une bande d'images déroulantes vous en dira plus.
24.02.2010 | Lien permanent | Commentaires (1)
No estamos solos rue de Charenton
La surprise viendra demain et elle viendra d'Alexandro Garcia. Si vous ne craignez pas l'hyperstimulation électrique de votre petit bulbe céphalo-esthétique, foncez sur l'expo No estamos solos de cet Uruguayen, jardinier de son métier et visionnaire de la peinture.
Attention : ça crépite, ça couve sous la cendre, ça s'enroule et ça se déroule, ça vrille, ça décoiffe, ça vertiginise. Un chaos structuré, un infini turbulent, des paysages martiens de chez martiens, des architectures en cristaux. De l'utopie, de l'uchronie, de la fausse symétrie et des kaléidoscopiques visions d'outre-mondes. Des comètes à tous les étages. Une invitation au bal masqué des galaxies de l'intérieur.
Heureusement, c'est dans la rue de Charenton bien connue de tout le monde. On n'est pas trop perdus. C'est Christian Berst qui régale. Il y aura du vernissage et du catalogue ce jeudi 11 mars 2010 après le turbin (18-21 h) et probablement des cahuettes aussi. Même si vous êtes pas un ouvrier parisien, offrez-vous le détour. La Bastoche c'est fastoche! Les extra-terrestres peuvent garer leur soucoupe devant la galerie. Bon, je plaisante à peine car il faut vous dire que c'est à la suite d'une «rencontre du 3e type» qu'Alexandro Garcia a commencé à peindre ses visions.
Et le film de Steven Spielberg est là pour nous dire combien ces «expériences» peuvent être belles, étranges et respectables. C'est le cas ici, avec ce créateur né à Montevideo (comme Lautréamont) en 1970. Il lui arrive de se considérer comme «un canal qui absorbe les messages du cosmos». Un canal+ alors tant il a su aussi travailler ses instruments de canalisation.
Avec ce mot de «canalisation» on comprendra qu'il y a de l'automatisme là-dedans et de la médiumnité. Certains points de vue de Garcia font penser à Helen Smith. On ne s'étonnera pas non plus que, lui qui ne ressentait pas d'abord le besoin de mettre du discours descriptif sur ces dessins d'un graphisme méticuleux et énigmatique, se soit cru requis ensuite de fournir à leur propos certaines théories new age à la flan.
De bonnes âmes ufologistes s'étant naturellement empressées de lui souffler que ces œuvres reflètaient les messages soit-disant spirituels de je ne sais quelle ère du verseau. La chose était arrivé aussi à Augustin Lesage avec les fondus de l'égyptologie. Pour conclure je dirai que j'aimerais bien voir les livres du genre artisanal que Garcia réalise en reproduisant des textes et des dessins à lui.
Je me demande s'il n'y a pas un petit rapport avec les codex puisqu'il a de grandes chances que ce qui affleure dans ses univers galactiques, c'est plutôt la cosmologie précolombienne.
Et maintenant bonne nuit.
10.03.2010 | Lien permanent | Commentaires (10)
Annie Chaissac a son point de vue
Le point de vue d'Ani, on peut pas dire que je vous l'épargne mais celui d'Annie c'est plus rare. Et plus intéressant quand il s'agit d'Annie Chaissac. Aussi faut pas que j'omette de vous signaler l'entretien que celle-ci a accordé au n°3205 d'un magazine hebdomadaire que ça urgeotte drôlement que vous achetiez parce que après-demain tombera déjà le numéro suivant. J'ai beau être très «people», j'en étais restée à «images du monde» mais maintenant c'est «Point de vue» tout court, le nom de ce canard laqué, tout plein de Chouchoux, de Shabanoux, d'Alexandra de Monac et d'ex-chroniqueuse du Monde (coucou Claude Sarraute, elles nous manquent vos dernières pages).
Pour pas que vous vous gouriez, je vous montre la couverture. Oups! pardon, je vous l'ai collée dans le mauvais sens! On dirait un Baselitz. Bon c'est pas grave. L'amour et le débat d'idées, ça implique la tête à l'envers. Vous n'aurez qu'à la remettre à l'endroit comme disait Dagobert.
C'est monsieur Raphaël Morata qui interviouve Annie Chaissac. Ses questions offrent à la fille du peintre (qui ressemble de plus en plus à son père) l'occasion de faire passer dans le gros public quelques vérités toujours bonnes à prendre. Sur les liens entretenus par Gaston Chaissac avec Jean Dubuffet : «En simplifiant un rapport de professionnel à professionnel. Ils ont aimé échanger leur recette de fabrication, mais pas se rencontrer. Sans qu'il y ait eu de brouilles entre eux. Ils étaient francs et honnêtes».
Sur le rapport de Chaissac à l'art brut : «Au commencement, ça l'a amusé, puis très vite toute cette histoire créée par Dubuffet l'a agacé. (...) Il n'était dupe de rien, se méfiait de la virtuosite facile et commerciale. Il cassait tout pour repartir à zéro. L'art brut n'était pour lui qu'un exercice de mise en train. Il s'est très vite positionné comme un chercheur».
28.12.2009 | Lien permanent | Commentaires (5)
Attraction de l’Abstraction
Abstraction, abstraction! Mon daddy chéri ça lui rappelle sa jeunesse l'expo de l'American Folk Art museum. Quand il criait dans la salle du Marcadet-Palace le jeudi après-midi avec ses potes pour réclamer des «attractions, attractions!». En ce temps-là les cinés de quartier proposaient encore des intermèdes style music-hall qui s'appelaient des abstractions - pardon : des attractions.
Tout ça pour dire qu'elle est bien attrayante l'expo de New York et que son concept sonne comme un cri de joie dans la bouche d'un gosse (mon daddy est resté très jeune).
Votre petite âme errante a ouï dire en effet - car elle ouï pas mal - que cette «exhibition» baptisée Approaching Abstraction est la «first exploration into nonobjective expression».
Connaissez-vous la Nono ? La Nonobjective expression of course. Rien à voir avec votre cousin Arnaud, vos tontons Bruno, votre voisin Albino ou même le petit robot. La Nono c'est la méthode qui consiste à aborder la question de la création brute autodidacte par un autre biais que celui du biographique, du sociologique ou du n'importe-quoi-isme habituels.
C'est Madame Brooke Davis Anderson, le curator qui en a eu l'idée. Et une exposition bâtie sur une idée, forcément ça se remarque, dans la forêt de toutes celles qui sont fondées sur du vent, sur du flan ou sur le dernier truc à la mode.
Mrs B.D.A. a le mérite de chercher à élargir le discours ronronnant autour des «self-taught artists» sans pour autant avoir recours à des comparaisons vaseuses avec le grand art cultivé. Elle a sélectionné une soixantaine de peintures, dessins, sculptures et ovnis-mixtes groupées, si j'ai bien compris, en 3 parties, ancrées chacune sur une vedette particulière :
Judith Scott
John J.B. Murry
Thornton Dial Senior
Son expo éclaire le travail d'une quarantaine de créateurs jumelés de façon surprenante et inattendue.
De grands européens : Aloïse
Raphaël Lonné
Adolf Wölfli
des «autodidactes américains» du sud :
Bessie Harvey
Purvis Young
et d'autres moins connus :
James Castle
Hiroyuki Doi
Melvin Way
Approching Abstraction nous donne, à côté de ça, l'occase de nous pencher sur des rapprochements de techniques : contours fracturés, manœuvres d'enveloppement, messages cachés, communication perso auto-référentielle, codes, symboles, gribouillis, éclaboussures, coulées de peinture. Rien que du bonheur on dirait! Vous pouvez y goûter pour 9US$ jusqu'au 6 septembre 2010. C'est au 45 ouest, 53e rue, NY 10019.
Abstraction ! Abstraction !
09.01.2010 | Lien permanent | Commentaires (1)
Unica Zürn au Marché de la Poésie
Mon marché, la poésie, Unica Zürn et Soho. Voilà c'qui y a dans mon caddy aujourd'hui.
Marre des surgelés ! Je me plonge dans la cuisine jusqu'au cou. Mon caddy et mon daddy sur les talons, je suis allée au marché. J'en ai rapporté du basilic altier de mille feux brillants, des haricots verts, des pommes Tentation, 2 kgs de Beurré Hardy et des pêches jaunes. Et maintenant je touille ma compote, en surveillant du coin de l'œil mon chéri qui en profite lâchement pour piocher dans mon lapin à la moutarde en train de cuire.
De marché en marché, je songe à celui de la Poésie dont la 27e édition va se tenir place Saint-Sulpice à Paris du jeudi 18 au dimanche 21 juin. J'ai lu quelque part qu'Ypsilon, un éditeur dont je vous ai déjà parlé le 16 février 2009 déballera son attrayant petit stock sur le stand G3 de ce susdit marché. L'occasion pour moi de me goinfrer avec une correspondance inédite qui donne un coup de projo sur la relation Unica Zürn-Henri Michaux. Comme je suis pas très intelligente et que mon esprit tortueux ne fait que progresser de proche en proche, faut pas que j'oublie de vous dire que ce bouquin intitulé Pour Unica Zürn (Lettres de Hans Bellmer à Henri Michaux et autres documents) me fait penser à une exposition qui a lieu en ce moment à New York.
C'est au Drawing Center qu'elle se tient. Unica Zürn : Dark Spring, c'est son nom. On peut y voir jusqu'au 23 juillet 2009 une cinquantaine d'encres et d'aquarelles sur papier de la période 1950/1970.
© Brinkmann & Bose Publisher, Berlin
Mercredi 10 juin 2009 une Table ronde (Panel discussion) organisée par Ad Hoc Vox réunira divers orateurs pour examiner la question de ce qui se passe quand l'histoire personnelle d'un artiste devient une partie de son œuvre.
© Brinkmann & Bose Publisher, Berlin
La présentation de Through biography -c'est l'intitulé de la Table ronde- sur le site du Drawing Center précise : «The exhibition Unica Zürn : Dark Spring will serve as stage to a discussion of the various ways an artist'life is presented alongside their work and how that contexte can influence our relationship to their art».
C'est clair, non ?
Pour les durs de la feuille (de chou) qui n'auraient pas compris, que ce soit dans la Grosse Pomme ou à Panameu, vous y couperez pas à l'Unica. Et c'est très bien.
07.06.2009 | Lien permanent
Les Gants rouges de Christine Sefolosha
Les Gants Rouges
Avec Christine Sefolosha, il ne faut pas prendre de gants. Lui témoigner illico presto que c'est super son travail même si elle le sait. On risque pas de la gâcher. Elle est la voisine de palier de Carlo Zinelli, un vrai sucre d'orge de l'art brut, dans une exposition américaine dont la durée de vie ira du 16 octobre au 1er décembre 2009.
Opening reception : Friday october 16 th (5-8 P.M.) à la Judy A. Saslow Gallery. Je dis ça pour ceux qui pourront être à Chicago ce jour-là et aussi pour l'information des autres qui n'ont pas pour habitude de trainer leurs Converses en Illinois. Avec Chris and Carlo feront bande à part deux autres «outsiders» : Clyde Angel qui fait la soudure et réalise des sculptures en métal
et Michael Smith qui est inconnu à mon bataillon. Le site de la galerie vous en dira plus.
Chris. Sefolo., pour en revenir à elle, on nous explique que «she began drawing as a child, often during bouts of chronic insomnia». Comme je vous ai déjà parlé de son cas, par exemple le 26 juillet et le 1er décembre 2007, je m'étouffe pour cette fois et je passe la trompette à un de mes fidèles assistants qui s'époumonne pour Les Gants rouges, une peinture sefoloshienne de 2008.
Les Gants Rouges
Quelque chose de fou, quelque chose d’effaré, quelque chose de méchant aussi. Regard de hyène, œil de vairon. Stupeur et sarcasme. Regard de masque déjà noir, posé sur le velours de la couleur. Une prédation tranquille, un holocauste baroque. Concomitants. Pas de doute, on va y passer. On sortira du monde ensoleillé. On s’avancera dans la grotte ténébreuse de la matière par un passage plein de ronces, de brouillard et de villosités. Sur les pas d’une bohémienne endormie avec les monstres chéris de nos nuits pendus à la ceinture de sa robe pastel. Le moyen de se fondre dans cette joie floue que couvre le voile bleu de l’inquiétude? On va y laisser des plumes. Prendrait-on des gants, ils seraient sanglants. La chair sera mordue, «plus becquetée d’oiseaux que dés à coudre» dirait François Villon s’il passait par là.
Cendre et poudre, os et moelle, ce tableau exige tout de qui le regarde. Il faut donner sa peau, sa langue au chat. L’énigme va, l’énigme vient, l’énigme circule dans la composition savante et torturée. Comme La Diseuse de bonne aventure de Georges La Tour (mais dans une note plus instinctivement discordante) Les Gants rouges de Christine Sefolosha ne se soutient que des regards. Ceux qui nous interpellent en victime ou en bourreau. Viande ou mâchoire. Le nôtre, absent de la toile mais cependant sollicité. Ceux qui préludent aux becs froids qui vont fondre sur les proies chaudes. D’un instant à l’autre ça va se déchaîner. Déjà les épines déchirent la lumière. L’œil de la femme aux tresses serpentines convulsées sombrement en cornes d’antilope -son œil droit, celui qui n’est pas représenté ici- fixe celui d’une chimérique bécasse dont le corps est dissimulé dans le maquis imaginaire d’un au delà du tableau. Cette peinture voit des choses que nous ne pouvons pas regarder. Du moins sans ciller. C’est pourquoi elle nous semble avoir trait à la naissance, cette autre forme de mort (ou réciproquement). Si c’est un exercice, c’est un exercice pythagoricien.
Jean-Louis Lanoux
12.10.2009 | Lien permanent | Commentaires (2)
René Escaffre au pays de Cocagne
Et maintenant un jardin imaginaire qui se porte bien. C'est trop d'la balle, non?
Le jardin de monsieur René Escaffre à Roumens en Haute-Garonne (France).
Son agora plutôt car cet ancien maçon a peuplé l'espace devant chez lui d'animaux, de ruraux et d'artisans d'un autrefois bourdonnant d'activités. Pas si vieux que ça mais déjà forcément un peu mythique.
Une châtelaine de mes amies, en visitant ses terres du Lauragais, a glané quelques images de ce pur jus de poésie roumensoise avec son petit Kodak des familles.
Je me grouille pour vous dire (avant que quelqu'un d'autre ne le fasse) qu'elles ont été prises en août 2009. Il faisait très soleil et la maison du créateur était engourdie par la chaleur. Mon amie a respecté son repos. Elle a bien fait.
Ces statues existent depuis belle lurette et elles sont encore comme neuves, bien entretenues. Le village s'en fait parure. J'en suis fort aise. La nostalgie c'est pas mon truc et j'aime pas me complaire dans l'inventaire des destructions.
Alors ça me fait plaisir de constater que les habitants-paysagistes sont toujours debout !
10.09.2009 | Lien permanent | Commentaires (5)
La vie parisienne de William Scott
William Scott, sa marque de fabrique c’est le sourire. Celui qu’il accroche aux portraits, très «black is beautiful», qu’il réalise au creative Growth Art Center d’Oakland. Il faut voir celui de sa «love policewoman» !
Et son autoportrait, façon affiche électorale ! Il peut en prendre de la graine, Barack Obama ! Par sa façon de peinturer, William Scott fait penser à Chéri Samba. Même méticulosité associée à des messages. Utopistes et uchroniques ici. W.S. détesterait pas réinventer le passé, faire comme si Martin Luther King n’avait pas été assassiné. Animula, ça lui va.
Chris Ofili et Rirkrit Tiravanija (respectivement peintre anglais d’origine nigériane et Thaïlandais né à Buenos-Aires) ça leur va aussi. Ils collectionnent les œuvres de ce créateur autodidacte, né en 1964, qui aime à reconstruire son Frisco.
Quant à Jeremy Deller, autre artiste gibi, passionné de slogans et inscriptions, il a inclus William Scott dans sa sélection pour l’expo From a revolution to another, puisqu’on lui a donné carte blanche au Palais de Tokyo du 26 septembre 2008 au 4 janvier 2009. L’ouverture de ce show, c’est le jeudi 25 septembre de 20 h à 24 h.
Les fûtés et les malignes se seront précipités auparavant au vernissage de la Galerie Impaire, 47 rue de Lancry dans le 75010. Ce mercredi 24 septembre (de 18 à 20 h), ils pourront se faire l’œil avec des créations de William Scott accrochées par les blanches mains (il lui reste un peu d’enduit aux doigts car il vient de rafraîchir les cimaises) de Julien Raffinot qui officie dans cette galerie growthartcenterienne auprès de Tom di Maria. L’exhibition des œuvres de Scott accompagne Communication Breakdown, l’exposition principale d’Impaire. Un titre pareil, ça rappelle les Stones à mon daddy. Il prétend que «Le type qu’a trouvé ça, est un fan de Nineteen nervous…».
Votre petite âme errante est moins emballée. Elle aurait préféré plus de précisions à mettre dans son moteur. Le carton d’invitation, certes chiadé, est insolé dans le goût lettriste. Il manque volontairement de lisibilité. On déchiffre mal les 17 noms des créateurs participants, de Tauba Auerbach à Melvin Way en passant par Paul Butler, Dana Frankfort, Louise Lawier, Yuichi Saito, Maya Schindler. D’autant qu’il n’y a que Dwight Macintosh et Dan Miller qui nous soient familiers.
Quand au concept, il n’est pas évident. Il faut se rendre sur le site de l’Edlin Gallery de New York, partenaire du Creative Growth sur ce coup, pour comprendre que «the show explores abstraction as a shifting notion -both formally and conceptually- with works by artists who employ diverse methods of reductivism and bricolage».
Hou là là !, amis américains, vous oubliez qu’à Paris, on parle l’anglais comme des vaches espagnoles et qu’on est plutôt cartésiens. Donc un peu plus de points sur les i la prochaine fois, please. En attendant on veut bien vous faire confiance.
Du 24 septembre au 2 novembre 2008, c’est la fenêtre de tir de Communication Breakdown, à la Galerie Impaire. On ne la manquera pas.
13.09.2008 | Lien permanent | Commentaires (2)
Une journée au Jardin de Gabriel
Levez-vous, magique saison des brocantes! Il est revenu le temps de brûler l’or noir sur les routes pour le transmuer en brimborions enchanteurs qui feront les délices iconoclastes de vos petits neveux quand ils viendront de leurs petits doigts confiturés tripoter vos collections.
Bonjour les sujets en coquillages, salut les bateaux en bouteille, entrez ici petites croûtes anonymes où passent le génie fugace du peintre improvisé!
A Dieu ne plaise que j’oublie de vous signaler, Animuliens du canton de Saint-Jean d’Angély et d’ailleurs, qu’à Varaize, c’est jour de fête le 25 mai avec brocante au programme.
C’est le moment de penser à vos mères et aux Sophie dont c’est aussi le jour. C’est d’ailleurs en l’honneur de ma copine du même nom, qui trouve que j’écris trop mal dans le genre relâché du vocabulaire, que je m’efforçouille aujourd’hui de pasticher le Chateaubriand sauce Outre-tombe.
Mon amour des bonshommes de paille dressés aux croisées des chemins par des émules de Virgile, soucieux d’embellir nos campagnes, m’a conduit, via Internet, jusqu’à celui qui trône, sur la voie romaine, au carrefour des bonnes cités d’Aulnaye, de Varaize et de Saintes, en aimable signal de la sus-dite brocante.
Il ne relève pas du noble sport de l’art brut ? D’accord ! Il ne vaut pas l’Inuksuk de Marnay que je vous ai présenté sur ma note du 14 novembre 2007. Encore d’accord. Mais il est bien sympathique quand même car il est associé, sur le blogue de Bernard M. où je l’ai trouvé à un événement beaucoup plus dans mes cordes. J’ai nommé la Journée des Jardins du dimanche 1er juin 2008 au cours de laquelle l’ethnologue Michel Valière sortira de son cabinet de travail où, lui et son épouse Michèle, également ethnologue, réalisent livres et articles, pour descendre sur un terrain qui m’est cher, puisque je vous en ai déjà moult fois parlé, à savoir le Jardin de Gabriel.
Michel et Michèle, les pilotes de l’ethnoblogue de Belvert vous accueilleront (dites que vous êtes Animuliens!) de 15 à 18 heures. Monsieur Valière se chargeant de guider la visite de sa belle voix de basse «occitanienne» (pour revenir au vicomte).
24.05.2008 | Lien permanent | Commentaires (1)
Au «Castello incantato» de Filippo Bentivegna
Si vous pouviez voir mon fond d’écran! Je me suis installé les gratte-ciel de Filippo Bentivegna. Le skyline que cet infatigable créateur-excavateur a peint sur les murs de sa maisonnette sans fenêtre, après son retour des U.S.A où il avait émigré au début du 20e siècle.
Vous pensiez pas qu’en Sicile, je m’étais contentée de glaciers et de temples ?
A peine arrivée, j’ai foncé vers Sciacca (ça se prononce «Chaca» que je répète pour le plaisir d’évoquer la scène du Minotaure dans le Satyricon de Fellini).
Direction les 5000 têtes sculptées par Bentivegna, surnommé «Filippu di li testi», alors que de son vivant on lui donnait de «l’Eccellenza», à cause peut-être du mélange de trouille et de respect qu’il inspirait.
Très vite, dans les fresques du petit Chicago intime de l’ancien émigré sicilien, des têtes, plutôt grimaçantes, sont apparues. Elles se sont multipliées tout autour, dans le jardin de cailloux que Filippo s’est acheté en 1935 en dehors du village.
Cela ne s’était pas très bien passé en Amérique. F.B. n’avait appris que quelques mots d’anglais, refusé la naturalisation. Une histoire de violence liée à un amour malheureux par dessus le marché. De retour chez lui F.B. ne choisit pas la voie de la facilité mais celle d’une entreprise artistique inouïe dans son contexte social.
Le terrain de Bentivegna avec ses oliviers descend de la montagne par paliers vers la mer. Quand on l’aborde de la route escarpée qui mène à lui, on le gravit en soufflant et en se confrontant à des vagues successives de visages, plus ou moins grossièrement taillés, qui frappent par la tristesse qu’ils dégagent.
Même si les murets de protection installés par la commune, aujourd’hui propriétaire et gardienne des lieux, rationalisent un peu cet espace sauvagement personnel. Cela vous déboussole, vous fout le tournis. «Totale prise de tête !» résume ma copine Léa avec son humour dévast-auteur.
Le malaise culmine quand on arrive aux murs crênelés, ondulés à la Gaudi, mais boursouflés de têtes, à peine émergentes ou proéminentes qui vous lorgnent de leurs yeux torves comme si on était hallucinogénées.
C’est trop pour certains visiteurs et c’est encore rien car on arrive maintenant au sommet où sont les grottes.
C’est au seuil de celles-ci que Dominique s’est arrêtée. On n’a pas pu la forcer, la pauv’ chérie.
Intrépide comme je suis, je me suis engouffrée là-dedans en serrant les … et en essayant de deviner les figures de cauchemar bubonnant dans les parois, à la lumière de mon téléphone portable.
C’est magique et terrible à la fois, d’autant qu’à l’intérieur la couleur rouge a tenu sur ces visages dantesques. Trop formidable, limite à gerber, comme quand on monte pour la première fois dans un hélico alors qu’on a le vertige.
Dans ce dédale de passages étroits où le corps se coince dans des alvéoles, Bentivegna, au prix d’un travail colossal, nous fait cotoyer des chocottes quasiment préhistoriques.
21.05.2008 | Lien permanent