15.08.2012
Bernard Roux, un troglo très Doué
De Chinon à Saumur il n’y a qu’un verre. Et de Saumur à Doué que 20 kms. Je les ai parcourus pour aller me taper la cloche à l’Auberge Bienvenue.
On y dîne toujours très bien en écoutant le doux feulement des lions du zoo (pardon, du Bioparc) voisin qui s’endort dans la moiteur de la nuit d’été.
En guise d’apéritif, nous sommes allés, mon chéri et moi, traîner nos sandales du côté des Cathédrales troglos des Perrières, un vieux quartier, mou du calcaire, de la bonne ville de Doué-la-Fontaine.
C’est que j’avais une idée derrière la tête. C’est non loin de là en effet que réside monsieur Bernard Roux, un sympathique octogénaire qui a organisé son très original domaine comme une gigantesque vitrine peuplée d’objets, de fleurs et de peintures sur laquelle le visiteur est invité à se pencher.
Du fait de la présence à cet endroit d’anciennes carrières, des habitats troglodytiques ont été aménagés au fond de spacieuses cavités à ciel ouvert.
L’un d’eux se distingue des autres par sa décoration luxuriante.
C’est là que monsieur Roux et sa famille coulent des jours agrémentés de couleurs, de souvenirs kitschounets attendrissants, de collections d’outils groupés en éventail.
Le paradoxe est que Bernard Roux, s’il ne souhaite pas que les passants descendent jusqu’à lui, n’en a pas moins aménagé pour eux une galerie de déambulation leur dispensant pleinement son spectacle si personnel.
Pour signaler son site de la route, Bernard Roux a même pris soin de donner à son garage attenant une allure de rocaille vaguement chinoise avec son toit de plaques de zinc incurvées.
Au diable donc le respect humain qui nous commande de ne pas zyeuter chez le voisin ! Bernard Roux nous invite au contraire pleinement à satisfaire nos pulsions voyeuristes. On se sent comme un Gargantua penché sur les cloches de Notre-Dame.
Sauf qu’ici la cathédrale de Paris ce serait plutôt l’église Saint-Pierre de Chemillé que monsieur Roux a reproduite chez lui avec de «l’électricité dedans» mais «j’ai pas fait la tour» ajoute-t-il.
Car Bernard Roux parle. Quand il constate que l’on s’attarde, que l’on photographie et qu’on a l’air d’aimer son travail, il sort sur le pas de sa grotte et entame une bavette avec les «touristes» perchés 15 mètres plus haut.
Quand il vous dit bonsoir et qu’il rentre chez lui, un doux bruit de clochette argentin subsiste dans l’air. Sous l’action de celui-ci, des lamelles métalliques s’entrechoquent sous un portique qui voisine un gros papillon.
Monsieur Roux ne craignant pas les références à Disney, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la fée de Peter Pan.
Le hasard veut, qu’au moment où je poste, la Médiathèque de Dives-sur-mer dans le Calvados, montre jusqu’au 1er septembre une vingtaine de photos de Bruno Montpied consacrées à divers sites de créateurs que l’on rencontre sur le bord des routes, parmi lesquels Bernard Roux.
L’exposition s’intitule Les jardins de fantaisie populaire, formule que je trouve bien préférable à celle de Jardins anarchiques utilisée par BM dans un livre paru l’année dernière.
23:55 Publié dans art brut, Expos, Glanures, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bernard roux, doué-la-fontaine, bruno montpied, troglodytes, bioparc | | Imprimer | | |
Commentaires
Merveilleux !
Écrit par : Michel Benoit | 16.08.2012
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