07.10.2010
Judith et les boucliers
C’est de l’art brut et c’est en Europe. A Gugging en Autriche, haut lieu de cet art qui ne se nourrit que de lui-même. L’invitée d’honneur à partir du 6 octobre 2010 et jusqu’au 20 mars 2011 c’est la chère petite Judith Scott, magique encoconneuse devant l’éternel. Comme la mode est au mélange et que tous les musées vont se croire obligés de nous monter des expos composites, les sarcophages de fils laineux embobinant, à la sauce Judith, des objets dont on devine vaguement les formes sont ici appariés avec des boucliers de Nouvelle-Guinée.
«Judith Scott meets tribal art» qu’on nous dit. Pourquoi pas ? Cela vaut sans doute mieux que : «Judith Scott rencontre l’art conceptuel».
Même s’il est vrai que l’on a quand même du mal à saisir le rapport. Au cas où on s’imaginerait par exemple que le concept de protection réunirait les pelotes à la Judith et les boucliers de ces messieurs Papous, je crois qu’on se gourerait dans les grandes largeurs. Les objets de Judith Scott me paraissent autrement enveloppants. Si on l’avait laissé faire, elle se serait incorporé le monde. Ses créations artistiques sont de taille à tout bouffer, à vous avaler les spectateurs, ce qui n’est pas exactement le cas, il me semble, des boucliers nouveaux-guinéens qui fouettent aussi mais dans un tout autre registre.
00:03 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, judith scott, gugging, art tribal, nouvelle zélande | | Imprimer | | |
01.05.2009
L’art brut de Nouvelle Zélande
L'Art brut avec un Z comme Nouvelle-Zélande c'est un alphabet qui se décline à Paris. Quand elle a su qu'une vague d'art brut de là-bas déferlait sur la Galerie Impaire, vous pensez si votre zélée petite âme errante s'est précipitée rue de Lancry, au 47, dans le 75010 ! Atmosphère des grands soirs : musique sur les chaises roses.
Même le Citizen Président était là.
Julien Raffinot, le gardien trop cool de cette succursale du Creative Growth Art Center, avait renoncé pour l'occasion à ses cheveux longs californiens. Pas à ce pétillement juvénile dans ses yeux quand il s'enthousiasme pour les cerveaux envahissants de Jim Dornan, un extraordinaire artist NZ, genre au delà de l'underground à la Robert Crumb. Personnellement je trouve ses œuvres conçues dans un hôpital psy dans les années 70 du siècle 20 un peu beaucoup intermédiaires entre culture et folie. Mais c'était difficile de s'en approcher le soir du vernissage, jeudi 30 avril 2009.
Colin Korovin
Celle de Colin Korovin enragé communicateur, dont les messages : «Respect, Kindness, Give peace, Global and heaven» viennent se prendre dans les filets de ses formes sinueuses accumulées sur des papiers. Ne loupez pas son cahier (sketch block) accroché au mur mais consultable.
Reese Tong
Celle de Reese Tong, aux pictogrammes, répétés mais toujours changeants, peints en noir, gris et brun-rouge sur des fonds blancs empruntés à des couvercles de boîtes (?).
Andrew Blythe
Celle d'Andrew Blythe dont une grande toile pointilliste a le don d'attirer magnétiquement (vertu de l'accrochage) le spectateur qui entre dans la grande salle.
Celle de Martin Thompson, plutôt cérébrale même si on salue la performance technique : papier millimétré, jeu sur le positif et le négatif, mathématisation au scalpel.
James Robinson (détail)
Celle de James Robinson enfin, avec ses morceaux cousus à gros points, ses fenêtres laissant apparaître des collages, son savant jus d'aquarelle, d'encre ou de gouache pour les fonds, ses inscriptions au stylo-bille rouge : «I'd like to thank the woman/MEN who have loved me...».
Le genre de chose qu'on aimerait voir au Salon du dessin chez nous. On s'y enquiquinerait moins.
13:57 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, andrew blythe, martin thompson, colin korovin, reese tong, galerie impaire, nouvelle zélande, tom di maria, growth art center | | Imprimer | | |