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La Vie aime les bêtes
A qui décerner aujourd’hui ce label ?
A Michel Ragon qui, à propos de Joseph-Ferdinand Cheval, déclare :«le facteur est un épiphénomène et je ne pense pas que des créateurs de l’art brut aient été influencés par lui» ? Ou au journaliste Edouard Bal qui dans le numéro 327 (5 juillet 2007) de La Vie, hebdo chrétien d’actu, rapporte ces paroles de l’écrivain, sans préciser d’où elles viennent ni quand elles ont été prononcées ?
Je sais bien que les cathos ont maintenant tendance à retourner à la messe en latin mais cette phrase qui était peut-être vraie jadis, ne l’est certainement plus du tout aujourd’hui.
Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil à l’image qui sert de portail à mon album sur Lucien Favreau pour s’en convaincre.
06.07.2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
Coup double à Aubagne
«L’art singulier apparaît en Provence en 1990, une époque où cette forme d’expression reste pourtant cachée.»
Et à propos de Danielle Jacqui, commissaire générale de l’exposition :
«Cette artiste à la reconnaissance internationale est installée à Roquevaire. On visite sa maison du monde entier, un sommet de l’art brut, l’équivalent contemporain du Palais Idéal du facteur Cheval».
01.08.2006 | Lien permanent | Commentaires (1)
La Bohème à Yviers
Si je vous dis La Bohême, ce n’est pas à la chanson du crooner arménien que je pense mais à la maison de Lucien Favreau perdue dans la campagne charentaise.
Cela faisait 15 ans que je ne l’avais vue et j’ai eu la bonne surprise de la retrouver intacte et son jardin de sculptures aussi.
04.09.2005 | Lien permanent | Commentaires (2)
Quel est ce spectre ?
Quel est ce spectre ? Vous pensez bien qu’à peine je l’ai vu, je lui ai sauté dessus. Il gisait là, ce vieux numéro de Sciences et Voyages parmi un tas de vieux papiers dans une de ces crasseuses brocantes de je ne sais plus quelle sous-préfecture dont je raffole. Il n’attendait que votre petite âme errante pour ressusciter des morts et c’est chose faite grâce à la magie d’Internet.
C’est bien sûr pour sa crevante couverture alien que je l’avais HT mais bien m’en a pris puisqu’en feuilletant l’intérieur, j’ai découvert un article tout de même pas d’hier sur le Palais idéal du Facteur Cheval.
Il n’est pas cité (avis à la population thésarde!) dans la Biblio de la grosse somme de Jean-Pierre Jouve, Claude et Clovis Prévost sur le Palais I, rayon des «articles publiés après la mort du facteur».
L’auteur André Lejard, un critique d’art qui a bossé sur les Tapisseries de l’Apocalypse d’Angers et sur la Tapisserie de Bayeux, était aussi le rédac-chef de S. et V. Au sommaire il voisine avec Léonard de Vinci, ingénieur militaire, Les Derniers Aïnous (par A. Leroi-Gourhan), Les Villes mortes des Andes péruviennes, Quelques insectes aux mœurs étranges.
Pas mal quand même, compte tenu de la date où c’est sorti : octobre 1941.
03.08.2008 | Lien permanent | Commentaires (1)
Jules Mougin n’est plus, il nous manque une étoile
C’est à devenir chèvre! J’étais sûre d’avoir dans mon fourbi un poème autographe du Facteur Mougin sur le Facteur Cheval et pas moyen de remettre la main dessus. Toutes les rombières de la terre me comprendront, c’est vexant d’être victime de son désordre. Demain, c’est promis, j’y verrai clair. Il sera temps de devenir une bonne ménagère.
En attendant voici, sans tarder un télégramme de Jules Mougin reproduit pour Robert Morel sur la reliure maquettée par Odette Ducarre en 1960 qui abritait un recueil imprimé de 143 lettres, poèmes et cartes postales de l’auteur.
Et son portrait, par je ne sais qui, figurant en tête du même recueil. Que le photographe me pardonne cet emprunt, «un livre ne doit pas être un cimetière».
Jules Mougin écrivait naturellement de la poésie naturelle. Par exemple ces belles lettres anonymes publiées confidentiellement par PAB (Pierre-André Benoît).
Le titre exact c’est : Les Belles lettres ou les anonymes et je résiste pas à vous en citer la moitié d’une adressée à un commissaire :
«Un locataire a-t-il le droit d’avoir chez lui des ossements humains? Une personne dont je ne tairai pas le nom, qui habite dans l’immeuble (…) possède des crânes et des squelettes. Je vous demanderais, Monsieur le Commissaire, d’ouvrir une enquête. Les appartements ne sont pas des ossuaires, que je sache! Et ce nécrophore –je pèse mes mots– peut aller assouvir ses passions ailleurs, au Musée de l’Homme par exemple».
Un gars qui écrit des choses comme ça mérite bien de vivre jusqu’à 98 ans. Mais ce soir le comptable de la terre «a beau compter et recompter, il lui manque une étoile» et cette étoile c’est Jules Mougin.
08.11.2010 | Lien permanent
Du NY Times au jardin d’Albisola
06.03.2006 | Lien permanent | Commentaires (1)
Séraphine et ses copines
Hello, joyeux taïkonautes, cosmonautes, internautes ! Et surtout vous, vagulanautes ! Le deuxième étage de la fusée animulesque poursuit sa route avec sa cargaison d’infos supersoniquement brutes. Pour faire simple, je vous la jouerai compte à rebours, comme dirait mon pote Joris-Karl.
Pas de panique pour La Cité singulière, l’expo de La Maison de l’Architecture, partenaire du MAM Lille Métropole. Vous avez jusqu’à la Toussaint pour redécouvrir les œuvres de cette bonne vieille Collection de L’Aracine liées à l’archi et à l’urba (houba, houba!). Je blague, mais c’est pas idiot de mettre en valeur les «utopies urbaines et les représentations oniriques de la ville» présentes dans les œuvres des petits chéris de Madeleine Lommel.
Titus Matiyane
J’ai du mal à comprendre quand même pourquoi dans son laïus du site de la Maison de l’Archi, Savine Faupin, à propos du «regard posé sur (…) l’habitat» opère un distingo savant entre «des artistes classés dans l’art brut (ACM, Paul Duhem, Paul Engrand, Désiré Geelen, Frank Jones, Helmut Nimozewcki, Titus Matiyane, Willem van Genk)» et ceux «s’en approchant, comme les habitants-paysagistes (Le facteur Cheval, l’abbé Fouéré (sic), Theo Wiesen)».
Si Cheval et Fouré ne font que «s’approcher» de l’art brut, alors moi je rase la lune gratis !
Timing plus serré et démarcations moins contestables à la galerie Objet Trouvé à Paris qui décrochera le 11 octobre 2008. Jusque là, on pourra voir sa nouvelle expo de récentes acquisitions.
Le carton d’invitation se contente de réactiver la notion de «hors les normes» qui a déjà beaucoup servi, en la mariant bizarrement avec celle de «tradition», ce qui est un peu pâlichon compte tenu des (re)découvertes qu’on nous promet et pour lesquelles on salive déjà.
Telle cette Henriette Zéphir, objet de l’attention dubuffetienne dans le 14e Cahier de L’Art Brut ou telle Joële, ex-symboliste viennoise du nom de Nina Karasek.
Plus près de nous encore, le mercredi 8 octobre 2008 à la Maison de l’Amérique Latine à 21h, après la conférence de Marlène Iucksch sur «les figurations brésiliennes de l’Autre», on discutera du film O prisioneiro da passagem, entretien avec Arthur Bispo do Rosario.
Question toile, le 1er octobre, c’est la sortie de Séraphine,
le film de Martin Provost dont vous pouvez pas louper la promo
comme vous avez loupé en avril dernier celle du documentaire de Matthieu Orlean sur Hélène Smith (Des Indes à la Planète Mars).
Parallèlement, au Musée Maillol, dans les beaux quartiers de Paris, les palpitants tableaux de Séraphine seront visibles jusqu’au 5 janvier 2009.
Last but not the least, je vous rappelle que Visions et créations dissidentes, l’expo du Musée de la Création Franche est déjà sur le gaz au pays de Mamère Noël.
C’est dès aujourd’hui, samedi 27 septembre 2008 que vous pouvez vous pointer à Bègles pour le vernissage. Trop tard pour le repas prévu mais au menu 8 créateurs, pas tous bien bruts mais où l’on peut remarquer Bernd Gehrig pour ses timides créatures dépressives et Colin Rhodes pour ses «images construites à partir d’autres images» comme dit le catalogue.
27.09.2008 | Lien permanent | Commentaires (4)
La fée a ri
L’infatigable Cheval me ramène à cet autre fieffé marcheur qu’était Jacques Lacarrière. Votre petite âme errante, qui est feignante comme une couleuvre et qui n’aime rien tant que son fauteuil, a fait cependant une tentative pour ranger sa bibliothèque. Je suis tombée sur le livre de Jacques Verroust Les Inspirés du bord des routes. J’ai relu et je vous invite à relire la sensible préface de Lacarrière : L’Off art ou la fée a ri pour tous. J’en suis sorti rêveuse et plutôt attendrie en me demandant si on peut toujours écrire comme ça en nos temps hyper-informés de l’art brut pour tous. Ensuite je me suis disputée avec ma copine Reinette qui m’avait apporté la notice nécro de l’écrivain-voyageur. Elle m’énerve avec sa façon de découper les articles en oubliant d’indiquer la date et le nom du journal. Là, j’ai retrouvé; c’était Le Monde du 19 et ça disait que Lacarrière, « sur ses cartes de visite, n’indiquait qu’une seule qualité : Homo sapiens ».
27.09.2005 | Lien permanent
Du BHV au Poitou
J’adore comment les choses s’enchaînent.
Les choses, les mots, les livres. J’étais en route pour le B.H.V., riant sous ma cape (l’automne, je porte une cape) parce que, dans mon fone mobile, Reinette-la-sorcière tentait de me convaincre que Chabichette, la blanche chouchoute des médias, était un petit trésor en sucre promis à toutes les tasses de thé élyséennes, quand je suis tombée sur une foire à tout. J’entends par là une de ces «ventes de charité» (je sais, ça s’emploie plus, c’est ringard!) qui fleurissent à l’approche de Noël. Celle-ci, installée dans la cour d’un temple protestant grand comme un jouet, proposait quelques livres par le truchement de 2 vieilles dames frisottées. Oubliant sur le champ le mignon lampadaire que j’étais partie chercher, j’entrainai mon chéri, pestant contre ce contretemps, pour me précipiter sur les poèmes de Jean Victor Pellerin Traduit de l’esquimau.
Avec leur masque inuit en couverture, ils végétaient là en compagnie d’un vieux numéro du Touring Club contenant un article d’Anatole Jakovsky sur Le Palais idéal du facteur Cheval et de la biographie, dépenaillée mais tant pis, de Christophe par Caradec. Tamponnée d’un cachet Grande Gidouille elle avait dû appartenir à un pataphysicien. Que faisait-elle là ? Et que faisait là ce bouquin de Maurice Fombeure : Le Vin de la Haumuche réédité par UPCP en 1989 grâce à Catherine Robert «de la Médiathèque régionale de Niort»?Ces nouvelles inspirées à Fombeure par son Poitou natal ont de quoi réconcilier avec cette région celles qui en ont royalement ras la capuche qu’on la leur vende comme modèle de république. Je vous recommande la première sur Les sobriquets, vous verrez qu’on n’a rien inventé avec «Chabichette». Evidemment avec tout ça, y avait un monde fou au magasin. La queue pour l’escale-à-tort était aussi grande que dehors pour l’expo Doisneau. De rage, je suis allée me tremper dans l’atmosphère bisounours du Marché aux fleurs. J’ai bien fait parce que, non loin de là, femme sage que je suis, j’ai ramassé, près du portail du Conseil de prud’hommes, un dessin de mur hyper zarbi.
19.11.2006 | Lien permanent | Commentaires (2)
Dans les pas de Louis Malachier, sculpteur et meunier
Suite à ma note précédente, 2 ou 3 choses encore sur le sculpteur-meunier de Lacoste. D'abord quelques images supplémentaires de ma «gargouille».
Cette effrayante créature à tête de tortue, au dos batracien, doit sans doute sa conservation au fait qu'elle est compacte et lovée sur elle-même.
Tient-elle une victime entre ses pattes? Difficile à dire mais on a, avec elle, une bonne idée de l'étrangeté qui devait émaner, pour ses contemporains, des œuvres de Louis Malachier.
Du moins de certaines car il réalisait aussi des chevaux, des cavaliers, des paysans dansant, des bustes, des hommes barbus, des figures historiques ou allégoriques, tout un petit peuple de nourrices, gendarmes, pénitents, instituteurs etc.
Des centaines de pièces que Malachier exposait dans le jardin de sa maison en face du moulin, au dehors et dans un petit «musée secret», réservé à l'initiation aux choses de la vie pour les jeunes mariés. Ce qu'il en subsiste par ci par là dans la région est fortement érodé aujourd'hui.
C'est que Malachier a eu la chance (et la malchance) de vivre près d'une carrière en exploitation qui lui fournissait une pierre tendre à travailler mais fragile.
Autrement -je pèse mes mots- l'œuvre de Louis Malachier serait à mettre près de celles de l'abbé Fouré, du douanier Rousseau, du facteur Cheval.
Mes lecteurs s'en convaincront facilement en se procurant auprès du Foyer Rural de Lacoste qui en est l'éditeur, un ouvrage de 180 pages, abondamment illustré et remarquablement documenté. Intitulé Louis Malachier, meunier et sculpteur 1823-1900, il synthétise plusieurs recherches, souvenirs et témoignages.
Photo Lindfors
Ceux d'Evert Lindfors qui a puisé à des sources orales, pris des photographies et publié dès 1973 sur le sujet dans Les Lettres nouvelles.
Photo Lindfors
Photo Lindfors
Photo Lindfors
Ceux de Pierre Deflaux, descendant collatéral du meunier. Ceux d'Yves Le Mahieu qui a travaillé dans les archives départementales. Entre autres auteurs. Bibliographie, biographie, actes reproduits, rien ne manque.
La couverture et plusieurs pages à l'intérieur reproduisent les dessins et portraits de Malachier en 1889 par le peintre (académique mais précis) Jules Laurens, également auteur d'une précieuse liste des œuvres du meunier. Celle-ci figure aussi dans l'ouvrage du Foyer Rural de Lacoste que les bonnes librairies des musées qui se consacrent à l'art brut (suivez mon regard!) proposeront, je l'espère, bientôt sur leurs rayons.
09.07.2012 | Lien permanent