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Rechercher : plancher de jeannot

Du marché de gros à l’auditorium

«Bouton sur le nez». C’est le tag qui marche! Pas un jour sans que quelqu’un, tourmenté par l’acné, ne se connecte sur Animula à cause de lui. Tout ça parce qu’un jour de décembre 2007, j’ai mis une photo de narine enflammée sur une note au sujet de Leonora Carrington. Moi qui était persuadée d’attirer les internautes avec mon art brut! Je tombe de haut. Enfin, toutes les raisons sont bonnes de venir chez moi!

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Et comme je me suis fait peur en me regardant dans mon miroir ce matin, je vais pas tarder à vous parler des rides pour changer. C’est sûrement un thème très populaire aussi. Si on en croit les commentaires à propos du temps qui passe.

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Sur le marché de gros du quartier de La Tourtelle à Aubagne, j’ai relevé par exemple cet hommage un peu nostalgique d’une diva de l’art singulier à la critique chevronnée : «Pour celles et ceux qui l’ignoreraient, Laurent Danchin est le référent intellectuel premier et principal, en matière d’art brut et singulier en France. Il est certes celui que nous, les anciens, reconnaissons le mieux!». Danielle Jacqui, puisqu’il s’agit d’elle, s’est aperçu qu’elle connaissait ce «grand spécialiste en art» depuis «plus de vingt ans».

Danielle Jacqui

Sur son blogue : Vers un colossal d’art brut où elle relate la visite de Laurent Danchin à ses «préfigurations», elle en profite pour lui demander d’animer «une rencontre conférence-débat» pour «éclairer les opinions sur le projet ORGANuGAMME». Et elle précise : «Il n’a pas dit non». Souhaitons qu’il dise oui car j’avoue que ce projet «colossal» m’est un peu opaque, à moi aussi…

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Projet Gare d'Aubagne

logo hors champ.jpgLaurent Danchin est prévu par ailleurs au programme de deux journées-cinéma qui auront lieu le vendredi 3 et le samedi 4 juin 2011. Le Festival de Cannes à peine terminé, ce sont les 14e Rencontres Hors-Champ de Nice qui commencent. Reportez vous ici pour connaître le détail.

art brut,marie espalieu,jean-françois maurice,jean-michel chesné,gazogène,joe ryczko,denis lavaud,art singulier,danielle jacqui,laurent danchinPour ma part, je suis très curieuse de ce film de 17 minutes sur Charles Pecqueur d’un réalisateur dont j’ignore tout : Ferdi Roth. J’aime en effet ce créateur (sur lequel peu d’info circule) au point de lui avoir consacré un album diaporamesque ici-même il y a longtemps.

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A Nice, Jean-François Maurice et Jean-Michel Chesné présenteront, de leur côté, un documentaire consacré à Marie Espalieu. Cela tombera à pic puisque les deux complices sortent ces jours-ci un numéro spécial de la revue Gazogène pour cette dame de la terre lotoise qui attira le regard de Robert Doisneau grâce à ses sculptures rustiques-animalières.

Marie Espalieu

Le numéro est sous-titré L’Esprit des branches, ce qui me ramène à ma récente chronique sur les folies de l’amandier. Si ça se trouve, il est déjà en vente à la Halle Saint-Pierre mais on peut aussi le commander chez Valérie Rapaud, une libraire de Cahors. Parmi les auteurs, j’aperçois des noms qui ne me sont pas inconnus : Denis Lavaud, ex-fanzineur, Joe Ryczko, actuel blogueur, Benoît Decron, conservateur du musée Soulages et Jean-Michel Chesné qui a réalisé la maquette.

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Marcos de reclusión : Martin Ramirez à Madrid

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A l'assaut des statues-menhirs de Filitosa et du plateau de Cauria, j'ai jamais les bonnes chaussures qu'il faut. J'ai failli disparaître dans les marécages laissés par les pluies d'hiver sur les sites archéolo du sud de l'Ile de beauté.

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Mais ça valait la peine car les guerriers-phallus de ce «peuple de la mer» venu foutre la pâtée aux braves mégalithiques locaux dans les 3000 avant J.C. ont une p'tite gueule bien sympathique dans leur genre brutes de l'antiquité.

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J'adore leur tête en forme de gland, qui sont pas ce que vous croyez, mais peut-être des casques avec des encoches où l'on fixait (peut-être) des cornes.

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Je tire ma science d'un guide acheté au Musée d'histoire corse A Bandera d'Ajaccio et d'une vieille brochure de 1971 qui roupillait dans la bibliothèque de Jean-Louis Lanoux qui a attendu mon retour pour me la prêter.

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Mais revenons à nos mouflons (sorte de moutons corses).

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A Filitosa, les cornes sont sur la tête des taureaux qui broutent l'herbe du propriétaire des lieux, lequel a eu l'idée de semer des champignons diffuseurs d'une musique planante.

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J'aime bien la flûte indienne mais là, on se croirait dans un supermarché Hare Krishna. Dur, dur. Après ça on est content de rentrer par l'avion du dimanche soir et ses trous ddddddd' AiRs.
Pendant notre absence, les nouvelles s'accumulent. On ne sait laquelle prendre. J'ai choisi celle-ci qui concerne l'Espagne parce qu'elle m'est signalée par un de mes fidèles animuliens suisses : on rapporte la présence de Martin Ramirez au Museo Reina Sofia de Madrid.

80 dessins de la période 1948-1963 et une sélection des fameux dessins découverts dans un garage en 2007 (faites du ménage dans le vôtre, on ne sait jamais).

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Pas besoin de vous dire que c'est la première fois qu'ils seront montrés en Europe.

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08.04.2010 | Lien permanent

Cinq ans aussi, Tonnerre de Berst!

C’est la cata ! Y’a pas que moi qu’ait 5 ans, la Galerie Berst aussi ! Comme chaque année, à la rentrée, ce sympathique établissement est pris d’une frénésie d’expos, d’inaugurations, de communications en feu roulant. Mais là, attention, c’est spécial. C’est du «vraiment H.L.N.», H.L.N. voulant dire Hors Les normes, pour ceux qui ne parlent pas encore couramment le berstien.

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Votre petite âme errante vous dirait bien que ça déménage et elle aurait raison. Christian Berst brandit son étendard sur lequel est écrit : «Vive le Marais!». Suivi de sa vaillante équipe, il se propulse dans le quartier des Enragés, sur le territoire de cette section des Gravilliers qui fit parler d’elle pendant la Révolution française. Bon, on n'est plus au XVIIIe siècle mais après la Bastille, «l’enragé» Christian s’agrandit et atterrit, emporté par son élan, dans le passage des Gravilliers (n° 3-5) pour y propager la flamme de l’art brut.

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L’année dernière sa galerie changeait de nom, cette année elle change d’adresse pour rejoindre ce cœur du cœur de Paris où on accède par une rue qui sent bon : la rue Chapon.

Comment a-t-il fait, Christian Berst, pour opérer ce changement en un seul été? Je ne le sais, ayant été tremper pendant ce temps là mes petits pieds dans un lac jurassien.

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Toujours est-il qu’il a trouvé moyen au mois d’août de repeindre, bricoler, staffer, restructurer, enrichir, faire rutiler son site internet. Et de planter, faire pousser, éclore une newsletter gaie comme un ruban de distribution des prix,

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une invitation (avec un visuel poilu de Guo Fengyi) à son prochain spectacle du jeudi 16 septembreu 2010, (il y aura des musicos), un dossier de presse surtitré «Art brut à Beaubourg»! car il faut dire que la nouvelle galerie n’est pas loin du Centre Pompom.

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Je sais bien que la ruche Berst a bénéficié pour cela de l’assistance de Sophie, Fanny, Benedetta et du concours de Jean-Yves (presse), Elisa (webmestre), Yoann (web developpement). Merci à ces abeilles! Mais quand même! Je me dilate de plaisir à constater que dans la programmation de l’imminente expo de groupe berstienne qui durera jusqu’au 16 octobre 2010 (voir détails sur le site de la galerie) se trouve le nom de Giovanni Bosco

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parmi ceux (entre autres) de créateurs comme Jill Gallieni, Anna Zemankova

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et Joseph Barbiero le volcanique.

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C’est la première fois que des œuvres du Sicilien seront proposées sur le marché aux collectionneurs et ça mérite d’être stabiloté sur vos i-phone, mes petits crapauds du Marais!

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05.09.2010 | Lien permanent

Art brut et Neuve invention : résultats de la vente

«Si j’étais pétée de thune, je me ferais bien un gros bordereau dans la vente Tajan!». C’est ce que je me suis dit en feuilletant internetiquement puis, sur papier aidant, le trop beau catalogue de la vacation du 25 octobre 2010 dans l’espace égypto-art-déco de la rue des Mathurins.

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Puis je suis allée à l’expo et j’ai commencé à avoir des réserves. Est-ce parce que ledit espace ressemble à une belle piscine des années trente et que l’emplacement du bassin était occupé par une exhibition de bijoux qui ont distrait mon attention? Toujours est-il que je me suis mise à me demander ce qui valait vraiment le coup là-dedans.

Beaucoup de vedettes : Madge Gill, Janko Domsic, Augustin Lesage, Joseph Crépin, Anselme Boix-Vives, Donald Mitchell, Dwight Mackintosh, Anna Zemankova, Paul Duhem, Alexandre Lobanov… mais pas forcément représentées par des pièces de premier plan.

Des noms vraiment pas courants dans les salles de vente, tels que ceux de Zdenek Kosek, Yassir Amazine, Fernand Desmoulin mais des œuvres pas toujours figurant dans le Top 50 de leurs productions.

jaime fernandes.jpgLe très rare Jaime Fernandes (n° 75 du catalogue) et le très miniaturiste Chiyuki Sakagami (n° 84) m’ont laissé sur ma faim. J’ai eu l’impression d’en avoir vu (je ne sais plus où) de plus bizarres autant qu’étranges mais c’était peut-être dû à ma fièvre rhino-pharyngitale commençante.chiyuki sakagami.jpg 

Le délire aidant je me suis mise à regarder les Madge Gill présents d’un œil torve, à trouver pâlichon le 57 B (Aloïse), à froncer le museau devant les Scottie tardifs occupant les numéros 16 et 17. «Tout de même, y’en a qui ont de la chance de se séparer de ces créations» me suis-je dit in petto.

«Car ça prouve qu’ils ont mieux!» me suis-je ajouté en pensant aux collectionneurs chanceux qui s’allègeaient ainsi de quelques tout de même belles choses.

Un des mérites du catalogue c’est qu’il divisait nettement la marchandise proposée : Art brut/Neuve invention. Un autre de ses mérites c’est qu’il en faisait des tonnes sur la traçabilité. Un pedigree impressionnant accompagnait certaines œuvres. Trop des tonnes parfois puisque pour le Kurt Haas (n°143)

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et l’Ody Saban (144), la provenance indiquée : «Musée de la Création Franche, Bègles» était rectifiée le jour de la vente en «Collection particulière». Chacun sachant que les œuvres entrées dans ce musée demeurent inaliénables. Pour finir, je me serais bien voté un budget de : 40 700 € (sans les frais) pour m’acheter les numéros 20 (Ratier)emile ratier.jpg28 (Domsic)

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39 (Podesta)giovanni podesta.jpg51 (Lesage), 60 (Boix-Vives)

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125 (Chaissac)

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et pourquoi pas 153 (Carmeil)

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On peut rêver, non? Pour le détail des prix, consulter les résultats officiels ou demander à l’Animulien qui a assisté pour moi à la vente. Il m’a dit que plusieurs de mes lecteurs et lectrices assistaient au spectacle et que certains ont poussé bravement leurs enchères. Selon lui, malgré les vigoureux encouragements de menton prodigués à l’assistance par la commissaire-priseuse, c’est surtout les téléphones qui marchaient et comme il n’est pas très à l’aise dans ce genre de manifestations, il n’est pas certain que tout ait été réellement adjugé.

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Les territoires de l’art modeste

Fatal. C’était fatal que j’allais vous en parler. De mes cadeaux de Noël, badame! Pas des cado-bonux, attention. Du lourd de chez Di Rosa pour commencer. En attendant de m’offrir un petit ouikène à Sète pour explorer Les territoires de l’Art modeste(y’a pas l’feu, l’expo dure jusqu’en octobre 2011), mon chéri m’a glissé sous le sapin le super coffret contenant les 12 catalogues réunis pour l’occase du 10e anniversaire du M.I.A.M.

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Bon, tous m’intéressent pas au premier chef mais chacun a son charme. La place me manque pour vous les présenter dans le détail mais, à part La Petite histoire de l’épopée du M.I.A.M. racontée par Bernard Belluc (incontournable!)

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combas.jpgj’ai bien gobé : Robert Combas présente Maurice Chot (autant pour sa couvrante que pour les B.D. autodidactes de l’intérieur),  

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PQ Ville de Michel Gondry (décor de ciné en rouleaux de papier-toilette + lunettes anaglyphiques génération Pif Gadget).

 

Je kiffe aussi bien fort : Bamoun Picasso (dessins du Cameroun présentés par Antonio Ségui)

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et la Collection Artaud la nuit(tapettes à mouches, trous, moules, marteaux) couplée à la Collection Chevrot (cordels).

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5 outsiders.jpgMais mes amis, çui que j’préfère c’est le catalogue Cinq outsiders singuliers (enrobé dans une repro du Jean de Florette à Raymond Reynaud). Même si son sur-titrage m’en bouche un coin. Pourquoi donc : Aux marges de l’art brut alors que 2 au moins de ces créateurs -Emile Ratier et Marcel Storr- baignent dedans jusqu’au cou ?

Marcel Storr.jpgComprenne qui pourra. L’étonnant Storr en particulier dont les cathédrales utopiques, destinées à la reconstruction d’un Paris imaginairement détruit par la bombe atomique, me paraît parfaitement digne du label brut bien que la soixantaine d’œuvres laissées par lui n’aient pas rejoint encore l’une des Mecques de la catégorie.

Soyons reconnaissants à Bertrand et Liliane Kempf, les découvreurs et protecteurs de cette oeuvre d’exception, de lui faire prendre l’air de temps à autre. Le Catalogue du M.I.A.M. énumère ses sorties, depuis 2001 (à la Halle Saint Pierre) mais avec une petite erreur. En 2005, ce n’est pas à la mairie du 19e arrondissement de Paris que L’Œuvre du cantonnier Storr a été montrée mais à la mairie du 9e. En face de l’Hôtel Drouot.

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Dommage que Laurent Danchin, l’auteur du catalogue, (qui fait maintenant dans l’expertise de vente publique) ne s’en soit pas rendu compte. Mais félicitons-le pour son choix qui comprend aussi les Ripolin «pop art naïf et brut» de ce Germain Tessier dont il défend (avec raison) les créations depuis toujours.

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Sans trop le chipoter au passage pour la présence de ce sympathique mais clinquant Mister Imagination, innocente concession, selon moi, à la contre-culture à paillettes américaine.

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Bulletin, Tintamarre, Marabout, Bout de papier

Tout le monde les a eu entre les mains ces petits morceaux de poésie naturelle distribués à la sortie des métros dans les quartiers pas trop BCBG :


authentique sorcier détenteur de secrets

venus du fond des ages véritable

marabout une main

tendue à tous les désespérés celui qui saura quelque

soit le problèmes vous apportera une solution

 

tous vos Problèmes sur N’importe quel domaines Venez

le Consultez ou téléphonez il parle Parfaitement Français

il aiderez Travail Amour durable et sincère Affection

 

Heureusement que je viens d’arriver d’Afrique Médium

Africain je Travaille n’importe quelle difficultés même si

Vous avez du mal qui circule dans votre corps

 

Résout tous les problèmes sans exception

Défaillances mentales et sexuelles renforcement de

La clientèle chance amour, protextion contre

Les accidents réussites.

 

Aujourd’hui, la langue employée sur ces petits bristols imprimés a tendance à être plus disciplinée, la ponctuation est apparue et les robots-correcteurs réduisent les savoureux écarts orthographiques. cigares.jpegSubsiste encore un certain bonheur du coq-à-l’âne qui fait qu’on hésite à les jeter. Et puis ça sert à marquer la page de son polar quand on arrive à la station Stalingrad! Depuis des décennies que mon daddy les accumule dans une boîte de havanes, je n’ai vu personne en faire grand cas.

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Du moins sur le papier : je ne me suis pas lancée dans une grande enquête sur le web. A peine si, aux alentours de 1997, il s’est trouvé une Agence conseil en communication pour s’en inspirer (avec un esprit qui dénotait une certaine fréquentation de Dubuffet) et donner des «preuves fatales» de son savoir-faire.

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Aussi suis-je bien aise de vous signaler l’article de Joël Gayraud qui vient de paraître dans le n°16 (octobre 2010) de la revue Empreintes. D’abord parce qu’il est bien écrit et qu’il cite beaucoup et puis parce qu’il a le mérite d’envisager le phénomène dans son parcours historique.

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Joël Gayraud, qui ne se considère pas comme un collectionneur, s’est intéressé à ces messages de voyants depuis le printemps 1977. Sans forcer les choses, «par une simple collecte passive dictée par la curiosité», il a réuni plus de 2000 flyers maraboutiques, tous différents. Joli corpus pour une littérature à première vue si éphémère. Cerise sur le gâteau, l’article porte un titre clair et pas ronflant : Cartes de marabouts, une collection d’art populaire.

La revue Empreintes habite au 102 bd de la Villette à Paris 19e.

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Vie de Marcel Storr, peintre en bâtiments merveilleux

On rigole pas avec Storr. Mes allusions à cet «architecte de l’ailleurs» m’ont valu de puissants commentaires. Voir Les territoires de l’art modeste, mon post du 27 décembre 2010. J’ai donc voulu me gaver du bouquin de Françoise Cloarec (12 €).

bus 84 paris.jpgSeulement j’ai été coincée avec lui dans le bus 84 un soir de pagaille à la Concorde. Alors je l’ai lu de traviole. En commençant par les remerciements à Liliane et Bertrand Kempf, protecteurs de l’œuvre du cantonnier-constructeur de cathédrales.

Sans eux, ce livre n’existerait pas. Ce sont eux qui ont poussé l’auteur à l’écrire. Pas sûr qu’on puisse en tirer un film du genre Séraphine de Martin Provost cependant.

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Cliquer sur le livre

Car, même si Françoise Cloarec s’est livrée à un patient travail d’enquête dans diverses archives, les infos à propos de Marcel Storr, y’en a pas toujours bézef.C’est selon les périodes : enfance souffreteuse chez des campagnards où il se fait avoiner grave jusqu’à (selon lui) en perdre l’ouïe, balayeur (comme Raymond Isidore à Chartres) dans sa vie d’homme farouche et illettré, pensionnaire passager de Ville-Evrard après la mort de son épouse qu’il vit comme un nouvel abandon, lui le gosse de l’Assistance, usager d’un centre de santé enfin où il dorlote sa parano en présence d’un psy.

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Parfois, y’a de quoi et parfois non. Quand y’a de quoi, le bouquin de F.C. évolue gentiment dans le genre biographie vivante. Et ça se laisse lire. Quand elle a moins de grain à moudre, elle abuse un peu des questions : «Qui est le vrai père de Marcel?», «Qu’est-ce qui le pousse à créer?» ou glisse vers le romanesque : «ce matin, il est arrivé comme d’habitude à sept heures. Le chef est venu lui dire quelque chose qui ne lui a pas plu».

On ne saurait lui en vouloir à Françoise, d’autant qu’elle a le bon goût de caser dans ses références plusieurs écrivains. Elle clôt d’ailleurs son ouvrage par une citation de Gérard Oberlé, le chroniqueur du magazine Lire.

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L’ensemble -c’est le principal- est fluide et ne pèse pas sur le ciboulot. Fluide et fidèle au sujet. Dans la dernière partie, celle où F.C. s’est sourcée aux souvenirs précis de ses commanditaires, elle trouve des accents justes pour décrire l’urbanisme délirant et les tours fantastiques de Marcel Storr qui ne sont pas sans m’évoquer à moi celles de la Sagrada Familia de Gaudi à Barcelone.

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storr clocher 2.jpegElle pointe avec finesse le rapport transférentiel qui s’était établi entre ce sauvage de Storr, qui ne voulait rien vendre ni exposer, et Liliane K qui était tombée sur son œuvre par hasard un jour de septembre 1971 et ne s’en est pas remise depuis.

Surtout Françoise Cloarec démontre bien, sans avoir besoin de le dire, que Marcel Storr, par son comportement, ses qualités et ses limites, son parcours et la nature viscéralement individuelle de son travail, est un pur cas d’art brut.

Je dis ça pour ceux à qui je porte sur les nerfs quand je m’éloigne de mon dada.

Mais je suis contente aussi de constater que Storr, quand il disait : «Picasso, qu’est-ce que c’est, Picasso? Il ne sait même pas dessiner!» se fichait pas mal de la «transversalité» de son art avec les autres courants de l’art contemporain de son temps.

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L’œuvre secrète de Lucy Vines

Attention! Ceci n’est pas de l’art brut! L’auteur de ces figures hors du temps, qui émergent silencieusement du noir ou y retournent, vit dans un milieu d’artistes et d’écrivains. Pas de l’art brut donc, ces dessins de petit format, réalisés au crayon Comté sur papier grené.

Lucy Vines
Pas de l’art brut mais ça mériterait d’en être. Du moins entre eux et lui n’y a-t-il pas incompatibilité. Il est même extrêmement troublant de voir comment, avec des moyens qui sont ceux de la culture, Lucy Vines parvient à s’approcher du foyer incandescent où l’art brut se consume.

Ceci-n-est-pas.jpgCette Américaine de Paris, qui n’est plus -loin s’en faut- une jeune fille, voit ses œuvres exposées jusqu’au 13 juillet 2011 à la Maison de l’Amérique latine, 217 boulevard Saint-Germain. Je ne la connais pas car c’est je crois la première fois qu’on voit son travail à Paris. Et jusqu’à une date récente (expo à la Fondation Morat à Fribourg-en-Brisgau en 2005-2006 et à l’Ecole des Beaux-arts de Nîmes en 2007) il était même resté secret.

Lucy VinesSecret, on n’imagine pas ça aujourd’hui! Pourtant seuls quelques happy-few avaient accès à ces images sans clé ni serrure et ils échouaient jusqu’à présent à convaincre Lucy de les montrer. Voilà qui est fait maintenant et il ne faut pas manquer l’occasion. Un livre-catalogue accompagne l’exposition. Avec 4 études critiques par Homero Aridjis, Alain Madeleine-Perdrillat, Jean-Paul Michel, François Lallier.

Lucy Vines

Ils vous diront mieux que moi tout ce qu’il y a à savoir sur les traits aux circonvolutions chaotiques, sur l’absence de décor et d’accessoires, sur la lumière orangée et diffuse (comme dans la peinture de Georges Seurat) qui caractérisent la manière de Lucy Vines. Il faut de bonnes plumes pour appréhender cette œuvre intimiste, fragile et mystérieuse, dépourvue d’intentions de fantastique, sans besoins de recours onirique trop évident.

Aussi j’y renonce. D’une manière plus terre-à-terre, je dirai que Lucy Vines me fait penser à La Petite fille aux allumettes de Hans christian Andersen. Ses figures poreuses, un peu mangées de nuit, ont l’air d’être saisies pendant le court instant de lumière procuré par la combustion d’un bâton soufré

lucy vines

Détails supplémentaires mais qui ont leur prix : Lucy Vines se tient à l’écart du monde des galeries, elle livre peu de choses de sa vie car elle ne désire pas que sa biographie influence notre interprétation de son œuvre. De quoi faire une exception, non? Ouvrez les yeux, fermez les yeux : c’est Lucy Vines.

Les photos, extraites du catalogue, sont de Michel Nguyen .

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Charles Boussion de tsar à star

Charles Boussion, c'est en pêchant la Sardine que ce nom était venu se prendre dans mes filets il y a bientôt deux ans déjà. Remember la Sardine! C'est dans cette galerie (momentanément occultée, espèrons-le) que, passant par Genève, j'avais aperçu un tumulte de perles boussioniques que j'avais trouvé psychédéliques. «Boussion boussionise comme d'autres customisent», avais-je pensé. Et quand, plus tard, je me suis procuré la salade verte du brillant catalogue de la galerie Miyawaki de Kyoto, j'avoue que j'ai été médiocrement impressionnée par les repros des 4 œuvres de Charles Boussion qu'il contient. «Trop déco», me dis-je en mon for intérieur.

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C'est vrai que j'aurais dû voir le Book of Kells qui pointait son nez dans une espèce de serpentine lettre ornée de 2006.

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place-jean-jaures.JPGMais j'étais loin de l'Irlande. Je m'imaginais pas que ce pays pouvait exercer sa fascination sur un gars de Montpellier. Je dis Montpellier et les gens de la météo, qui sont tous du midi, disent Montpéllier. Mais enfin, vous avez bien été un peu draguée (ou draguer) dans les cafés de la place Jean Jaurès, donc vous situez. De Montpellier, Boussion ne cultive pas les gariguettes.

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C'est vers Byzance que son goût l'emporte et il l'emporte dans un grand feu d'artifice de couleurs qui ponctue la nuit de croix et divinise les visages de tsars qu'il fait sortir de l'ombre.

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De tsars à stars, il n'y a qu'un pas et on est invité à le franchir puisque ces «icônes» d'un nouveau genre (fille ou garçon, sait-on lequel?) vont s'exposer pour un peu plus d'un mois (5 février-21 mars 2010) au Musée de la Création Franche à Bègles, territoire de Gérard Sendrey. Ce diable d'homme, qui sort à peine d'une personnelle rétrospective at home, sans doute assez épuisante, a trouvé le temps d'écrire un papier de présentation pour «Charles Boussion : le jongleur».

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Il y déclare que Charles Boussion «construit ses propres ready made à rebours» faisant sans doute allusion à la technique du peintre qui consiste à auréoler-camoufler une image (ou une photo) de départ au moyen de larges festons d'ornements appliqués avec patience. Une patience assez absorbante pour que le créateur ait «parfois le sentiment que ses productions se sont composées en dehors de sa propre volonté».

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J'avoue que cette petite phrase m'excite autant que d'apprendre que des œuvres de Charles Boussion figurent dans la Collection du Dr Gavrilov. Sans doute peut-on voir un rapport entre les icônes de Charles Boussion et celles d'Alexandre Lobanov. Et alors ? Franchement, il faudrait les voir pour se rendre compte. Regarder de plus près comment elles sont faites. Alors si vous passez par la Création Franche, l'exposition Boussion c'est tout bon.

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Visages de l’art brut

plouf.jpg«Animula c’est Animula!..» Cette énigmatique affirmation m’a été récemment servie dans un vernissage, avec un sourire au coin de la moustache, par un de mes malicieux lecteurs. Elle m’a plongée (plouf) dans un abîme de réflexions. Bien que proférée sur le ton de la plaisanterie, elle n’en était pas moins grosse d’implications philosophiques, pour ne pas dire métaphysiques.

fil en aiguille.jpgQui étais-je ? pour qu’on m’adresse pareille tautologie calquée sur la boutade de Dubuffet : «L’art brut, c’est l’art brut etc.». Où allais-je? et dans quelle étagère finirais-je?

De fil en aiguille, je me suis mise à chercher le visage de l’art brut qui s’est superposé dans ma rêverie au visage (idéal) d’Animula. Ou l’inverse, je ne sais plus. Et j’ai trouvé ceci :

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Vous en avez deux pour le prix d’un.
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Ces inéluctables visages proviennent du catalogue d’une exposition dont je vous ai déjà parlé à la fin de l’année dernière (le 6 décembre pour être précise), dans ma note : Espagne, 70 ans d’art en hôpital psychiatrique. Ce copieux et richement imagé catalogue est maintenant entièrement consultable sur le net. Page après page, on peut le feuilleter électroniquement avec un bruit de papier froissé très rigolo.

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Comment ne pas s’arrêter aussi sur ces photos des murs du Manicomio Provincial de Murcie, prises dans les années trente?

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19.06.2010 | Lien permanent

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