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Art brut : le réveil des marteaux
Le bidonville se porte bien. Gaston Chaissac de Bidonville. Son Locataire du premier, un tableau de 1956, vient de battre un record mondial. Un record phynancier bien sûr. Ce sont les seuls qui intéressent la Gazette de l’Hôtel Drouot où j’ai trouvé cette info qui en vaut bien une autre. 250.000 €.
Dans une vente Arcu du 3 avril 2007.
Faut remonter au 27 octobre 1990 (vous étiez minotte encore !) pour le précédent crevage de plafond avec un Autoportrait au perroquet : 198.600 € réactualisés. Une misère ! Avec des actions pareillement à la hausse, vous vous étonnerez pas que les commissaires-priseurs fassent dans le Chaissac en-veux-tu, en-voilà.
C’est que les œufs de Pâques a peine digérés, c’est le réveil des marteaux dans l’hexagone.
A Louviers, la patrie du gentil mosaïste Robert Vasseur (profitez-en pour aller voir sa maison),
dimanche prochain, le 15 avril à 14h15, une vente publique des photographies de Gilles Ehrmann (Jean Emmanuel Prunier E.U.R.L.) se pare d’une pub reproduisant le fameux Chaissac masqué au bouquet.
A Paname, la fameuse vente Tajan Art brut/Art naïf se profile pour le mercredi 18 avril 2007. Sans vouloir vous mettre la pression, bougez-vous les fesses si vous voulez aller voir l’expo. Reste plus que lundi 16 et mardi 17, c’est dans l’immense «cathédrale» du 37 rue des Mathurins dans le 8e. A l’heure du déjeuner vous serez tranquille comme Baptiste, la dame de l’accueil passe ses coups de fil et dans la salle un clerc somnole un peu devant son écran.
Vous y verrez un Chaissac évidemment (son «unique totem noir»), un petit crobart inachevé de Monsiel, deux Domsic, une poupée de Simone Le Carré-Galimard (avec 2 «L» dans le catalogue comme de juste), deux curieux totems de Michel Macréau, trois Schröder-Sonnenstern, deux Lesage, deux Crépin.
Rien de très bouleversant mais de quoi s’exercer l’œil. Dans la partie naïve, le n° 95 est un drôle de Van Der Steen qui se prend pour un Boix-Vives.
13.04.2007 | Lien permanent | Commentaires (3)
Votez fou !
Filez tout de suite au fond avant le couloir aux CD, c’est là que j’ai dégotté le bouquin de Bruno Fuligni, indispensable en ces temps de prise de chou électorale.
Votez fou ! qu’il s’appelle et il ne s’agit (quel repos!) ni de Spirou, ni de Chabichette, ni du Neuneu, ni du Bouffon, encore moins de la Peste et du Choléraciste.
Non, l’auteur a eu la bonne idée de réunir tous les «candidats bizarres, utopistes, mystiques, marginaux, farceurs et farfelus» qui se sont illustrés de 1848 à nos jours. C’est aux Editions Horay et c’est paru en février 2007.
Je vous en parlerais pas si ça se contentait de traiter de Coluche, de Mouna, de Maurice Mercante ou même du trop fameux Ferdinand Lop mais c’est plein de repros d’introuvables documents franchements croquignolets : bulletins de vote excentriques, professions de foi exaltées ou farfelues, programmes malicieux, déclarations en vers et contre tout.
Et puis il est question (page 27) de Xavier Cotton dit Fulmen-Cotton, «curé défroqué, clochard schismatique, fou à lier» dont le Dr Rogues de Fursac, en 1905, dans un des premiers bouquins scientifiques traitant de l’art des aliénés, Les Ecrits et les dessins dans les maladies mentales et nerveuses, reproduisait les dessins-affiches plébiscitaires et pontificaux.
19.04.2007 | Lien permanent | Commentaires (2)
Cheval et ses poulains au musée
Les facteurs sont sympas. Même ceux qui ressemblent pas à Spirou. Question bonne bouille, Ferdinand Cheval était plutôt du genre émacié mais y’en a que ça inspire. La preuve cette invitation de Rancillac pour l’actuelle expo du Musée de la poste à Paris (6 avril/1er septembre 2007). Vous pouvez dire qu’il s’est pas foulé le Bernard à superposer le portrait du facteur à une image de canasson, vous verrez qu’elle fera son petit effet.
Votre petite âme errante a traîné dans cette expo une copine de bureau qui a trouvé «kitschissimes» les objets de Paul Amar.
Parce que, j’ai oublié de vous signaler, que ladite expo s’intitule Avec le Facteur Cheval et qu’on y voit non seulement Cheval mais aussi «ses poulains» comme le remarque Edouard Launet dans Libé du 11 avril.
Si j’avais pas à éplucher mes pommes, mes poires et mes scoubidous pour faire la compote du dimanche je vous énumérerais toutes les autres autres vedettes «cavalant» autour du Palais imaginaire : Etienne-Martin et son Escalier, Niki, Tinguely et le Cyclop,
l’excentrique milliardaire Edward James et son Jardin d’Eden surréaliste construit en pleine jungle mexicaine,
Jacques Warminski et son Hélice terrestre que vous pourrez voir en live un de ces 4 ouikènes en vous rendant, si vous avez pas peur des troglos, à l’Orbière dans le Maine-et-Loire.
Retrouvez tout ce beau monde dans le catalogue attrayant et qui sent bon l’imprimerie.
Dans une première partie d’Hommages, vous aurez pour le prix (20 €) les clichés des grands photographes qui se sont succédés sur le monument : Denise Bellon, Robert Doisneau, Gilles Ehrmann, Lucien Hervé, Clovis Prévost. Et puis, moi ce que j’aime bien c’est que les textes de Josette, Eric, Christophe, Claude et Clovis (Rasle, Le Roy, Bonin, Prévost) sont poivrés de chouettes documents rares : souvenirs des visites de Matta, de Breton, d’Ernst, photo de D. Bellon montrant Colette Brunius sous les regards bienveillants ou amoureux du rondouillard André Delons et du svelte Jacques Brunius.
To whom who do not read french, please note that all the texts of With Facteur Cheval are translated in english.
See you later, animulators !
15.04.2007 | Lien permanent
Des expos à la pelle
Si vous en avez plein le dos de Cheval, votre petite âme errante, qui est une mère pour vous, peut vous driver sur une foultitude de nouvelles expos dont elle n’aura jamais le temps de parler sérieusement mais qui méritent mention.
En ces périodes électorâles la Fâme se porte bien. A la Galerie Brissot et Linz, dans les bô quartiers (48, rue de Verneuil Paris 7e) et jusqu’au 21 avril 2007, on nous promet «trois femmes pour ouvrir un point de vue singulier sur le monde…».
Je connais le travail de l’une d’elle, Sandra Martagex, qui il y a une dizaine d’années s’était fait remarquer comme un(e) jeune peintre prometteur avant de se faire plus discrète après la naissance d’un bébé. Elle travaille toujours «ce qui se fluidifie, ce qui coule dans le corps» (je cite le carton) et c’est une bonne surprise de la retrouver.
Au Musée de Sérignan (34410), j’aurais bien aimé voir Dado rencontrer Dubuffet. Tu parles d’un match ! Hélas, il s’est terminé le 15 avril. Vérifiez, y’a peut-être un catalogue.
Pour ceux qui ont des RTT de rab, la foire de Bruxelles est tout indiquée (20-23 avril 2007, vernissage le 19).
Vous y retrouverez par exemple, sur le stand de la Galerie Andrew Edlin (of New York) de vieilles connaissances (Henry Darger) et des découvertes comme Charles Steffen qui dessine d’étranges créatures reptiliennes sur de longs papiers bruns. «His highly original figures are characterized by curiously caricatured features including large, bulbous eyeballs, thick, gnarled fingers, and skin scored with deep creases and squared off with reptilian-like scales».
Puisqu’on vous le dit !
Propulsez-vous encore, si le cœur vous en dit, au MIAM de Sète pour 1000 pavois ? Pas de panique, c’est jusqu’au 3 juin.
Puis mes penchants aristocritiques vous enverront voir si j’y suis au Château du Tremblay à Fontenoy en Bourgogne (89520) pour Créateurs singuliers (je sais, le Centre Régional d’Art Contemporain aurait pu trouver mieux comme titre) si vous aimez (entre autres) Jean Linard, Pascal Verbena et Simone Le Carré-Galimard.
16.04.2007 | Lien permanent | Commentaires (3)
Pop médecine au Museon Arlaten
C’est la honte en short ! J’étais partie pour vous faire un topo complet sur le Museon Arlaten ousque je suis allée le vendredi saint mais Belvert au regard subtil m’a coupé le pissenlit sous la racine. Depuis plusieurs jours les langues s’activent à propos du musée d’Arles sur cet ethnoblogue que vous connaissez comme votre poche et votre petite âme errante n’est pas la dernière à y mêler son grain de sel.
Je me contenterai donc, pour éviter de me répéter, de vous offrir quelques images des objets de magie (ou de médecine si on préfère) populaire collectés par le Dr Emile Marignan (1847-1937), un pote à Mistral (Frédéric), le papa du musée de cette ville «où sont les Alyscamps».
Et zoom sur les pattes de taupes pour le mal de dents des bébés, zoom sur les talismans contre le mauvais œil, les salamandres porte-bonheur, les œufs de l’éclipse.
J’aurais aimé vous montrer le sachet d’os de mort, le garde-lait pour les nourrices, les pierres à mettre sous les paupières, les fleurs d’étain fondu pour la divination mais les photos sont pas autorisées dans le musée et on ne trouve pas tout dans les publications que l’on vend à l’accueil.
Pour faire bon poids et pour contrecarrer un peu ceux qui vont dire que je m’éloigne encore de mon sujet, j’attire votre bienveillante attention sur de jolis graffiti pastoraux et autres travaux de bergers, tel ce «mirù de pochi» (miroir de poche) de 1828 dont je suis tombée raide dingue.
Je veux le même pour mon anniversaire avec son couvercle coulissant orné de cœurs, de pentacles, de croix, de lauriers et feuilles de cannabis (ou de palmiers) autour du profil d’un gus qu’on m’assure être Napoléon.
Bonjour chez vous et surtout prenez garde «à la douceur des choses».
12.04.2007 | Lien permanent | Commentaires (4)
Théophile «Wonder» Bra again
02.03.2007 | Lien permanent
Tout Savoir sur les tatoués
09.03.2007 | Lien permanent | Commentaires (10)
Michel Macréau s’expose en mars
Toile monumentale 1961, huile sur toile 200x160 cm
Dites-moi pas que c’est votre lune de miel, que vous devez aller chercher le petit à l’école, que belle-mimine vous mobilise pour un ouikène bricolage. Lâchez tout et courez à la Galerie Nicolas Deman, 12 rue Jacques Callot à Paris dans le sixième (fastoche à trouver car à côté du café La Palette).
Pourquoi ? Mais pour voir la plus belle expo Michel Macréau qui soit ! Du concentré pur jus des années soixante. Rien à vendre, tout à regarder jusqu’au samedi 24 mars 2007 (mais foncez-y dès maintenant pour avoir une chance d’y retourner car des tableaux pareils ça se rencontre pas tous les jours et c’est l’occase en or, si vous connaissez mal ce peintre considérable, dont l’œuvre s’est constamment tenue sur une ligne parallèle (et fraternelle) à l’art brut sans jamais se confondre avec lui, de vous frotter à une sensibilité explosive que vos rétines et vos cerveaux n’oublieront jamais.
Mais ça urgeotte. J’ai loupé le vernissage le 6 mars et c’est seulement le 16 que Lydia Harambourg m’a alertée par son chiadé petit article du n°11 de la Gazette de l’Hôtel Drouot : «dans ce dédale où quelques mots accompagnent notre lecture stupéfaite, les pulsions nous submergent. L’angoisse a pris corps, servie par le plaisir jubilatoire du geste, la sonorité des couleurs à mi-chemin entre la cruauté d’un Artaud et d’un Bataille et les difformités picassiennes».
N’attendez pas que le catalogue de la Galerie Deman soit épuisé. Au prix où il est (10€), il va partir comme petits pains. Offrez vous ce souvenir qui contient la repro de chefs d’œuvre absolus : Le Combat
Le Cri du Crucifié
en provenance de chez les prêteurs collectionneurs.
L’un d’eux a écrit une préface assez tarabiscotée qui commence à fond la caisse dans le genre prise de tête : «Littéralement, l’interjection c’est de l’énonciation ce qui se jette entre les parties du discours qui s’insinue dans sa continuité (…)».
Je lui préfère le Témoignage émouvant que le sculpteur Claudie Pessey, la veuve de l’artiste, a donné en avant-propos : «C’est quelqu’un qui s’est engagé à fond dans l’aventure de la peinture, au risque de s’y perdre. Toujours sur le fil entre raison et déraison, il s’y est maintenu avec une force admirable».
Macréau vous dis-je.
Michel Macréau, Photo Jean-François Parent
17.03.2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
Un enchanteur limousin, Pierre Giraud
Animula, c’est bien connu, est un puits de science. Un petit puits à côté des profondeurs de ses lecteurs. Comment une petite âme errante serait pas larguée devant le savoir giraudien d’Olivier Bailly, son récent commentateur ?
Allez-y voir son site si je mens !
Sa note du 11 février 2007 : Chaissac, Giraud et les épluchures m’a rappelé que Robert Giraud avait un frère Pierre qui était peintre.
C’est lui l’Enchanteur limousin exposé au sous-sol de la Galerie Drouin en 1947. Il reste le triptyque sur papier pain d’épices édité à l’occasion avec un texte de Michel Tapié qui nous ramène une sœur dans la famille Gi :
«J’ai rencontré dernièrement, dans une mansarde de la rue Visconti, trois spécimens passionnants de ce pays inouï : Pierre Giraud, son frère et sa sœur, m’ont bouleversé par le fanatisme aussi enflammé que farouche avec lequel ils m’ont décrit leur Haut-Limousin».
Pierre Giraud en ce temps-là faisait des dessins madréporiques qui n’étaient pas sans évoquer quelque chose de Chaissac avec leurs formes aléatoires, leur petits poils de minéraux, végétaux sur les bords, leurs points criblants.
Il semble que des deux frères ce soit Pierre au début le personnage clé, encore que très jeune, 22 piges en 47. C’est lui qui connaissait Chaissac first. J’ai entre les mains l’invitation pour une expo qu’il a faite ensuite en 1950 à la Galerie Louise. Elle est adressée (le monde est petit) au journaliste et collectionneur Jean Selz.
Chez papa Rougerie, le vaillant éditeur des poètes (à Limoges bien sûr) les deux frangins ont pondu ensemble en 1958 L’Enfant chandelier
«J’ai planté mon royaume de pierre calcinées
Lanternes sourdes flèches de braises».
Plus tard, il semble que Pierre est revenu à des sentiments plus naïfs comme nous l’indique un dépliant San Francisconien de vers 1961 : «Despite this recognition, Giraud in 1950 decides to forego the rigors of the Art Brut movement, and to return to what he really was, a naive, autodidactic painter».
Vous noterez qu’on employait déjà le mot «Art brut» aux U.S.A. à l’époque et vous n’oublierez pas d’aller vous rincer la dalle «Au Rêve», rue Caulaincourt, sympathique troquet devenu très tendance mais où la patronne se souvient toujours de «Bob»
15.03.2007 | Lien permanent
Poil au Nek !
J’aime autant vous dire que je suis de mauvais poil. Cela tombe bien : c’est les Etats généraux. Les Etats généraux du poil. Au Palais de Tokyo, à Paris où on grelotte et où on poireaute en attendant le bus qui ne vient jamais.
Avec un titre pareil, qui organise cette série de causeries savantes placée «sous l’épitropie de Claude Gudin et Thieri Foulc» ? Le sacré Collège de Pataphysique, bien sûr.
On retrouve donc parmi les conférenciers Marc Décimo qui planchera sur Marcel Duchamp, Jean-Pierre Brisset et le poil (samedi 31 mars 2007 à 18/18h30), Fernando Arrabal, Jean-Christophe Averty et Jacques Carelman dont personne d’entre vous, mes chers animuliens, n’a reconnu le pastiche d’ex-voto que je vous avait offert en dessert dans mon post du 29 décembre 2006 intitulé Ex-voto suscepto. Saisissez l’occase de harceler un poil Décimo en lui demandant si son bouquin sur Les jardins de l’art brut (que j’annonçais sur mon vaillant blogounet le 17 décembre 2006) est enfin sorti.
Les Etats généraux ont lieu le 8, 9 et 10 clinanem 134, c’est à dire (ce qu’ils peuvent être horripoilants, ces Pataphysichiens avec leurs dates pas comme vous et moi) les vendredi 30, samedi 31 mars et dimanche 1er avril, bien sûr.
Et si vous n’avez pas un poil dans la main, remontez un de ces jours-là dans le nord de la capitale pour une visite éclair à la Halle Saint-Pierre. India, deux dias, trois dias, l’Inde est à la mode. L’expo s’intitule donc : India (comme c’est original !). Elle montre quelques tonnes de statues de Nek Chand, trop connu pour que je vous en fasse un fromage.
J’avoue que, pour ma part, je suis un peu fatiguée de Nek Chand ceci, Nek Chand cela, Nek et Le Corbu (sier), Nek et Indira (Gandhi). Plus le créateur s’éclipse derrière l’équipe qui défend son travail et plus on dirait que cette œuvre topologique se décline comme des personnages en lego, un peu partout dans le monde. Effet pervers des trop bonnes organisations !
Un colloque international se prépare à Chandigarth pour célébrer les 10 ans de la Fondation N.C. et nul doute que ça va faire couler de l’encre raw-visionesque. In situ, ça doit être impressionnant cette accumulation de personnages mais à la Halle ça fonctionne moins bien et on remarque surtout la raideur des personnages.
Seul le groupe compact au milieu de la salle du haut a le pouvoir de nous restituer quelque chose de l’ambiance locale mais je vous avais prévenu : je suis de mauvais poil et je salue tout de même la performance qui va permettre aux Parisiennes de sortir leur sari.
29.03.2007 | Lien permanent | Commentaires (6)