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Bettina à la FIAC, Katharina au catalogue
Animula, Bettina, Katharina. Faudrait pas croire qu’il n’y a rien à voir à la FIAC. Impossible par exemple d’échapper à cet INRI en majesté sur le stand C10 de la galerie Jérôme de Noirmont.
Cette christique photo de Bettina Rheims est d’ailleurs reproduite cette semaine (25 au 31 octobre 2006) dans le N°2005 de Pariscope. Robe longue, mannequin en toile, ostentation de la pose, dimension et éclairage de la salle où se situe la scène…
tout cela m’a fait penser à la photo anonyme de la Collection Prinzhorn représentant Katharina Detzel montrant un de ses virils simulacres à l’objectif (voir le catalogue La Beauté insensée). Mais vous allez me dire : «ma pauvre Ani, tu es complètement obsédée par ton sujet, tu vois de l’art brut partout!» et sans doute vous aurez raison
29.10.2006 | Lien permanent | Commentaires (6)
Indomania à l’Hospice
Imaginez-vous que votre petite âme errante s’est réveillée avec une fringale de connaissance. Elle voudrait savoir ce qui pousse le n° 89 de TGV Magazine (novembre 2006), qu’on lui a collé d’autor dans le Thalys samedi, à intituler Monde brut une brève sur l’expo D’un regard l’autre qui se tient au Musée du Quai Branly? Il n’est pourtant question là que de «déconstruire le mythe du bon sauvage». Art brut/Arts primitifs, même salade! Comment voulez-vous que le grand public s’y retrouve?
Même remarque pour Indomania, l’art populaire indien au Musée de l’Hospice Comtesse à Lille. J’espérais voir des petits objets sympas, par exemple ces reliquaires de poche contenant des idoles rabougries comme dans la Collection Selz-Tallandier au musée de Noyers-sur-Serein.
Les organisateurs dans leur choix ont préféré éviter ces excès démocratiques. Si j’excepte certaines babioles en métal de récupération qui se fabriquent partout dans le Tiers Monde pour être vendues dans les boutiques à bobos, cette expo contient surtout des photos peintes pour maharadjahs (style Pierre et Gilles), des chromos dans le genre saint-sulpiciart (remplacez Jésus par Ramâ, la Vierge Marie par Krischna), des affiches bollywoodiennes.
Bon, j’exagère. Il y a toute une série de collages qui se laissent regarder. Certains avec des personnages de l’omniprésent panthéon indien appliqués sur des fonds peints assez naïfs, d’autres sur des chromos allemands, plus «surréalistes».
J’ai aimé le rideau de cartes à jouer en macramé.
J’ai même dégusté du bout des lèvres une tapisserie à éléphants bleus plus mariols que les pachydermes en résine qu’on a dressé sur la place du Théâtre pour que les touristes puissent se photographier devant comme ils se photographient près de la grosse horreur de chimpanzé géant qui trône dans la cour de l’Hospice Comtesse.
A cause d’elle personne, sauf votre servante, ne s’aperçoit que la façade du dit Hospice fait les gros yeux aux visiteurs.
05.11.2006 | Lien permanent
Jules (Leclercq) et Diego (Velasquez)
Dans la série Je voudrais savoir, j’aimerais aussi qu’on me dise (au secours, chers lecteurs) qui est exactement cette Jacqueline Vizcaïno dont les œuvres kaléidoscopiques figurent en ce moment dans une expo collective qui se tient jusqu’au 26 novembre à Bègles près de Bordeaux, au Musée de la Création franche
Son pointillisme, ses entrelacs où viennent se pièger des oiseaux, des visages et des fleurs, me font penser à certaines productions de médiums ou de radiesthésistes, genre Crépin ou Godi mais peut-être que je me trompe (d’éléphant lillois, bien sûr).
Tant que vous y êtes, si l’un ou l’une d’entre vous, étaient capables de m’administrer la preuve qu’une reproduction du tableau de Diego Velasquez, La Toilette de Vénus, figurait bien dans les affaires de Jules Leclercq à sa mort, je lui ferais la bise au Jour de l’an.
Le dossier d'aide à la visite de l’exposition Jules Leclercq (Les Chemins de l’art brut 5) à la Catho (je n’ai pas pu m’empêcher d’y retourner) a l’air de tenir pour avéré que l’image du peintre espagnol «a fait une forte impression sur J. L.».
06.11.2006 | Lien permanent | Commentaires (9)
Gabriel, du jardin au ciné
04.07.2006 | Lien permanent | Commentaires (3)
Mon week-end à Prague (suite)
«C’est vrai que nos voisins braillent la nuit comme des hooligans, que les lits séparés c’est pas idéal pour les câlins et que la couette laisse les pieds nus dans la clim mais valait mieux être logés au Fenix-Hôtel qu’à la cloche de bois», disais-je à mon chéri ce matin du samedi 15 juillet.
La rencontre d’une jambe ailée graffitée sur un mur de la vieille ville (staré mesto) ne parvenait pas à le faire sourire, lui qui marchait d’un pas bougon. En arrivant au cœur de Prague (Staromestké namesti) il fulminait encore. Non que la Maison à la cloche de pierre (Dům U Kamenného zvonu) où se tient l’expo abcd soit difficile à trouver. On peut pas la manquer, c’est la seule du genre gothique sur la place un peu bouffée par les pâtisseries rococo qui poussent alentour. Mais «allez donc prendre une photo de l’extérieur avec tous ces Japonais qui japonisent, ces Tedeschis qui tedesquisent et ces 700 millions de Chinois qui suivent une fleur brandie par leur guide!» Quand enfin il y est parvenu c’est avec soulagement qu’il a tendu son billet à la dame de l’entrée pour qu’elle lui en arrache un morceau.
De voûtes d’ogives en arcs en plein cintre, l’exposition nous a fait cheminer au travers d’une quinzaine de salles en compagnie des autres visiteurs et de quelques gardiennes à frisettes et robes à fleurs rétro. Impossible de tout décrire, c’est sur deux étages! Parfois une volée de marches permet de prendre un point de vue supérieur comme dans la salle des Wölfli. L’accrochage a dû s’adapter aux contraintes du lieu, à son poids culturel aussi, comme dans la salle des Forestier (regrettons toutefois qu’on ne puisse tourner autour) où il a fallu s’accommoder des restes de fresques anciennes. Il est intéressant de voir ces œuvres confrontées avec ce cadre médiéval, d’autant que les concessions n’ont pas été recherchées. Dans la salle des Darger, le spectateur est placé d’emblée devant les scènes les plus cruelles par exemple. Bon, j’abrège parce que monsieur Ming mon coiffeur m’attend mais sachez qu’on termine sur le très émouvant cocon-escargot de Judith Scott.
Dommage qu’on ne puisse sortir sur ce point d’orgue. Il faut revenir sur ses pas pour quitter l’expo.
Cela m’a permis de me faire de la pub sur le livre d’or sous la tête de mort d’un marmot tchèque. Cela a permis aussi à mon chéri qui avait retrouvé le sourire de repérer sur le plan la brasserie de la Maison municipale où nous sommes allés nous gaver de strudel dans une ambiance Sécession viennoise.
18.07.2006 | Lien permanent | Commentaires (10)
François Augièras, le dernier primitif
Y’a pas si longtemps, je parlais de Bissière. Cela m’a fait penser à Augièras qui ponçait les pierres lithographiques de Bibi quand celui-ci fabriquait le Cantique à notre frère soleil à Boissierette, sa maison du Lot, au début des années 50. Comme les choses sont bien faites, votre petit âme errante est tombée ensuite sur la biographie de François Augièras par Serge Sanchez, publié en février 2006 chez Grasset. J’aime pas trop le sous-titre : Le dernier primitif mais 455 pages, un index, un dossier avec des photos qu’on connaissait pas toutes, ça se refuse pas quand il s’agit d’un écrivain (et d’un artiste) aussi émouvant que François Augièras.
Augièras construisait des radeaux sur la Vézère, apprenait l’art des icônes auprès des moines du Mont Athos, bivouaquait à la belle étoile ou au fond des grottes, mourait trop tôt du cœur.
Son âme était trop grande pour rester dans les limites d’une religiosité convenue, son corps trop épris de liberté pour se contenter d’une sexualité ordinaire. Autodidacte de l’écriture et de la peinture, il vaut mieux que l’étiquette «new-age» qu’on colle parfois à ses livres : Le Vieillard et l’enfant, Une adolescence au temps du Maréchal, Domme ou l’essai d’occupation etc. C’est un poète, accomplissant sans faillir son destin maudit, un Rimbaud qui aurait commencé par le désert.
Ses rapports ambigus et conflictuels avec ceux qui lui rappelaient la figure paternelle dont il manqua dans son enfance se révèlent à chaque instant dans son œuvre. A cet égard, son oncle Marcel, colonel de méhariste retiré dans le sud de l’Algérie, demeure un personnage central. Ce tonton, vieil original autoritaire, avait installé dans son bordj d’El Goléa un petit musée (tiens, tiens) consacré à la chasse, à la préhistoire, à l’ethnographie saharienne et soudanaise et à des curiosités scabreuses. Dans sa correspondance, il mentionne la visite du «peintre X… et sa femme qui aiment beaucoup El Goléa (et ses distractions !...)».
Le peintre X «n’était autre que Jean Dubuffet», nous apprend Serge Sanchez. «Ce dernier aimait El Goléa. Il y fit de longs séjours (…) entre février 1947 et mai 1949 (…) Jean Paulhan, qui vint le voir du 20 au 23 mars 1948, était peut-être présent durant cette visite au musée local…». Malheureusement François Augièras n’était pas chez son oncle à ce moment-là mais on ne peut s’empêcher de rêver à ce qu’aurait pu être sa rencontre avec les deux Jean.
10.07.2006 | Lien permanent | Commentaires (3)
Mon week end à Prague
A la crème fouettée, en soupe froide, marinées dans du miel balsamique, à la menthe verte et sucre roux… c’était le jour des fraises (Jahodové dny) au café Louvre et votre petite âme errante s’en est pourléché les babines.
Comme elle n’était toutefois pas venue à Prague pour passer sa jeunesse dans ce haut lieu de la vieille cuisine tchèque sur les banquettes de laquelle les fesses de Franz Kafka et de Karel Čapek se sont posées avant les siennes, elle s’est précipitée dans la rue Narodni en direction de l’avenue Venceslas qui sent si bon la saucisse pour rejoindre l’Institut français de la rue Stépanska et son exposition Janko Domsic et Zdenek Kosek. Evidemment c’était fermé pour cause de 14 juillet. C’était naïf de ma part de croire qu’à l’étranger la patrie de Rouget de L’Isle puisse s’aligner sur les usages locaux. Je me suis donc bornée à contempler les 2 grandes pièces de drap tricolore qui agrémentaient les fenêtres hermétiquement closes de l’immeuble institutionnel et puis je suis allée boire une pivo (bière) avec mon chéri dans un pub irlandais grouillant de crânes rasés en pantacourts puisque tout le reste était ouvert et grand ouvert. Heureusement que sur le chemin j’avais fait la découverte du délicieux jardin franciscain du 18 de la Jungmannova namesti parce qu’à l’entrée sur la place, dans un bâtiment qui abrite le Forum autrichien de la Culture (Österreichisches Kulturforum) qu’est-ce que j’apercois pas ?
Des affiches avec le mot art brut qui me saute au visage. Et c’était pas la grande expo d’abcd dont il s’agissait. Celle là, je vous en parlerai demain, parce que ce soir je suis un peu fatiguée d’avoir dû poireauter à Roissy parce que -maudit week end du 14 juillet- il n’y avait que 2 douaniers pour 3 ou 400 avions. Non, non, non, c’est une expo Gugging qui se tient là : Art Brut in Österreich, Kunstler aus Gugguing und weiteren Ateliers. Je me la serais bien mise sous la dent mais, devinez quoi ? c’était trop tard.
16.07.2006 | Lien permanent
Une semaine d'enfer
Je vous préviens, la semaine va être dure. Accrochez-vous bien, mes petits animulators si vous voulez avoir l’air au parfum. Comme il est tard, je vais au plus pressé mais il va de soi que le moins que vous puissiez faire c’est
1° d’aller au vernissage Gugging, un foyer pour l’art brut le jeudi 6 avril à la Galerie Objet Trouvé près de la Bastille entre 18 heures (après votre séance chez le dentiste) et 21 heures (avant de retrouver le chemin de votre dodo).
3° de faire un crochet le même soir à la galerie abcd de Montreuil où Patricia Allio fait une perf(ormance) à partir des écrits bruts sous le titre très tendance de : Ingénieurs de l’univers.
De Ménilmuche, changement à Nation puis la ligne 9 et ne me dites pas que vous êtes restés en Charente-Maritime, s’il vous plaît.
05.04.2006 | Lien permanent | Commentaires (1)
Des Jacqueline B. partout !
Et comme ce dessin est biface, je vous colle en prime le croquis qui figure au verso avec son bonhomme sur une échelle. En espèrant que vous en prendrez «plein la figure» et «plein le bonnet» pour reprendre les termes imagés de l’une de nos avisées commentatrices.
29.04.2006 | Lien permanent
…Vialatte qui se dilate
«On me demande pourquoi j’aime Dubuffet. J’aime Dubuffet parce qu’il est charmant! D’abord il a des petits cheveux tondus ras, bien frottés à la toile émeri, qui lui font un crâne de légionnaire, des yeux bleus en toile de Vichy, bien lavés de frais, qui se souviennent d’on ne sait quels fjords».
J’arrête là pour ne abuser du droit de citation mais tout le monde aura compris. Le plus fort, c’est que la victime a l’air d’apprécier. Dans sa préface à Jean Dubuffet et le Grand Magma, le voilà qui déclare tout de go : «La chronique cocasse de mes travaux d’Alexandre Vialatte en restitue peut-être le lieu propre de manière plus frappante que tous les écrits d’autre commentateurs. J’ai toujours eu la cocasserie en haute estime».
Tout ça m’inspire donc ma pensée du jour :
L’ART BRUT EST UNE CHOSE TROP SÉRIEUSE POUR ÊTRE LAISSÉ AUX BONNETS DE NUIT.
30.04.2006 | Lien permanent