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Rechercher : plancher de jeannot

Le pasteur perché

J’investis dans l’immobilier. Non, je déconne. J’investis dans Jésus. Nan... Je bouffonne tout pareil. La vérité c’est que je suis tombée sur un article en ligne de La Vie. Pas La Vie catholique, La Vie immo.com (Le portail de l’immobilier). Une fois n’est pas coutume. C’est bien la première fois que je trouve une info valablement animulienne sur la bande passante de Yahoo! France qui ne me refile d’ordinaire que des tuyaux sur les candidats, les people et les joueurs de baballe.

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Cet article de Badr Lebnioury, qui cite comme source le journal britannique The Sun, nous apprend qu’un gars du Tennessee (la patrie de Davy Crockett) vient de se construire dans les arbres une cabane d’enfer avec terrain de basket incorporé.

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Ph J. Stephen Conn

Avec ses 900 mètres carrés, ce prédicateur de Crossville peut jouer les «barons perchés» (comme dit Italo Calvino) avec sa daronne puisque cette construction extraordinaire lui a été offerte en cadeau.

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Exceptés les milliers de clous, les matériaux utilisés par le bâtisseur américain (bois de récupération issu de vieilles granges et hangars, matériaux hétéroclites du genre plaques minéralogiques) font penser, bien sûr, à ceux du Québécois Richard Greaves.

Horace Burgess

Mais la comparaison s’arrête là. Pour impressionnante qu’elle soit, la bâtisse géante d’Horace Burgess (c’est le nom du charpentier américain) a tout de même un côté plus «sage», moins «décalé» que celles de Greaves qui demeure le champion de la beauté à la limite de l’équilibre.

Cela tient peut-être à ce que Burgess est aussi un architecte-paysagiste. Quelque chose de raisonné qui vient du métier se sent chez lui.

Horace Burgess

Encore faut-il préciser que la tâche impossible, à laquelle il s’est attelé en 1993, lui a été inspirée directement par «le Tout puissant» qui a promis de lui filer un coup de main pour qu’il ne manque jamais de matos.

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En reconnaissance, Horace, en vrai land artist, a écrit JESUS à la tondeuse dans son gazon (béni).

Horace burgess

L’article est illustré par une photo de J. Stephen Conn prise en octobre 2011. Il renvoie à une galerie de 12 beaux clichés dans laquelle je pioche respectueusement et parcimonieusement pour vous donner envie de voir la suite.

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La cabane vue de Google Earth

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Dépotintô, dépotintè, Tô é dépotintô

Blason_Montbrison.jpgJe peux pas vous servir que du réchauffé. Je me tourne donc vers Montbrison. On est cachottier dans cette capitale du Forez. Une expo intitulée De l’art brut et d’autres choses vient d’y débuter et on ne nous le dit pas ou alors à mots couverts (que fait la PQR ?).images.jpg

A vrai dire, ça fait plusieurs mois déjà que j’avais vent du projet mais j’avais oublié avec tous les chats que j’ai eu à fouetter

A Montbrison, il y a un musée et c’est là que sera abritée jusqu’aux frimas de novembre 2012, ladite expo qui mêle gaillardement, selon le programme, «des œuvres majeures de la Collection de l’hôpital parisien Sainte-Anne», «le travail d’Alain Rault, sans domicile fixe rouennais», «des dessins suggérés (sic) aux pensionnaires de l’établissement Charles Foix», des «objets de tranchées de la Grande Guerre», «des objets perruqués» et «quelques œuvres d’art brut inédites de Sylvia Marquet».

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Ce rassemblement pour le moins hétéroclite (inauguré le 5 avril 2012) a pour cadre l’ex hôtel particulier de Jean-Baptiste d’Allard (1769-1848), un militaire passionné de taxidermie. Pour l’anecdote, précisons que le cabinet de curiosités, légué par cet aimable rentier à sa ville, comprend un prisonnier espagnol de l’époque napoléonienne, proprement empaillé après avoir été victime d’un accident du travail mortel sur le chantier de l’hôtel d’Allard alors en construction.

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Charmant écrin pour une expo qui souhaite aller «au delà du silence»! Celle-ci s’inscrit dans «le feuilletage actuel de l’art brut»( ?). Comprenne qui pourra.

Ni l’art des poilus de 1914-1918, ni les objets fabriqués pour eux-mêmes par les ouvriers durant leur temps de travail n’appartiennent, bien sûr, au domaine de l’art brut. Il y a bien, parmi les très rares reproductions proposées à la curiosité du public, un Aloïse mais il n’est pas des plus fameux.

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Vraiment, on vit une drôle d’époque. Il y a de véritables expositions d’art brut qui ne veulent pas dire leur nom (l’expo actuelle de la Halle Saint-Pierre à Paris par exemple) et, réciproquement, des expos qui se parent imprudemment du label comme celle de Montbrison. Cela ne veut pas dire qu’il faille négliger ces dernières. Allons à Montbrison pour éprouver nos définitions!

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Je ne crois pas pour ma part que l’activité grapho-compulsive d’Alain Rault puisse être qualifiée de «travail» comme n’hésite pas à l’écrire Henri Pailler, le conservateur en chef des Musées du Forez. C’est un contresens de croire que monsieur Rault s’inscrit dans un projet comme n’importe quel artiste contemporain.

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Je ne suis pas bien convaincue non plus que les créations de Sylvia Marquet relèvent de l’art brut bien qu’elle expose chez Ritsch-Fisch.

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Mais chacun est libre. Et si quelque Animulien passe par Montbrison qu’il n’hésite pas à nous donner ses impressions! Et même ses images car on est plutôt chiche de visuels du côté de chez Allard.

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Retour du Carrousel

«Here we are again!» comme dit Lionel Barrymore dans You can’t take it with you, le mémorable film de Frank Capra.

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autochenille.jpg«Coucou, nous revoilou!» en langage animulien standard. J’ai pris du retard. Des tas de bâtons se sont mis dans les roues de ma petite auto-chenille et j’ai perdu les pédales.

Raison pour laquelle je vous ai interprété «blogue en pause» pendant plusieurs jours. Avec tout ça, je ne sais plus où j’en suis, même si je me dis : «Bouge ta vie!».

bonbons.JPGLa dernière chose dont je me souvienne c’est la jolie coupe de bonbecs où j’ai puisé sur le stand de la Galerie Béatrice Soulié qui exposait les «Pierres noires» de Paul Rumsey au salon du dessin contemporain du début du mois.

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Cet artiste anglais a beau ne relever en rien de mon dada brut, je dois dire qu’il ne m’en a pas moins collé une pêche au creux de l’estomac de ma petite âme errante avec ses fusains borgésiens et ses vanités cosmiques.

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Genre pas brut pour un sou non plus mais super-intéressant quand même, les très originaux collages de Lance Letscher sur le stand de la Galerie Vidal-Saint Phalle. Je ne sais pas comment cet artiste se débrouille mais il échappe aux poncifs métaphoriques surréalistes trop souvent de règle en matière de collages.

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Et même quand Dada l’effleure ou le constructivisme c’est avec une vertigineuse dextérité qui fait exploser les influences au sein de compositions vraiment ambitieuses car vraiment éclatées. Malheureusement il y a toujours un gros lourd pour pointer son nez au moment où je prends la photo.

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Mais ceux que ce travail passionne pourront le retrouver au 10 rue du Trésor dans le 75004, adresse de la Galerie VSP.

Pour finir, quelques clichés tombés de mon album lors de la visite. Pour ceux qui n’étaient pas au Carrousel du Louvre, j’ai ouvert le cartonnier du Creative Growth d’Oakland dont le stand très mimi tout plein mutipliait les murs par trois grâce à sa gestion optimisante de l’espace.

Donald Mitchell

En témoigne ce panneau de Donald Mitchell avec -notamment- des petits formats rectangulaires plus diffus que d’ordinaire. On y reconnaît le personnage générique de DM mais «le bonhomme s’est collapsé dans le paysage» comme l’expliquait Gaëla Fernandez qui officiait ce matin là quand je suis passée chez elle.

gaëla Fernandez,Creative growth art center

En A19, chez Christian Berst Art Brut Paris, on s’affairait autour d’une video qui prolongeait sa grasse matinée. Mention spéciale du jury pour la collaboratrice du galeriste dont le caraco vert dérogeait heureusement à l’uniforme noir adopté par les dames présentant les œuvres sur les autres stands.

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L’endroit nous la jouait loft cosy autour d’un gobelet de café, la spécialité du patron. L’accrochage se distinguait par sa cohérence et son unité au service d’une réelle élégance intellectuelle. Quand c’est bien, faut le dire.

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J’ai vu d’un autre œil qu’à la galerie la boîte métallique lumineuse mettant en valeur les radios peintes à l’encre de Chine par Eric Benetto, un copain de l’Abbé Coutant, lui-même pote à Gaston Chaissac.

Eric Benetto

Même si on peut chipoter l’encadrement qui ajoute sa dimension «art-contemporaine» à ces œuvres de méditation fantomatique, on doit admettre que s’ouvrait là, dans ce salon de mieux en mieux professionnel, une fenêtre sur un «nouveau monde» de mystère.

Eric Benetto

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08.04.2012 | Lien permanent

Richard Greaves change d’environnement

lezard-collier.jpgLe hasard c’est pas comme le lézard.

«Y’a pas de lézard» et

«le hasard fait bien les choses».

La preuve : au moment où des nouvelles de Richard Greaves nous arrivent par l’intermédiaire de la revue 303, des photos récentes du grand créateur québécois sont tombées dans ma messagerie et par ricochet sur vos écrans. Tous les Animuliens du monde entier seront ravis d’apprendre que Richard Greaves, que j’avais un peu perdu de vue, va bien et continue à œuvrer sous le ciel de sa province de Beauce (Qc).

Richard Greaves

Pour les nouveaux qui se branchent maintenant sur mes lignes, je rappelle brièvement que Richard Greaves, depuis 1989, où il a quitté la ville «qui tue l’être humain» a édifié, sur un terrain avoisinant une forêt, tout un ensemble de bâtisses superbement déstructurées mais solides, témoignant d’une passion pour l’asymétrique.

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Richard Greaves,Mario Del CurtoSous la houlette de Sarah Lombardi, actuellement en charge de la CAB de Lausanne, et de Valérie Rousseau, cofondatrice de la SAI (Sté des Arts indisciplinés), un bouquin du genre incontournable est sorti en 2005 sur l’œuvre de Richard Greaves, anarchitecte. Remarquablement illustré de photos dues à Mario del Curto, c’était fatal qu’il s’épuise. Tant mieux pour les petits chanceux qui le possèdent.

On peut aussi glaner de l’information par ci, par là. Le bruit avait couru que Richard avait abandonné son site. Ce n’est pas vraiment le cas. L’article de Jean-Louis Lanoux dans 303 (Richard Greaves, bâtisseur de l’oblique) précise des choses indispensables à connaître pour ne pas désespérer de «l’urbaniste funambule (…) à l’allure d’éternel adolescent, mince et dansant». Richard que diverses péripéties «ont éloigné de son site historique, s’est installé dans un village voisin où il crée derechef».

Richard Greaves

Et son public peut donc continuer à l’encourager de loin en respectant la tranquillité nécessaire à son travail, à sa vie et à celle de ses proches puisqu’il a fondé une nouvelle famille.

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Dans son nouveau cadre, Greaves travaille toujours avec «la vidange du monde», ces «monstres» (comme nous les appelons en Europe) que la société industrielle multiplie autour de nous. Il transforme et inclut ces «déchets» pleins de promesses dans des installations qu’il assemble au moyen de cordelettes plutôt que de clous qui agressent les matériaux.

Richard Greaves

Lanoux, à ce sujet, cite un propos fort éclairant de Richard Greaves : «J’ai beaucoup aimé et observé les vieux objets, les objets utilisés, les objets rongés par la force du temps et les histoires humaines. Je ne me considère pas différent : une chose qui a beaucoup servi, qui a vécu, que l’emploi et l’abus ont usée et polie».

Richard Greaves

Les photos de mon post sont de Louise Boucher, la compagne de Richard. Merci Lou, de les avoir prises pour Ani et ses lecteurs! Elles nous donnent une forte envie d’hiver québecois. Merci de nous faire savoir que «Richard continue de défaire des anciens bâtiments : école, grange, pour en faire des nouvelles cabanes selon ses méthodes et sa marginalité».

Richard Greaves

C’est réconfortant de savoir que, de temps à autres, il retourne dans le rang Chaussegros s’occuper de ses anciennes bâtisses. «L’action de la neige et de la pluie peut avoir raison d’elles mais de patrimonialisation il n’a cure» écrit l’auteur de l’article sur Greaves dans le n°119 de 303. L’action de l’eau, c’est bien connu, fascine Richard Greaves. «Toutes mes cabanes sont devenues croches (= tordues) grâce à l’eau». Laissons lui ce mot de la fin.

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Un dimanche à Versailles

Versailles_affiche_Chemins_de_fer.jpgJe hais les dimanches. Alors je prends le train et je vais à Versailles. Mais j’ai horreur du château. Il me rappelle ce mot de Fénelon (aperçu sur le blogue de Thierry Savatier) reprochant à Loulou le 14e d’«avoir appauvri la France entière, afin d’introduire à la cour un luxe monstrueux et incurable».

Plutôt que ce soit-disant vénérable édifice, je visite les pâtisseries qui sont super à Versailles. Je bois du chocolat. chocolat chaud gp1.jpg

Mais j’ai beau faire, à Versailles on retombe toujours sur les canassons.

Inimaginable le nombre de bâtiments qui servaient de garages à dadas.

Ecuries de la Reine par ci, écuries de Monsieur par là.

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On imagine le crottin? Qui le ramassait? L’homme du commun. Aujourd’hui désoeuvré, celui-ci en est réduit à rêver d’amour et de voyage. Il s’épanche sur les murs.

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Les murs de la Maréchalerie, par exemple, qui abritent le Centre d’Art Contemporain de la ville. On trouve plus à Paris de tels graffiti gratouillés à la pointe. Le temps manque dans la Capitale. On y préfère les bombages. Récemment, j’ai tweeté une licorne de trottoir mais elle n’a pas passionné les foules. J’aurais peut-être plus de chance en mettant cet avion sur mon blogounet.

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Beauté pliée à Haarlem

Vous reprendrez bien un p’tit coup de Hollande? Mille marmites (comme dirait le Père Peinard), cela s’impose, en ces temps républicains! Aussi ma chronique sera-t-elle batave en ce soir de grande lessive électorale.

batavia 2.jpgEt puisque la batavia est au menu, quelques mots en néerlandais d’abord : «Museum Het Dolhuys in Haarlem presenteert Verborgen schoonheid uit Japan, een tentoonstelling met bijna 1000 kunstwerken van 50 verschillende kunstenaars».

Même si vous êtes un francophone endurci, vous avez compris que mon néerlandais avait les yeux bridés.

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Et fûtés comme le sont les Animuliens fidèles, vous avez deviné de quoi il retourne. Je vous parle d’une exposition. Elle a lieu dans un musée de Haarlem (jusqu’au 2 septembre 2012). Elle présente environ 1000 pièces d’environ 50 créateurs japonais de l’espèce «outsider art».

Pour citer la version en idiome international : «Het Dolhuys museum located in Haarlem, presents Outsider Art from Japan, an exhibition of nearly 1000 artworks by 50 different artists».

Pour ceux qui comme moi, l’ignoraient encore ce matin, Het Dolhuys est un jeune musée de psychiatrie fondé en 2005. Il vise à interroger les conceptions de la folie en invitant ses visiteurs à réfléchir au lien entre normal et pas normal. Dans le but de concourir à préserver les personnes rencontrant des problèmes psychiatriques de certains préjugés tenaces (du genre : «rien de beau ne peut sortir de la folie» comme a osé le prétendre notre calife sortant, un jour où il venait de traiter de zinzin un de ses rivaux du même camp que lui).

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Hans Looijen, le directeur du Het Dolhuys ne craint pas, lui, de se coltiner cette verbrogen schoonheid. «Beauté pliée» si j’en crois l’équivalent tordu que j’ai obtenu avec Gougueule-Traduction. Avouons que les approximations de celui-ci ont du bon quand elle dérapent comme ici dans le poétique.

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Marie Suzuki

Cette beauté pliée, il l’a rencontré tout d’abord à Paris en 2010 en visitant l’expo Art brut japonais (en ce temps là, on n’avait pas peur du mot à la Halle Saint-Pierre) qui fit un score de 120.000 entrées, selon H.L. Il aurait pu la croiser auparavant à Lausanne en 2008 dans l’expo Art brut du Japon.

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Sawada Shinichi

Curieux des destins respectifs des différents auteurs, Hans Looijen a poursuivi la beauté pliéejusqu’au Japon et l’a assise sur ses genoux. En collaboration avec l’Aiseikai Organization et le No-Ma bordeless art museum in Japan, et après avoir rencontré les créateurs dans les institutions qui les protègent et les encouragent, il a sélectionné le riche matos de son expo haarlemienne actuelle.

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Takashi Shuji

Car, attention, l’expo du Museum Het Dolhuys n’est pas une simple réplique du précédent tsunami parisien! 25 des créateurs japonais présentés à Haarlem exposeront pour la première fois en Europe. In english : «around 25 artists will exhibit for the first time in Europe».

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Yukiko Yamada

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Ma postière est une sorcière

affiche 2.jpgCela me fait doucement rigoler de lire sur le prospectus de l’expo Sorcières que celle-ci «s’inscrit dans l’engagement de La Poste dans la lutte contre les discriminations (…)» etc.

Cet ex service public, qui transfère aux usagers le boulot de ses préposés qu’elle remplace par des machines n’acceptant jamais mes billets de banque fripés, n’est jamais en retard d’une auto-promotion.

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Mais bonne fille comme je suis, j’oublierai un moment les crises de nerfs que je pique dans mon buro d’affranchissements et je vous vanterai les mérites de cette exhibition du Musée de la poste (près de la gare Montparnasse) rebaptisé L’Adresse (!) sans doute pour figurer en tête des listes.

On va voir Sorcières, mythes et réalités (jusqu’au 31 mars 2012) comme on irait se faire désenvoûter dans nos campagnes. Un conseil à ce propos : commencer par la fin en pénétrant directement chez Madame P, une «sorcière» qui officiait dans un hameau de la Creuse jusqu’aux années 50 du XXe siècle. Vous n’en prendrez que mieux la réalité (y compris artistique) de la chose en pleines mirettes sans passer par le filtre du parcours savant que le plan de l’expo tend à nous faire suivre.

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Il sera bien temps de relativiser ensuite mais pour ces premiers instants mieux vaut faire avec sa sensibilité qu’avec son intellect. C’est qu’on est d’emblée de plain-pied avec une sorte de vaudou rural bien de chez nous.

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Les vitrines sont pleines d’objets ayant accompagné des pratiques magiques. Objets découverts dans la maison de Madame P. après sa mort. Des têtes de diables, fabriquées sur commande par un potier local.

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Des figures humaines ou des cœurs plantés de clous comme des fétiches africains.

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Des souches d’arbres sculptées de formes fantastiques où l’on touche aux territoires de l’art brut.

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Respect, respect, respect! C’est pas de la rigolade. Ces objets ont été recueillis par l’ethnologue Daniel Pouget. Ils proviennent de sa collection du Couvent de Chazelles sur Lavieu (Loire) qui m’a l’air bien passionnant.

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La place me manque pour vous raconter les autres sections de l’expo mais il y a encore pas mal de curieuses choses à se mettre sous la paupière : statuette d’envoûtement, cannes de bergers, tuile faîtière, anti-sex-toys destinés à couper le sifflet d’un nouveau marié à qui on veut faire des misères (on appelait ça «nouer les aiguillettes»).

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affiche.JPGA la sortie, avant de vous précipiter sur le catalogue ou sur Le Mag qui contient un entretien avec Hugues Berton et Christelle Imbert, les deux ethnologues dont beaucoup d’objets figurent dans l’expo, n’oubliez pas de looker l’extrait de Häxan, le film muet du grand cinéaste danois Benjamin Christensen. C’est de 1920 et c’est magique.

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03.03.2012 | Lien permanent

Saint Goussaud fait un effet bœuf !

Petit bonus à ma note précédente sur les sorcières du Musée de la poste et les fétiches à clous. En cherchant une recette de bœuf bourguignon, je me suis souvenue du Bœuf de Saint-Goussaud que j’avais croisé dans un bouquin sur les coutumes de mariage en Limousin publié sous la direction de Michel Valière en 1995.

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«De la cuisine au mariage, il n’y a qu’un pas…» m’a dit mon chéri que j’ai et je lui ai lancé un regard noir vu que je suis pas du genre à effeuiller la marguerite dans le pot au feu. Mais enfin, il n’a pas tort puisque grâce à mes petits talents culinaires, je suis retombée sur ce bon bœuf gras de Sèn Goussao (occitan de Saint-Goussaud), village dont Wikipedia nous dit que Pierre Michon l’a évoqué dans les Vies minuscules (faudra que je vérifie).

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Goussaud, avant d’être saint, était un berger, ce qui fait que l’histoire commence bien. Ce protecteur des bestiaux, que j’évoque d’autant mieuh que le Salon de l’Agriculture bat son plein à Paris, est l’objet d’un culte populaire qui a su s’imposer dans l’église catholique de l’endroit.

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«Au nord-est de la Haute-Vienne, du côté de Laurière, pour trouver un fiancé, les jeunes filles allaient faire leur dévotion à Saint-Goussaud, à quelques kilomètres de là. Elles piquaient  des épingles dans la statue du saint ainsi que dans le petit bœuf en bois de buis au pied». Voilà ce que nous apprend Un jour qui leur appartient…et il semble que cette innocente pratique magique ait toujours cours si j’en crois les photos récentes de la bête à cornes trouvées sur le net.

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Doua vei per an nous van à Sèn Goussao

Li fa la devouci per notre gros betiou

Las fillas lou garçous li vant de lour couta

Li piquas de l'épingas par lou fa marida

Une histoire qui se termine bien aussi, donc.      

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DRAWING NOW, Dan Miller à Paris

On m’écrit de New York. Les magnolias sont en fleurs.

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Ici, le printemps fait ce qu’il peut mais il a du sang sur la tête et cela plombe l’atmosphère. Je me réfugie dans le rêve. Dans un paysage vert et vallonné qui fait penser à une Suisse normande quelque peu américaine, je roule en dormant derrière un cycliste coiffé d’un casque tout blanc. «Dan Miller!» me dis-je, en ouvrant les yeux parce que suis pas en avance vu qu’il est déjà 8h.

Dan Miller

Dan Miller, vous savez, c’est ce peintre-dessinateur qui tresse les lettres de l’alphabet et superpose les lignes de mots en échappement libre pour aboutir à des sortes de mille-feuilles graphico-insignificatoire. Dan miller

Il fait partie des 5 d’Oakland dont je vous ai parlé, il y a 5 ans, dans ma note Montreuil California. Dan Miller, dont la tête est toujours protégée parce que l’épilepsie dont il souffre risque de le faire chuter, fréquente le Creative Growth Art Center.

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Celui-ci exposera pour la première fois au salon du dessin contemporain qui se tiendra au Carrousel du Louvre du 28 mars au 1er avril (ce n’est pas une blague!). Trois de ses vedettes au programme : Donald Mitchell, Dwight Macintosh et… Dan Mimi himself.

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On conçoit que pour le creative Growth la semaine prochaine sera très excitante puisqu’un autre événement majeur se profile pour lui, relativement à Dan Miller encore. Il s’agit de l’expo à la galerie parisienne Christian Berst qui sera vernissée samedi 24 mars 2012 de 16 à 20 h, entre le goûter et l’apéritif.

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Le message-annonce du CGAC ne dit pas si les viennoiseries et les cacahuettes seront au rendez-vous. Cependant je le cite : «Dan Miller’s first solo show in France, Graphein, wild be held at the prestigious art brut gallery, Galerie Christian Berst. The title of the show is greek for «mark-making» or writing/painting and perfectly depicts Miller’s tireless creativity-superimposing considerable layers of writing to the point abstraction».

couv AREA mars 2012 .jpgQuasi dans les mêmes heures, au fond de la cour et au 2e étage du 50 rue d’Hauteville dans le 75010, on fêtera la sortie du nouveau numéro de la revue Area : Artiste, un métier ?

La revue d’Alin Avila s’interroge «sur le statut de l’artiste et son rôle dans la société».


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Cela a son charme aussi.



En se démerdant bien on peut facilement se faire les deux vernissages, pas si éloignés sur Google maps.

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23.03.2012 | Lien permanent

J.D.J. ouvre l’œil

Iris Clert dans la Gazette de l’Hôtel Drouot, forcément ça fait tilt. Surtout si son portrait est l’œuvre de Gaston Chaissac qu’elle exposa dans sa galerie au beau temps du pop.

iris Clert,Gaston Chaissac

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Aujourd’hui, ce qui fait boum c’est la vente publique où figurera samedi 31 mars 2012 cette gouache-missive réalisée au verso de dessins d’enfants.


Je dis «boum» parce que cette vente intitulée L’œil de J.D.J est incontestablement l’événement de la semaine pour ne pas dire plus. Les petits détectives ne devraient pas avoir trop de mal à deviner le nom de celui qui se présente sous ces initiales. Laissons lui l’avantage de cet anonymat qu’il partage d’ailleurs avec un des dessinateurs représentés dans le catalogue : Dominique le tricoteur, pour ne pas le nommer.

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Le catalogue qu’on peut feuilleter sur le site du commissaire-priseur C.J.D. (Christophe Joron-Derem) profile de cette manière ledit J.D.J. : «historien d’art passionné, commissaire d’expositions, a conseillé pendant plus de 30 ans un groupe de collectionneurs». L’ensemble d’œuvres de la vente qui comprend de très beaux Macréau

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un Scottie qui fait peur tellement il est sublime de mystère

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des Nitkowski très bien choisis, un Aloïse pas banal, des Boix-Vives qui se laissent super bien regarder et des Chaissac que je mettrais volontiers dans ma cambuse) provient de ces collections particulières.

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La démarche me rappelle celle de La Peau de l’Ours, cette asso de collectionneurs qui, au début du 20esiècle, s’étaient constitué un joli stock de cubistes, nabis et autres fauves pour s’en délecter un certain temps avant que celui du business soit venu.

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Sauf que là c’est plutôt aux frontières de l’art brut, sur les terres de la Figuration narrative, de l’Art naïf et de la grande Singularité inclassable que cette éphémère collection a été constituée avec Patience et Circonspection, petites sœurs d’un goût très sûr. Evidemment, il vaudra mieux être thuné samedi si vous voulez vous aligner car m’est avis qu’il y aura de la concurrence. Mais comme c’est la fin du mois, vous aurez touché vos petits sous. D’ailleurs, l’étude est bonne fille et certains lots sont loin d’être inaccessibles pour qui veut absolument repartir avec un petit souvenir de la vente. De belles photos de Chaissac prises en 1962 par la journaliste Renée Boullier sont estimées ainsi dans les 300/600 zorros. Cliquez bien sur «Lire la suite» quand vous consulterez les descriptions des 57 lots proposés à votre rapacité. Cela vaut le détour.

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Surtout la première, un autoportrait d’Alexandre Lobanov. Pour la bonne raison que c’est là que vous trouverez l’avant-propos (assez touffu car à plusieurs voix) de la vente. Je vous recommande surtout la partie centrale, bien torchée car philosophique et onirique. Cette réflexion-méditation sur l’œil et le regard, qui cite J.-B. Pontalis et Roland Barthes, est due à un jeune chercheur du nom d’Olivier Jacquemond. Bon, je vous ai mis les points sur les i alors maintenant, tous à l’expo, tous à la vacation!

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26.03.2012 | Lien permanent

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