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Expo Tarsila do Amaral
Pour un début d’année cool, si vous aimez les expos où il n’y a personne, sauf quelques happy-few dans votre genre, précipitez vous sur celle de la Maison de l’Amérique Latine à Paris mais sans votre doudoune car il y fait une chaleur à crever. Vous y verrez les tableaux de Tarsila do Amaral, dont la technique fluide et charpentée, les formes végétales naïves, le climat métaphysique et les couleurs vives, synthétisent les diverses influences que marie cette fille de grands propriétaires fonciers qui flirta un temps avec le communisme. Etudes artistiques à Paris au début des années 20, enseignement de Fernand Léger, style chromatique rural de son Brésil natal, modernisme… pour résumer vite fait. Les Français (et les Suisses) la connaissent un peu parce que, amie de Blaise Cendrars qui avait le pif pour découvrir les peintres, elle a illustré un bouquin à lui en 1924.
05.01.2006 | Lien permanent
Scalpa = Baneux
07.01.2006 | Lien permanent | Commentaires (8)
Voynicherie point sur les i
15.01.2006 | Lien permanent | Commentaires (1)
Produits d’entretiens
Une fois que j’suis lancée, plus moyen de m’arrêter. Dans la foulée de ma réponse à Lorene, je suis tombée sur cet éloge de l’anonymat : «On touche du doigt ce paradoxe dans lequel j’ai toujours vécu : avoir une activité de montreur, peintre et écrivain, et être sournoisement satisfait de la torpiller. De là, à cultiver l’anonymat, qui ne permet pas de capitaliser sur un nom le bénéfice d’une œuvre, et vous amène à repartir chaque fois d’un pied léger (…). A vingt ans, j’étais déjà fasciné par l’attitude de Kierkegaard, ce retrait philosophique qui l’avait porté à n’écrire que sous pseudonymes. Ce que nous écrivons nous appartient si peu (…). Comment d’ailleurs , sans ridicule, signer ce que l’on a fait dans un monde comme celui-ci où la frontière reste bien mince entre la star, le chef d’Etat et l’assassin ?».
C’est Pierre Bettencourt qui parle.
Sur sa presse à Saint-Maurice-d’Etelan, il a imprimé au petit poil Henri Michaux, Malcom de Chazal, Antonin Artaud, Jean Dubuffet avant de se plonger dans l’art à partir de 1954 et de donner naissance à ces dieux barbares, ces reliefs de mastic assemblant graines et coquilles collectionnés par Daniel Cordier.
Je pompe cette citation dans les Produits d’entretiens (Finitude, oct. 2005), un recueil d’articles de l’éditeur et critique Raphaël Sorin qui tente parfois d’en placer une dans l’émission Postface (l’actualité littéraire) sur I>TELE quand le sécateur du frénétique Laurent Seksik, obsédé du taux d’audience et meneur de jeu, le lui permet.
16.01.2006 | Lien permanent
Ambiance gothique
Je trouve aussi qu’elle pousse un peu loin le bouchon, ma copine Lucette, cher Geoffrey (où êtes vous allé pêcher un prénom si classe ? Dans Angélique Marquise des Anges, je parie). Sa comparaison Hugo/Fouré même combat ne tient pas la route, c’est une affaire entendue. C’est d’ailleurs ce que m’a fait observer avant vous mon chéri-à-moi qui, comme Ulysse, a fait de beaux voyages. Selon lui, cette manie hugolienne d’aller chiner des vieux coffres en chêne chez les antiquaires pour tapisser sa baraque avec des morceaux décoratifs plus ou moins paysans ne serait pas une exception à l’époque romantique.
Il se souvient parfaitement d’avoir visité au pays de Galles la maison des deux ladies de Llangollen. Si votre petite âme errante est, selon vous, une fausse affranchie, Eleanor Butler et Sarah Ponsoby passaient, elles, pour de franches excentriques. Fuir sa famille irlandaise, changer de pays, vivre ensemble pendant plus de 50 balais ne passa pas inaperçu. Vous me suivez où il faut vous le dire in english ? The couple became celebrated throughout the country and were visited by many national and literary figures of the day : Le duc de Gloucester, William Wordsworth et Walter Scott entre autres. C’était une tradition chez les visiteurs des deux amazones de leur apporter en cadeau un panneau en chêne sculpté pour orner les murs du cossu cottage dont elles étaient tombées amoureuses. Aussi leur maison donne-t-elle l’impression d’un curieux dialogue entre l’art populaire et le gothique revival. Vous qui avez l’air très bien (Bu)documenté, vous voyez d’ici l’ambiance.
17.01.2006 | Lien permanent
Charlotte Salomon, Vie ? ou Théâtre ?
Je suis comme vous, mister Curieux. Aux «nanards» folklo-outsaïdeuriens je préfère des productions sans réel rapport avec l’art brut mais qui nous invitent à nous interroger à son propos ou à propos de ses limites.
Peut-être parce qu’elles se situent elles-mêmes dans ces territoires mouvants (presque des limbes) qui n’appartiennent ni tout-à-fait à l’art «culturel» ni tout-à fait à l’art des autodidactes.
Dans cet esprit, je voudrais m’approcher avec respect (et inciter nos fidèles amis muliens à faire de même) de l’exposition Charlotte Salomon, Vie ? ou Théâtre ? (Leben ? oder Theater ?).
Elle vient de commencer dans le Marais, à l’Hôtel Saint-Aignan abritant le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme.
Leben ? oder Theater ? ce n’est pas seulement une œuvre d’art inclassable composée de centaines de gouaches où les meilleures influences du début du XXe siècle (l’expressionnisme allemand, le primitivisme de Die Brücke, la typo de la Secession viennoise) se combinent à une candeur intacte, presque philosophique.
C’est aussi, sous une forme narrative utilisant des pseudos, une sorte de journal intime écrit directement sur les peintures ou sur des calques s’y superposant. Les 1325 pages constituant le manuscrit sont conservées au Musée historique juif d'Amsterdam. Les mémoires d’une jeune femme allemande, interdite d’études, chassée de son pays par les persécutions contre les Juifs.
L’histoire de sa famille, marquée dès avant la naissance de Charlotte en 1917 par une épidémie de suicides féminins (sa tante dont elle héritera son prénom, sa mère, sa grand-mère) à laquelle elle n’échappera elle-même que pour être assassinée (et l’enfant qu’elle portait) dès son arrivée à Auschwitz en 1943.
L’histoire de son amour aussi pour un homme complexe qui se partage entre Charlotte Salomon (Kann dans le récit) et sa belle-mère cantatrice.
La mise en scène d’une vie bouleversée sous la forme d’une pièce de théâtre chantée (Singspiel) selon un rituel qu’elle a elle-même décrit : «La personne est assise au bord de la mer. Elle peint. Soudain une mélodie lui vient à l’esprit. Alors qu’elle commence à la fredonner, elle remarque que la mélodie va exactement avec ce qu’elle veut coucher sur le papier».
La mer était celle des environs de Nice où Charlotte était réfugiée et où elle fut vraisemblablement dénoncée. Parfois, son pinceau semble s’affoler presque bégayer, des éléments (corps allongés, bustes) se répètent en glissant vers l’abstrait. Elle, qui a peut-être connu l’expo Entartete Kunst, ne paraît alors jamais si proche de l’art brut.
C’est peut-être parce que dans cet art prétendu «dégénéré» où les Hitlériens réunissaient les grands artistes contemporains et les meilleurs créateurs de la Collection Prinzhorn, Charlotte Salomon avait sa place. Une place secrète sans doute, une place de trait d’union.
10.02.2006 | Lien permanent | Commentaires (4)
Welcome to the Outsider Art Fair
Time-Art, le Pariscope de Manhattan, eut beau parler du vent québécois sur les architectures de Richard Greaves, pas de Greaves sur le stand 28 (celui de l’Andrew Edlin Gallery) à l’Outsider Art Fair de NYC. Mario Del Curto est un photographe professionnel et seuls les autodidactes de l’art sont exposés ici.
Le jeudi 26 janvier c’était la preview, soirée au bénéfice de l’A.F.A.M. (American Folk Art Museum) et votre petite âme errante y était avec ses nouvelles boucles d’oreille de princesse orientale de 2000 ans avant J.C. Rassembleur, velouté et englobant, le vernissage. Tout le monde friendly et relax. Le coquetèle? Les fraises? les petites tranches de thon? Ma copine Martine qui avait fait aussi le voyage, gentille comme tout. Un tam-tam brut retentissait grâce à un groupe de musiciens assez tribaux (cuillères et planche à laver). Le champagne californien coulait à flot. On croisait John Maizels, l’animateur de Raw Vision et Mme Brooke Davis Anderson qui préside au nouvel essor de l’A.F.A.M. dont l’exposition actuelle (jusqu’au 19 mars), Obsessive drawing, contient des œuvres de Chris Hipkiss, créateur représenté chez Cavin-Morris (stand 11).
Le plan de la salle ressemble à une fourchette à escargot. Dans le manche (booth 24), Tom di Maria et son Creative Growth Art Center qui a mis en valeur le travail de Judith Scott, la Galerie Bourbon-Laly de Montréal et son stand (31) d’art haïtien très coloré. Dans la dent de gauche, le Français Ritsch-Fisch. Dans la dent de droite, la Carl Hammer Gallery de Chicago (stand 5) et sa cape de Simon Sparrow, œuvre en bouchons. Et puis le stand 9 de Jennifer Pinto Safian (NYC) et son Wölfli Cordilleerens.
Sans oublier Yukiko Koide Presents de Tokyo qui montrait les idéogrammes de Kunizo Matsumoto et les feutrines de Junko Yamamoto.
A la sortie du Puck Building, un bonbon rose de Soho, on nous a distribué un sac contenant un magazine et un gâteau au chocolat fourré de beurre de cacahuètes.
Je l’ai donné à la biche du Musée national d’histoire naturelle. Elle n’en a pas voulu parce qu’elle est empaillée.
06.02.2006 | Lien permanent | Commentaires (1)
Cébazat, l'art brut!
Sébastien : «Je n’avais jamais osé dessiner et j’ai pensé que ce cours pouvait me convenir. Ce n’est pas un atelier strict et en plus le prof nous guide».
Julie : «J’ai voulu essayer par moi-même. Résultat, une bonne ambiance, on a bien rigolé».
Il me reste à souhaiter que mes lecteurs aillent faire un tour sur le site cébazatien et que madame Sylvie, la responsable de la section «art brut» dudit site prenne vite conscience que l’art brut,
01.02.2006 | Lien permanent | Commentaires (6)
Jean Grard à l'abri
En voilà un qui n’avait pas besoin de fréquenter les ateliers de créativité du 3e âge. Personne ne lui avait dit : «sois spontané !». Jean Grard s’était mis à la création d’art comme il s’était mis jadis à la terre. Tout naturellement, la retraite venue, parce que les bricolages en retard terminés, il n’y avait rien d’autre à faire. Vous me direz : «mais la pêche ?, la star’ac ? les excursions en car climatisé?».
Jean Grard, à toutes ces distractions de notre tragique condition humaine contemporaine, préférait l’art, son art qu’il n’appelait pas ainsi bien sûr. Quel besoin de parler de ces grappes de petits sujets taillés dans le bois qui naissaient sous ses doigts ? Il lui suffisait que leurs couleurs vives, leur carnaval un peu grimaçant, la rude facture de leurs formes presque exotiques attirent les curieux autour du parterre où il avait mis en scène ses créatures, devant sa maison située dans un hameau breton. Le premier surpris c’était Jean Grard lui-même et il continuait pour son plaisir quand je lui ai rendu visite un ouikène d’avril 2004 (voir l’album photos), peu de temps avant que la force ne quitte ses bras et qu’il s’absente de la vie.
05.02.2006 | Lien permanent
Richard Greaves chez Andrew Edlin
05.02.2006 | Lien permanent