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Rechercher : plancher de jeannot

Caroline’s day à la Fabu

D’ici à Dicy, il n’y a guère. Et ce guère fut franchi en car le 30 mai 2015. Un autocar affrété par la Fabuloserie pour la Journée Caroline.

Mémorable samedi d’avant chaleur! Avec les visiteurs de cette collection de plein air, il ne cessa de jouer à un, deux, trois, soleil. Le ciel leur vaporisant malicieusement des gouttes à la façon de Pierre Avezard arrosant les spectateurs de son manège.

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Ambiance studieuse durant le trajet. Le paysage n’était pas folichon.

Les têtes se penchèrent sur les dossiers de presse dont on nous avait pourvu.

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Ou s’abîmèrent dans la conversation avec des airs cinématographiques qui faisaient penser -lunettes noires aidant- à Marcello Mastroianni et Anouk Aimée.

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Arrivé rue des Canes,

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le gros de la troupe des pélerins se fit désigner le lieu du rendez-vous pour le retour : un petit square Nek Chand à se mettre à genoux devant.

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Puis tout le monde s’égailla. Non sans avoir bisé 14 fois Agnès et Sophie Bourbonnais, plus Déborah Couette, organisatrices de l’événement. En attendant les festivités officielles chacun se bricola ensuite son programme de variétés perso.

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Qui s’offrant un p’tit tour dans la collection permanente dont l’accochage était renouvelé pour l’occasion. Qui cherchant son âme d’enfant dans le petit train de Marshall.

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Qui préférant le carrousel et les baraques de Petit Pierre.

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Qui se précipitant dans l’expo Des jardins imaginaires au jardin habité (Des créateurs au fil des saisons)

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où l’on retrouvait des personnages connus : un couple de Marcel Landreau,

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la Blanche Neige de Charles Pecqueur près de son créateur sur une ancienne photo.

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J’optais pour ma part pour le tour de lac que Caroline Bourbonnais ne manquait pas d’effectuer chaque jour.

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Saluant au passage ses coqs et ses poules,

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ses zèbres et ses éléphants,

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l'élan d’Alpo Koivumäki documentés maintenant par de commodes cartels.

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Laissant derrière moi l’îlot aux vire-vent

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pour cingler vers l’atelier d’Alain Bourbonnais.

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Bien sûr je m’attardai au passage à papoter avec Claude et Clovis Prévost, avec Doriane la petite-fille de Gaston Mouly, avec Marie-Rose Lortet, ici près de Loli.

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C’était déjà le temps des discours. Ceux de Sophie et d’Agnès.

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Sans nostalgie mais avec une émotion qui rendait toute sa présence à leur mère.

Celui de Déborah dont le vent tournait les pages. Un speech aimable de madame Vuillermoz, le maire de Dicy, couronna le tout. Avant que l’ange Francis ne s’empare du micro.

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Parmi les auditeurs attentifs, le peintre Pierre Della Giustina.

Dans un texte publié dans le livre collectif accompagnant cet hommage à Caroline Bourbonnais, il précise le rôle décisif qui fut le sien dans la restauration du manège d’Avezard. C’était nécessaire.

 

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«Un matin d’août, Caroline Bourbonnais a oublié d’ouvrir les yeux» a dit sa fille Agnès. Tous ceux qui étaient dans l’assistance ce jour là et tous ceux qui auraient aimé y être ne sauraient cependant oublier le regard de sa mère.

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07.06.2015 | Lien permanent

Caché dans la maison des fous

Vive la Procure! C’est les meilleurs. Les meilleurs libraires s’entend. Je venais d’écumer sans succès le Quartier Latin pour trouver le dernier Didier Daeninckx. Confetti, ballons et bonne humeur, j’étais tombée dans la Gay Pride. Emportée par le tube des Rita Mitsouko : «et quand tu ris, je ris aussi». 

Le temps de m’en extraire et de couper à la fièvre acheteuse d’un samedi de soldes et il était là dans mes mains ce Caché dans la maison des fous. Un bouquin qui urgeait pour moi depuis que, sur Le Canard enchaîné d’un papy du métro, j’avais looké l’article de Frédéric Pagès en rendant compte : Contre toutes les camisoles.

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Latin, Procure, Marcia Baïla, fierté et tromé, vous allez dire que je me vautre dans «la déconniatrie». Mais comme le dit le psychiatre François Tosquelles dont les propos sont rapportés par Daeninckx : «Déconne, déconne mon petit [ou ma petite]! Ça s’appelle associer. Ici personne ne te juge, tu peux déconner à ton aise.» Francesc Tosquelles j’ai déjà eu l’occasion de vous en parler dans ma note du 6 juin 2007 (suivez les liens, ils sont encore actifs).

Et j’ai déjà évoqué aussi (voir mon post du 14 avril 2013 sur Les Ateliers de Montfavet) Lucien Bonnafé. Tous deux travaillaient pendant la guerre à Saint-Alban en Lozère. S’acharnant à inventer une psychiatrie plus humaine. Faisant des pieds et des mains pour empêcher leurs malades de crever de faim. Exerçant en outre des activités de Résistance.

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Saint-Alban c’est l’asile où Auguste Forestier avait installé son atelier. Il y produisait «des crêtes, des ailes, des mains, des bras, des formes (…) décoratives» qu’il assemblait ensuite pour en faire les rois, les chevaux, les militaires, les bêtes de son Gévaudan personnel. Cela intéressait Paul Eluard qui se réfugia là des mois durant avec Nush, sa compagne. Dès le printemps 1944, Jean Dubuffet découvrira sur leur cheminée une sculpture de Forestier ramenée de Saint-Alban.

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Dans une langue limpide où l’information documentaire n’est jamais lourde, filtrée qu’elle est par un sens aigu de l’existence, Didier Daeninckx nous restitue l’ambiance de cette époque et de ce lieu où l’art brut prit sa source. Comment ? Par l’intermédiaire de Denise Glaser, une personnalité qu’on est un peu surprise de
trouver là.

 
Denise Glaser, mon daddy se souvient avec émotion de son écoute et de ses silences quand elle interviouvait des vedettes de la chanson aux temps héroïques de la télé. Jeune, résistante, refusant l’étoile jaune, elle dut se cacher en 1943 à Saint-Alban.

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didier-daeninckx-DR.jpgDaeninckx imagine les rencontres entre le poète, sa muse, le sculpteur fou, la future présentatrice, les psychiatres et leurs épouses. Les rencontres et les conversations. L’écrivain n’hésite pas en effet à dialoguer les scènes comme s’il y avait assisté. Nous y participons avec lui.

Caché dans la maison des fous publié par les Éditions Bruno Doucey n’est pas destiné à rester sous le boisseau. Se le procurer vite par conséquent.

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Les glyptolithes d’Ica, c’est le Pérou

En cette fin d’été d’une douceur presque philosophique, on se sent gagné par la PPAC.

La Peur de Passer À Côté devant toutes les expos qui nous tombent sur le paletot.

L’Art différencié international aux Sables d’Olonne, jusqu’au 28 septembre 2014.

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Ficties rond de oorspong  (Fictions des origines de l’art) dans la rue Haute, jusqu’au 12 octobre.

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Willem Van Genk 

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et Ralph Fasanella qui viennent de commencer à New York.

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Sous le vent 2 qui hissera la voile le 16 septembre au bon vieux port de la Halle Saint-Pierre.

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On ne saurait suivre. C’est presque trop. A force, l’envie prend d’aller voir ailleurs si l’art brut y est. Au Pérou par exemple. A Ica, plus précisément. Une ville viticole au sud sud de Lima. Pourquoi? Mais pour les pierres naturellement! Les mystérieuses Pierres d’Ica.

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Ce que j’aimerais c’est visiter le Museo cientifico Javier Cabrera qui abrite ces milliers de galets, plus ou moins gros, gravés de scènes animées d’une grande variété où voisinent créatures de la préhistoire et personnages d’allure précolombienne.

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D’emblée, ce musée fait penser au musée d’Emile Fradin à Glozel ou au musée du silex de Robert Garcet à Eben-Emael, près de Liège en Belgique. On y respire le même parfum d’escarmouche entre la science officielle et les théories autodidactes superbement sinueuses.

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En dépit des preuves qu’on ne cessa de lui opposer, le Dr Javier Cabrera, le collectionneur de ces pierres dont le style narratif, allusif et primitiviste sans-peine frappe par son adaptation à la nature du matériau et à la forme des supports, ne cessa de leur assigner des origines fabuleuses.

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Que celui qui n’a jamais rêvé lui jette la première critique!

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Robert_Charroux_L_Enigme_des_Andes.jpgSes spéculations ufologiques sur les premiers astronautes, peuple d’extraterrestres dont les exploits dinosauromachiques et technologiques seraient représentés sur les galets d’Ica ont certes été relayés, dans les années 70 du XXe siècle, par les tenants d’un réalisme fantastique popularisé par la revue Planète.

robert charroux.jpgNotamment par Robert Charroux, jonglant avec la fiction et l’ésotérisme, dans son livre L’Énigme des Andes.

Pas sûr que les conceptions plutôt fumeuses de cet écrivain sportif et aventurier aient beaucoup servi les Pierres d’Ica!

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Mais ce n’est pas une raison pour ne pas les regarder car elles en valent la peine. Derrière elle se profile une légende qui attribue à un paysan local la confection de ces œuvres.

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ica.coeur2.JPGL’histoire dit qu’il les aurait trouvées dans une grotte dont il garda l’emplacement secret. Mais lorsqu’il fut accusé de trafic d’objets archéologiques pour avoir présenté et vendu comme tels ses soi-disant trouvailles, le «découvreur» changea de version et reconnut (ou prétendit) en être l’auteur.

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Dans ce jeu d’esquive avec la responsabilité de la création, on reconnaît -et c’est troublant- un comportement fréquent chez les auteurs d’art brut. 

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Ceres Franco décarcassonnée

A Carcassonne le clairon sonne, on pétitionne pour sauver le régiment.

Mieux vaut renoncer à la collection Ceres Franco pensent les nouveaux édiles.

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Sans les parachutistes, qui s’intéresserait à la peinture d’histoire militaire du Musée des Beaux-Arts ?

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9 ans d’animulation

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de mes débuts chez Favreau à Yviers

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le 4 septembre 2005

de Madeleine Lommel sur mes ondes

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le 8 avril 2006

quand j’ai révélé Giovanni Bosco au monde de l’art brut

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les 25 mai et 16 juin 2008

d’Hassan, l’inconnu de Barcelone

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le 14 septembre 2010

des retrouvailles avec Marcel Landreau

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 le 18 octobre 2009

de l’homme de nulle part

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 le 28 septembre 2011

des bâtisses de Richard Greaves

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 le 13 octobre 2005

 que Miss Ming a écrit pour moi un acrostiche

Ange aux
Nuances
Imbibées, les
Murmures des
Artistes

Vibrent
Au
Gout de l'
Univers
Lumière de l'
Ame

le 28 mai 2013

de Caroline Bourbonnais

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 le 18 juin 2011

 

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Côte à côte avec la création franche

Faut pas croire qu’en août tout le monde coince la bulle. A Bègles-sur-mer (ou presque) on s’active. D’abord avec les Côtes ouest, l’expo actuelle qui ira juqu’au 7 septembre 2014. En vis à vis : 8 outsiders du Creativity Explored de San Francisco et 8 créateurs à l’aise dans les basquettes de la Création franche, parmi lesquels des pointures genre Ignacio Carles-Tolrà et Joël Lorand.

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M’importe peu qui sont « déficients mentaux » (terme employé dans le catalogue) et qui ne le sont pas. Ce qui compte c’est de juger sur pièces leurs productions. Côté californien, on surfe facile sur James Miles et la fine lame de ses dessins à la pureté d’épure digne d’un inuit.

james miles.jpgCollectionneurs mes frères, protégez bien la couverture noire du n°40 de Création Franche (la revue) qui vient de sortir. Elle sera recherchée pour la photo laquée couleurs en première de couv.

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Elle est de Marie-France Lacarce, une débusqueuse de rêves dont je vous ai chanté les mérites voilà presque deux ans déjà.

Morceaux de bravoure de cette nouvelle livraison de la revue bèglaise, un article sur Alain Genty et son bestiaire fantastique

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et un autre sur Abdelkader Rifi (« J’ai des jardins plein la tête »), un créateur que Madeleine Lommel, qui était presque sa voisine, aimait bien.

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Le premier papier, bien documenté, est de Joe Ryczko. Le second, plus dans l’évocation poétique, de Paul Duchein. Avec ce rude et délicat céramiste (Genty) et avec ce maçon de l’imaginaire (Rifi), l’un figure de la Fabuloserie, l’autre protégé de l’Aracine première version, la revue CF place le curseur sur la position 

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Ça n’empêche pas Gérard Sendrey de nous donner un papier pour expliciter la notion de  création franche, ce qui n’était pas indispensable étant donné qu’il l’a fait déjà 36.000 fois.

On retrouve G.S. dans le Hors-Série de la CF (n°1) qui voit le jour parallèlement. Contenant les actes de la Rencontre de novembre 2013 sur Les Fanzines d’art brut et autre prospectus, ce H-S concrétise le bon travail effectué en commun par le CrAB et le Site de la Création Franche.

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Son contenu est trop riche pour que je le traite par dessus la jambe ici. Lisez le vite fait !!! Nul doute qu’il soit «un facilitateur en même temps qu’une source fiable et de référence» comme Pascal Rigeade, son maître d’œuvre (avec Déborah Couette) l’écrit dans sa préface.

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Seulement, comme il n’est de réussite qui ne mérite d’être prolongée, je chipoterai Gérard Sendrey sur une question de mémoire. Quand il dit que Création Franche a été «au départ envisagée comme un bulletin d’information à l’usage des initiés», j’ai peur qu’il ne révise en baisse et à posteriori les objectifs qui étaient ceux de cette revue à sa création. Je ne parle pas sans savoir. En témoigne le flyer (Impr. par Savignac à Bègles) qui accompagnait le premier numéro de Création franche (octobre 1990).

Extrait

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Son texte incitatif montre clairement qu’à l’époque les ambitions de la rédaction dépassaient largement le cadre d’un simple «bulletin» destiné à un public restreint. Que cette ligne radicale ait été très vite (dès le n°3) abandonnée est une autre affaire

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06.08.2014 | Lien permanent

Mille et une

Pour celles et ceux qui s’inquiètent de mon silence, quelques points sur les ii. Nécessité tout d’abord de confirmer ce fait :

animula vagula c’est fini, a-ni-ni fini.

Non faute de matière; il y aurait au contraire trop à dire. Mais en dix ans d’exercice, le jus vert du monde -cela n’aura échappé à personne- a tourné en eau de boudin.

Inéluctablement ce sont les impératifs du commerce qui se sont mis à légitimer toute valeur dans un domaine qui n’avait pas de prix. Même si pour cela il fallut retourner le gant de crin de l’authentique pour le glisser dans la culotte du zouave néo-dadaïste et officiel.

En clair :

Là où l’on parle d’art brut aujourd’hui, c’est qu’il n’y est plus.

Là où en revanche il existe c’est qu’il n’est point nommé.

Voilà pourquoi, votre petite âme errante, convaincue d’être plus audible à défaut d’être entendue, a rejoint l’équipe d’un nouveau blogue où vous reconnaitrez son légendaire mauvais esprit.

Pour le nouveau blogue cliquer ICI

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Une Norvège rustique-moderne

Pas d’eau chaude depuis 3 jours. Mon plombier est à la pêche. En Norvège. Un pays dont je rêve! Et mon daddy aussi dont la collection de timbres se la pète avec un tas de vignettes où s’étale le mot Norge.

timbres.jpg Monsieur Mourad (mon plombier) a trop la frite avec ses escapades fish and chips! Pour me venger j’ai déniché sur une brocante le bouquin du photographe Rune Johansen : Insolite Nordland. Moi c’est Nordland qui m’a interpellée mais je vous vois frétiller des moustaches (ou du ruban Minnie) devant l’adjectif insolite. Vous n’avez pas tort.

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Ce Rune né à BODØ (je le fais en cap car j’ai pas de petit Ø dans mes caractères spéciaux), une ville un peu au delà du cercle polaire arctique, excelle dans le rendu des intérieurs candidement kitchounets de ses parents ou voisins et les portraits plus dans leur jus-tu-meurs d’iceux. N’allez pas croire que je bouffonne.

portrait rune johansen.jpgRune Johansen a inventé une variété d’insolite de la plus belle eau. Celle qui est si authentiquement au ras des paquerettes de la réalité qu’elle passe inaperçue. «Aucune de mes photos n’est mise en scène» déclare Rune Johansen. «J’immortalise la part de simplicité et de proximité qu’on trouve chez les gens ordinaires sans changer ni leur intérieur ni leur identité».

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Tout un programme. Johansen révèle de ce fait le sens rustique-artistique du décor intime de ses concitoyens du terminus nord constituant son pays natal. Sa préface qui évoque sa rencontre inaugurale avec Erlend, un vieil original mal léché, seul habitant d’un coin abandonné au bout d’un fjord, vaut 10. Elle prélude aux rencontres avec les personnes dont le photographe a eu la permission de faire le portrait.

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Sa tante Sigrid près de sa lampe Cerf dans le coucher de soleil. Les jumeaux Kiss et leurs tatouages identiques.

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Simon, un géant viking auteur d’une toile naïve représentant son chalet.

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Shirlei et son uniforme de collectrice caritative. Sans oublier d’autres personnages aux noms plus pittoresques tels que Stale le salaud et Henrik la ferraille. Plusieurs d’entre eux sont des accumulateurs compulsifs comme oncle Leif dont la vieille écurie est un chef d’œuvre limite art brut.

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Je dis limite parce que Rune Johansen possède cette faculté rare de camper sur les limites où rien des choses de la vie n’a encore reçu de dénomination précise.

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Que dire par exemple d’une chambre au portrait du roi Olav sur papier peint Muppet Show? Art modeste? J’aime la chambre de Truls qui orne la couverture du livre : l’histoire de la musique du monde entier tapissée sur les murs.

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Truls est l’auteur d’un rouleau de 4 mètres où il a noté le nom des villes des USA de plus de 50000 habitants avec leur nombre en 1980-1990. Et puis il a appris le tout par cœur. «Du grand art, si vous voulez mon avis» commente le photographe. Je ne suis pas loin de penser comme lui.

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03.08.2015 | Lien permanent

Chez Monsieur D on n’y voit que du bleu

Le bleu. Au bleu de la campagne, Monsieur D aime à se consacrer. Le bleu charrette? Le bleu dont on badigeonne les portes de grange? Le bleu du ciel plutôt. Un bleu dont on fait les flûtes. Car D, en gars jovial qui pose, vêtu d’un T-shirt customisé pour la presse locale, ne semble pas accorder plus d’importance que ça à ses expérimentations coloristes.

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Lui qui, de par ses fonctions de pompier, baigna longtemps dans le rouge, aime simplement tremper sa maison jusqu’à mi-volets dans l’azur. Ou peindre de même les troncs des arbres de son jardin comme s’il n’y avait pas que les branches qui dussent se noyer dans le firmament. Décoration, land art? Allez savoir.

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Monsieur D n’explique rien. Rien de ce sobriquet issu d’une chanson paillarde dont il s’affuble et que je réduis ici à une initiale. Rien de ces inscriptions sur la façade de sa maison située dans un petit patelin de Bourgogne. Rien de ces agglomérats de jouets, poupées, mickeys, posters de foot, photos de famille au milieu desquels il aime vivre. Leur sacrifiant les murs de chez lui.

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Selon les observations de l’Animulien d’honneur (par ailleurs blogueur littéraire émérite dans la catégorie poids yéti) qui m’a signalé ce petit cas curieux, Monsieur D se borne à modifier régulièrement ses bombages scripturaux. Et voilà tout.

Selon Sophie, grand reporter pour mon  blogounet dépêchée sur place au détriment de ses vacances, ledit D, qui fut tailleur de pierres, ne sculpte mie. Il se contente d’une table, d’une toile cirée, de quelques clopes pour être lui-même.

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Il appartient (dans la catégorie poids plume tombée du ciel) à ces «originaux», chers au journaliste Charles Monselet qui les situait dans son «siècle dernier» ce qui nous fait remonter au dix-huitième siècle. Singulier, bizarre, chevalier de la marge, un peu dérisoire, D ne déroge pas à cette tradition de traviole bien vivante. Elle vaut bien l’autre : la grande tradition des coutumes collectives ancestrales dégénérée en spectacles touristiques car tout à fait morte celle-là. 

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N’allons pas faire cependant de Monsieur D un sauvage. Tous les jours il traverse sa rue morne pour aller dire bonjour à sa voisine qui tient l’épicerie-restaurant de l’endroit. Au petit garçon de celle-ci, tous les jours il apporte un œuf. 

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Le loup et « l’art brut »

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En ces temps post caniculaires, une réaction à chaud s’impose. Car il n’y a pas, sachez-le, que des raisons d’espérer! Un papier anonyme du 19 août 2015 sur le site de La Nouvelle République Indre est là pour nous en convaincre. Franchement, je vous le recommande si vous avez besoin de vous casser le moral en cette rentrée radieuse.

De quoi s’agit-il? Mais des jeunes espoirs de l’avenir, voyons! Si j’ai bien compris il s’agit d’un atelier d’été au Musée de l’Hospice Saint-Roch à Issoudun. Une photo montre une demi douzaine de sympathiques fillettes et garçonnets bien propres sur eux représentant sagement des araignées au moyen de brimborions en barquettes baptisés «objets naturels».

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Sous la houlette d’une pédagogue qui fait ce qu’elle peut pour occuper les tipeus. Le loup car il y a un loup c’est qu’ils sont censés apprendre «à travailler l’art brut».

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Cette remarque montre bien que l’auteur de l’article n’y connaît rien. Ce que confirme sa conclusion au clairon : «Plus de secret avec l’art brut». Si justement, monsieur l’issoldunois journaliste! Que des secrets avec l’art brut. Jamais élucidés. Et de la trouille épaisse à côtoyer sans faire comme si c’était une tartine de Brutella.

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Je n’ai rien contre l’idée qu’on puisse aider les enfants à exorciser leurs cauchemars.

Quand ils le demandent. Et non quand les institutions ont besoin de justifier leur existence devant les parents qui trouvent commode de s’adresser à elles. Mais faire croire aux minots qu’ils font de l’art brut en classe dirigée, c’est du foutage de leur innocence. Même si on cherche pour cela la caution de Pierre Bettencourt et de Monique Apple.

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Même si on prend prétexte de l’exposition (jusqu’au 30 août 2015) des Veilleurs de Brigitte Terziev, une artiste qui mérite visiblement mieux. Beaucoup mieux.

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